1. Introduction
1. En 1992, un an après la création
de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD),
celle-ci a signé avec le Conseil de l’Europe un accord de coopération.
Depuis, l’APCE suit les travaux de la BERD et fait rapport chaque
année sur les activités de cette dernière dans le domaine du soutien
à la démocratie, aux réformes orientées selon la loi du marché et
à l’entreprenariat. Tout naturellement, l’APCE s’est concentrée
sur les Etats membres du Conseil de l’Europe en Europe centrale
et orientale, mais aussi sur leurs voisins d’Asie centrale. En plus
de seize ans d’activité, la BERD a pour l’essentiel rempli sa mission
en Europe centrale et se concentre désormais de plus en plus sur
ses pays d’opérations plus démunis en Europe de l’Est et du Sud-Est,
ainsi que dans les républiques d’Asie centrale, ses grands partenaires
et actionnaires institutionnels – l’Union européenne et la Banque
européenne d’investissement – reprenant progressivement son rôle
dans les nouveaux Etats membres de l’Union européenne.
2. La commission des questions économiques et du développement
de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe apprécie le
dialogue régulier avec la BERD sur les aspects sociaux, politiques
et économiques des travaux de la banque. Ce dialogue permet aux
parlementaires des 47 Etats membres du Conseil de l’Europe et pays
observateurs (qui comptent parmi les donateurs et bénéficiaires
principaux de la BERD) de s’appuyer sur les informations précieuses
fournies par la banque pour mener leurs travaux aux niveaux national
et international, d’une part, et pour apporter leurs points de vue
et propositions concernant les futures activités de la banque, d’autre
part.
3. Le présent rapport entend passer en revue les activités essentielles
de la BERD à ce jour, en particulier depuis le rapport et le débat
parlementaire de juin 2007, et s’attarder sur certains domaines
d’activité. Il a également pour but d’approfondir les tendances
du développement macroéconomique dans les pays d’opérations de la
banque, les avancées dans les réformes au Caucase et en Europe du
Sud-Est, ainsi que dans la Fédération de Russie, l’Ukraine et le
voisinage du Conseil de l’Europe. Les travaux du rapporteur se basent
sur diverses sources, notamment les médias, les publications de
la BERD ainsi que des discussions au sein de la commission et avec
des représentants de la banque. Au nom de la commission, le rapporteur souhaite
remercier la BERD d’avoir accueilli la réunion de la commission
à son siège de Londres en janvier dernier, et de toute l’assistance
aimablement mise à sa disposition au long de la préparation de ce
présent rapport, en vue d’un débat en Assemblée prévue pour juin
2008.
2. Contexte et situation générale
4. Il importe de rappeler que
les travaux de la BERD s’inscrivent dans la mission qui lui a été
confiée, à savoir faciliter la transition vers des économies ouvertes
fonctionnant selon les lois du marché, et promouvoir l’initiative
privée et l’esprit d’entreprise dans les pays d’Europe centrale,
du Sud-Est et de l’Est, les anciennes républiques soviétiques d’Asie
centrale et la Mongolie. La BERD est une banque de développement
dont le mandat combine des missions économiques et des objectifs
politiques: en effet, elle n’intervient que dans les pays qui se
sont engagés en faveur de la démocratie multipartite, du pluralisme
et de l’économie de marché.
5. Même si les actionnaires de la banque sont tous des organismes
publics (61 Etats membres représentés par leur gouvernement, plus
l’Union européenne et la BEI), les investissements ciblent avant
tout le secteur privé, bien que certains concernent également le
secteur public (essentiellement les infrastructures aux niveaux
national, régional ou municipal). La BERD assure le cofinancement
de projets jugés financièrement sains et dont l’objectif consiste
à faire progresser les réformes tout en respectant l’environnement.
Elle demeure le plus gros investisseur institutionnel par la taille
dans la plupart de ses pays clients, et, par son financement d’investissements,
elle génère de la valeur ajoutée et des transferts de connaissances,
tout en promouvant une forte gouvernance d’entreprise et le dialogue
politique. Sa contribution, venue compléter les efforts de la communauté
internationale, des autorités nationales et des entrepreneurs du
secteur privé, a joué un rôle significatif pour conjuguer des activités
bancaires d’investissements saines et des missions de développement.
6. Par le biais de ses priorités opérationnelles, la BERD s’efforce:
1. d’aider à la création de secteurs financiers solides répondant
aux besoins des entreprises et des particuliers au niveau local;
2. d’influer sur les politiques commerciales et les cadres financiers
pour le développement des infrastructures; 3. de soutenir les créations
d’entreprises et les petites et moyennes entreprises (PME); 4. d’étayer
la restructuration des entreprises plus grosses en perte de vitesse;
5. de monter des investissements en capitaux; et 6. de promouvoir
un climat des investissements sain et des institutions plus solides
dans ses pays d’opérations, par le biais d’un dialogue politique.
7. A l’heure actuelle, la BERD intervient dans 29 pays
,
même si, en vertu d’un accord avec les autorités tchèques, elle
cessera d’investir dans ce pays à partir de 2008 et se contentera
de mener à terme les projets en cours. Les pays clients de la banque
sont répartis en trois groupes géographiques: l’Europe centrale
et orientale et les pays Baltes (COB)
,
l’Europe du Sud-Est (ESE)
et
la Communauté d’Etats indépendants plus la Mongolie (CEI+M)
.
Ces pays sont également notés et, en fonction de leur progrès en
matière de réformes, regroupés en «pays en phase initiale de transition»,
«pays en phase intermédiaire» et «pays en phase avancée». Ainsi,
le groupe des «pays en phase initiale de transition» (Arménie, Azerbaïdjan,
Géorgie, Kirghizistan, Moldova, Mongolie, Tadjikistan et Ouzbékistan)
peuvent bénéficier d’initiatives spécifiques conçues pour coordonner
l’assistance des donateurs et contribuer à remédier à la pauvreté
en finançant des petits projets dans le secteur privé, afin de soutenir
le développement des infrastructures municipales et d’améliorer
l’environnement juridique.
8. En 2007 (voir tableaux 1 et 2 en annexe), la BERD a substantiellement
augmenté la part de ses opérations (passée à 90 %) dans les pays
en phases initiale et intermédiaire de leur transition, y compris
la Fédération de Russie, tout en réduisant progressivement sa présence
dans le groupe des pays plus avancés. Toutefois, la part des engagements
en faveur du groupe des pays en phase initiale de transition n’est
que de 9,2 % pour 2007 (soit 514 millions d’euros destinés à 92
projets d’investissement), malgré une augmentation de 39 % du montant
total par rapport à 2006. En 2007, le total des investissements
de la BERD, de 4,9 milliards d’euros en 2006, est passé à 5,6 milliards
d’euros. En contrepartie, conformément à la stratégie de la banque qui
entend réduire progressivement les investissements dans les nouveaux
Etats membres de l’Union européenne, le volume d’activité de 2007
destiné aux pays de la région COB a diminué de 22 %, s’établissant à
546 millions d’euros
.
En relatif, les pays de la COB en phase avancée de la transition
ont représenté 10 % du total des investissements en 2007 (contre
14 % en 2006), tandis que les pays en phases initiale et intermédiaire
ont recueilli 49 % (contre 48 % en 2006) et la Fédération de Russie
41 % (contre 38 % en 2006).
9. Aux termes de la nouvelle stratégie adoptée par la BERD, qui
fixe la marche à suivre jusqu’à 2010, la banque s’engage spécifiquement
à soutenir les pays en transition du sud et de l’est de notre continent,
en prenant plus de risques que ne le font habituellement les institutions
financières privées. Pour répondre aux besoins des économies moins
avancées, la BERD accorde la priorité aux investissements de plus
petite taille. Le nombre de petits projets d’une valeur inférieure
à 5 millions d’euros a augmenté de 32 % (ils étaient 182 en 2007).
