Discours de Monsieur Jean-Claude Mignon, Président de l’Assemblée parlementaire,

à l’occasion du lancement du Prix des droits de l’homme Václav Havel

 

(Prague, République tchèque, lundi, 25 mars 2013)

 

Monsieur le Ministre,

Madame Smolíková, Monsieur Janouch,

Mesdames et Messieurs,

Vaclav Havel s’est s’adressé pour la première fois à notre Assemblée, à Strasbourg, au mois de mai 1990, alors qu’il occupait les fonctions de Président de la République tchèque et slovaque.

Européen convaincu, Vaclav Havel avait inlassablement combattu le totalitarisme et le despotisme à une époque où les idéaux tenaient lieu d’espérance, et avait évoqué ses longues années passées dans l’opposition dans un discours qui est resté gravé dans nos mémoires. Imaginant la nouvelle Europe dont les contours se dessinaient déjà, autour d’un Conseil de l’Europe élargi, il s’était exprimé ainsi: « Sans rêver d’une meilleure Europe, on n’édifiera jamais une Europe meilleure »…

Chers amis,

Depuis sa création, le Conseil de l’Europe a substantiellement contribué à ce que la démocratie, les droits de l’homme et l’État de droit fassent partie intégrante de la vie quotidienne des citoyens européens. Aujourd’hui encore il demeure le principal garant de ces valeurs.

Son Assemblée parlementaire, que j’ai l’honneur de présider, s’est avérée être l’expression de la conscience collective de l’Europe : elle assure le suivi de la situation en matière de respect des droits de l’homme dans ses Etats membres, réagit aux violations et repère les évolutions qui appellent une action politique et la définition de normes.

Cette action internationale ne représente toutefois que la partie immergée de l’iceberg, car les droits de l’homme ne sauraient progresser en Europe sans l’engagement et le travail dévoué et désintéressé des ONG et des défenseurs des droits de l’homme.

Ces derniers n’hésitent pas à agir sur le terrain au prix de leur sécurité personnelle, mettant jusqu’à leur vie en danger, en vue de plaider des causes très sensibles qui exigent d’être révélées au grand jour, permettant ainsi à nos sociétés de devenir plus démocratiques et justes.

Pour récompenser leur courage et leur dévouement, notre Assemblée parlementaire récompense depuis 2007 ces actions exemplaires, en leur octroyant son Prix des droits de l’homme, rendant ainsi hommage au travail accompli par la société civile, qui mérite d’être mieux connu et honoré.

En même temps, l’Assemblée parlementaire exhorte sans relâche les instances européennes et les différents Etats membres à intensifier leur action afin de garantir une meilleure protection de ces droits et de promouvoir l’action que mène la société civile en faveur de leur sauvegarde.

Nous avons tous besoin d’une meilleure protection des droits de l’homme, dont les progrès réalisés collectivement résultent d’un immense engagement personnel et, souvent, de sacrifices personnels, que le Prix des droits de l’homme a justement pour vocation de récompenser.

Aujourd’hui-même, en nous associant à la Bibliothèque Vaclav Havel et à la Fondation Charte 77, dont je salue et remercie les représentants, Chère Marta et Cher Frantisek, qui sont parmi nous, nous nous engageons à doter ce prix d’un nouvel élan.

Permettez-moi également de souligner combien j’apprécie le soutien du Ministre des Affaires étrangères de la République tchèque. Cher Karel, vous étiez le premier chef de cabinet de Vaclav Havel. Vous avez aussi partagé une amitié de longue date et la même école de pensée, vous laissant guider par l’application de principes dans votre action politique de tous les jours. Je vous remercie pour votre soutien moral, ainsi que pour le soutien financier.

Mesdames et Messieurs,

Notre Assemblée a été fière ces dernières années de récompenser l’action exemplaire dans le domaine de la défense des droits de l’homme, par l’octroi du Prix des droits de l’homme, qu’elle a créé en 2007. Désormais, ce prix porte le nom de Vaclav Havel, ce dont notre Assemblée est très fière et honorée.

Comme je le disais précédemment, M. Havel avait évoqué à Strasbourg l’immense force qu’incarne nos idéaux. Se référant à l’emblème de notre Organisation, il expliqua alors que les douze étoiles ne signifiaient pas à ses yeux que le Conseil de l’Europe parviendrait à édifier le paradis sur terre, car le paradis sur terre n’existerait jamais, mais selon lui ces douze étoiles signifiaient plutôt que l’on pourrait vivre mieux sur terre en osant parfois lever les yeux vers les étoiles …

Puisse le Prix des droits de l’homme Václav Havel rendre hommage à la mémoire de cet illustre Européen. Et puisse-t-il aussi rendre hommage à tous ceux qui, par leur action déterminée et infatigable dans la défense des droits de l’homme, nous rapprochent de l’idéal d’une Europe meilleure, un peu plus à notre portée.

Je vous remercie.