DISCOURS D’OUVERTURE

DE M. MEVLÜT ÇAVUŞOĞLU

PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE PARLIAMENTAIRE

PARTIE DE SESSION D’AVRIL 2010

(Strasbourg, lundi 26 avril 2010, 11h30)


Mesdames, Messieurs,

Chers collègues,

Avant de commencer, je tiens à rendre hommage au président polonais défunt Lech Kaczyński et à tous ceux qui sont morts dans la catastrophe de l’avion présidentiel le 10 avril 2010 à Smolensk. Nous avons tous été profondément choqués par cette terrible tragédie qui a coûté la vie à tant de monde. Trois anciens membres de l’Assemblée parlementaire figuraient parmi les 96 victimes. Une fois de plus, j’exprime de cette tribune, mes condoléances à nos collègues polonais et aux autorités et au peuple de leur pays. La Pologne a perdu un grand président, homme profondément attaché à ses valeurs, qui a servi son pays avec conviction et détermination à une époque de mutations. Ce sont des jours de deuil non seulement pour la Pologne, mais pour l’Europe toute entière.

Je vous invite maintenant à vous lever pour une minute de silence à la mémoire des victimes de la tragédie de Smolensk.

Chers collègues,

Je suis très heureux de vous voir à Strasbourg en dépit de la quasi-paralysie du trafic aérien causée par l’éruption volcanique d’Islande. Nous avons tous été touchés par les perturbations de vols, mais il ne faut pas oublier que les retombées ont eu davantage de conséquences directes pour beaucoup d’Islandais. C’est pourquoi je tiens aussi à exprimer notre sympathie pour nos collègues islandais.

Nous voyons bien maintenant que des événements que personne d’entre nous ne pouvaient imaginer peuvent soudain devenir une grave menace pour le fonctionnement normal de la société, et avoir un grand nombre d’effets. Des situations aussi inattendues peuvent malheureusement se produire dans tous les aspects de notre vie en raison d’événements naturels ou anthropogènes imprévisibles - et mettre même en péril le fonctionnement démocratique de nos institutions. C’est pourquoi, il faut que nous renforcions sans cesse la démocratie de nos pays pour pouvoir résister en temps de crise.

Le Conseil de l’Europe a un rôle essentiel à jouer pour rendre nos systèmes démocratiques plus forts et plus résistants. C’est pour cette raison aussi que nous sommes là, au Conseil de l’Europe, que nous sommes ici aujourd’hui dans cet hémicycle.

Cette semaine, des questions importantes sont inscrites à l’ordre du jour et nous recevrons des hôtes éminents. Je suis fier d’annoncer que le premier discours qu’il prononcera au sein d’une institution internationale, le Président ukrainien Viktor Ianoukovitch le fera demain devant nous, dans cet hémicycle. Le Président Ianoukovitch et son gouvernement ont maintenant des questions urgentes et essentielles à traiter, qui sont capitales pour l’avenir de leur pays. C’est pourquoi, il faut que nous offrions dès maintenant notre assistance et notre soutien aux autorités ukrainiennes, dès le début de réformes essentielles.

De plus, Serguéi Lavrov, l’un des ministres des Affaires étrangères les plus respectés et les plus expérimentés d’Europe, prendra la parole jeudi devant nous. La Russie est l’Etat le plus vaste du Conseil de l’Europe. Elle est notre partenaire depuis longtemps. Etant donné que la Russie est membre de la famille du Conseil, l’Organisation est la mieux placée pour aborder tous les sujets avec nos collègues russes, y compris les thèmes sur lesquels l’Assemblée peut être d’un avis diamétralement opposé au leur. Une condition doit pourtant être remplie pour que ce dialogue porte des fruits : il faut être franc des deux côtés sans avoir de préjugés ni faire deux poids deux mesures.

Puisque je parle de l’Ukraine et de la Russie, je dois évoquer aussi le Bélarus. C’est le seul pays du continent européen avec lequel l’Assemblée n’a pas de relations officielles. Le seul pays d’Europe à exécuter des condamnés : deux exécutions ont eu lieu récemment, ce qui a suscité une vive condamnation conjointe de tous les organes du Conseil de l’Europe.

Le régime du Bélarus n’a guère changé depuis une quinzaine d’années maintenant, malgré nos avis, recommandations, demandes et même sanctions. Nos efforts sont restés vains. Il faut que nous nous demandions comment influencer un régime sur lequel nous n’avons pas prise ? Selon moi, nous avons envers le peuple du Bélarus l’obligation morale d’être davantage présents et engagés dans le pays. Je soulèverai la question de la stratégie à suivre pour traiter avec le Bélarus au cours de mes réunions bilatérales cette semaine, y compris les rencontres avec le Président Ianoukovitch et le Ministre Lavrov. Nous pourrions aussi examiner la situation cette semaine à l’Assemblée.

En tant que Président, je considère que l’Assemblée et nous tous, en avons fait beaucoup depuis la dernière partie de session. Nous avons notamment contribué à résoudre des questions constitutionnelles délicates en Bosnie-herzégovine et en Moldova, à encourager l’opposition à revenir au Parlement en Albanie, à améliorer la situation des droits de l’homme dans le Nord du Caucase et à contribuer au règlement du conflit entre la Géorgie et la Russie. Nous avons aussi participé à la Conférence d’Interlaken sur la réforme de la Cour européenne des droits de l’homme. De plus, nous avons suivi la question des réactions appropriées à avoir face aux pandémies.

Nous avons aussi poursuivi notre stratégie destinée à rapprocher des Etats non membres du Conseil de l’Europe et de ses normes. A cet égard, j’escompte recevoir bientôt du Parlement du Maroc et du Kazakhstan une demande officielle de bénéficier du statut de partenaire pour la démocratie.

Cette action a accru l’influence et le prestige de l’Assemblée, instance politique essentielle, non seulement au sein de l’Organisation, mais surtout aux yeux de l’opinion publique européenne.

Je vous remercie pour vos efforts et je suis disposé avec vous tous à les poursuivre plus avant.

Je vous remercie.