Hanna

Suchocka

Premier ministre de Pologne

Discours prononcé devant l'Assemblée

jeudi, 13 mai 1993

Monsieur le Président, Madame le Secrétaire Général, Mesdames, Messieurs, chers collègues, je suis très touchée d’avoir l’occasion de prendre la parole devant vous. Il y a seulement un an, j’étais assise ici dans cet hémicycle. J’étais et je suis encore membre de cette Assemblée. Je m’y sens tout à fait chez moi. Mais mon rôle est aujourd’hui différent. Je représente un pays – un pays dont l’itinéraire n’a jamais été emprunté par quiconque.

Notre pays est aujourd’hui démocratique, son économie s’est affranchie de la planification centralisée; c’est un pays respectueux des droits de l’homme et de l’Etat de droit, un pays qui construit son présent et son avenir sur la base de valeurs fondamentales qui appartiennent à la grammaire politique de l’Occident.

Mais, bien que peu d’années se soient écoulées, l’atmosphère a radicalement changé, tant à l’Est qu’à l’Ouest. L’euphorie, l’optimisme, la foi dans le triomphe de la liberté et de la démocratie semblent avoir fait place à l’inquiétude, à l’incertitude et au pessimisme.

A l’Est comme à l’Ouest, les Européens débattent des sources, de la force et du développement du séparatisme national et ethnique et de l’influence du populisme. Ils essaient de comprendre pourquoi la solidarité civique sort perdante du conflit avec le nationalisme agressif. Certains attribuent essentiellement les difficultés actuelles de l’Occident à la récession et au chômage, qui entraînent des manifestations déplorables: des menaces de guerre économique entre les puissances. D’autres soulignent les problèmes politiques: la crise évidente des structures de l’Etat que traversent de nombreux pays et la fragilité des gouvernements et des partis politiques traditionnels. Ces problèmes incitent les citoyens à l’indifférence, au retrait de la vie publique, au repli sur la vie privée.

L’Europe de l’après-communisme est confrontée à des problèmes qui paraissent encore plus difficiles. Je n’ai pas besoin de parler des tâches immenses qui attendent les Polonais, comme les autres peuples qui viennent de recouvrer leur liberté et leur souveraineté.

Les transformations sont très profondes et entraînent de graves coûts sociaux, ainsi que des coûts psychologiques difficiles à estimer. Sans quitter leur pays, les Polonais ont l’impression d’être des émigrants qui doivent apprendre un nouveau monde, de nouvelles règles de comportement, voire même une nouvelle langue et chercher un nouveau point d’attache pour eux-mêmes et leurs familles.

L’atmosphère de dépression et de pessimisme qui règne à l’Est comme à l’Ouest est renforcée par les conflits tragiques et les actes de sauvagerie qui se déroulent en Yougoslavie et dans l’ex-Union Soviétique.

Ces guerres, qui ont pour but la conquête de territoires et de populations, nous posent la question de savoir quel est le nouveau rôle de la communauté internationale dans le maintien et l’instauration des conditions nécessaires à la paix, et dans le respect des droits de l’homme et des droits des minorités et des nations.

Pour faire triompher la démocratie, il faut payer un prix élevé tant dans les affaires intérieures que dans les relations internationales. Nous sommes confrontés à des tâches immenses à la mesure de cette difficile fin de siècle. Ces tâches ne concernent pas seulement les pays qui luttent pour trouver la voie de la démocratie et d’une économie de marché en développement. Elles concernent tout un chacun. Et c’est toute l’Europe qui doit rechercher des solutions aux difficultés si grandes et si graves qu’on ne saurait les réduire aux problèmes d’un pays ou d’un autre.

La Pologne et les autres pays de notre région sont disposés à participer à la création d’un nouvel ordre européen. Nous appartenons à l’Europe et nous voulons contribuer à l’élaboration de ses nouveaux contours. Nous savons également qu’une solution fructueuse de nos problèmes dépend en grande partie de la réponse à la question de savoir quelle forme prendra la nouvelle Europe.

Les grands défis auxquels nous sommes confrontés exigent une réflexion courageuse, une perspective à long terme et la capacité de voir au-delà des intérêts et des ambitions nationales, régionales ou de groupe. Ils exigent une volonté forte et un fort leadership européen. Nous devons penser non seulement à ce que les autres peuvent faire pour nous, mais aussi à ce que nous pouvons faire pour instaurer une Europe culturellement lumineuse. Paraphrasant les mots célèbres de John Kennedy, je dirais: «Ne vous demandez pas ce que l’Europe peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour l’Europe.»

Mesdames et Messieurs, que peuvent faire les Polonais et les peuples de l’Europe centrale pour contribuer à la création d’une grande communauté européenne?

Une des contributions importantes que nous pouvons apporter à une Europe commune est notre engagement, notre passion européenne, notre foi dans la valeur et dans l’importance d’une Europe commune.