La stratégie insiste également sur la priorité à accorder aux investissements
pour l’efficacité énergétique et pour la promotion de la coopération
régionale et internationale.
10. Il est important de noter que, si la BERD dispose d’une base
capitalistique souscrite de 20 milliards d’euros (5 milliards d’euros
versés et 15 milliards d’euros appelables), elle finance toutefois
ses investissements à partir de fonds levés sur les marchés financiers
internationaux (à des conditions actuellement très favorables, puisqu’elle
est notée AAA) et n’utilise pas directement le capital de ses actionnaires.
Grâce à une saine gestion des risques, à sa politique d’investissement
et à une situation favorable dans l’environnement opérationnel de
la banque, cette dernière a enregistré une hausse massive des bénéfices,
qui ont atteint des niveaux records en 2006, avec des bénéfices
nets de 2,4 milliards d’euros (contre 1,5 milliard d’euros pour
2005). Après audit des comptes, les chiffres font état d’un bénéfice
net de 1,9 milliard d’euros pour 2007.
11. Il convient de rappeler que l’affectation aux réserves de
l’ensemble des bénéfices pour 2006 – sur décision du Conseil des
gouverneurs de la BERD, en mai 2007 – a donné lieu à une protestation
des Etats-Unis (actionnaire le plus important de la BERD), qui ont
fait valoir qu’au moins une partie des bénéfices records aurait
dû être reversée aux actionnaires sous forme de dividendes. Ce point
de vue a recueilli le soutien de plusieurs autres actionnaires de
la BERD et a même suscité dans les médias certaines interrogations
quant à la mission et à l’avenir de la banque
.
L’Australie, par exemple, a annoncé son intention de revendre ses
parts à la banque d’ici à 2010. Des bruits courent également sur
le fait que certains pays travailleraient en coulisses pour proposer
une fusion entre la BERD et la BEI. Toutefois, étant donné les différences
majeures entre la structure d’actionnariat et le mandat de ces institutions,
une telle fusion n’a pas de sens dans un avenir prévisible
. L’utilisation des bénéfices
– investissements, redistribution aux actionnaires ou affectation
aux réserves – est une question récurrente. Cependant, il est clair
que, étant donné leur niveau de développement, les pays en phases
initiale et intermédiaire de leur transition auront sans nul doute
besoin de l’assistance, et donc des investissements, de la BERD
dans les dix prochaines années. Nous espérons que les actionnaires de
la banque entendront ces pays qui ont besoin de l’aide de la BERD
et la demandent.
Aider les petites entreprises
12. Au cœur de la mission de la
BERD, on trouve le soutien aux PME et à l’entreprenariat. Le financement de
la banque est pour l’essentiel placé par le biais de correspondants
bancaires qui rétrocèdent ce financement aux petits investisseurs.
Parmi les efforts déployés par la banque pour comprendre les obstacles
auxquels les PME se heurtent pour leur développement, on citera
les études BEEPS (Business Environment
and Enterprise Performance Surveys) menées avec la Banque
mondiale tous les trois ans. Elles montrent que, malgré les nombreux
obstacles auxquels se heurtent les petites entreprises, dans bon
nombre de pays en transition, ce segment a véritablement tiré fortement
la croissance. Les récentes évolutions en Fédération de Russie ont
été particulièrement importantes, avec des simplifications dans
les réglementations, la suppression d’obstacles bureaucratiques
et donc moins d’opportunités de corruption.
13. L’un des plus gros instruments de prêt est le programme pour
les micro et petites entreprises, dont les orientations stratégiques
ont été redéfinies en 2006. Depuis sa création, la BERD a investi
(le plus souvent par le biais de lignes de crédits gérées par des
banques intermédiaires locales) plus de 11,5 milliards d’euros au titre
de ses programmes pour les petites entreprises (avec des prêts et
opérations de crédit-bail d’un montant moyen de 22 657 euros et
19 016 euros respectivement), pour apporter un soutien à des clients
dans tous ses pays d’opérations. Toutefois, l’apport de financement
n’est pas le seul objectif: d’autres activités supplémentaires sont
vitales, notamment le dialogue politique pour améliorer l’environnement
des affaires pour les petites entreprises, le soutien aux activités
pour développer les compétences des entrepreneurs, l’assistance
technique pour renforcer la capacité des intermédiaires à prêter
efficacement et le soutien pour établir des banques de microfinance
innovantes
ou des institutions non bancaires.
14. La BERD propose également un soutien aux entreprises, essentiel
parce que complémentaire à ses activités, par le biais des programmes
TAM-BAS
(Turnaround Management et
Business Advisory Services). Ces
montages non financiers subventionnés par des donateurs visent à
améliorer la gestion des entreprises, leur performance et leur gouvernance
en mettant à leur disposition des consultants expérimentés (souvent d’anciens
dirigeants de haut niveau d’entreprises occidentales) qui vont aider
les entreprises locales à résoudre les divers problèmes qu’elles
pourraient rencontrer, tels que la planification des activités,
la recherche marketing, la comptabilité analytique et les études
de réduction des coûts, le développement de produits, les plans
marketing, les solutions informatiques et le développement stratégique
(notamment la restructuration des entreprises, leur réorganisation
et leur gestion). Les programmes contribuent également à soutenir l’emploi
et à créer de nouveaux projets qui feront l’objet d’un financement
extérieur. Depuis 1993, plus de 6 500 entreprises dans tous les
pays d’opérations ont bénéficié des programmes TAM-BAS
,
hormis le Turkménistan. La nouvelle stratégie TAM-BAS pour 2008
prévoit un soutien accru (notamment par la formation) aux micro,
petites et moyennes entreprises, en particulier dans les régions
rurales de Russie et d’Ukraine. Cela devrait se révéler particulièrement
utile pour répondre au problème de la fuite des cerveaux ou de la
perte d’entrepreneurs talentueux qui préfèrent émigrer.
15. Pour les huit pays d’opérations de la banque les plus pauvres,
l’initiative ETCI (Early Transition Country Initiative)
est particulièrement utile. Elle est conçue pour encourager l’activité
économique en suivant une approche rationalisée pour le financement
d’un plus grand nombre de petits projets, la mobilisation d’investissements
supplémentaires et l’acceptation de risques plus élevés dans les
projets financés par la BERD. Elle cherche également à développer
et à ajuster des instruments financiers conçus pour le financement
d’entrepreneurs et d’entreprises locales afin de mieux répondre
aux besoins spécifiques des pays concernés, ainsi que pour mobiliser
un soutien accru de la part des donateurs et pour activer des mécanismes de
lutte contre la corruption.
Améliorer l’utilisation énergétique
16. La hausse des prix de l’énergie,
une forte intensité énergétique et les préoccupations que suscite
la sécurité de l’approvisionnement sont autant de signaux d’alerte
qui rappellent que promouvoir l’efficacité énergétique dans toute
la région en transition est une mission vitale, urgente autant que
considérable. Bon nombre de pays en transition dépendent d’un fournisseur
unique pour le pétrole et le gaz, essentiellement des sociétés russes,
et sont donc en mauvaise posture pour négocier. Avec l’aide de la
BERD, ils s’efforcent de s’affranchir de cette dépendance en diversifiant
leurs approvisionnements et en traitant le problème de l’utilisation
inefficace de l’énergie, à commencer par les entreprises privées.
En général, il est souhaitable de privilégier l’utilisation de ressources
énergétiques renouvelables, mais le défi, qui porte aussi en germe
des solutions prometteuses, consistera à améliorer l’efficience
et la conservation énergétiques. Pour soutenir cet effort, des mesures
déterminées s’imposent.
17. L’efficacité énergétique et l’énergie renouvelable sont au
cœur de la récente politique de la BERD dans le domaine de l’énergie.
Approuvée en juillet 2006, elle engage au total 1,5 milliard d’euros
en faveur de projets dans l’énergie pour la période 2006-2008, soit
une augmentation de près de 50 % par rapport à la période précédente.
