Doc. 10753

5 décembre 2005

Enlèvement et « rééducation » de femmes et d’enfants musulmans ayant adopté une orientation trop « occidentale »

Proposition de résolution

présentée par Mme Bousakla et plusieurs de ses collègues

La présente proposition n’a pas été examinée par l’Assemblée et n’engage que ses signataires

1.       De plus en plus de femmes et d’enfants musulmans vivant dans les pays d’Europe occidentale sont enlevés et renvoyés dans leur pays d’origine (Maghreb, Turquie, Syrie, Iran, etc.) par des hommes de leur famille parce qu’ils se sont trop habitués aux coutumes occidentales, sont devenus trop modernes et trop émancipés ou, dans le cas des femmes, parce qu’elles se sont engagées dans une relation avec un non-musulman.

2.       Sous prétexte de vacances familiales annuelles pendant les mois d’été, les femmes et jeunes filles musulmanes « occidentalisées » sont entraînées par leurs parents ou leur mari dans leur pays d’origine, où elles sont ensuite laissées à la famille restée sur place, dans un but de rééducation ou de mariage forcé.

3.       Dans la communauté marocaine de Belgique, dont la plupart des membres viennent de la province de Nador, située au nord du Maroc, les enlèvements de ce type sont fréquents. Les femmes victimes de ces pratiques sont prises au piège et ne peuvent revenir dans le pays d’Europe occidentale où elles vivaient, car leur famille ne leur donne pas d’argent et ont confisqué leurs documents de voyage.

4.       L’objectif de ces enlèvements consiste à « rééduquer » les victimes dans leur pays d’origine afin qu’elles aient le comportement d’une « véritable » musulmane, obéissante, soumise et ne sortant pas de chez elle.

5.       Ces pratiques s’expliquent surtout par la forte pression qui s’exerce dans la communauté musulmane vivant hors de son pays d’origine, pour laquelle la préservation de l’honneur familial est de la plus haute importance. Il va sans dire que ce phénomène exerce une influence paralysante sur le processus d’intégration et d’émancipation des musulmanes dans le monde occidental.

6.       L’Assemblée parlementaire décide d’entreprendre des recherches sur ces cas d’enlèvement, et recommande aux gouvernements des Etats membres de rechercher des solutions en vue d’empêcher ces pratiques. A cet effet, il serait souhaitable tout d’abord de conclure des accords bilatéraux avec les pays intéressés, en particulier le Maroc et la Turquie.

7.       Au niveau européen, on aurait besoin d’un message politique fort montrant que de tels actes, qui portent atteinte aux droits fondamentaux des femmes et des jeunes filles, ne seront pas tolérés.

Signé (voir au verso)

Signé1:

BOUSAKLA, Mimount, Belgique, SOC

ATANASOVA, Aneliya, Bulgarie, ADLE

AUSTIN, John, Royaume-Uni, SOC

ČURDOVÁ, Anna, République tchèque, SOC

DAMANAKI, Maria, Grèce, SOC

FAUTRIER, Catherine, Monaco, PPE/DC

LAXTON, Bob, Royaume-Uni, SOC

LUCYGA, Christine, Allemagne, SOC

STANTCHEVA, Darinka, Bulgarie, ADLE

VERMOT-MANGOLD, Ruth-Gaby, Suisse, SOC

ZAPFL-HELBLING, Rosmarie, Suisse, PPE/DC


1        SOC: Groupe socialiste

      PPE/DC: Groupe du Parti populaire européen

ADLE: Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe

      GDE: Groupe des démocrates européens

      GUE: Groupe pour la gauche unitaire européenne

      NI: non inscrit dans un groupe