Notre histoire complexe a toujours été orientée vers l’Europe. C’est en Europe que les éléments fondamentaux de notre culture et de notre civilisation communes ont été préservés. Nous nous sommes tournés vers l’Europe non seulement pour y trouver une inspiration intellectuelle, mais aussi pour y trouver des modèles d’organisation politique et d’idées économiques. Notre adhésion au Conseil de l’Europe a été le signe de notre retour à l’Europe.

Mesdames et Messieurs, une des menaces importantes que comporte la situation actuelle est la déstabilisation de notre continent. La source de cette menace réside dans les mouvements nationalistes, le séparatisme ethnique et les ambitions régionales.

Il faut souligner qu’en dépit des grandes difficultés qu’elle a rencontrées au début la Pologne est aujourd’hui un lieu de paix et de stabilité, ce qu’il faut certainement imputer en grande partie aux expériences tragiques de notre histoire.

La stabilité et le sentiment de sécurité qui règnent aujourd’hui en Pologne sont dus pour beaucoup à nos relations avec nos voisins. Grâce à la politique étrangère mise en œuvre par les gouvernements démocratiques successifs, nous avons de très bons rapports avec tous nos voisins.

Pour mieux montrer l’importance de cet accomplissement, permettez-moi de souligner le caractère radical des changements intervenus dans notre situation extérieure au cours des années récentes. Il y a quelques années, la Pologne était voisine de trois pays: l’URSS (l’Union Soviétique), la RDA (la République Démocratique Allemande) et la Tchécoslovaquie. Aujourd’hui, aucun de ces pays ne figure plus sur la carte du monde et la Pologne n’a plus trois voisins, mais sept: la RFA (la République Fédérale d’Allemagne), la République tchèque, la Slovaquie, l’Ukraine, la Bélarus, la Lituanie et l’enclave russe de Kaliningrad.

Ce qui joue un rôle important dans les bonnes relations de la Pologne avec ses voisins, c’est la reconnaissance réciproque par tous ces pays du tracé actuel des frontières. En outre, aucune minorité nationale ne brandit, en Pologne, des slogans séparatistes. Les minorités de Pologne jouissent toutes des droits garantis par les accords internationaux. A cet égard, la Pologne se trouve dans une situation exceptionnelle par rapport aux autres Etats qui ont recouvré leur indépendance ou qui, après la chute de l’Empire soviétique, ont commencé à poser les bases de leur statut d’Etat pour la première fois de leur histoire.

La Pologne joue un rôle important dans de nombreux projets régionaux qui visent à rapprocher les peuples de notre région de l’Europe, à assurer leur étroite coopération dans l’instauration des conditions nécessaires à la paix et au progrès.

Nous avons activement soutenu et continuons à soutenir l’accord de Visehrad entre quatre pays: la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie. Une étape importante dans le développement de la coopération au sein de ce «tétragone» a été l’instauration d’une zone de libre-échange (appelée AECLE). Nous considérons cette coopération comme un pas en avant sur la voie de la pleine intégration à la Communauté européenne, comme un facteur vital de stabilité dans la région et comme un modèle de modernisation civilisée et effective des pays qui s’affranchissent du communisme.

Ce qu’il faut souligner, c’est notre effort pour conclure d’autres accords régionaux: l’initiative Europe centrale au sud et l’Accord baltique au nord, sans parler du système d’accords bilatéraux avec nos pays voisins, conçu pour établir les conditions d’une coopération pacifique au bénéfice de toutes les parties concernées. Toujours en gardant le même objectif à l’esprit, nous encourageons la coopération transfrontière, locale et régionale.

Mesdames et Messieurs, l’intégration de la Pologne et d’autres pays signataires de l’accord Visehrad dans la Communauté européenne et les structures de sécurité occidentales ne déstabiliseront pas notre continent, mais permettront, au contraire, son développement favorable et un nouvel équilibre à l’issue de la fin de la guerre froide.

Notre potentiel économique, nos marchés, notre voisinage avec les grands pays de l’est peuvent tous contribuer à un développement dynamique de toute l’Europe.

Nous nous efforçons de tisser des liens étroits sur le plan politique, militaire et économique avec l’Europe, mais nous ne souhaitons pas pour autant rompre avec les pays situés à l’Est de la Pologne ni les isoler. Nous sommes convaincus que les liens de la Pologne, les liens des pays du Visehrad avec la Communauté européenne et l’OTAN seront aussi bénéfiques aux pays qui, il n’y a pas si longtemps, appartenaient à l’URSS. Nous pouvons en effet leur apporter beaucoup en travaillant avec les pays occidentaux.

Un séjour à Moscou, Kiev, Vilnius ou Minsk suffit à se convaincre combien l’exemple de la Pologne et d’autres pays d’Europe centrale est important dans la manière d’envisager les réformes et les transformations démocratiques de la région. Ce dont on discute dans ces pays d’Europe orientale, c’est l’expérience de notre thérapie de choc, de l’ouverture de notre économie au monde, de la libéralisation des prix, de l’introduction de la convertibilité de la monnaie, des transformations du régime de la propriété, des avantages et des inconvénients des systèmes de partis adoptés, etc. Nos éminents experts sont invités dans ces pays en qualité de conseillers.

