Discours de Siméon de Saxe-Cobourg Gotha, Premier Ministre de Bulgarie
Strasbourg, 3 avril 2003


Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs,

C'est un honneur pour moi en tant que Premier Ministre de la République de Bulgarie d'intervenir, finalement, devant l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.
Ce lieu symbole de démocratie et du respect des droits de l'homme où s'harmonisent le développement économique et le progrès social, ce lieu où règnent la tolérance et le respect des minorités.

Sans grandiloquence, je dirai que c'est ici que se construit notre avenir commun, cette Europe du 21ème siècle. J'entends par Europe, bien plus que sa dimension géographique, un modèle de développement, le rayonnement d'une civilisation.

Dans le contexte international difficile que nous vivons aujourd'hui, ces valeurs sont une fois de plus menacées. Nous nous devons, en tant qu'Européens, de répondre aux nouveaux défis engendrés par la globalisation d'une part et la menace croissante du terrorisme international de l'autre. La nouvelle Europe se construit à force de volonté et cette volonté commune nous permettra de répondre à ces nouveaux défis.

N'oublions pas que nos différences sont notre force, tant que nous nous reconnaissons un objectif commun.

Dans ce contexte la Bulgarie appuie l'idée du Troisième sommet qui se penchera sur le rôle et l'apport du Conseil de l'Europe dans les nouvelles institutions de notre continent. La Bulgarie soutient aussi la réforme de la Cour Européenne des Droits de l'Homme.

Monsieur le Président,

La valeur première qui nous unit, nous tous, au Conseil de l'Europe c'est la vie humaine. C'est bien elle qui détermine notre attitude envers la menace inquiétante du terrorisme. C'est pour quoi mon pays salue les «Principes directeurs des droits de l'homme et la lutte contre le terrorisme », adoptés par le Conseil.

C'est bien cette approche qui explique aussi notre attitude face à la crise irakienne. En tant que pays, membre non permanent du Conseil de Sécurité notre priorité a été celle de trouver à tout prix une issue pacifique. J'exprime ici mon profond regret que les efforts diplomatiques de la communauté internationale pour désarmer l'Irak sans guerre, n'aient pas conduit au résultat souhaité. Maintenant que les jeux sont faits, une fois l'intervention militaire terminée, il faudra déployer tous les efforts pour créer des institutions démocratiques et préserver l'intégrité territoriale de l'Irak.
C'est ce processus qui permettra la levée des sanctions contre ce pays tellement éprouvé et le rétablissement des conditions de vie tant politiques qu'économiques normales du peuple irakien, ami de longue date de la Bulgarie.

Mesdames et Messieurs,

La Bulgarie comme vous savez fait partie de la civilisation européenne aussi bien sur le plan historique que sur le plan culturel.

Le Gouvernement bulgare a placé au centre de ses préoccupations la poursuite des réformes, la consolidation de l'État de droit, en conformité avec les principes et les normes européennes, en oeuvrant dans des domaines tels que:

- la réforme du système judiciaire et de l'administration;
- la lutte contre la corruption,
- la libéralisation du secteur privé, et ceci dans un milieu concurrentiel favorable.

Des changements considérables ont été initiés dans la législation et la libéralisation partielle des médias électroniques, afin d'assurer leur indépendance. Une nouvelle loi sur les Confessions religieuses, que la société bulgare attendait depuis plus de 10 ans, a été adoptée au mois de décembre dernier. Elle garantit entre autre le traitement égal, la protection des libertés religieuses, encourageant une activité, sociale et éducative au sein des diverses confessions. Une loi sur l'ombudsman institution qui m'est particulièrement chère est en train d'être adoptée. Une loi spéciale sur la prévention de la discrimination est également à l'ordre du jour.

Monsieur le Président,

L'expérience historique de la Bulgarie démontre que l'esprit de tolérance est à la base du bien-être et de la sécurité de toute société. Récemment en mars dernier, nous avons commémoré le 60ème anniversaire du salut des juifs bulgares des camps de la mort, tout en rendant hommage aux victimes de l'Holocauste. Les écoles bulgares ont consacré une heure scolaire au civisme, l'esprit de tolérance interethnique et la démocratie.

Dans ce contexte la Bulgarie a proposé que l'année 2005 soit l'année européenne de la citoyenneté par l'éducation. Nous estimons que le dialogue interculturel et interreligieux dans l'éducation fomente l'esprit de tolérance parmi les jeunes.
Tant les hommes politiques que la société bulgare en général considèrent que le «modèle ethnique bulgare» est un acquis, une richesse, une expérience que nous pouvons partager avec d'autres. Le Gouvernement s'est fixé comme priorité la pleine intégration des ressortissants bulgares appartenant à d'autres groupes ethniques. Je citerai en exemple le travail conjoint du Gouvernement avec des organisations non gouvernementales roms, ainsi que le programme cadre sur l'intégration des roms dans la société bulgare, signé en 1999.

Monsieur le Président,

Comme pays membre du Conseil de l'Europe la Bulgarie mène une politique active pour affirmer les valeurs européennes au niveau national et international. Je suis heureux de constater que mon pays est devenu un facteur de stabilité et de sécurité en Europe du Sud-est. Notre politique est orientée vers une coopération étroite avec les pays de la région, assise sur le respect des institutions démocratiques, sur la primauté de la loi.

Je cueille l'occasion de ma présence en cette Assemblée pour saluer aujourd'hui l'adoption de la Serbie-Monténégro comme membre de plein droit au Conseil de l'Europe et je me réjouis à l'idée de coopérer avec elle dans cette enceinte, creuset de l'Europe du 21ème siècle.

Je voudrais en conclusion vous redire mon attachement au projet européen, à cette grande idée, qui nous unit. Je suis persuadé que le débat sur l'avenir de notre continent saura consacrer et étendre le rôle du Conseil de l'Europe comme garant des valeurs démocratiques pour faire des droits de l'homme de la sécurité et de la prospérité le bien de tout citoyen européen.