Discours pour la commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe
Strasbourg, samedi 9 mai 2015

Mesdames et Messieurs,

Je tiens à m'associer à l'appel lancé par le Secrétaire Général du Conseil de l'Europe pour que nous nous souvenions de la tragédie, des effusions de sang, de l'inhumanité et des souffrances de la Seconde Guerre mondiale qui a pris fin il y a 70 ans. Aujourd'hui, nous sommes là pour en conserver le souvenir mais demain, il faudra que nos enfants et la génération à venir prennent le relais.

Nous rendons hommage à tous ceux qui ont sacrifié leur vie en se dressant avec force contre l'épouvantable régime nazi, sa barbarie et sa haine. Nous devons exprimer notre immense gratitude à ceux qui ont libéré notre continent de l'oppression immorale et criminelle du nazisme. Il nous faut pleurer les victimes de cette idéologie destructrice : combattants et non-combattants, vainqueurs et vaincus. Nous n'oublierons jamais ceux qui ont été humiliés et assassinés par le régime nazi dans toute l'Europe : les Juifs, les personnes LGBT, les Roms et de nombreuses autres victimes innocentes.

Toute l'Europe a souffert mais l'Europe de l'Est a été particulièrement dévastée par la guerre ; les peuples de la Russie, du Bélarus, de l'Ukraine, de la Pologne et des Balkans notamment ont payé un très lourd tribut pour que la paix règne sur notre avenir commun ; nous ne devons jamais l'oublier. Cependant, nous devons aussi nous rappeler pourquoi la Seconde Guerre mondiale a éclaté, quelles étaient les forces qui ont déclenché ce brutal déchaînement de meurtres et de souffrances : la paix des vainqueurs, un régime politique totalitaire rampant, le mépris des êtres humains.

Nous devons aussi nous souvenir que malheureusement, la fin de la guerre n'a pas apporté la liberté à toutes les nations européennes.

Nous devons rendre hommage à ceux qui, après la fin de la guerre, grâce à un effort exceptionnel, ont réussi à reconstruire leurs villes, leurs pays et à restaurer la démocratie.

Le Secrétaire Général a mis l'accent sur la « sécurité démocratique » dans son récent rapport sur la situation de la démocratie, des droits de l'homme et de l'Etat de droit en Europe. La démocratie est notre plus puissante alliée pour limiter les risques de guerre. Œuvrer ensemble à la construction et à la consolidation de la démocratie, de la tolérance et du vivre ensemble représente le plus grand hommage que nous puissions rendre aux victimes et aux héros de la Seconde Guerre mondiale.

Les parlementaires, en tant que représentants directs du peuple, ont un rôle particulier à jouer en favorisant un dialogue responsable et la coopération par-delà les clivages politiques et les frontières nationales. En ma qualité de Présidente de l'Assemblée, lorsque je me rends dans les Etats membres du Conseil de l'Europe, j'insiste sur le fait que toutes les forces politiques démocratiques doivent transcender leurs différences et avec le concours de la société civile, des intellectuels et des chefs religieux, combattre et dénoncer l'extrémisme, l'intégrisme et la xénophobie qui constituent le terreau du totalitarisme. Nous devons comprendre quelles sont les racines sociales de ces phénomènes afin d'éradiquer le virus de la haine qui engendre les conflits.

Chers amis,

Aujourd'hui, nous célébrons également la Journée de l'Europe, une occasion de nous souvenir d'où nous venons, de réfléchir au chemin que nous avons parcouru et à l'importance considérable de l'unité européenne pour notre avenir.

Dans le discours qu'il a prononcé devant notre Assemblée parlementaire le 20 avril 1959, Robert Schuman a déclaré :

« Nos idées sur la façon de construire l'Europe continuent à différer. Elles ne devront jamais aboutir à nous faire abandonner la recherche des conciliations raisonnables. Le Conseil de l'Europe est l'une des principales tribunes dans lesquelles doivent se préparer des lendemains où notre sécurité ira de pair avec notre volonté de paix et d'amitié constructive ».

La quête de la sécurité et de la paix démocratiques en Europe est, en effet, la principale raison d'être de notre projet européen commun. Notre Organisation est née des cendres de la guerre. Notre mission est d'autant plus importante que notre mémoire collective s'estompe et que certains de nos Etats membres sont actuellement le théâtre de bains de sang.

Promettons donc de ne jamais renoncer au rêve européen de paix démocratique et chérissons la mémoire des victimes de la Seconde Guerre mondiale et de ceux qui ont lutté pour notre avenir européen commun.

Comme l'a écrit le philosophe, poète et romancier George Santayana :

« Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le répéter ».