Paris, le 22 mars 2012

DISCOURS DE MONSIEUR JEAN-CLAUDE MIGNON,

PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE PARLEMENTAIRE

LORS DE LA CEREMONIE DE REMISE DU PRIX NORD-SUD

DU CONSEIL DE L'EUROPE

(Lisbonne, Portugal, 27 mars 2012)

Mesdames et Messieurs,

Je me réjouis de pouvoir participer à la cérémonie de remise du Prix Nord Sud 2011 à deux éminentes personnalités de notre temps : M. Boris Tadic, Président de la République de Serbie et Mme Souhayr Belhassen de Tunisie, Présidente de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme.

Le Prix Nord-Sud a un sens tout particulier, c’est un symbole fort en faveur d’un monde uni.

Je suis particulièrement heureux de souligner que l’action et le courage de nos lauréats ont contribué à façonner le monde d’aujourd’hui, avec des débats démocratiques au Sud de la Méditerranée et des Balkans pacifiés et impliqués dans le processus de l’intégration européenne.

Président Tadic, votre nom sera à jamais associé à l’intégration européenne et à la réconciliation dans les Balkans. Ces grands projets sont intimement liés et aujourd’hui nous pouvons dire que leur succès est assuré, grâce, en particulier, à vos efforts et à votre engagement personnel. En vous adressant aux membres de l’Assemblée parlementaire en janvier 2011 à Strasbourg, vous avez envoyé un message politique fort à toute l’Europe: l’Europe de Sud-est n’est plus une zone d’instabilité, mais une région avançant à plein pas vers l’intégration européenne, où la plupart des acteurs ont la volonté politique de coopérer pour la paix, la stabilité et la prospérité de tous les Européens qui y vivent, la Bosnie-Herzégovine restant cependant une source majeure de préoccupations. Grâce à votre engagement personnel, la coopération avec le Tribunal Pénal International pour l’ex Yougoslavie est aujourd’hui à un excellent niveau et l’arrestation des deux derniers fugitifs accusés de crimes de guerre – Ratko Mladić, en mai 2011, et Goran Hadžić, en août 2011 – et leur extradition auprès du TPIY en est un témoignage très parlant. Les réformes internes que vous avez engagé en Serbie sont pleinement reconnus au niveau Européen : récemment la Serbie a obtenu le statut de candidat à l’UE et j’espère que les négociations d’adhésion pourront démarrer bientôt. Monsieur le Président, je vous félicite pour vos succès et pour celui de votre pays et je vous exprime tous nos meilleurs vœux de réussite pour le futur !

Mme Belhassen, vous avez œuvré en faveur des droits de l’homme dans le sud de la Méditerranée lorsque ce combat paraissait perdu d’avance. Par votre combat, long des décennies, vous avez démontré que le printemps arabe avait des racines anciennes et profondes. En reconnaissance de votre action, vous avez été la première femme et le premier représentant du monde arabe à accéder à des éminentes fonctions de la Présidente de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme.

Les efforts déployés dans le passé par l’Assemblée parlementaire ont largement préparé le terrain pour l’actuelle politique de voisinage du Conseil de l’Europe. L’Assemblée parlementaire a une nouvelle fois fait preuve de vision en créant le statut de «Partenaire pour la démocratie» en 2009, dont bénéficient aujourd’hui le Parlement marocain et le Conseil national palestinien. Ces efforts précurseurs relèvent d’une importance toute particulière dans le contexte des changements historiques dans le monde arabe survenus en 2011. La vraie stabilité sur les rives sud et est de la Méditerranée n’est possible que si elle est basé sur le respect des droits de l’homme et la démocratie. Il sera de notre devoir et de notre responsabilité de déployer tous les efforts possibles pour qu’il en soit ainsi, tant il est vrai qu’aujourd’hui certaines craintes peuvent légitimement naître. Je pense en particulier au rôle et au statut des femmes, sujets dont notre Assemblée débattra prochainement.

Nous avons en outre une responsabilité tout particulière à l’égard de nos partenaires pour la démocratie, qui, en contrepartie de ce statut, ont accepté de souscrire un certain nombre d’engagements.

Œuvrant pour le rapprochement des jeunes et la responsabilité civique globale, les droits humains et le renforcement du rôle de la femme, la solidarité, le développement et le partenariat, le Centre Nord-Sud se place comme un instrument précieux et stratégique dans le cadre de la nouvelle politique de voisinage du Conseil de l’Europe. Le Centre reste à la fois «la voix du Sud» au sein du Conseil de l’Europe et l’instrument qui permet d’affirmer, au-delà du continent européen, les valeurs défendues par le Conseil de l’Europe. Il contribue également au renforcement du dialogue interculturel que nous appelons de nos vœux. Je voudrais, par ma présence aujourd’hui, réaffirmer mon attachement à l’œuvre accomplie par le centre.