En appui, la BERD a employé une équipe de spécialistes transsectorielle
qui a travaillé sur toute la gamme de projets. L’initiative de la
BERD en matière d’efficacité énergétique (SEI – Sustainable Energy Initiative) vise:
1. à accroître la sécurité d’approvisionnement (en réduisant les
importations de combustibles fossiles de plus en plus chers); 2.
à améliorer la compétitivité (en économisant l’énergie, les coûts
sont réduits et le cash flow s’améliore);
3. à économiser des ressources capitalistiques limitées (économiser
l’énergie revient moins cher que de construire une nouvelle centrale);
et 4. à améliorer la situation de l’environnement (tant au niveau
mondial, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, qu’au
niveau local, en réduisant la pollution de l’air). Avec des investissements
en énergie durable de plus de 900 millions d’euros en 2007, la BERD
a en fait atteint son objectif triennal en un peu plus de dix-huit
mois.
18. En 2007, l’initiative SEI a mobilisé au total 934 millions
d’euros de financement pour 51 projets. L’accent est placé sur les
améliorations de l’efficacité énergétique des grands groupes opérant
dans des secteurs gros consommateurs d’énergie (34 %), sur la fourniture
d’électricité plus propre, notamment en changeant de combustibles
et en améliorant l’efficience en matière de production, de transport
et de distribution de courant (30 %), sur les petits consommateurs
d’énergie tels que les PME et les particuliers (15 %), sur les infrastructures
municipales, notamment le chauffage urbain, les transports publics,
le traitement des déchets solides et l’eau (15 %), sur les énergies
renouvelables, en particulier l’énergie hydroélectrique, éolienne
et les biocarburants (7 %) et sur le financement carbone. Ventilé
par destination, 40 % de l’ensemble du financement est consacré
à des projets en Fédération de Russie, 26 % étant engagés en faveur
de l’Ukraine, du Caucase et de l’Asie centrale, 23 % en faveur des
nouveaux Etats membres de l’Union européenne et 1 % pour les Balkans
de l’Ouest. Environ un dixième de l’ensemble des investissements
de la BERD en matière d’énergie est consacré à des projets régionaux.
19. Sur le plan opérationnel, trois approches distinctes ont été
retenues: 1. définir les composantes de l’efficacité énergétique
dans l’ensemble des opérations concernées; 2. financer de petits
projets en matière d’efficacité énergétique et d’énergie renouvelable
par le biais de banques locales qui proposent des lignes de crédit
spécifiques aux PME et particuliers; et 3. combiner le financement
de projets et le financement carbone (car les possibilités offertes
par les échanges d’émission sont en général sous-utilisées). Des
audits énergétiques gratuits, financés par les pays donateurs par
le biais d’une coopération technique, se sont révélé un élément
particulièrement apprécié de la stratégie énergétique, car la gratuité
a contribué à renforcer la motivation et l’investissement (pour
1 euro subventionné, les retombées ont été de 5 euros sous forme
de financements commerciaux).
Evaluer les projets
20. Une petite équipe de 16 agents
assure les évaluations ex-post des projets de la BERD (coopération technique
et opérations d’investissement) afin de déterminer si le mandat
de la banque a été convenablement rempli et si les résultats des
projets sont à la hauteur des attentes. L’évaluation comporte une
appréciation de la manière dont il a été rendu compte des projets
(à l’égard du management de la BERD et du conseil de direction,
ainsi que du grand public), du niveau de transparence (condition
préalable au point précédent) et de l’indépendance (à l’égard des
activités opérationnelles). L’équipe d’évaluation rend compte directement
au conseil de direction, où le Comité d’audit joue un rôle important
pour passer en revue les travaux de l’équipe et assurer un suivi
des recommandations. La BERD participe également à un certain nombre
d’initiatives en vue d’harmoniser la coopération et l’évaluation
au niveau international
. Au
cours des prochaines années, il sera en effet crucial de pouvoir
assumer l’évaluation d’un nombre accru d’interventions, de poursuivre
le processus d’harmonisation et de faire en sorte que le système
de suivi des recommandations issues des évaluations fonctionne bien.
21. L’évaluation porte sur la mesure et l’appréciation de l’impact
sur la transition
,
la performance environnementale et le changement, la performance
financière de la banque en matière d’additionnalité (financière
et non financière), l’atteinte des objectifs, la performance de
l’investissement de la BERD et le traitement bancaire. Entre 1996
et 2006, l’équipe a évalué au total 547 projets, dont 77 % ayant
reçu une notation satisfaisante ou excellente en matière d’impact
sur la transition et 56 % ayant eu une performance globale satisfaisante
ou supérieure aux attentes. En 2007, la BERD a publié 23 rapports
d’évaluation sur les opérations d’investissement et 6 sur les opérations
de coopération technique, ce qui couvre environ les deux tiers des
projets prêts pour évaluation
. L’équipe d’évaluation mène également
des études spéciales sur des thèmes ou secteurs ciblés
et rassemble
et diffuse les informations concernant les leçons tirées de l’expérience
.
Les principales études et rapports d’évaluation sont disponibles
sur le site web de la BERD, sous une forme synthétique.
Renforcer l’intégrité
22. La transition vers une économie
de marché s’est souvent déroulée dans des environnements caractérisés
par la faiblesse des institutions et l’insuffisance de la gouvernance
d’entreprise et de la gouvernance publique. De ce fait, la corruption
est endémique dans la plupart des pays d’opérations de la BERD.
Selon l’indice 2007 de perception de la corruption établi par Transparency
International (la corruption étant définie comme les abus commis
dans une fonction publique à des fins d’intérêt privé), plusieurs
pays d’opérations ont été particulièrement mal notés sur l’échelle
des pays corrompus. Sur 179 pays, l’Ouzbékistan se classait 175e,
le Turkménistan 162e, l’Azerbaïdjan, le Bélarus, le Kazakhstan,
le Kirghizistan et le Tadjikistan 150e et la Fédération de Russie
143e. D’autres pays étaient classés dans le milieu du peloton, par exemple
l’Ukraine 118e, la Moldova 111e, l’Albanie 105e et l’Arménie et
la Mongolie 99e. Depuis le début, la BERD s’est attachée à appliquer
des pratiques bancaires saines dans toutes ses opérations financières
et elle est liée par son statut qui prévoit d’éviter que ses fonds
soient détournés de manière illégitime de leurs objectifs visés.
Pour garantir le maximum d’intégrité dans ses activités, la BERD
s’est dotée de mécanismes destinés à lutter contre la corruption,
la fraude, la coercition et la collusion. Cela est particulièrement
vrai en ce qui concerne les personnes ou entités politiquement exposées.
23. Dans son premier Rapport sur la lutte contre la corruption,
publié en novembre 2006, la BERD expose les grandes lignes de sa
stratégie basée sur la prévention, la détection, l’investigation
et la sanction. Au nombre des mesures préventives, on citera la
sauvegarde de l’intégrité de la BERD (prévention interne et audit
), le traitement de
la corruption là où elle est pratiquée (assistance externe
) et la participation à la lutte mondiale
contre la corruption. Pour ce qui est de ce dernier point, la BERD
et d’autres institutions financières internationales
ont créé
le Groupe d’action des institutions financières internationales
contre la corruption (IFITF) afin d’harmoniser les méthodes de lutte
contre la corruption et la fraude dans les opérations et projets. Ce
groupe cherche en particulier à mettre davantage en commun les informations
et à poursuivre la normalisation des définitions de ce que sont
les pratiques corrompues ou frauduleuses. Le rapporteur soutient pleinement
l’engagement de la BERD en faveur d’un traitement global de la corruption
qui, étant un phénomène d’envergure mondiale, ne peut être résolu
que par la coopération et la collaboration au niveau international.
