Adnan

Terzić

Président du Conseil des Ministres de Bosnie-Herzégovine

Discours prononcé devant l'Assemblée

mardi, 3 octobre 2006

M. Terzić se félicite de l’occasion qui lui est donnée de s’adresser à l’Assemblée parlementaire. La Bosnie-Herzégovine est devenue le 44e Etat membre du Conseil de l’Europe le 24 avril 2002. Ce jeune Etat portait encore les cicatrices d’un passé tragique.

Même si elle n’est pas aisée à satisfaire, la demande de voir les pays de la région tenir tous leurs engagements en tant qu’Etats membres a montré que l’Europe ne les laissait pas de côté.

Depuis son entrée au Conseil de l’Europe, la Bosnie- Herzégovine a fait d’importants efforts en faveur de la démocratisation, de la réforme de son système politique, de l’Etat de droit, de l’établissement de structures démocratiques, de l’indépendance de la justice, de la réforme de son administration, de la lutte contre la corruption et le crime organisé. Pour que ces réformes soient menées à bien, une action concertée de l’Union européenne, en particulier en matière de politique étrangère et de sécurité, paraît indispensable, ainsi que de véritables perspectives d’intégration à l’Europe pour la Bosnie-Herzégovine comme pour l’ensemble de la région. C’est bien ce message clair sur le fait que l’avenir de cette région et celui de l’Europe unie sont indissociablement liés qui a été délivré en 2003 à Thessalonique, suscitant ainsi un grand espoir. De très importants changements sont survenus depuis, comparables à ceux qu’avaient connus l’Europe centrale et orientale après la chute du mur de Berlin. En outre, les pays de l’Europe du Sud- Est se sont engagés dans une véritable coopération avec le tribunal de La Haye.

Mener de front des réformes dans des domaines aussi divers et importants que la santé, l’éducation, la gestion coopérative, l’emploi, la justice, la police ou la fiscalité est un véritable cauchemar pour tout chef de gouvernement. Qui plus est, il avait été demandé, à Thessalonique, que ces réformes soient menées grâce à un consensus politique national et non sous l’effet de pressions internationales. C’est ce qui a été réalisé avec succès et que traduit la signature de l’Accord de stabilisation et d’association.

Il semble toutefois que l’Union européenne n’ait pas su tirer tous les enseignements de ce processus, sans doute parce qu’elle était minée par ses propres difficultés, en particulier par le «non» français et néerlandais au traité constitutionnel. Certes, le scepticisme peut être utile et stimulant pour les dirigeants politiques, mais il ne faudrait pas qu’à trop insister sur le thème de la «capacité d’absorption» on aille à l’encontre de l’intégration européenne et de son instrument, l’élargissement. Le dynamisme de l’Union passe aussi par l’intégration de l’Europe du Sud-Est, c’est un enjeu de sécurité, de stabilité, de justice et de prospérité.

La conduite des réformes est très difficile pour la Bosnie-Herzégovine comme pour les autres Etats, il faut donc les soutenir car on peut se demander ce qu’il adviendrait si les forces qui s’opposent au changement devaient l’emporter. Or il est facile de dresser l’opinion publique contre des réformes douloureuses. C’est aussi la crédibilité de l’Europe qui se joue dans la région. Il faut donc soutenir les forces pro-européennes et poursuivre la politique des portes ouvertes. L’Europe unie, le Conseil de l’Europe ne doivent accepter ni atermoiements, ni compromis car nulle part la question de l’intégration ne revêt autant d’importance.

En onze années seulement, grâce à son partenariat avec l’Europe, la Bosnie-Herzégovine a changé de visage et s’inscrit résolument dans une perspective d’adhésion. Mais il est possible de faire plus et mieux, pour l’Union européenne et pour le Conseil de l’Europe comme pour les pays de la région. C’est ce qui a été fait pour l’Europe centrale et orientale après la chute du mur de Berlin, avec les résultats que l’on connaît.