20.9.2012 – révisé

DISCOURS DE M. JEAN-CLAUDE MIGNON, PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE PARLEMENTAIRE

DU CONSEIL DE L’EUROPE, A L’OCCASION

DE LA 9EME CONFERENCE DU CONSEIL DE L’EUROPE

DES MINISTRES RESPONSABLES DE LA JEUNESSE

(Saint-Petersbourg, 23-25 septembre 2012)

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs,

Depuis sa création, l’objectif du Conseil de l’Europe est d’encourager la mise en œuvre des politiques de jeunesse efficaces à travers toute l’Europe répondant aux besoins et aux préoccupations des jeunes, visant à leur garantir l’accès à leurs droits fondamentaux et à s’épanouir pleinement au sein de nos sociétés.

Je vous félicite, Mesdames et Messieurs les Ministres, pour le choix du thème de votre conférence - « l’accès des jeunes aux droits ». Naturellement, il s’agit d’un sujet à multiples facettes et en tant que Président de l’Assemblée parlementaire, organe composé des représentants élus du peuple, je mettrai l’accent dans mon allocution sur l’exercice par les jeunes de leurs droits politiques en leur qualité de citoyens à part entière de nos pays.

Les jeunes sont des acteurs clé dans le développement de nos sociétés. Ils sont capables d’assurer leurs droits et leurs libertés de manière autonome. Plus que jamais, les jeunes ont un accès sans précédent à l’information, mais cette information ne leur donne pas nécessairement une réelle autonomie, et ne leur permet pas automatiquement d’en faire bon usage pour s’intégrer dans les structures associatives et politiques existantes.

Pour que ceci arrive, il faut encourager la participation politique de la jeunesse. L’Assemblée a demandé à maintes reprises à tous les partis politiques de soutenir la participation des jeunes au niveau national. L’année dernière, nous avons voté la Recommandation 1978 (2011) proposant qu’une Convention-cadre européenne relative aux droits des jeunes soit adoptée par les Etats-membres du Conseil de l’Europe.

En dépit du fait que les jeunes restent attachés au droit de vote, symbole pour eux de la liberté d’expression et de choix démocratique, ils n’exercent pas tous leur devoir de citoyen de façon optimale lors des différentes échéances électorales.

Cependant, ils n’hésitent pas à s’engager autrement. Ils semblent ainsi demandeurs de plus de démocratie participative, au sein de laquelle ils seraient destinataires, mais aussi acteurs. Ils ne souhaitent plus être uniquement spectateurs, mais ils revendiquent un espace de discussion qui leur est consacré et où leurs opinions seraient réellement prises en compte.

Pour essayer de palier au désengagement politique de jeunes, il est nécessaire de rendre la sphère politique accessible à tous et redonner envie aux jeunes de s’engager.

Au sein de notre Assemblée, nous avons déjà développé des pistes de réflexion qui vont dans ce sens:

-       l’éducation à la citoyenneté - l’apprentissage dès le plus jeune âge de repères historiques et politiques qui doit permettre aux jeunes générations de découvrir les valeurs démocratiques fondamentales et d’avoir une lecture optimale des enjeux politiques;

-       la création de Conseils de Jeunes, qui doivent être de véritables lieux d’impulsion de nouvelles idées pour les hommes et les femmes politiques dans tous les domaines, pas seulement dans les secteurs directement liés aux politiques de jeunesse;

-       la tenue d’Etats Généraux de la jeunesse, sur le modèle d’une grande consultation associée aux nouveaux moyens de communication pour permettre aux jeunes de s’exprimer sur leurs attentes vis-à-vis de la vie politique;

-       l’accessibilité et la lisibilité des décisions publiques afin d’éviter un clivage entre les dirigeants politiques et les jeunes;

-       une large utilisation des réseaux sociaux par les hommes et les femmes politiques pour communiquer avec les jeunes;

-       l’ouverture d’accès aux mandats politiques à la jeune génération, y compris au niveau européen, pour renouveler la classe politique et des idées politiques et réduire la méfiance à l’égard des dirigeants politiques de la part des jeunes.