24. Pour améliorer la détection de la fraude, de la corruption
ou des malversations, la BERD a recours à un processus d’obligation
prudentielle envers la clientèle axé sur l’intégrité (Integrity Due Diligence) afin de sélectionner
les clients et les sponsors, mais aussi de recueillir des informations
par le biais d’un numéro dédié auquel il est possible de téléphoner
en cas de problème lié au respect des dispositions applicables;
elle offre une protection aux témoins et aux dénonciateurs; enfin,
en cas d’allégations de fraude et de corruption, des mécanismes
d’investigation interne (concernant les agents, les membres du conseil
de direction ou les managers supérieurs) et externes (concernant
toute personne physique ou morale du secteur public comme privé)
lui permettent de faire la lumière sur ces allégations. En outre,
le Mécanisme du recours indépendant de la BERD évalue les plaintes
concernant les projets financés par la banque déposées par des groupes
locaux qui pourraient être directement pénalisés par un projet.
Enfin, conformément à son mandat, la BERD ne s’engage complètement
que dans les pays qui adhèrent aux principes démocratiques, et,
dans des pays, tels que le Bélarus et l’Ouzbékistan, où les problèmes
de droits de l’homme sont fréquents, elle limite ses opérations
au secteur privé. L’environnement devenant plus risqué et la charge
de travail plus importante sur les questions d’intégrité à mesure
que les opérations de la banque se déplacent vers le sud et vers
l’est de notre continent, il est nécessaire de renforcer encore
la fonction relative au respect des dispositions applicables (compliance).
3. Le rapport 2007 de la banque
sur la transition
i. Les progrès de la transition
et la performance macroéconomique
25. La BERD suit les progrès de
la transition en notant ses pays clients selon neuf indicateurs
répartis en quatre catégories: 1. les entreprises (privatisations
à grande échelle, privatisations à petite échelle, gouvernance et
restructuration d’entreprises); 2. les marchés et le commerce (libéralisation
des prix, des échanges et des marchés boursiers; politique de la
concurrence); 3. les institutions financières (réforme bancaire
et libéralisation des taux de change, marché des titres et institutions
financières non bancaires); et 4. les infrastructures. Les neuf
indicateurs concernent les différentes étapes du processus de transition.
La première phase, dite de «mise en place des conditions de marché»,
couvre les réformes visant la privatisation à petite échelle, la
libéralisation des prix et la libéralisation du commerce et des
places boursières, tandis que la deuxième phase, dite «d’approfondissement
du marché», couvre les réformes visant la privatisation à grande
échelle et celle des institutions financières. La troisième phase,
le «soutien du marché», couvre les réformes visant la restructuration
de la gouvernance et des entreprises, la politique de la concurrence
et la réforme des infrastructures.
26. Les réformes de la première phase sont pour l’essentiel achevées
dans la plupart des pays. L’an dernier, les progrès ont concerné
principalement les réformes de la deuxième et de la troisième phases,
qui ont porté en grande partie sur le secteur financier et la politique
de la concurrence, même si, dans les pays en phase plus avancée
de transition, les travaux ne sont pas encore achevés, et qu’ils
n’ont fait que commencer dans les pays en phase initiale. La réforme
des infrastructures demeure un défi majeur pour bon nombre de pays (en
particulier dans le secteur de l’énergie, pour renforcer la sécurité
énergétique, la diversification des approvisionnements et l’efficacité
énergétique). En 2007, les progrès de la transition se sont ralentis,
et au total seules 20 notations d’améliorations ont été accordées
(le score le plus faible depuis le début du processus de transition).
Les progrès se sont concentrés en Europe du Sud-Est (notamment dans
les Balkans de l’Ouest), qui ont reçu la moitié des remontées de
notation. Dans les pays de la CEI+M qui ont un fort soutien de marché (Géorgie
et Mongolie), de grands progrès ont été réalisés pour stimuler le
secteur privé, les réformes du secteur financier ayant progressé
dans les pays de l’ouest de la CEI. Les progrès ont été lents ou
limités dans les pays de la CEI richement dotés en ressources et
les pays de la zone COB qui reçoivent beaucoup de fonds européens.
Dans certains pays de la CEI, le processus de privatisation est
en panne (quand il n’a pas fait marche arrière). Le ralentissement
du rythme de la réforme dans bon nombre de pays de la CEI creuse
l’écart de la transition entre la COB et l’ESE. Le pays d’opérations
le plus récent, la Mongolie, étant parti de très bas, est celui
qui a eu les meilleurs résultats l’an dernier en matière de réforme
avec un total de trois notes remontées.
27. Le principal défi pour les pays de la CEI est de dépasser
les réformes de la première phase, ce qui nécessite non seulement
une volonté et un engagement politiques mais aussi un soutien institutionnel
et législatif. L’ESE ne devrait pas ralentir le rythme pour achever
les réformes de la deuxième phase et progresser avec celles de la
troisième phase. Si la poursuite de l’approfondissement de l’intégration
à l’Union européenne devait soutenir ce processus, les risques politiques
et les incertitudes sont préoccupants dans certaines parties des
Balkans de l’Ouest, surtout à la suite de la déclaration d’indépendance
unilatérale du Kosovo. Enfin, les pays de la COB doivent progresser
rapidement concernant l’implication du secteur privé dans les infrastructures
et mettre en place des autorités de la concurrence plus efficientes.
28. En 2007, l’ensemble de la région en transition a enregistré
le plus fort taux de croissance moyen – 7 % – depuis les débuts
de la BERD. Toutefois, le niveau du PIB estimé dans dix pays – Bosnie-Herzégovine,
«l’ex-République yougoslave de Macédoine», Géorgie, Kirghizistan,
Moldova, Monténégro, Fédération de Russie, Serbie, Tadjikistan et
Ukraine – n’est pas encore revenu à son niveau de 1989, avant la
transition. La forte croissance a été pour l’essentiel tirée par
la demande intérieure (la consommation et les investissements sont à
la hausse, en particulier dans les pays de la CEI et plus précisément
en Fédération de Russie), stimulée par les afflux d’investissement
direct à l’étranger (IDE), les transferts d’argent envoyés par les
migrants et l’expansion du crédit. Avec une demande de logements
particulièrement forte, le secteur de la construction est en plein
essor, alors que le crédit et l’investissement domestiques se diffusent
rapidement dans toute la région, à l’exception des pays de la zone
COB où les taux d’investissement ont enregistré un certain recul
ces dernières années.
29. Le commerce, en particulier avec les pays asiatiques, étant
en rapide expansion, les importations ont connu une forte croissance
avec, comme corollaire, des déficits en compte courant et budgétaire
qui se creusent dans la plupart des pays de la zone COB, de l’ESE
et de la CEI, alors que les pays riches en ressources de la CEI
accumulent de considérables excédents commerciaux et budgétaires
grâce à la manne des bénéfices d’exportation. Le commerce entre
les pays de la CEI reste toujours dominé par le pétrole et le gaz.
Ces tendances devraient se maintenir cette année également.
30. Le chômage et les taux de pauvreté ont continué de reculer,
entraînant à la hausse les revenus disponibles de la population.
Cependant, la consommation et l’investissement devraient se ralentir,
ce qui pourrait modérer les taux de croissance à court ou moyen
terme. On note également des préoccupations concernant les risques
de surchauffe dans bon nombre de pays qui ont une inflation élevée
et des déséquilibres extérieurs importants. La compétitivité des
Etats baltes, en particulier, est sur la sellette, malgré des exportations
qui demeurent fortes. Si un tour de vis a bien été donné aux politiques
monétaires, tel n’a pas été le cas pour la politique budgétaire.
La Slovénie est passée à l’euro avec succès en 2007, et seule la Slovaquie
semble être en mesure de lui emboîter le pas en 2009, les autres
pays avancés d’Europe centrale ayant vraisemblablement besoin de
quelques années pour juguler leur inflation et se mettre en conformité
avec les critères budgétaires.