Notre gouvernement apporte son soutien total aux relations de ce type. Il nous semble que nous avons tout simplement le devoir de partager notre expérience avec ceux que nous sommes en mesure d’aider.

Nous pensons que nous pourrions faire beaucoup plus pour ces pays avec l’accord et la coopération des pays occidentaux. Notre principal atout est la connaissance de l’Europe centrale et balkanique, la connaissance des langues, des problèmes que ces pays rencontrent au sortir des décombres du communisme. Ensemble nous pouvons faire beaucoup de bien à ces pays qui cherchent aide et assistance.

Un accord suivant l’axe Paris-Bonn-Varsovie pourrait revêtir une importance particulière à cet égard. L’idée d’une étroite coopération de cette nature, qui s’est fait jour il y a quelque temps et impliquerait des rencontres régulières des ministres des Affaires étrangères des trois pays, cherche encore sa raison d'être. Un vaste projet d’assistance des pays issus de l’ancienne Union Soviétique – et pas seulement de la Russie qui à l’heure actuelle retient l’attention du monde – pourrait servir cet objectif; d’autres pays intéressés pourraient se joindre à l’entreprise.

Mesdames et Messieurs, la Pologne connaît le prix de la paix. La Pologne connaît le prix de la liberté. Notre tradition nationale nous a conduits bien souvent dans l’histoire à lutter pour l’indépendance aux côtés d’autres pays avec la conviction que cela préserverait aussi notre propre liberté. C’est cette conviction qui, au XIXe siècle, se traduisait par le slogan «Pour notre liberté et la vôtre».

Cette tradition est toujours très forte en Pologne. Elle trouve son expression notamment dans la participation active des Polonais à l’action des forces internationales de maintien de la paix dans les différentes régions du globe. Nous sommes prêts à intensifier notre participation aux efforts entrepris par la communauté internationale pour maintenir et – souhaitons-le – créer les conditions de cette paix.

Nous pouvons tirer de nombreux enseignements de l’expérience tragique des peuples de l’ancienne Yougoslavie. L’un d’eux concerne l’inadéquation et les lenteurs de la réaction de la communauté internationale; y compris de l’Europe. Cette expérience mérite une profonde réflexion. Ce qu’il faut, c’est réfléchir de manière collective aux moyens de protéger efficacement les droits de l’homme, les droits des minorités et les droits des nations sur notre continent et dans d’autres régions du monde. Nous sommes disposés à prendre part à la recherche de nouvelles réponses et de nouvelles solutions qui permettraient d’éviter que ne se reproduisent les événements tragiques des Balkans. Nous sommes aussi prêts à participer à l’établissement des conditions nécessaires à une paix et à une justice durables.

La Pologne est disposée à participer activement à une sécurité commune des pays démocratiques de l’Europe et à en supporter le coût. Nous souhaitons une procédure rapide d’intégration dans l’UEO et l’OTAN. Nous sommes heureux de constater que l’Occident semble comprendre de mieux en mieux nos besoins en matière de sécurité. Notre sécurité signifie une plus grande sécurité pour l’Europe et aussi pour nos voisins de l’Est.

Il y a des problèmes qui, par leur nature même, ne peuvent être traités à l’intérieur des frontières de chaque Etat, ni même dans le périmètre de communautés ou de pactes. Parmi ceux-ci figurent de nouveaux problèmes de sécurité qui couvrent des aspects autres que militaires, comme les migrations de masse, les menaces écologiques, la criminalité internationale, le trafic des stupéfiants, les substances radioactives, le trafic d’armes, etc. Située dans une région sensible à ces menaces, la Pologne est intéressée au premier chef par la recherche de solutions internationales efficaces à ces problèmes.

En ce qui concerne le problème des migrations, nous sommes clairement opposés aux tentatives faites par divers Etats d’assurer leur propre sécurité en se déchargeant de leurs responsabilités sur d’autres pays. Le seul résultat possible d’une telle approche est l’exportation vers des pays plus faibles de leurs propres tensions sociales et politiques qui résultent en partie de l’immigration clandestine; les pays les plus faibles se transforment alors en quelque sorte en camps de réfugiés. Pour éviter une telle situation, il faut que les pays concernés concluent des accords bilatéraux et, avant tout, il faut entreprendre à l’échelle européenne une action ciblée.

Si nous ne sommes pas capables de résoudre ensemble nos problèmes communs, nous risquons, consciemment ou non, de tracer une nouvelle frontière entre l’Est et l’Ouest exactement le long de la frontière qui séparait auparavant les deux blocs hostiles.

Tels sont les grands domaines auxquels nous pouvons contribuer dans le processus d’édification d’une Communauté européenne forte, stable et intégrée. Pour que nous puissions participer pleinement à l’effort collectif, les pays de la Communauté européenne doivent néanmoins répondre à certaines conditions.

