Chers collègues,
Chères candidates sélectionnées,
Chers membres du jury de sélection,
Nous avons aujourd'hui l'honneur, le plaisir et le privilège de décerner le Prix des Droits de l'Homme Vaclav Havel de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. C'est la troisième fois que l'Assemblée décerne ce prix.
Permettez-moi de remercier nos partenaires, le Gouvernement de la République tchèque, la Bibliothèque Vaclav Havel et la Fondation Charte 77. Leur engagement envers l'héritage de M. Havel confère à ce Prix une signification particulière.
Cette année, le jury a dû de nouveau faire face à une tâche extrêmement difficile : comment sélectionner un seul lauréat parmi des dizaines de personnes et organisations valeureuses et admirables qui œuvrent pour la défense des droits de l'homme et auxquelles nous devons notre respect, notre soutien et nos remerciements ? Permettez-moi, au nom de l'Assemblée, de féliciter et remercier pour leur travail, leur dignité et leur dévouement tous les candidats ainsi que les personnes qui ont proposé leur candidature.
Permettez-moi également d'exprimer notre reconnaissance aux membres du jury de sélection qui, au cours de ces derniers mois, ont été soucieux et conscients de la responsabilité qu'implique leur devoir.
Sans plus attendre, permettez-moi de présenter les éminentes candidates que nous avons sélectionnées.
Mme Ludmilla Alexeeva est une dissidente soviétique et militante russe des droits de l'homme qui a inspiré non seulement en Russie mais aussi à l'étranger de nombreuses générations d'activistes qui se sont dévoués à la cause de la justice. Pendant les décennies où elle a travaillé, Mme Alexeeva a été persécutée et menacée, elle a perdu son emploi et elle a dû quitter son pays pour pouvoir continuer à faire entendre sa voix au sujet des violations des droits de l'homme en Union soviétique. Aujourd'hui, elle préside le Groupe Helsinki de Moscou, organisation qui se heurte souvent à un environnement hostile en tant qu'ONG libre penseuse, mais elle continue néanmoins à dénoncer les violations des droits de l'homme et à offrir son aide aux victimes. C'est pour moi un honneur que de voir aujourd'hui Mme Alexeeva dans cet hémicycle, et je rends hommage à son engagement de toute une vie.
« Women for Afghan Women » (Des femmes pour les femmes afghanes), une ONG afghane, fait aussi partie des candidates présélectionnées. Cette organisation accomplit un travail remarquable en protégeant les femmes et les jeunes filles contre la maltraitance dans un pays, l'Afghanistan, où les droits des femmes sont bien trop souvent violés, voire méprisés. Cette organisation offre un abri aux jeunes filles et aux femmes victimes d'une violence épouvantable – mutilations, tentatives d'assassinats, viols et torture… Il s'agit véritablement d'une organisation qui protège la dignité humaine et sauve des vies humaines. Elle est représentée ici par Mme Manija Naderi, directrice exécutive, dont la présence dans l'hémicycle démontre que le Prix des Droits de l'Homme Vaclav Havel a une forte dimension mondiale. Les candidatures et le Prix lui-même ne sont pas limités aux personnes ou organisations européennes et, au nom de l'Assemblée, je tiens à rendre hommage aux militants des droits de l'homme au-delà de notre continent.
La troisième candidate retenue est la « Youth Initiative for Human Rights » (Initiative de la jeunesse pour les droits de l'homme), organisation qui œuvre en faveur de l'établissement et du rétablissement de contacts et de liens entre les jeunes de la région des Balkans – créant ainsi un nouveau tissu de solidarité dans cette région. Cette organisation œuvre en faveur de la réconciliation et de la compréhension mutuelle grâce à un engagement commun à l'égard des droits de l'homme et de la prééminence du droit ainsi qu'à une réflexion commune sur le passé, en confrontant des souvenirs souvent marqués par la violence et l'injustice. L'Europe est parfois appelée le « vieux continent », mais des initiatives comme celle que nous sommes heureux d'accueillir ici aujourd'hui nous rappellent que l'Europe est aussi un jeune continent, où la jeunesse est capable de surmonter l'animosité d'hier, capable de penser à l'avenir et de ne pas se laisser emprisonner par les sombres fantômes du passé. Nous sommes heureux d'accueillir ici aujourd'hui Mme Alma Masic, directrice de la « Youth Initiative for Human Rights ».
Chers collègues, Mesdames et Messieurs,
Les trois candidates retenues pour le Prix de cette année peuvent sembler très différentes mais elles ont deux choses en commun. Premièrement, elles mènent toutes les trois leurs activités dans des conditions difficiles en se heurtant aux pressions, à la défiance ou à l'incompréhension. Deuxièmement, leur travail dans le domaine des droits de l'homme peut être vu comme un engagement fort en faveur de la solidarité. La solidarité est une garantie contre la dictature, une protection contre la violence et un antidote à la haine et à l'intolérance. La solidarité est l'essence même de l'engagement à l'égard des droits de l'homme. La solidarité fait fonctionner les sociétés démocratiques.
Je pense que nous devrions nous en souvenir dans le contexte actuel, où il y a un risque important de voir de nombreux pays replonger dans le populisme et la haine.
Aujourd'hui tout particulièrement, rappelons-nous les mots de Vaclav Havel, prononcés il y a 18 ans dans ce même bâtiment : « Nous ne devons pas transmettre aux générations futures une Europe égoïste, sourde et aveugle aux besoins des autres ; une Europe retranchée dans une mentalité de forteresse ».
Et maintenant, en félicitant à nouveau les trois candidates retenues qui méritent toutes la plus haute reconnaissance, je vais annoncer le nom de la lauréate du troisième Prix des Droits de l'Homme Vaclav Havel de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.