31. Les turbulences sur les marchés financiers mondiaux ont, jusqu’ici,
eu en général des effets limités sur la région en transition. Néanmoins,
l’on s’inquiète de savoir quels seront ces effets sur la région,
et en particulier sur des pays ayant de gros besoins de financement
externe (par exemple, le Kazakhstan), mais des pressions se font
toujours sentir également en Hongrie, en Lettonie, en Serbie, en
Bulgarie et en Roumanie. La plus grosse difficulté pour le secteur
financier reste de faire appliquer la réglementation et la supervision.
32. Dans le contexte de l’explosion des prix mondiaux des produits
alimentaires (avec une hausse annuelle de près de 40 % en décembre
2007, selon la FAO), les incitations sont claires, pour la BERD
aussi: il s’agit d’investir dans un potentiel de production agricole
jusqu’ici relativement inexploité en Europe de l’Est et dans la
région de la CEI, en particulier au Kazakhstan, en Russie et en
Ukraine, où des millions d’hectares de terres arables pourraient
être remis en culture sans coût environnemental majeur. En réaction
à la hausse des prix, certains gouvernements des économies en transition
ont réagi en introduisant des mesures protectionnistes (telles que
des contrôles des prix, une hausse des subventions et des restrictions
à l’exportation de produits alimentaires) afin de protéger leurs
consommateurs nationaux. Toutefois, à long terme, ces mesures pourraient
se révéler contre-productives et la BERD préconise de limiter les
interventions (qui pourraient causer à terme des distorsions sur
les marchés nationaux) et de faciliter l’investissement tout au
long de la chaîne de valeur agricole, tandis que les populations
plus vulnérables pourraient être mieux protégées par un soutien
au revenu ciblé. En 2007, la BERD a lancé 40 projets dans le secteur
agroalimentaire pour une valeur de 517 millions d’euros (un volume
annuel record).
33. En outre, pour mettre le projecteur sur ces questions, la
BERD a organisé, en mars 2008, à son siège londonien, une conférence
destinée à des investisseurs du secteur privé et à des fonctionnaires
de l’administration publique, qui a été suivie deux mois après par
un Forum spécial sur l’agroalimentaire en marge de son assemblée
annuelle à Kiev. Le dialogue politique sur l’investissement dans
le secteur agricole dans ses pays clients compte au nombre des priorités
principales de la BERD et constituera un aspect central de sa stratégie
pour le secteur de l’agroalimentaire qu’elle est en train d’élaborer.
ii. Les populations en transition
au cœur des analyses
34. En 2006, la BERD, avec la Banque
mondiale, avait mené une étude sur «La vie dans les pays en transition»
au cours de laquelle 29 000 foyers, dans 28 pays en transition
plus la Turquie, avaient
été étudiés pour tenter d’évaluer l’impact du processus de transition
en matière de satisfaction générale, de conditions de vie absolues
et relatives, de comportements à l’égard de la démocratie et des
marchés et d’aspirations pour l’avenir.
35. Dix-sept années de transition ont, à l’évidence, modifié de
fond en comble la vie de la plupart des gens. Si, dans l’ensemble,
il y a plus de satisfaits que d’insatisfaits, le niveau de satisfaction
générale est plus élevé dans les pays plus riches, qui sont plus
avancés dans leur processus de transition, et donc plus élevé dans
les pays de la zone COB que dans ceux de l’ESE, avec des impressions
relativement mitigées dans les pays de la CEI+M. C’est en Arménie,
en Azerbaïdjan, en Bosnie-Herzégovine, en Bulgarie, en Géorgie,
en Hongrie, dans «l’ex-République yougoslave de Macédoine», en Moldova
et au Monténégro que l’insatisfaction est la plus vive (20 à 30 %
seulement des ménages qui ont fait l’objet de l’étude étant aujourd’hui
satisfaits de leur vie).
36. Si, pour la plupart, les sondés pensent que leur niveau de
vie s’est amélioré dans l’absolu (en particulier en Albanie, au
Bélarus, en Estonie, au Tadjikistan, en Mongolie et en Ouzbékistan),
en termes relatifs ils perçoivent un certain déclin de la richesse
du ménage depuis le début du processus de transition (à l’exception de
l’Albanie, où la majorité a perçu une amélioration relative). La
plupart des gens soutiennent fermement la démocratie, les ménages
russes interrogés étant relativement plus tièdes à cet égard. Le
soutien à l’économie de marché (par opposition à l’économie planifiée)
est plus faible que le soutien à la démocratie, mais reste malgré
tout positif (et particulièrement fort en Albanie et en Mongolie,
mais aussi dans les nouveaux Etats membres de l’Union européenne).
Les segments de population plus jeunes, mieux éduqués, plus riches,
mieux connectés socialement et les plus mobiles ont, de manière
générale, tiré plus d’avantages de la transition et sont donc plus
satisfaits que d’autres groupes, et davantage engagés en faveur
de la démocratie et des marchés.
37. La caractéristique la plus remarquable du processus de transition,
dans de nombreux pays, est l’émergence d’une classe moyenne. En
pourcentage de la population totale, la classe moyenne représentait environ
19 % dans la COB, 12 % dans l’ESE et 8 % dans la CEI+M. Sa taille
est étroitement corrélée au niveau de démocratie (tel que défini
par l’indice de démocratie de Freedom House
); autrement dit, plus la classe moyenne
est nombreuse, plus le pays est démocratique (les seules exceptions
étant le Bélarus et la Fédération de Russie, où la classe moyenne
est bien plus importante que ne le laisserait croire l’indice de démocratie).
Cependant, le processus de transition a également entraîné des chocs
négatifs en termes de revenus et une destruction du capital humain.
De très nombreuses couches de population y ont perdu et restent
insatisfaites, en majorité les plus pauvres, les plus âgés, les
moins éduqués et les chômeurs.
38. Globalement, les gens sont moins heureux pour les mêmes raisons
que dans d’autres pays, en d’autres termes du fait d’une diminution
des revenus et des biens ou services publics. Cependant, l’étude
montre que les comportements et les valeurs dans la plupart des
pays en transition ne convergent pas encore avec ceux de l’Europe
de l’Ouest. La société civile reste encore embryonnaire, le militantisme
citoyen
– relativement fort
dans certains pays de la zone COB et de l’ESE – est assez faible
dans le Caucase et en Asie centrale. Pour ce qui est de l’engagement
citoyen
,
les chiffres sont extrêmement hétérogènes. La grande difficulté
est d’ajuster les politiques afin de toucher les groupes d’insatisfaits
et de les faire participer au processus de réforme.
39. La plupart des gens veulent que les pouvoirs publics investissent
dans la santé (39 %) et dans l’éducation (23 %), tandis que pour
d’autres les priorités vont aux retraites (15 %), au logement (12 %),
aux infrastructures publiques (4 %) et à l’environnement (3 %).
La santé et l’éducation sont également onéreuses, puisqu’elles représentent
la majorité des dépenses des ménages pour les services publics (chacune
d’entre elles représente environ un tiers des dépenses des ménages
en moyenne dans la région en transition). Cette cherté s’explique
également en partie par la corruption (les «paiements sous le manteau»)
dans plusieurs pays. Si la santé et l’éducation sont les deux domaines
qui leur tiennent le plus à cœur, les gens sont également tout à
fait insatisfaits de la qualité des services publics en général
(davantage en termes de soins de santé que pour ce qui est de l’éducation).
L’insatisfaction est en général plus élevée dans les pays de l’ESE et
de la CEI+M que dans ceux de la COB.
40. L’amélioration des services publics permettrait de renforcer
l’adhésion de la population aux réformes. Le secteur privé peut
apporter des capitaux et des connaissances en matière de fourniture
de services publics, qu’il pourrait rendre plus efficients, mais,
pour qu’il s’implique, il faut également des réglementations, des tribunaux
et des services administratifs efficaces, des procédures de passation
de marchés publics ouvertes, une concurrence équitable et de la
transparence. Il s’agit donc avant toute chose de créer une structure
de services publics de qualité et des cadres juridiques et politiques
permettant des gains d’efficacité tout en offrant à tous l’accès
aux services publics à un prix abordable. En particulier, davantage
de transparence et un suivi par la société civile permettraient
de mobiliser davantage les gens, en leur donnant des enjeux dans
le processus de réforme.
