Allocution de Dragoljub MICUNOVIC, Président du Parlement de Serbie-Monténégro
(Résumé)
3 avril 2003


M. Dragoljub MICUNOVIC, Président du Parlement de Serbie-Monténégro (Interprétation) dit que le 3 avril 2003 marque une date historique pour la Serbie-Monténégro mais aussi pour l'Europe tout entière. C'est une date importante pour la Serbie-Monténégro parce que l'Union retrouve finalement sa place au sein de la famille des Etats européens démocratiques. La Serbie-Monténégro n'ignore aucun des avantages que lui apportera son adhésion, ni aucun des engagements que cette adhésion suppose. A titre personnel, M. Micunovic se réjouit plus encore de ces engagements que de ces privilèges car, en adoptant les valeurs de l'Europe démocratique, la Serbie-Monténégro limitera le risque de tentatives rétrogrades visant à arrêter le processus de réformes. L'adhésion au Conseil de l'Europe ouvrira la voie vers une pleine intégration européenne.

C'est dire que la date est importante pour l'Europe aussi. Aujourd'hui, une région européenne qui, au cours de la décennie écoulée, a été plongée dans des conflits tragiques qui ont suscité des désastres humanitaires, se trouve désormais soumise dans son entier au contrôle démocratique. Pour la première fois, tous les pays des Balkans ont des gouvernements démocratiques, entretiennent des relations de bon voisinage et sont membres du Conseil de l'Europe. La République fédérale de Yougoslavie a présenté sa demande d'adhésion au Conseil de l'Europe le 9 novembre 2000. Ce fut l'une des premières décisions des nouvelles autorités démocratiques. Le pays devient aujourd'hui un nouveau membre de l'Organisation en tant que Serbie-Monténégro, après qu'une réforme constitutionnelle a été menée à bien de manière démocratique. Au cours des mois écoulés, les deux membres de l'Union étatique n'ont pas ménagé leurs efforts en vue de transposer dans leur législation les principes qui fondent le Conseil de l'Europe.

Mais, dans les Balkans, il n'est pas facile de mener des réformes et cela peut même être dangereux, comme vient encore de le démontrer l'assassinat du Premier ministre serbe qui a eu lieu le 12 mars, à midi, à la porte du siège du gouvernement. Pour relever le défi ainsi posé à la jeune démocratie de Serbie-Monténégro, les autorités ont déclaré l'état d'urgence en Serbie, dans l'unique intention d'en finir avec la criminalité organisée. Les citoyens serbes ont compris la nécessité de ces mesures, dont seuls les criminels se sont mal trouvés. De fait, toutes les bandes armées, tous les réseaux de trafiquants d'armes, d'êtres humains et de stupéfiants ont été démantelés et de nombreux cas d'assassinats et d'enlèvements ont été élucidés. Les autorités espèrent pouvoir lever l'état d'urgence ce mois-ci, ce qui permettra aux réformes de reprendre leur cours.

La Serbie-Monténégro, qui souhaite désormais contribuer avec ardeur à l'avenir commun d'une Europe pacifique et prospère, considère son adhésion au Conseil de l'Europe comme un signal politique clair, indiquant que l'Europe souhaite la stabilité politique et le développement économique et social du pays, ainsi que son intégration pleine et entière dans toutes les institutions du continent. Et le fait que la Serbie-Monténégro soit l'un des derniers pays à adhérer au Conseil de l'Europe ne signifie pas qu'elle s'intégrera avec lenteur.

L'année prochaine, la Serbie célébrera le bicentenaire de sa révolution. Cette année, la Serbie et le Monténégro célèbrent le 125e anniversaire de leur reconnaissance internationale. En tant que successeur d'Etats européens anciens, la Serbie et le Monténégro souhaitent contribuer, autant qu'ils le peuvent, à la stabilité et à la prospérité de l'Europe. La dernière décennie du siècle passé leur a apporté son lot de calamités. M. Micunovic est persuadé que rien de tout cela n'aurait été possible si la Serbie et le Monténégro avaient été plus fermement intégrés au sein de l'Europe. Les autorités sont donc intimement convaincues de l'impérieuse nécessité d'entretenir des liens de bon voisinage et de pleine coopération avec tous les Etats de la région. Un proverbe latin ne dit-il pas que l'Histoire guide le sage par la main mais doit traîner l'idiot?

M. Micunovic exprime sa gratitude au président de l'Assemblée, M. Schieder, pour son soutien sans faille à la candidature de la Serbie-Monténégro et espère qu'il s'exprimera sous peu devant le Parlement, à Belgrade. Il dit sa gratitude à M. Schwimmer, Secrétaire Général du Conseil de l'Europe, à M. Haller, secrétaire de l'Assemblée parlementaire, à M. Frey, rapporteur de la commission des affaires politiques, à M. Jakič, président de la commission des questions politiques, ainsi qu'à M. Davis, son ancien président, à M. Lippelt, rapporteur de la commission des affaires juridiques et à Lord Russell-Johnston, ancien Président de l'Assemblée parlementaire. Il remercie également tous les membres de l'Assemblée, qu'ils aient ou non appuyé la candidature de la Serbie-Monténégro, car tous ont contribué à l'accélération des réformes démocratiques. La délégation de la Serbie-Monténégro attend avec impatience le moment où elle contribuera effectivement aux travaux de l'Organisation.