ALLOCUTION D’OUVERTURE

MONSIEUR LLUÍS MARIA DE PUIG

PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE PARLEMENTAIRE

PARTIE DE SESSION D’AVRIL 2009

(Strasbourg, 11h30, 27 avril 2009)


Mesdames, Messieurs, chers collègues,

Il y a tout juste une semaine, la conférence des Nations Unis dite «  Durban II », a offert la tribune à des propos belliqueux, tâchés par le racisme et le négationnisme.

Certains sont sortis de la salle, d’autres ne sont même pas venus. Mais il y a aussi ceux qui ont applaudi.

Heureusement, le lendemain les pays présents à la conférence ont réussi a se mettre d’accord sur une déclaration.

Les avis sont partagés sur la question si cette conférence était un échec ou un succès.

Du point de vue des valeurs et les principes de notre organisation, le Conseil de l’Europe, je serais tenté de dire « les deux ».

C’était un échec dans la mesure où la conférence a démontré que la haine, l’intolérance, les pulsions destructrices ne sont pas des notions abstraites. Elles s’expriment des plus grandes tribunes internationales et sont même la base d’une politique d’Etat. Elles subsistent malgré la détermination qui a été la force motrice de tous les mouvements démocratiques depuis la seconde Guerre mondiale : détermination d’éradiquer les horreurs qui se sont produits comme résultat de cette même haine.

Mais la conférence était aussi un succès des pays qui ont voulu croire à la méthode du dialogue et à la possibilité de trouver un accord, au-delà des contingences politiques.

C’est justement ce que nous essayons de faire ici, au Conseil de l’Europe.

Cette méthode est d’autant plus nécessaire dans la mesure où le mal que nous devons combattre dans le monde se montre de plus en plus au visage découvert et s’exprime de façon de plus en plus violente. Prenons juste l’exemple de la crise économique ou des effets du réchauffement climatique.

Chers collègues,

Cette partie de session est particulière : elle est plus courte que d’habitude, mais elle est très dense de par son agenda et très intense de point de vue des sujets à traiter.

Le fait que les conséquences de la guerre entre la Géorgie et la Russie est à l’ordre du jour d’une troisième partie de session consécutive montre, hélas, à quel point les progrès sont lents et difficiles. Il y a eu quelques signes positifs dans la mesure où la commission ad hoc du Bureau sur le dialogue entre les délégations de la Géorgie et de la Russie a réussi à mettre les deux délégations autour de la même table. Mais pendant qu’on mène des consultations pour voir quelles seront les suites de cette commission , la situation humanitaire sur place est terrible et des milliers de personnes continuent à souffrir et à payer injustement le prix de ce conflit politique.

Alors que les problèmes entre les deux pays sont loin d’être réglés, un nouveau conflit a éclaté à l’intérieur de la Moldova. Nous sommes tous très préoccupés par les allégations de mauvais traitements sur les manifestants détenus par les autorités et des violations des droits d’expression et d’information. Cette situation doit être remédiée au plus vite. Seule une Moldova prospère et démocratique peut véritablement servir ses citoyens, mais aussi être la garantie d’un règlement juste du conflit Transnistrien.

Les avancées démocratiques dans d’autres pays comme l’Arménie, l’Azerbaïdjan ou l’Ukraine restent également hésitantes.. La Commission de suivi de l’Assemblée mais aussi tous les autres organes concernés du Conseil de l’Europe comme par exemple la Commission de Venise auront encore un grand travail à faire pour que la démocratie, les droits de l’homme et l’Etat de droit prennent des racines dans ces pays.

Chers amis,

Plus tard aujourd’hui nous aurons une petite cérémonie pour célébrer le 60-ème anniversaire de notre organisation. Ces 60 années reflètent toute l’histoire de l’Europe, avec ses avancées et ses moments de recul. Mais tout dans cette histoire vient à montrer que la confrontation ne mène nulle part ; que la volonté d’imposer sa loi et sa vérité par la force ne crée que des malheurs ; que le souci de placer ses intérêts personnels au-delà des intérêts communs finalement ne sert les intérêts de personne.

J’espère donc que pendant cette partie de session nous arriverons à mettre de côté ce qui nous sépare et investirons nos efforts dans ce qui nous unit. Notre organisation ne peut pas se permettre de rester juste un reflet du passé de l’Europe. L’avenir de l’Europe doit être aussi notre avenir.

Je vous souhaite donc un bon travail cette semaine, aussi bien en commission qu’en séance plénière, pour le bien de tous nos pays et également pour le bien de notre institution.