41. La transition a complètement bouleversé les marchés de l’emploi
dans la région. Beaucoup sont sortis du marché, d’autres sont chômeurs
de longue durée. Les niveaux du chômage ont augmenté brutalement
au début de la transition, et ce n’est que récemment qu’ils ont
commencé à refluer dans un petit nombre de pays; le chômage demeure
particulièrement élevé dans la plupart des pays des Balkans de l’Ouest
et au Turkménistan. Dans le processus de transition, une part significative
de la main-d’œuvre, jusque-là employée par l’Etat, a été réorientée
vers le secteur privé, et de la production vers les services. Cette
réorientation s’est faite plus ou moins rapidement selon les régions.
Le pourcentage de la population en âge de travailler ayant un emploi
dans le privé a dépassé la part des employés du service public en
1997-1998 dans la zone COB, en 2003-2004 dans l’ESE et n’est pas
encore parvenu à ce stade dans les pays de la CEI+M. La part des personnes
établies à leur compte, pour l’instant peu importante, est néanmoins
en augmentation, en particulier dans les pays de la CEI+M. Les personnes
travaillant en libéral et la main-d’œuvre mieux qualifiée sont en général
plus satisfaits et davantage favorables aux marchés. Accroître le
niveau d’emploi est à l’évidence une priorité majeure pour tous
les pays en transition. A cette fin, ils doivent investir davantage
pour développer les compétences par la formation et l’éducation,
rendre les conditions plus propices à l’esprit d’entreprise, réinsérer
les chômeurs de longue durée sur le marché du travail et améliorer
la mobilité de la main-d’œuvre (notamment par des mesures de flexibilité
en matière de logement).
4. Progrès de la réforme et
coopération intrarégionale dans le Caucase
42. L’an dernier, de manière générale,
les réformes ont stagné dans le Caucase (voir tableaux 3 et 4 en annexe),
seule la Géorgie ayant progressé de manière plus substantielle en
menant à terme le processus de privatisation et en faisant avancer
les réformes dans le secteur de l’énergie, en particulier pour les
services. L’Arménie mérite des félicitations pour avoir ouvert la
gestion de l’eau au secteur privé, ce qui a permis d’améliorer la
distribution. L’Arménie comme la Géorgie ont largement réussi à
mener à terme leurs réformes de la première phase, mais sont désormais
confrontées à des problèmes pour progresser avec les réformes de
la troisième phase (et, dans une certaine mesure, également de la
deuxième). En Azerbaïdjan, les réformes sont en panne, la situation
économique prospère semblant avoir réduit la sensation d’urgence
à réformer.
43. Les taux de croissance du PIB en termes réels pour 2007 sont
élevés, ils se situent entre 8 % et 10 % en Arménie et en Géorgie,
l’Azerbaïdjan demeurant le pays de la région en transition qui connaît
la croissance la plus rapide (pour l’essentiel grâce à l’oléoduc
Bakou-Tbilissi-Ceyhan et à des prix du pétrole élevés). Les niveaux
absolus du PIB en termes réels en Arménie et en Azerbaïdjan sont
de 25 % à 35 % plus élevés qu’au début de la transition (et la pauvreté
a reculé dans les deux pays), tandis que, pour la Géorgie, elle
n’en est qu’à la moitié de son niveau de 1989. Le taux de l’inflation
de l’Arménie reste bas, à 3,5 %, tandis que les projections font
état de 13,5 % en 2007 pour l’Azerbaïdjan (en partie du fait que
la Banque centrale a posé des limites à une appréciation de la devise
nationale). Le solde des finances publiques de l’Azerbaïdjan est légèrement
positif, même s’il affiche un gros déficit budgétaire non pétrolier
du fait d’une hausse des dépenses publiques. En partie du fait du
boycott russe sur les importations de produits agricoles géorgiens,
le déficit en compte courant de la Géorgie devrait s’établir à 16 %
au moins en 2007, alors que les sanctions commerciales en tant que
telles devraient accélérer la réorientation des entrepreneurs géorgiens
vers des marchés d’Europe de l’Ouest. L’Azerbaïdjan, en revanche,
devrait afficher un excédent en compte courant de 20 %. Toutefois, en
ce qui concerne l’investissement étranger, l’Azerbaïdjan, contrairement
aux autres pays de la CEI et malgré des taux de croissance en pleine
expansion, a connu un ralentissement et un déclin net des flux depuis
2005 (les investissements étant moins nécessaires dans les infrastructures
énergétiques et les compagnies pétrolières étrangères rapatriant
des capitaux). Les flux entrant d’IDE en Arménie et en Géorgie sont
en hausse, et devraient, selon les projections, représenter respectivement
4,5 % et 14,3 % du PIB de ces deux pays en 2007.
44. Sur le long terme, toutefois, la croissance pourrait se bloquer
du fait de l’instabilité politique et de conflits régionaux non
résolus, d’une vulnérabilité à l’évolution des prix des biens et
de l’immobilier, de l’absence de diversification économique, de
marchés à l’export limités, de secteurs financiers faibles, de monnaies
qui continuent de s’apprécier et d’obstacles au commerce intrarégional.
C’est pourquoi les principales tâches auxquelles les pays devront
s’atteler seront la diversification des économies (et des sources d’approvisionnement
énergétique pour l’Arménie et la Géorgie), la gestion efficiente
et transparente des recettes tirées des matières premières, la promotion
de la concurrence (en garantissant à toutes les entreprises l’équité
des règles du jeu et en dissolvant les monopoles existants, tant
publics que privés), l’accélération de la restructuration postprivatisation,
la poursuite de l’élaboration des cadres juridiques et réglementaires,
le renforcement de la gouvernance d’entreprise et de la transparence,
le développement des infrastructures physiques et la lutte contre
la corruption. Il est également nécessaire d’améliorer l’accès aux capitaux,
de renforcer le climat général des affaires pour attirer davantage
d’investissements, de rationaliser les administrations fiscales
et des douanes et d’accroître l’intermédiation bancaire.
45. Outre le bureau régional pour le Caucase, à Tbilissi, ouvert
en septembre 2006, la BERD est présente dans les trois pays. Fin
2007, le total des engagements de la banque en faveur des pays du
Caucase s’élevait à 1,5 milliard d’euros (10 % pour l’Arménie, 50 %
pour l’Azerbaïdjan et 40 % pour la Géorgie). Pour la seule année
2007, 392 millions d’euros ont été réservés pour 22 opérations en
Arménie (20 % du total), 27 opérations en Azerbaïdjan (31 %) et
27 opérations en Géorgie (49 %); cette année les investissements devraient
quasiment doubler (665 millions d’euros).
46. Les priorités stratégiques de la BERD dans la région du Caucase
se concentrent sur le soutien aux micro, petites et moyennes entreprises,
le développement et la gestion des ressources naturelles, le secteur financier
(accroître l’intermédiation et améliorer les compétences), l’agroalimentaire
(aider les entreprises de transformation et détaillants efficients),
l’infrastructure des transports (en particulier pour les réseaux
locaux et régionaux), les services municipaux (distribution d’eau,
chauffage, mobilité urbaine et projets visant l’efficacité énergétique)
et le secteur de l’énergie (en particulier l’énergie renouvelable,
les améliorations dans le secteur de l’électricité et les projets
régionaux).
5. Perspectives de développement
pour l’Europe du Sud-Est
47. Du fait des turbulences et
incertitudes politiques des années 1990, l’ESE est loin d’avoir
concrétisé tout son potentiel en termes de développement économique.