Nous souhaitons un engagement clair de la Communauté en faveur de l’idée d’une Europe commune. Nous attendons qu’elle déclare sans ambiguïté que cette Europe commune est aussi son objectif. Nous notons avec satisfaction tout signe indiquant que nos aspirations sont de mieux en mieux comprises. C’est dans cet esprit positif que nous percevons notamment les propositions que la Commission de la Communauté européenne adresse aux Etats membres.

L’Europe est depuis toujours notre objectif et notre espoir. Cet espoir était et continue d’être un facteur important de mobilisation et de stabilisation.

Ce fait est vital, non seulement pour nos pays, mais aussi pour toute l’Europe. La Communauté a la lourde responsabilité de veiller à ce que cet atout ne soit pas irrémédiablement perdu. Le pouvoir va de pair avec des obligations à remplir et des responsabilités à assumer. La Communauté ne doit pas accorder exclusivement son attention aux problèmes du Marché unique qui sont sans nul doute importants, mais en même temps si limités. Si elle tourne le dos à ses voisins, son attitude se retournera en définitive contre elle.

Une politique déterminée, ouverte et dynamique de la Communauté envers nos pays favorisera la réforme de nos régimes politiques, stimulera leur évolution et consolidera aussi nos institutions démocratiques.

L’ouverture des marchés de la Communauté aux produits d’Europe centrale et orientale ne répond pas seulement à un principe fondamental de justice, mais aussi de logique économique. Malgré la volonté déclarée d’offrir à nos pays une aide par la conclusion d’accords européens asymétriques, les faits et les balances commerciales montrent que le principal bénéficiaire de ces échanges, c’est la Communauté elle-même. La politique commerciale restrictive à laquelle nous nous heurtons, politique mise en œuvre sous le couvert de divers prétextes, porte concrètement préjudice à nos pays et sape leur confiance dans les bonnes intentions de la Communauté. Cette politique laisse planer le doute que les groupes d’intérêt et les groupes de pression influents de divers pays peuvent imposer leur volonté au détriment de la prospérité à long terme de l’Europe.

Une politique communautaire envers nos pays, dépourvue d’imagination et de vastes perspectives, risque de renforcer les partis et les milieux qui, en Europe centrale et orientale, sont hostiles à l’intégration européenne. Pour le moment, ces groupes restent minoritaires.

Dans nos relations, nous n’avons pas besoin de suivre le processus classique: d’abord, l’intégration économique puis l’intégration politique et militaire. Notre époque nous oblige à accélérer le processus d’intégration dans tous ces domaines. Seuls la volonté politique et le pragmatisme doivent déterminer l’ordre, le rythme et la nature des transformations concernant chacun de ces secteurs d’action. Ce qui est extrêmement important pour nous, ce ne sont pas simplement les changements dans les relations économiques, mais aussi l’instauration d’un sentiment de sécurité et une participation accrue au processus de décision politique en Europe.

Il faut souligner à ce stade que l’intégration politique et militaire, qui est un atout pour l’ensemble du continent, contribuera aussi largement au renforcement des institutions démocratiques nouvelles et encore fragiles dans nos pays.

Nous pouvons participer à la création des conditions de stabilité et de sécurité en Europe, tandis que l’Europe peut contribuer à renforcer la démocratie et à instaurer de meilleures perspectives de développement dans nos pays.

La Pologne apprécie grandement l’assistance offerte par le Conseil de l’Europe. Nous reconnaissons tout particulièrement la valeur de l’aide qui nous est apportée dans les domaines suivants:

– le renforcement de la protection des droits de l’homme;

– la réforme de notre système juridique en vue d’établir pleinement la primauté du droit;

– le soutien apporté à notre démocratie locale et au développement de la coopération transfrontalière;

– la vaste gamme de programmes de formation.

Mesdames et Messieurs, nous sommes convaincus que le défi majeur pour l’Europe démocratique et développée, pour la Communauté européenne comme pour les pays de l’AELE, c’est de trouver une formule d’intégration avec nous, habitants de l’autre Europe. Ensemble, nous devons chercher les moyens de construire une communauté paneuropéenne.

Une politique européenne à long terme doit s’enraciner dans les idéaux de Jean Monnet et de Robert Schuman pour qui l’unité de l’Europe occidentale n’était qu’un point de départ, une phase préparatoire en vue de la création d’une Europe commune.

Le moment est venu. L’horizon s’ouvre devant nous. Ne le négligeons pas en luttant inconsciemment pour une vision de l’Europe qui appartient déjà au passé. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une volonté politique inspirée par ces idéaux. Par l’idéal d’une Europe élargie, d’une Europe qui préserve la richesse des différentes identités de ses peuples mais qui est en même temps ouverte et généreuse, d’une Europe qui rayonne par la valeur de ses progrès économiques et de sa créativité culturelle et par le sens du devoir envers les sociétés plus faibles et plus pauvres. Seul cet idéal de l’Europe peut donner un sens à nos efforts et faire que la vision audacieuse du Traité de Rome devienne réalité.

Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre attention. (Applaudissements.)

M. LE PRÉSIDENT (traduction)

Merci beaucoup, Madame Suchocka, pour votre exposé particulièrement intéressant. Vous avez bien voulu répondre aux questions spontanées que les membres de cette Assemblée désirent vous poser. J’ai déjà une liste de dix personnes qui souhaitent vous poser des questions. Vous êtes membre de notre Assemblée, vous connaissez donc la procédure. Chacun de vos collègues dispose de trente secondes pour poser sa question, après quoi vous pourrez répondre, si vous le désirez. L’orateur a la droit de poser une question supplémentaire, qui, elle aussi, ne devra pas dépasser les trente secondes. Neuf des dix personnes qui souhaitent vous poser des questions ont bien voulu m’informer de la nature de celles-ci, aussi ai-je pu les regrouper.

Les deux premières questions ont trait aux affaires économiques et seront posées par M. Kelam d’Estonie et M. Güner de Turquie. Je donne la parole à M. Kelam. Il n’est pas présent dans l’hémicycle, la parole est donc à M. Güner.

M. GÜNER (Turquie) (traduction)

Je suis ravi de vous retrouver parmi nous, Madame Suchocka. Je n’ignore pas que le programme de privatisations engagé par la Pologne constitue une part importante des réformes économiques du pays. Pourriez-vous développer ce point? Quels problèmes rencontrez- vous? Etes-vous satisfaite de la mise en œuvre du programme? Quelles solutions trouvez-vous à ces problèmes?

Mme Suchocka, Premier ministre de Pologne (traduction)

Je pense que M. Kelam est si heureux que l’Estonie soit devenue membre du Conseil de l’Europe qu’il n’est pas parmi nous.

En ce qui concerne la question de M. Güner sur le programme de privatisations engagé par la Pologne, je pense que l’endroit est mal choisi pour développer la question. Je peux néanmoins apporter quelques informations d’ordre général sur son évolution et vous citer certains cas de privatisations. L’accroissement de la production en Pologne est dû essentiellement au dynamisme et au développement du secteur privé. La situation de la Pologne a toujours été différente de celle des autres pays d’Europe centrale et orientale et elle a toujours possédé un secteur privé beaucoup plus important, même sous le régime communiste. Actuellement, la Pologne compte 1,6 million d’entreprises privées non agricoles. Le quart des industries de transformation appartient au secteur privé. Globalement, près de 60% des Polonais travaillent aujourd’hui dans le secteur privé et réalisent près de la moitié du PIB.

L’agriculture a en effet été privatisée sous le régime communiste. Nous avons débuté notre programme de privatisations en 1991 avec le vote de la première loi nous autorisant à poursuivre les privatisations. Il y a deux semaines, notre parlement a voté une loi en faveur d’un vaste programme de privatisations. Le processus de privatisations se fait de plusieurs façons et nous choisissons celle qui convient le mieux à chaque cas. Nous pensons qu’une seule formule n’est pas une bonne solution en Pologne. La première formule date de 1991, et la seconde a été mise en œuvre il y a deux semaines avec la loi sur les privatisations à grande échelle. Nous préparons actuellement une troisième formule avec ce que nous appelons le pacte des entreprises. Elle prévoit la privatisation d’entreprises nationales et donnera plus de pouvoir aux employeurs et aux employés.

Ces privatisations ne se feront pas à partir du pouvoir central, du gouvernement, mais partiront de la base et 4 000 entreprises seront concernées. C’est un projet ambitieux, une expérience de grande envergure, mais qu’il nous faut expérimenter, car, si nous nous contentons de suivre les autres pays, nous ne réussirons pas. Nous cherchons notre propre voie.

M. LE PRÉSIDENT (traduction)

Désirez- vous poser une question supplémentaire, Monsieur Güner?

M. GÜNER (traduction)

Non. Je remercie Mme le Premier ministre pour ces précisions qui me satisfont pleinement.

M. LE PRÉSIDENT (traduction)

Merci, Monsieur Güner. Je ne vous refuserai jamais le droit ni l’occasion de remercier Mme Suchocka. Trois de nos collègues désirent poser des questions sur l’égalité entre les hommes et les femmes et sur des problèmes connexes. Mme Robert, de Suisse, souhaitait poser une question mais elle n’est pas dans l’hémicycle. Je donne donc la parole à Mme Err, du Luxembourg.

Mme ERR (Luxembourg)

Madame le Premier ministre, lors du débat sur le rapport concernant le droit au libre choix de la maternité qui s’est déroulé au début de la semaine, la délégation polonaise, à une exception près, a largement contribué au rejet de la recommandation incluse dans ce rapport.

En tant que femme et en votre qualité de Premier ministre, j’aimerais connaître votre attitude personnelle quant à cette liberté du choix de la maternité.

