1. La commission de l’environnement,
de l’agriculture et des questions territoriales souhaiterait, quant
à elle, mettre l’accent sur un aspect que le rapport a un peu moins
développé, à savoir le tourisme rural.
2. Le tourisme rural intéresse tout particulièrement la commission
de l’environnement, de l’agriculture et des questions territoriales,
puisqu’il constitue un lien entre ses principaux domaines d’intérêt.
Le rapport de la commission des questions économiques et du développement
souligne d’abord (au paragraphe 4) l’importance du tourisme pour
le développement des régions et en particulier son rôle comme «vecteur d’amélioration
des infrastructures locales et de préservation des emplois dans
des régions rurales en déclin ou en cours de revitalisation». Il
souligne aussi que «le développement durable propose une approche
à long terme qui peut aider les communautés locales à tirer le maximum
du tourisme et du développement».
3. La commission de l’environnement, de l’agriculture et des
questions territoriales appuie pleinement cet avis et insiste sur
le fait que le tourisme crée une situation gagnante pour tout le
monde: pour les touristes euxmêmes, pour les hôtes en milieu rural
(à la fois les habitants et les autorités locales) et pour l’environnement rural
ainsi que pour l’agriculture, la seule condition requise étant le
respect des principes du développement durable.
4. Le nombre de touristes pratiquant un tourisme rural a considérablement
augmenté ces dernières décennies et le tourisme s’est étendu à tous
les types de paysages, sans se limiter à des régions d’une beauté exceptionnelle.
Dans son concept le plus large, le tourisme rural comprend désormais
une gamme d’activités, de services et d’aménagements fournis par
les agriculteurs et la population rurale pour attirer les touristes
dans leur région afin de générer des revenus supplémentaires. Le
tourisme rural comprend non seulement le tourisme à la ferme ou «agrotourisme» (ce qui recouvre généralement
la signification la plus commune du tourisme rural), mais aussi
des vacances à thème dans la nature, la visite de zones rurales
et le tourisme résidentiel. Les services proposés de nos jours comportent,
outre le gîte, différentes manifestations, des festivités et des
activités locales, les loisirs de plein air, les visites éducatives
pour enfants, ainsi que la production et la vente de produits artisanaux
et de produits agricoles.
5. Néanmoins, l’expression «tourisme rural» recouvre des significations
différentes en fonction des pays. En France et au Royaume-Uni, tout
comme en Finlande, le tourisme rural consiste habituellement à louer
des petites maisons à des visiteurs ou à leur fournir des services
de restauration en milieu rural. En Hongrie, il existe une expression
spécifique, «tourisme villageois», qui indique que seuls les activités
et les services disponibles dans les villages sont inclus dans ce
type de tourisme. En Slovénie, la plus importante forme de tourisme
rural est le tourisme à la ferme, où les hôtes séjournent soit dans
la famille de l’agriculteur ou dans une maison d’hôtes, mais il
est également courant de visiter les fermes pour y prendre le repas
et découvrir l’exploitation agricole. Aux Pays-Bas, le tourisme
rural consiste en particulier en camping à la ferme, la plupart des
services agricoles étant liés à des itinéraires (vélo, marche ou
équitation). En Grèce, le produit principal du tourisme est la chambre
d’hôtes avec gîte dans des chambres meublées de manière traditionnelle
et avec des petits déjeuners traditionnels souvent à base de produits
de fabrication artisanale. En Pologne, pays aux vastes forêts, une
forme de tourisme particulier est proposée aux personnes souhaitant
passer leurs vacances en chambres d’hôtes dans des maisons situées
en pleine forêt.
6. Pratiqué avec intelligence, le tourisme rural peut en effet
contribuer à générer des revenus importants pour les agriculteurs
et permettre aux communautés rurales de financer des investissements
d’infrastructures, ce qui rendrait l’agriculture et les industries
connexes plus prospères. Toutefois, si ce tourisme n’est pas bien organisé,
en fonction de la taille et des caractéristiques des zones rurales
d’accueil, il risque aussi de nuire à l’environnement – au sens
large – et de porter préjudice à l’identité culturelle des hôtes.
7. Le tourisme rural peut constituer un instrument réel du développement
durable des zones rurales s’il est utilisé de manière responsable,
c’est-à-dire s’il veille à maintenir un équilibre entre la recherche
légitime de revenus accrus pour les habitants locaux et de profits
pour les agences de voyage, d’une part, et préserve la qualité de
la région d’accueil, en protégeant le patrimoine et en contribuant
à la préservation de l’environnement rural (de sorte que le tourisme
puisse rester une activité permanente), d’autre part. Bien géré, le
tourisme rural a la potentialité d’accroître la viabilité des régions
moins développées et, dans le même temps, de diminuer le stress
induit par le tourisme de masse dans les zones touristiques les
plus populaires, en offrant d’autres destinations de vacances (par
exemple, un certain nombre de touristes privilégient les régions
de l’intérieur et non les zones côtières encombrées).
8. Les caractéristiques des zones touristiques européennes varient
considérablement, avec des conséquences parfois néfastes en cas
de mauvaise gestion du tourisme, comme un aménagement architectural
inapproprié (des bâtiments qui ne s’intègrent pas dans le paysage
et/ou qui sont simplement trop nombreux pour une zone donnée), l’érosion
des sols due à la déforestation et une pratique excessive du ski, des
incendies de forêts provoqués par l’homme. Mal géré, le tourisme
rural peut ainsi avoir un effet particulièrement négatif: les touristes
étant d’ordinaire principalement attirés par les régions industriellement les
moins développées, qui sont des régions particulièrement sensibles
à l’ingérence humaine, la tension accrue du fait du tourisme (ou
des changements induits par l’adaptation aux souhaits des touristes)
peut changer ou endommager de manière irréversible le paysage rural
ainsi que les valeurs naturelles et culturelles d’une région donnée.
9. Les autorités locales et régionales peuvent jouer un rôle
important dans le cadre du développement de l’écotourisme, en favorisant
le principe du développement durable dans toute activité liée au
tourisme – et au tourisme rural en particulier.