DISCOURS DE MONSIEUR JEAN-CLAUDE MIGNON,

PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE PARLEMENTAIRE

A L’INAUGURATION DU COLLOQUE « LES MEDIAS DE L’EXPRESSION DE LA DIVERSITE CULTURELLE, CONSTATS ET PERSPECTIVES »,

ORGANISE PAR LA CHAIRE UNESCO

UNIVERSITE DE STRASBOURG

(14 Février 2012, 10h00)

 

Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureux de me trouver aujourd’hui parmi vous à l’inauguration de ce colloque organisé par la chaire UNESCO de l’Université de Strasbourg. En effet, la diversité de notre Organisation reflète la diversité de la société dans laquelle nous vivons. C’est donc tout à fait naturel que nous soyions associés à ce colloque et je me réjouis du fait que pendant ces quelques jours vous travaillerez, entre autres, sur la base de l’expertise du Conseil de l’Europe.

Comme vous le savez, le Conseil de l’Europe réunit aujourd’hui pratiquement tous les pays européens, avec la seule exception du Bélarus : nous représentons 47 Etats membres et 800 millions d’Européens. Non seulement coexistent au sein de notre organisation une grande variété d’idéologies politiques, mais on y trouve aussi une grande variété de cultures, langues, traditions et religions.

Cette diversité est ce qui fait notre richesse. Notre succès réside justement dans cette « unité dans la diversité ». C’est cette diversité qui nous a animés pendant toutes ces années dans le processus de construction européenne. Si aujourd’hui nous avons réussi à créer un cadre politique et juridique commun pour l’ensemble des Européens, c’est par ce que nous avons su explorer l’énorme potentiel que notre diversité nous offre : des modèles politiques et économiques différents, des bonnes pratiques innovantes et efficaces. Aujourd’hui nous restons unis autour d’un grand projet Européen et je suis convaincu que ensemble nous allons faire face aux défis qui nous attendent.

La diversité culturelle est donc un atout économique, social et politique qui a besoin d’être développé et géré de façon adéquate. Cependant, cette diversité peut aussi engendrer la peur et le rejet. Elle peut provoquer des différences, des incompréhensions, de l’intolérance et de la discrimination. Elle peut mener à la violence, à la montée de l’extrémisme, de la xénophobie ou encore, comme nous l’avons vu récemment dans plusieurs pays – au terrorisme.

Nous sommes convaincus que la réponse la plus efficace à ces défis est la promotion du dialogue interculturel. Nous considérons qu’il faut tirer le maximum d’atouts de cette diversité culturelle et développer un dialogue positif qui pourra aider à combattre la montée de l’intolérance et de l’extrémisme.

Mesdames et Messieurs,

Notre Organisation s’est en effet beaucoup investie sur cette question. En 2008, nous avons adopté le Livre Banc sur le dialogue interculturel ; une de nos plus grandes réalisations dans ce domaine.

Notre Assemblée parlementaire a aussi pleinement pris en compte le Livre Blanc dans ses travaux. Par exemple, en avril 2011, nous nous sommes penchés sur un aspect très spécifique et important du dialogue interculturel – la dimension religieuse de ce dialogue. Nous avons organisé un débat très intéressant avec la participation de 5 leaders religieux (Catholique, Protestant, Orthodoxe, Musulman et Juif) européen. De plus, en juin 2011, nous nous sommes attaqués à la question du « vivre ensemble », en organisant un débat sur le rapport du Groupe d’Eminentes Personnalités, préparé à l’initiative du Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, M. Jagland, et la Présidence du Comité des Ministres. Dans ce cadre, nous avons recommandé le lancement d’une vaste campagne sur le « Vivre ensemble », afin de promouvoir les principes de tolérance et de respect de nos différences, le dialogue interculturel et la lutte contre l’extrémisme et la xénophobie dans nos sociétés.

Par ailleurs, le Conseil de l’Europe a développé une série de conventions regroupant des standards juridiques contraignants, qui encadrent les droits des personnes appartenant à des minorités. La Convention-cadre sur la protection des minorités nationales a été adoptée en 1995 et vise à leur permettre de s’exprimer pleinement, de préserver et développer leur identité, en faisant valoir leurs différences qui enrichissent le paysage européen. Le Conseil de l’Europe a aussi adopté une Convention plus spécialisée comme la Chartre européenne sur les langues régionales ou minoritaires (1992) dont vous allez discuter lors de ce colloque avec Monsieur Alexey Kozhemyakov, Chef du Secrétariat de la Charte.

Chers amis,

Comme vous pouvez le voir, le Conseil de l’Europe a eu et continue d’avoir un rôle proactif dans la promotion et la protection de la diversité. Mais aujourd’hui, le sujet principal de ce colloque concerne un aspect spécifique de cette problématique : le rôle des médias dans l’expression de cette diversité culturelle.

Je trouve que c’est une très bonne initiative pour encourager les professionnels des médias à incorporer dans leurs pratiques journalistiques et leurs travaux, les valeurs de tolérance, compréhension et respect de la dignité humaine.

En effet, les médias jouent aujourd’hui un rôle essentiel dans la diffusion de l’information et la stimulation du débat public. Leur pouvoir est énorme et il s’accroît de plus en plus avec le développement des nouvelles technologies de l’information, avec Internet, la révolution Facebook, Twitter etc…

Le Livre Blanc nous a d’ailleurs inspiré en 2008 l’élaboration d’une campagne que vous connaissez peut-être, appelée « Dites Non à la Discrimination ». Elle était destinée à former les professionnels des médias au traitement de l’actualité sur la discrimination et le dialogue interculturel. Cette campagne avait aussi pour but de diffuser la diversité culturelle dans les médias, en aidant les personnes issues de minorités à faire entendre leur voix, en facilitant leur accès aux métiers des médias et à la production médiatique.

Parce qu’ils ont une influence considérable, les médias ont aussi un grand devoir de responsabilité. Nous pouvons et devons utiliser ce pouvoir afin de véhiculer un message positif du dialogue interculturel et promouvoir la diversité idéologique, culturelle, ethnique, linguistique et religieuse. Les médias sont les outils principaux qui vont diffuser cette diversité, la gérer, et contribuer à construire une société où différentes cultures peuvent vivre ensemble et interagir.

Enfin, je pense qu’il est très symbolique que cette dernière série de colloques se tienne à Strasbourg, une ville profondément multiculturelle et européenne. Ville très diverse, tant par son histoire que par sa culture, symbole de la réconciliation franco-allemande et siège des institutions européennes : le Parlement Européen, le Conseil de l’Europe, la Cour européenne des Droits de l’Homme.

C’était un grand plaisir pour moi de parler à l’ouverture de ce séminaire et j’espère que la vague de froid qui s’est abattue en Europe sera propice à des débats passionnés que nous allons suivre avec beaucoup d’intérêt et qui inspireront également nos travaux.

Je vous remercie de votre attention.