La plupart des réformes économiques ont décollé, avec la perspective
d’une intégration plus étroite à l’Union européenne. Il n’est pas
surprenant que la Bulgarie, la Croatie et la Roumanie se distinguent
comme les plus rapides à réformer, non seulement en Europe du Sud-Est,
mais dans l’ensemble de la région en transition. A la suite de leur
adhésion à l’Union européenne, la Bulgarie et la Roumanie ont vu
leur chômage descendre en dessous des 10 %, les salaires augmenter
et le crédit aux entreprises privées et aux ménages connaître une
rapide expansion, le tout accompagné d’une meilleure réglementation
bancaire et d’un regain de dynamisme dans les investissements intérieurs, l’assurance
et les activités de crédit-bail. L’environnement des affaires s’est
amélioré de manière significative en Croatie, des mesures ayant
été prises pour simplifier de manière générale les réglementations
et renforcer la politique de la concurrence. La prospérité relative
(en termes de PIB par tête) de la Bulgarie et de la Roumanie est
d’environ un tiers de la moyenne de l’Union européenne à 25, tandis
que celle de la Croatie est d’environ la moitié de la moyenne de
l’Union européenne à 25. L’entrée en vigueur, en juillet 2007, de
l’Accord de libre-échange étendu en Europe centrale et de l’Est
(CEFTA) et de l’Accord commercial intérimaire avec l’Union européenne
devrait stimuler le commerce régional.
48. La région de l’ESE est celle qui a fait les progrès les plus
notables en 2007, avec 10 des 20 notations améliorées pour les pays
de l’opération de la BERD (voir tableaux 5 et 6 en annexe). La plupart
des réformes ont été menées dans les pays des Balkans de l’Ouest,
notamment pour apporter des améliorations au niveau institutionnel,
même si la situation reste mitigée. A la suite de son indépendance,
le Monténégro
a
adhéré au CEFTA en décembre 2006 et signé un Accord de stabilisation
et d’association avec l’Union européenne en octobre 2007, donnant
ainsi un signal fort de son engagement envers un régime commercial
ouvert et la concurrence. La Serbie a signé un accord de ce type
avec l’Union européenne en avril 2008, et le dernier à ne pas l’avoir
encore fait, la Bosnie-Herzégovine, devrait signer un ASA en juin
2008. La Bosnie-Herzégovine a accéléré la privatisation des grandes
entreprises publiques (en particulier dans la Republika Srpska)
et renforcé sa politique de la concurrence. La concurrence a également
fait l’objet d’une réforme visible en Serbie et dans «l’ex-République
yougoslave de Macédoine». La Roumanie a progressé de manière significative
en matière de réforme dans le secteur financier.
49. Malgré des taux de croissance relativement élevés (en moyenne,
autour de 6 %), les niveaux du PIB en termes réels sont encore inférieurs
à leur niveau de 1989 dans tous les pays des Balkans de l’Ouest,
excepté l’Albanie et la Croatie. Le chômage demeure obstinément
haut dans bon nombre de pays (au-dessus de 30 % en Bosnie-Herzégovine,
dans «l’ex-République yougoslave de Macédoine» et au Monténégro,
et supérieur à 20 % en Serbie, même si certains chômeurs enregistrés
travaillent en fait au noir). Les salaires ont cependant augmenté
dans la plupart des pays de l’ESE. Les taux d’inflation sont demeurés
relativement stables durant la dernière décennie, mais la pression
de l’inflation se fait de plus en plus sentir dans toute la région
depuis l’automne 2007, du fait des hausses des prix des produits
alimentaires et de l’énergie. Comme la plupart des pays de l’ESE
sont liés par des régimes de taux de change fixes, la politique
budgétaire est l’instrument principal de maintien de la stabilité
des prix. Bien que la plupart des pays aient conservé des excédents budgétaires,
les soldes des finances publiques se dégradent dans certains (les
déficits budgétaires particulièrement importants sont enregistrés
en Albanie et en Croatie), en particulier à la suite de réductions d’impôt
et d’augmentation des dépenses pour les prestations sociales et
les salaires des fonctionnaires.
50. Les déficits commerciaux continuent de se creuser, car les
exportations en hausse n’ont pas été en mesure de contrebalancer
l’augmentation des importations, du fait d’une forte demande intérieure
et d’une production intérieure insuffisante. Le déficit moyen en
compte courant pour l’ensemble de la région de l’ESE devrait s’établir
autour de 12 % du PIB en 2007 (il est particulièrement important
en Bulgarie et au Monténégro). De tels déficits pourraient causer
des problèmes sur le long terme dans le domaine de la compétitivité,
en particulier pour les pays ayant des taux de change fixes. Néanmoins,
les arrivées de flux d’investissement étranger continuent d’augmenter
à la suite des grandes privatisations dans bon nombre de pays, en
particulier en Croatie et en Serbie. Si, dans l’absolu, la Bulgarie
et la Roumanie sont les pays qui bénéficient le plus des IDE, en
termes relatifs la palme revient au Monténégro, où les flux d’IDE
ont représenté plus d’un quart du PIB en 2006.
51. La maturité des institutions et la volonté politique des élites
nationales seront mises à l’épreuve à mesure que ces pays s’orienteront
vers la troisième phase des réformes et vers une intégration économique
plus étroite au niveau intrarégional. La BERD note que les marchés
et les cadres réglementaires restent encore très parcellisés en
fonction des frontières nationales, ce qui freine l’établissement
de réseaux essentiels d’infrastructures, retarde des réformes structurelles
depuis longtemps attendues et affaiblit la compétitivité de la région
vis-à-vis de l’extérieur. Bien que les pays d’Europe du Sud-Est
aient reçu des flux conséquents de capitaux étrangers, une bonne
part de ces ressources a été consacrée à l’immobilier, et une part
marginale seulement aux investissements productifs ou à des améliorations
de l’infrastructure. La mauvaise condition des réseaux routiers
et les pannes d’électricité récurrentes continuent de pénaliser
le commerce régional, le développement et la compétitivité. De tous
les pays en transition, ceux de l’Europe du Sud-Est connaissent
la situation la plus sûre en matière d’approvisionnement de gaz,
toutefois, ils sont encore bien loin derrière la plupart des pays
d’Europe occidentale en termes de diversification des sources d’importation
de cette matière première.
52. Une intégration régionale plus poussée et des liens plus étroits
avec l’Union européenne, tout en confortant la stabilité politique,
encourageront la croissance et le processus de réforme dans la région
de l’ESE (en particulier dans les Balkans de l’Ouest). Les déficits
en compte courant, la compétitivité, l’assouplissement budgétaire
et les pressions inflationnistes (dues à des prix en augmentation
et à des hausses des salaires) ne sont toujours pas réglés. Le Pacte
de stabilité pour l’Europe du Sud-Est, établi en 1999, a bâti de
solides plates-formes pour la démocratie et les réformes structurelles
avant de devenir, en 2007-2008, un Conseil pour la coopération régionale
(dont le siège de Sarajevo) et qui est chargé de donner une dimension
de terrain aux projets de développement – avec davantage d’initiative
au niveau régional et une appropriation plus grande par les régions
concernées, une coordination plus simple et une implication plus
étroite de la part des parlementaires et de la société civile au
niveau national. Nous espérons qu’avec l’assistance permanente de la
communauté internationale, et l’exemple d’autres programmes de coopération
régionaux couronnés de succès
,
le Conseil de la coopération régionale mobilisera les pays de la
région pour l’établissement de capacités, afin de sortir d’une rivalité
primitive pour entrer dans une ère de concurrence et de coopération intrarégionale
saine.