Il s’agit maintenant de mettre en œuvre ces idées et ces propositions, car de nombreuses recherches montrent que les jeunes ne veulent pas s’engager dans les partis politiques. Par contre, ces mêmes enquêtes indiquent que les jeunes sont largement en faveur d’une participation dans des organisations de défense des droits de l’homme ou de l’environnement. Il y a donc une réelle volonté de participation civique de la part des jeunes, même si elle s’accompagne souvent d’une grande méfiance à l’égard de la démocratie représentative. Le mouvement dit des « indignés » constitue un bon exemple de cette tendance.

Ces tendances méritent une réflexion très sérieuse. Les jeunes sont les plus durement touchés par la crise économique qui a rendu encore plus difficile la transition des écoles vers le monde du travail. Le chômage des jeunes en Europe a atteint des niveaux inacceptables dans beaucoup de nos Etats, avec un taux moyen de chômage parmi les moins de 25 ans en Europe de plus de 20%.

L’incertitude et le pessimisme provoqués par ces conditions difficiles et le manque d’opportunités économiques favorisent les réactions de frustration sociale et d’impuissance civique et, par conséquent, les opinions et les comportements des jeunes se traduisent souvent par des manifestations de dépolitisation et d’apathie.

Or, la situation est plus complexe. La frustration et l’impuissance ressenties par les jeunes politisent aussi leur vision de la réalité, mais d’une manière différente. Par conséquent, ils s’engagent spontanément, sans liens institutionnels fixes, dans des causes liées étroitement à leur vie quotidienne. Il y a donc beaucoup d’énergie politique chez les jeunes, il s’agit de trouver des moyens de renouer avec ces manifestations spontanées, souvent en dehors des cadres politiques et associatifs existants.

L’Assemblée parlementaire préconise des mesures concrètes pour trouver l’issue à cette situation – il s’agit de promouvoir l’éducation à la citoyenneté démocratique, l’apprentissage tout au long de la vie, l’accès à l’emploi, l’insertion sociale et l’autonomie des jeunes, la sécurité individuelle et collective ou encore des structures assurant la participation des jeunes à tous les niveaux.

Il faut donner les moyens nécessaires à la jeune génération de développer sa propre vision de la politique et de débattre avec elle des questions qui la préoccupent. La tenue de l’Assemblée des Jeunes, organisée les 5 -7 octobre prochain par l’Assemblée parlementaire à Strasbourg, va exactement dans ce sens. Nous voulons donner la possibilité aux jeunes de s’organiser et de s’exprimer, mais également les mettre sur un pied d’égalité avec les hommes et les femmes politiques pour discuter des problèmes qui touchent nos sociétés et les jeunes en particulier.

De cette façon des acteurs expérimentés de la politique, y compris de nombreux membres de notre Assemblée, seront aux côtés de militants émergeants de différentes régions de l’Europe toute entière pour débattre comment réduire la fracture entre les modèles sociaux, politiques et économiques existants et comment intégrer les jeunes au développement de sociétés plus démocratiques et plus inclusives.

Au cours de cet évènement, quelques 170 jeunes, représentatifs de la diversité de la jeunesse en Europe, vont œuvrer activement afin de formuler des recommandations concrètes.

Par la suite, une quarantaine de participants seront sélectionnés pour présenter leur réflexion au Forum mondial de la démocratie qui se tiendra à Strasbourg dans la continuation de l’Assemblée des Jeunes et de porter leur message directement à 1 500 participants du Forum venus du monde entier.

Pour moi personnellement, qui étais à l’origine de l’organisation d’assemblées des jeunes au Conseil de l’Europe et ai créé un Parlement des Jeunes dans la ville dont je suis maire, cela constituera un bel exemple pour le monde entier de la façon dont l’avenir de la démocratie se construira en Europe. C’est également une belle façon de célébrer tout ce qui a été fait pour et avec les jeunes au sein du Conseil de l’Europe tout au long de son existence.

Mesdames et Messieurs, Chers amis,

Je me réjouis d’être avec vous, ensemble avec mes collègues de l’Assemblée parlementaire présents ici, pendant ces deux jours de la Conférence et nous nous feront un point d’honneur d’apporter notre expérience de parlementaire dans vos débats.

Je vous remercie de votre attention.