Mme HAVIK (Suède) (traduction)

Une lettre ouverte de l’association féministe polonaise indique qu’aux termes de la loi sur l’avortement de janvier 1993 l’IVG est autorisée pour les grossesses qui menacent la vie ou la santé des femmes, pour les cas d’inceste ou de viol reconnus juridiquement et dans les cas de malformations graves de l’enfant à naître. Mais cette loi ne permet pas à la femme de prendre une décision en toute liberté. Jugez-vous cette nouvelle législation satisfaisante? Dans le cas contraire, comment votre gouvernement envisage-t-il de prendre d’autres mesures pour augmenter les droits démocratiques des femmes dans ce domaine?

Mme Suchocka, Premier ministre de Pologne (traduction)

Je n’ignore pas ces questions et je suis bien consciente du problème. Nous en avons discuté à l’Assemblée et nous savons tous combien il est complexe. La réponse dépend des convictions politiques et religieuses de chacun. Vous m’avez demandé mon point de vue personnel, le voici. Je suis catholique et je demeure fidèle au dogme de l’Eglise. Je suis opposée à l’avortement. La loi votée par le Parlement polonais représente un compromis difficile entre plusieurs projets et plusieurs conceptions au sein de ce parlement. La solution qu’il a retenue correspond à celle qui est en vigueur dans des pays comme l’Espagne, le Portugal ou Israël, où la religion occupe une place importante et où un fort pourcentage de la population professe les mêmes croyances. Il en est de même en Pologne où 90 % de la population est catholique. Comme je viens de le dire, la loi que nous avons votée est un compromis. Il est certain que ceux qui luttent énergiquement pour l’interruption volontaire de grossesse n’accepteront pas ma propre réponse. Je vous ai donné mon point de vue personnel et, comme je suis catholique, je ne peux avoir que celui-là.

Mme HAVIK (traduction)

Le Conseil a reçu une lettre ouverte de l’association féministe polonaise, mais je n’ai pas le temps de vous la lire maintenant. Elle comporte des détails bouleversants et j’espère que vous l’avez lue, sinon je vous la transmettrai. Elle est de nature à faire douter de l’égalité entre les hommes et les femmes. Les régimes communistes avaient une autre législation, mais il existait une certaine liberté. Nous supprimons le communisme, il nous faut donc modifier les lois. Bien souvent, celles que vous édictez sont plus strictes qu’elles ne le sont dans de nombreux pays.

Mme Suchocka, Premier ministre de Pologne (traduction)

Je connais tous les arguments du mouvement féministe comme ceux de l’autre extrême, le mouvement Pro Vita. Certes, l’opinion des féministes sur cette question diffère totalement de la mienne. Mais c’est le parlement qui décide et il a voté cette loi. J’ai pensé qu’elle était sans doute la meilleure réponse, mais sachez que les défenseurs de la vie aussi bien que les féministes ont été déçus. A mon avis, un tel compromis est peut-être la meilleure solution pour la Pologne. Il est certain que les féministes recommenceront leur combat, mais c’est normal. Il y a eu divergence d’opinion lors de débats de l’Assemblée parce que le problème est d’une grande complexité et je pense qu’il y aura toujours des divergences sur un tel sujet.

M. LE PRÉSIDENT (traduction)

Merci, Madame Suchocka. Nous arrivons maintenant à deux questions relatives à la criminalité, la première sera posée par Sir Russell Johnston du Royaume-Uni.

Sir Russell JOHNSTON (Royaume-Uni) (traduction)

Dans votre allocution, vous avez parlé du grand banditisme. Je crois comprendre qu’il s’agit d’un problème grave qui tend à se développer en Pologne. Pouvons-nous vous aider à résoudre ce problème? Avez-vous demandé aux pays occidentaux de vous apporter leur aide dans ce domaine?

M. KÖNIG (Autriche) (traduction)

Comme nous l’avons souligné, le grand banditisme devient un problème de plus en plus inquiétant, surtout dans les pays d’Europe centrale et orientale. L’un des aspects de cette criminalité est le vol de voitures, qui assure de confortables revenus aux gangs internationaux. Le Gouvernement polonais est-il disposé à instituer le genre de documents que doivent présenter les automobilistes dans les pays occidentaux, les fameuses cartes d’identité Typenschein, avant toute vente de leur véhicule afin de lutter contre le grand banditisme?

Mme Suchocka, Premier ministre de Pologne (traduction)

Comme je l’ai déclaré, la criminalité, notamment près des frontières à l’est du pays, constitue l’un de nos plus graves problèmes. Elle est due à des facteurs internes mais également à la position de la Pologne située entre les pays de l’ex-URSS et les pays occidentaux. C’est ce qui explique l’ampleur du problème dans notre pays. Certes, nous essayons de lutter contre la criminalité. Lorsque je me suis rendue en Allemagne, j’y ai rencontré le Chancelier Kohl et le ministre de l’Intérieur et nous nous sommes entretenus des remèdes à y apporter. J’espère que nous trouverons une solution mais les mesures nécessaires demandent de l’argent et une bonne organisation qui nous manquent actuellement du fait que nous sommes dans une période de transition. Il nous faut d’abord recourir à l’informatisation pour intensifier les contrôles à nos frontières et les rendre moins perméables. Il ne s’agit pas de fermer nos frontières mais de renforcer les contrôles.

