Madame la Secrétaire Générale adjointe,
Chers Ambassadeurs,
Vos Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très honoré de pouvoir m'exprimer lors de l'ouverture de cette rencontre, dont le thème principale est « le rôle de l'éducation dans la prévention de la radicalisation conduisant au terrorisme et de l'extrémisme violent ».
La lutte contre la radicalisation, le terrorisme et l'extrémisme violent, sont un défi véritablement global et notre Organisation doit jouer un rôle de premier plan.
Les récents actes déplorables de terreur et de haine qui ont frappé nos états membres, ont le seul objectif de susciter la peur chez nos citoyens et de diviser nos sociétés.
Face à cette tentative méprisable, il est de notre devoir de nous opposer et promouvoir une culture de paix et du vivre ensemble.
C'est dans cet esprit que l'Assemblée a lancé l'initiative « Terrorisme, #NiHaineNiPeur », qui vise à mobiliser tous les acteurs de la société contre le terrorisme, et la haine et la peur que les terroristes et les extrémistes chercher à créer. Mon ambition est qu'à travers nos efforts cette initiative devienne un véritable mouvement citoyen afin d'immuniser nos sociétés contre cette « épidémie de haine ».
Comment atteindre cet objectif ? J'avoue qu'il n'y a pas à présent « d'antidote » efficace contre la haine, car la haine est une émotion humaine naturelle – aussi déplorable qu'elle soit.
Mais la haine n'est jamais de bon conseil, car la haine obscure la raison et rend aveugle. Ainsi, elle engendre encore plus de haine et de violence et risque de plonger nous sociétés dans un état de confrontation totale. Comment y résister ?
Je pense que nous devons chercher la réponse dans les valeurs humaines les plus fondamentales, le respect, la compassion, l'écoute et la volonté de comprendre l'autre. Il faut donc apprendre à comprendre l'autre, avec respect et sans peur et sans haine. L'éducation est un outil idéal pour cela, car les jeunes ont besoin de bien assimiler les valeurs fondamentales de la dignité, du respect et de tolérance afin de développer des défenses solides contre le virus de la haine. Les religions et les églises sont fondées sur ces valeurs et les défendent dans leur action quotidienne. Il est donc fondamental d'utiliser leur potentiel pour soutenir une éducation citoyenne et démocratique.
Comment l'Education peut-elle servir d'outil pour la prévention du terrorisme et de la radicalisation ? Les religions, peuvent-elles contribuer tant sur le plan de la réflexion, qu'au niveau d'éducation et de l'action ? Quel rôle peut jouer notre organisation afin de soutenir ce processus ?
L'Assemblée parlementaire a essayé de répondre à ces questions, tout en promouvant des pistes de réflexion, ainsi que des outils concrets.
En avril dernier, l'Assemblée a adopté une Résolution sur la prévention de la radicalisation des enfants et des jeunes, où l'on reconnait le rôle capital de l'éducation. Nous avons appelé les états membres à offrir à tous les enfants et aux jeunes les mêmes chances et perspectives d'avenir, à favoriser leur adhésion à des valeurs européennes et leur éducation à la citoyenneté démocratique.
Dans ce contexte, l'Assemblée a également reconnu le rôle important des religions. Elle a encouragé les écoles à développer l'enseignement de l'histoire du fait religieux en insistant sur la dimension pacifique des religions. Elle a également invité les communautés religieuses à adopter une approche plus axée sur la prévention et à favoriser la compréhension et le respect mutuels entre et au sein des différentes religions.
Vous savez très bien que l'Assemblée parlementaire a aussi demandé à deux reprises au Comité des Ministres de créer une plate-forme de dialogue entre le Conseil de l'Europe et les hauts représentants des religions et des organisations non confessionnelles.
L'objectif visé par cette initiative est de réunir ensemble tous les acteurs et toutes les parties prenantes afin de défendre les valeurs fondamentales de notre Organisation et de promouvoir le « vivre ensemble ».
Pour l'Assemblée parlementaire, cette plate-forme de dialogue devrait être étroitement liée aux rencontres thématiques sur la dimension religieuse du dialogue interculturel, qui pourraient devenir l'occasion de réunir les hauts représentants de la plate-forme et constitueraient le pilier central d'une dynamique partagée, un moment d'évaluation, de discussion prospective, d'impulsion pour des nouvelles actions concrètes.
Je considère que la création de la plate-forme de dialogue devrait être une priorité stratégique et je me réjouis du fait que tous les partenaires consultés aient soutenu avec enthousiasme cette proposition de l'Assemblée.
Je tiens également à vous rappeler que, lors de sa visite au Conseil de l'Europe le 25 novembre 2015 dans son discours dans l'hémicycle, Sa Sainteté le Pape François a également appelé à la création d'une « nouvelle agora », dans laquelle chaque instance civile et religieuse animée par le désir d'édifier le « bien commun » puisse librement se confronter avec les autres.
J'espère que, à l'issue de cette rencontre, vous puissiez confirmer votre soutien à cette initiative afin de lancer les travaux nécessaires, y compris au niveau du Comité des Ministres, pour la concrétiser.
Certains d'entre vous, à juste titre, se posent la question de savoir comment cette plate-forme pourrait fonctionner et qu'elle en serait la valeur ajoutée pour le Conseil de l'Europe. Je leur répondrais que c'est justement pour répondre à ces questions que nous avons besoin de travailler ensemble et de lancer une réflexion commune.
Notre rencontre d'aujourd'hui est une étape importante dans cette réflexion et je me réjouis par avance d'entendre vos points de vue.
Mesdames et Messieurs,
Nous avons besoin de montrer que dans nos sociétés démocratiques la liberté de religion, la liberté de pensée et une laïcité ouverte non seulement sont compatibles, mais sont indissolublement liées.
Ensemble, nous ferons bloc face aux tentatives des extrémistes visant à détruire notre mode de vie, à nous diviser, à saper le message de paix et de liberté que les religions s'efforcent de faire entendre. Ensemble, nous pouvons vaincre la haine et la peur qu'ils cherchent à propager dans nos sociétés.
Je vous remercie.