Madame la Présidente du Sénat,
Monsieur le Ministre des affaires étrangères et européennes,
Mesdames et Messieurs, chers collègues,
J'aimerais commencer cette réunion par féliciter la Belgique, un des pays fondateurs de notre Organisation qui assume de nouveau depuis le 13 novembre la présidence du Comité des Ministres du Conseil de l'Europe. J'adresse à Monsieur Didier Reynders, Ministre des affaires étrangères et européenne en sa qualité de nouveau Président du Comité des Ministres, nos vœux de réussite, de courage et de persévérance. Votre pays, Monsieur le Ministre, reprend la présidence de notre Organisation à un moment très difficile pour l'Europe, moment où la diplomatie, la sagesse et l'engagement en faveur de nos valeurs communes sont particulièrement nécessaires pour réussir.
L'Assemblée parlementaire soutient pleinement et partage les priorités de la présidence belge. La réforme de notre Organisation doit se poursuivre et nous nous réjouissons de l'excellente coopération entre le Secrétaire Général, la présidence belge et notre Assemblée. Cette réforme doit répondre de la manière la plus efficace aux nouveaux défis. Au vu de ces énormes défis auxquels notre continent est actuellement confronté, je suis persuadée que le Conseil de l'Europe est plus nécessaire et plus indispensable que jamais. Nous avons l'énorme responsabilité de trouver ensemble des solutions pour défendre la démocratie, les droits de l'homme et de l'Etat de droit, car nous savons que nos principes et nos valeurs sont sérieusement menacés.
Une autre priorité que la Belgique met en avant concerne le développement des synergies entre le Conseil de l'Europe et les autres organisations qui jouent un rôle indispensable dans l'architecture européenne, dont l'OSCE et l'Union Européenne. Je pense qu'il est symbolique que nous nous réunissions aujourd'hui à Bruxelles, une des capitales européennes. Nous espérons que la présidence belge au Comité des Ministres contribuera d'une manière significative à notre coopération avec l'Union Européenne – coopération qui doit être transparente, sensée et efficace. Ce soir et demain, j'aurai un certain nombre de réunions avec le leadership de l'Union Européenne, y compris avec le Président du Parlement Européen Monsieur Martin Schulz, le Président de la Commission Monsieur Jean-Claude Juncker, la Haute Représentante pour les affaires étrangères Madame Federica Mogherini, et le Commissaire pour la politique de voisinage Monsieur Johannes Hahn. Durant ces réunions j'évoquerai bien évidemment cette opportunité de la présidence belge pour relancer et renforcer les synergies entre nos institutions.
Les autres priorités de la présidence belge sont également au centre du travail de notre Assemblée. Par exemple, nous avons souligné à plusieurs reprises l'importance de la responsabilité des parlements dans la mise en œuvre des décisions de la Cour européenne des droits de l'homme, et ce sujet était au centre du séminaire pour les parlementaires que notre Assemblée et sa Commission des questions juridiques avaient organisé, avec l'aide des autorités espagnoles, le 31 octobre à Madrid.
L'Assemblée continue de travailler sans relâche sur les questions de la protection des personnes vulnérables et des droits sociaux. L'ordre du jour de cette réunion de la Commission permanente en est un témoignage. Aujourd'hui nous discuterons des rapports sur le bien-être des citoyens et sur le danger de l'exclusion sociale, sur la solidarité avec les réfugiés et les conditions dignes pour leur hébergement, ainsi que sur la prévention de la violence à l'égard des femmes.
Comme vous voyez à travers ces quelques exemples, nous avons beaucoup de priorités et d'intérêts communs. Dans ce contexte, nous ne pouvons que nous réjouir de la possibilité d'avoir aujourd'hui un premier échange de vues sur les priorités de la présidence belge avec Monsieur Didier Reynders, Président du Comité des Ministres.
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de mentionner encore un événement symbolique et important : il s'agit du centenaire du début de la Première Guerre Mondiale. Hier nous étions nombreux à nous rendre à Ypres et j'aimerais remercier le Maire et les autorités locales pour leur accueil. Les lieux de mémoire que nous avons visités nous ont encore une fois rappelé combien la Belgique a souffert des deux horribles guerres mondiales qui ont tragiquement marqué la première moitié du 20e siècle.
Que la présidence belge au Comité des Ministres corresponde à l'année du centenaire de la Première guerre mondiale est une coïncidence. Mais cette coïncidence est néanmoins symbolique : le pays qui s'est retrouvé il y a cent ans au centre de la Grande guerre préside aujourd'hui l'organisation dont la raison d'être est la recherche de la paix tangible et du dialogue respectueux basés sur les valeurs européennes communes.
La Première guerre mondiale a été précipitée par l'explosion du discours militariste et chauviniste ; cette guerre a été rendue possible par la multiplication et la « normalisation » des prises de position qu'aujourd'hui nous pourrions qualifier de discours de haine. Je salue tout particulièrement le fait qu'une des priorités de la présidence belge est l'appui à la campagne « Non au discours de haine ». Comme vous le savez, nous allons lancer officiellement en janvier 2015 notre Alliance Parlementaire Contre le Discours de Haine. Je suis convaincue que durant les six mois de la présidence belge nous aurons de nombreuses opportunités pour lancer de nouvelles synergies dans ce domaine entre le Comité des ministres et l'APCE.
Sur le plan politique, j'aimerais saluer l'engagement du Président du Comité des ministres en faveur du dialogue et son intention de se rendre à Kyiv et à Moscou afin de contribuer à la recherche d'une solution au conflit en Ukraine. Comme vous le savez, notre Assemblée a également choisi le chemin du dialogue. La semaine dernière je me suis rendue à Moscou avec mes collègues membres du Comité des présidents afin de continuer les discussions avec nos collègues russes et tenter de trouver des solutions ensemble. Monsieur le Ministre, je voudrais vous assurer que dans vos démarches diplomatiques vous pourrez compter sur le soutien politique de notre Assemblée.
Mesdames et Messieurs,
J'aimerais finir mon allocution par deux remarques.
Premièrement, j'aimerais remercier la délégation azerbaïdjanaise, et particulièrement son président Monsieur Samad Seyidov, pour la coopération de leur pays durant la présidence au Comité des Ministres. Cher Samad, notre travail n'était pas toujours facile, mais nous pouvions toujours nous parler et nous écouter. Mais avec la fin de la présidence azerbaïdjanaise, le travail en matière des réformes en Azerbaïdjan n'est pas fini. Il reste encore beaucoup à accomplir pour le respect des droits de l'homme et des libertés fondementales, en particulier dans le contexte de nombreuses arrestations récentes de défenseurs des droits de l'homme et activistes des ONG.
Finalement, je serai ravie de vous revoir la semaine prochaine à Strasbourg durant la réunion de la Commission permanente élargie. Nos réunions sont d'habitude espacées de 3 ou 4 mois, mais il s'agit cette fois d'une occasion exceptionnelle, car il s'agit de la visite de Sa Sainteté le Pape François aux institutions européennes. Je me réjouis donc de vous revoir tous à cette occasion la semaine prochaine à Strasbourg.
Je vous remercie de votre attention.