Nous envisageons d’instituer des cartes grises mais leur simple mise en circulation pose déjà des problèmes. Il nous faut étudier comment nous allons mettre en place de tels documents et éviter qu’ils n’entraînent de nouveaux délits. Nous pourrions faire naître de nouveaux délits: le trafic de documents au marché noir. Nous réfléchissons à la question, mais ne savons comment nous préparer à cette action. L’assistance des pays occidentaux pourrait nous être très précieuse. Vos ministres et les nôtres pourraient créer un groupe de travail pour organiser la coopération et définir les solutions les plus appropriées.

M. KÖNIG (traduction)

Madame le Premier ministre, j’apprécie votre volonté de coopérer avec les institutions et les experts occidentaux. Pourtant, je ne saurais trop vous recommander de réfléchir à la question des cartes grises qui sont une mesure efficace pour rendre la vente de voitures volées plus difficile. Je suis persuadé que vous trouverez à l’Ouest toute l’aide dont vous aurez besoin pour avancer le plus rapidement et le plus efficacement possible dans ce domaine.

Mme Suchocka, Premier ministre de Pologne (traduction)

J’ai déjà dit que nous sommes prêts à en discuter avec les autres pays. Nous avons déjà conclu un accord avec l’Allemagne. Il s’agit maintenant de trouver la meilleure manière de le mettre en application.

M. GOTZEV (Bulgarie)

Madame le Premier ministre, vous venez de nous exposer des perspectives véritablement merveilleuses quant au rapport entre les anciens pays communistes et l’Europe déjà unie.

A cet égard, avez-vous l’impression qu’il existe une certaine forme de restauration du communisme en Pologne, sous la forme d’un néocommunisme? Pensez-vous qu’il soit nécessaire de prendre des mesures afin d’éviter cette tendance, si elle existe? Surtout, que pensez-vous réaliser dans le domaine économique où, je pense, le danger est le plus grand?

Mme Suchocka, Premier ministre de Pologne (traduction)

Vous avez soulevé de nombreux problèmes. Je répondrai brièvement que je ne peux que vous proposez de lire le document de l’Assemblée cité par M. Martinez. Il traite des dangers du processus de transformation dans le monde entier. Les problèmes et les questions que vous avez soulevés, Monsieur Gotzev, existent dans tous les pays. Nous passons du communisme – ou, pour utiliser un terme plus général, du totalitarisme – à la démocratie. Dans certains des pays qui entourent la Pologne, on constate que certains éléments du régime précédent sont en cours de révision. Cela signifie-t-il que le communisme n’existe plus ou que nous avons atteint des degrés divers dans notre évolution vers la démocratie sociale? Je pense – et je ne suis pas la seule à le penser – qu’en avançant nous n’arrivons jamais au même point. Les changements apportés aux institutions et à l’organisation politique de la Pologne sont tels qu’on ne peut guère craindre un retour au communisme. Il existe pourtant le danger que la société évolue et réagisse différemment. J’ai remarqué que la société préfère l’ancien système mais cette situation existe dans de nombreux pays. Il nous appartient d’assurer le progrès économique afin de pouvoir transformer notre système pour que tout retour en arrière devienne impossible. Cela ne sera pas facile, j’en conviens.

Je reste persuadée qu’après les leçons amères de la période communiste personne ne peut penser que la Pologne pourrait retourner à la situation qui existait auparavant. Voilà ma réponse.

M. RUFFY (Suisse)

Madame le Premier ministre, les académies des sciences, dans les pays qui appartenaient à l’ex-bloc communiste, étaient considérées comme des lieux de réflexion et de recherche, prioritairement, sinon exclusivement, au service du parti. Malgré cette limitation grave de la pensée, ces établissements ont rassemblé de très grands esprits et ont fourni des prestations marquantes à l’ensemble de l’Europe.

Quel est l’avenir de l’Académie des sciences de Pologne? D’une façon plus générale, quelles sont les relations entre l’Etat polonais et les établissements universitaires?

Mme Suchocka, Premier ministre de Pologne (traduction)

L’Académie des sciences existe en Pologne et je pense qu’elle doit être maintenue, mais, comme beaucoup d’autres choses, il convient de la réorganiser. Il n’est pas facile de définir son nouveau rôle dans le contexte de l’ancien régime. Vous n’ignorez pas qu’il est difficile de modifier la structure d’institutions telles que les universités et les différentes académies spécialisées. Les débats sur le rôle que doit jouer l’académie des sciences dans notre société ont débuté il y a deux ou trois ans. Nous cherchons à définir son nouveau rôle parce que les universités et l’académie des sciences sont dans une situation inhabituelle. Il nous faut préciser la différence qui doit exister entre les deux types d’établissements et organiser leurs relations.

