Monsieur le Président de la République française,
Madame la Secrétaire Générale du Conseil de l’Europe,
Mesdames et Messieurs,
Le Conseil de l’Europe est né à l’issue de deux guerres mondiales qui ont été une effroyable tragédie humaine et morale pour l’ensemble de l’humanité.
Václav Havel avait écrit : « Il y a des moments où nous devons plonger au fond de notre misère pour comprendre la vérité. »
L’Holocauste a bel et bien été le fond de notre misère, d'où nous devions comprendre la vérité et entreprendre ce qu'il fallait faire. Nous voici réuni-e-s aujourd’hui pour rendre hommage à celles et ceux qui ont compris la vérité et agi en conséquence.
Nous célébrons aujourd’hui 70 années de paix sur le continent, une paix qui a pu être préservée par une « unité plus étroite entre les Etats européens » et grâce à la défense des valeurs que nous avons toutes et tous en partage : les droits humains, la démocratie et l’Etat de droit.
Souvenons-nous qu’après la chute du mur de Berlin – dont nous célébrons le 30e anniversaire cette année – ce sont ces mêmes valeurs qui ont permis de réintégrer l’ensemble des démocraties européennes au sein de notre grande famille.
Mais, au-delà de l’importance politique et de la portée géographique du succès du Conseil de l’Europe, ce sont les résultats concrets de notre coopération qui sont plus importants encore pour le bien des citoyennes et des citoyens européens.
J’aimerais que nous nous arrêtions un instant sur la façon dont les perceptions et les attitudes au sein de nos sociétés ont évolué.
Quelle aurait été notre position par rapport à la peine de mort il y a 70 ans ? Combien parmi nous seraient des femmes dans cette salle ? Quelle aurait été notre attitude face aux punitions corporelles à l’école et à la maison et notre réel engagement par rapport aux droits de personnes LGBTI ? Comment aurions-nous réagi face au langage sexiste et aux stéréotypes ?
Et qu’en est-il de demain ? Face aux nouveaux défis technologiques, comment faire en sorte que toutes les personnes qui se trouvent sur le continent européen puissent bénéficier de la même protection de leurs droits et de leurs libertés fondamentales ? Nous aimerions alors, chacune et chacun, pouvoir compter sur un Conseil de l’Europe qui défende une approche attentive aux droits humains, par exemple dans le développement de l’intelligence artificielle ou dans le domaine de la bioéthique. Je suis convaincue qu’il le fera et que demain, le rôle du Conseil de l’Europe restera tout aussi essentiel qu’il l’est aujourd’hui et qu’il l’était il y a 70 ans.
Mesdames et Messieurs,
Les avancées historiques dans le domaine des droits humains, auxquelles le Conseil de l’Europe a contribué, n’auraient jamais été possibles sans courage et sans volonté politique.
Elles sont fondamentales pour 830 millions d’Européennes et d’Européens qui comptent aujourd’hui sur nous pour continuer à profiter pleinement de ce que nous appelons « l’acquis européen », pour vivre dans des sociétés libres et socialement plus justes, dans le respect de leur dignité et de leurs droits fondamentaux.
Il y a quelques instants, nous avons entendu le message de Luca Parmitano, l’astronaute de l’Agence spatiale européenne. La vue de notre planète bleue au milieu de l’immensité de l’espace et des millions d’étoiles doit rester un spectacle inoubliable. Cela me fait penser, à nouveau, à Václav Havel qui, s’adressant à l’Assemblée parlementaire, déclarait que « les douze étoiles du symbole du Conseil de l'Europe nous rappellent que le monde pourrait devenir un meilleur endroit si, de temps en temps, nous avions le courage de lever les yeux vers les étoiles ».
Cette vision d’une meilleure Europe doit continuer à guider l’action du Conseil de l’Europe pour de nombreuses années encore et de nombreuses générations à venir. Je suis convaincue que nous possédons le courage et la détermination nécessaires pour continuer à transformer cette vision en réalité.