Il n’est certes pas facile de trouver les solutions. Les relations entre l’université, l’Etat et notre législation sur l’enseignement supérieur ne sont pas simples. Les universités ont une certaine autonomie et notre nouveau régime leur accorde beaucoup d’autonomie. Aujourd’hui nous avons un ministère de l’Education mais il existait auparavant un ministère de l’Enseignement supérieur. Il n’existe plus actuellement qu’un ministère de l’Education qui a compétence pour tous les niveaux et tous les aspects de l’enseignement. Désormais l’autonomie des universités est garantie par leur statut et la législation du pays.

M. RUFFY

Monsieur le Président, puisque vous n’entendez pas nous priver de remercier Mme le Premier ministre, je le ferai à mon tour en lui disant que j’ai plus particulièrement apprécié l’élévation de sa pensée lorsqu’elle a abordé la question de la sécurité en Europe. J’ai ressenti très péniblement le fait que notre Assemblée ne parvienne pas, étant donné ses statuts, à aborder correctement ce problème au niveau convenable.

M. LE PRÉSIDENT (traduction)

Je ne vois pas M. Kovacs dans l’hémicycle. Je suis persuadé que Mme Suchocka se fera un plaisir de répondre à M. Kelam, qui donnait une interview pour la radio à l’occasion de l’admission de son pays au Conseil de l’Europe, en tant que membre à part entière. Je suis convaincu que Mme Suchocka se fera un plaisir de répondre à sa question. Monsieur Kelam, désirez- vous poser votre question?

M. KELAM (invité spécial d’Estonie) (traduction)

Merci, Monsieur le Président. Madame le Premier ministre, je souhaiterais connaître votre avis sur une éventuelle coopération politique et économique entre la Pologne, les Etats baltes et peut-être la Finlande. Je me souviens qu’au début des années 20 il existait une collaboration politique étroite entre les ministres des Affaires étrangères de ces pays qui se rencontraient régulièrement. Pensez-vous qu’une telle éventualité soit possible dans les prochaines années?

Mme Suchocka, Premier ministre de Pologne (traduction)

Je commencerai par féliciter l’Estonie pour son adhésion au Conseil de l’Europe. Je sais ce que cela représente. Il n’y a pas si longtemps que la Pologne est devenue membre à part entière du Conseil de l’Europe, mais cela semble déjà très vieux et nous avons l’impression de l’être depuis des années. J’aperçois le ministre des Affaires étrangères M. Kelam dans l’hémicycle. Je l’ai rencontré il y a quelques semaines et nous nous sommes entretenus avec beaucoup d’intérêt du problème de la coopération. La semaine dernière je me suis trouvée avec le Président de l’Estonie et nous avons parlé de ce même problème. Le problème de la coopération avec les Etats baltes présente un grand intérêt et revêt une grande importance pour tous nos pays.

La mer Baltique était alors la frontière d’une Europe divisée, mais aujourd’hui elle n’est plus qu’une mer comme les autres puisque nous nous sommes engagés dans une coopération plus étroite. Mais la pollution de la région demeure un problème important pour tous nos pays. Nous en avons discuté sérieusement avec les représentants d’autres pays et avec le Premier ministre qui s’est rendu en Pologne il y a deux semaines. J’entretiens de bonnes relations avec tous les Premiers ministres des Etats baltes. Nous savons qu’il y va de notre intérêt à tous.

L’idée de la Via Baltica est d’une grande importance pour nous tous. Nous nous y intéressons parce qu’elle nous permettra de concrétiser les liens entre les pays nordiques et les Etats baltes – Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne. Partant du territoire polonais, cette route conduira à l’Europe du Sud. C’est l’un de nos meilleurs projets et je pense que nous parviendrons à le mener à bien, avec l’aide des pays occidentaux, comme je l’ai souligné à plusieurs reprises aujourd’hui, car cette charge ne nous incombe pas seulement à nous. Voilà mon point de vue personnel.

M. LE PRÉSIDENT (traduction)

Nous sommes tous satisfaits des réponses apportées par Mme Suchocka. Madame le Premier ministre, votre prestation a été excellente et nous avons tous apprécié ces instants.

Je tiens à vous exprimer la profonde gratitude de l’Assemblée pour votre allocution et pour l’empressement avec lequel vous avez répondu aux questions de nos collègues. Nous avons été heureux et honorés de votre retour dans cette Assemblée dont vous êtes un membre prestigieux.

Je vais faire une chose que nous faisons rarement, même très rarement. Je l’ai faite une seule fois au cours de mon mandat. Nous décernons à nos invités les plus prestigieux la médaille du Conseil de l’Europe qui porte leur nom et la date à laquelle ils ont participé à une session. Je n’ai pas voulu vous remettre cette médaille dans mon bureau ni au déjeuner. Je tiens à vous la remettre en présence de tous nos collègues et en leur nom à tous.