6. Travailler avec la Fédération
de Russie et l’Ukraine
La Fédération de Russie
53. Pendant près d’une décennie,
la Fédération de Russie a connu une croissance forte et soutenue
tirée par les recettes confortables issues d’exportations dominées
par les matières premières. L’essor a été général (compte courant,
excédent budgétaire, réserves en devises, investissements étrangers
et intérieurs, PIB par tête et revenu disponible de la population),
malgré une inflation persistante à deux chiffres (quelque 10 % en 2007),
l’appréciation du rouble, l’aggravation des contraintes de capacité,
la bureaucratie et la lenteur des changements institutionnels et
structurels. Au cours de ces deux dernières années, la hausse de
la croissance économique de la Fédération de Russie (d’environ 7,2 %
en 2007 et 6,7 % en 2006) a été devancée par les pays voisins de
la CEI, moins bien dotés en ressources (Arménie, Bélarus, Géorgie,
Ukraine et républiques d’Asie centrale), qui partaient pourtant
de plus bas. Alors que la Fédération de Russie a beaucoup progressé dans
la libéralisation des échanges, et donc vers une adhésion à terme
à l’OMC, elle reste encore engluée dans un certain nombre de conflits
commerciaux avec des pays tels que la Géorgie, la Moldova et la
Pologne. Les arrivées nettes d’investissements étrangers en Russie
devraient avoir connu une hausse record en 2007 (pratiquement le
triple des arrivées d’IDE en 2006), et ont été destinées de plus
en plus à des secteurs non liés à l’énergie (tels que des installations
de production pour faire face à une demande croissante de biens
de consommation).
54. La BERD estime que, l’an dernier, les progrès des réformes
en Fédération de Russie ont été minimes, malgré certaines mesures
notables pour mettre en œuvre la réforme du secteur ferroviaire
et l’expansion du secteur bancaire. Les réformes de la première
phase ne sont pas encore entièrement achevées (en fait, dans certains
cas, le rôle de l’Etat dans l’économie n’a fait que croître), et
il reste encore beaucoup de latitude de progrès pour ce qui est
des réformes de la deuxième et de la troisième phases. Les défis
essentiels, tels qu’identifiés par la BERD, couvrent la diversification
structurelle de l’économie (afin de laisser plus de place à la participation
du secteur privé), des procédures d’appels d’offres plus transparentes
pour le secteur public concernant les contrats d’infrastructures
(là encore, pour stimuler davantage d’investissements privés), et
la maîtrise de l’expansion budgétaire et des hausses des prix (l’une
des principales préoccupations de l’économie du pays).
55. La Fédération de Russie demeure le principal pays cible de
la BERD en matière d’investissement et d’implication. La banque
vise à promouvoir une diversification accrue de l’économie russe,
qui doit s’affranchir de sa dépendance à l’égard des ressources
naturelles, et porte l’accent sur le développement régional et les industries
de pointe. En 2007, la banque a investi quelque 2,3 milliards d’euros
(soit environ 41 % du volume annuel de ses activités) en Russie,
pour l’essentiel en dehors de Moscou et de Saint-Pétersbourg, répartis entre
le secteur des entreprises (33 % du total), les institutions financières
(29 %), les projets d’infrastructure et l’énergie (28 %) et le programme
pour la facilitation du commerce (10 %). La BERD fait un travail remarquable
pour conseiller les investisseurs étrangers, contribuer au développement
des entreprises (en particulier par la prise de participation au
capital et la participation à leur gestion), en entamant des audits d’efficacité
énergétique, en stimulant les transferts de savoir-faire, en servant
de passerelle pour une meilleure compréhension entre le monde russe
et les Européens occidentaux, et par la promotion de la bonne gouvernance
et du dialogue politique avec les autorités fédérales et régionales.
Il est à souhaiter que les autorités russes mettront à profit l’expertise
de la BERD pour développer des gros projets d’infrastructure, afin de
résorber les multiples goulets d’étranglement.
56. Il convient de rappeler que, au cours de l’assemblée annuelle
de la BERD à Kazan les 20 et 21 mai 2007, les autorités russes avaient
annoncé l’établissement, dans les deux ans, d’une Banque de développement
russe. La nouvelle entité, un établissement étatique, connue sous
le sigle VEB – Vnesheconombank – a été en fait établie en réorganisant
la Banque pour les affaires économiques étrangères de l’ex-URSS.
Elle a pour mission principale de promouvoir la compétitivité et
la diversification de l’économie russe par le financement de projets
d’investissements visant à développer l’infrastructure et à mettre
en œuvre des projets innovants. Priorité doit être donnée à des
projets menés sur la base de partenariats public-privé et tous les
projets d’investissements envisagés devront répondre à des normes
d’efficience environnementale.
57. Bien que l’on ne sache pas clairement quel type de relations
pourrait s’établir entre la BERD et la VEB (dans l’idéal, un lien
de coopération de complémentarité), la VEB semble davantage impliquée
dans de très gros projets tels que celui, récemment annoncé, comportant
un prêt de 2 milliards de dollars à la compagnie pétrolière publique
Rosneft. Cet engagement est équivalent à plus de la moitié du volume
total d’affaires consacré l’an dernier par la BERD à bon nombre
d’opérations dans le pays. Selon les dernières informations dont
le rapporteur a eu connaissance, la BERD et la VEB ont signé, en
février 2008, un mémorandum d’entente afin de travailler ensemble
à promouvoir, entre autres objectifs, la diversification de l’économie
russe, le renouvellement des infrastructures et le développement
de partenariats public-privé (PPP). Les deux banques exploreront
la possibilité de cofinancer des projets dans des secteurs tels
que l’infrastructure de transport, l’énergie et les services municipaux,
ou encore dans des secteurs présentant un potentiel significatif
dans le domaine de l’environnement et de l’efficience énergétique,
ainsi que des projets qui contribueront à la diversification de
l’économie russe et au développement des régions. Elles coordonnent
déjà leurs efforts sur plusieurs projets de PPP importants en cours
de développement dans le secteur du transport et vont également
examiner la possibilité d’établir une unité spéciale, avec d’autres
organisations intéressées, pour apporter un appui dans le processus
de préparation des projets pour les PPP dans l’infrastructure.
L’Ukraine
58. 2008 a démarré avec de bonnes
nouvelles pour l’Ukraine: après quinze ans de négociations multilatérales,
le 5 février, le Conseil général de l’OMC a officiellement accepté
la candidature de l’Ukraine. Peu de temps après, l’Union européenne
et l’Ukraine ont entamé des négociations pour l’établissement, à terme,
d’un accord de libreéchange qui devrait ouvrir la voie à l’abolition
des contingents d’importation de l’Union européenne appliqués aux
produits ukrainiens, en particulier l’acier. Les réformateurs de
l’Ukraine voient dans ces résultats une importante reconnaissance
de l’engagement du pays aux niveaux régional et mondial, et une
ouverture vers davantage de prospérité, le pays tenant une place
de plus en plus forte dans les domaines industriels et agricoles.
Le 16 mai 2008, l’Ukraine est devenue le 152e membre de l’OMC.
59. La croissance économique de l’Ukraine demeure forte et relativement
stable. Tournant autour de 7 % en termes réels du PIB, elle est
pour l’essentiel tirée par la consommation intérieure des ménages,
des prix internationaux élevés pour les métaux et les investissements
en hausse. Si l’inflation a reculé entre 2005 et 2006, elle a presque
atteint 13 % en 2007 du fait de pressions sous-jacentes (principalement
dans les secteurs alimentaire et de l’énergie) qui se sont intensifiées.
L’inflation a atteint 30 % dans les premiers mois de cette année
alors que la Banque centrale nationale n’a qu’une portée d’intervention
limitée. Comme en Fédération de Russie, l’inflation est l’une des
grandes préoccupations d’un point de vue macroéconomique et le déficit
des finances publiques s’aggrave. Bien que l’on s’attende à ce que
les arrivées d’investissements étrangers demeurent élevées, l’Ukraine
a, en 2006, enregistré son premier déficit en compte courant en
huit ans, un déficit qui devrait s’aggraver en 2007 pour passer
à 3,7 % du PIB à la suite de cours de l’énergie et d’importation
de biens de consommation en nette hausse. Les perspectives d’un
rapprochement avec l’Union européenne ont à l’évidence accéléré
la réforme des marchés en Ukraine, qui a pratiquement achevé les réformes
de la première phase (mise en place des conditions de marché) et
s’achemine vers une réforme de la deuxième phase (approfondissement
des marchés). En 2007, la BERD a remonté la note de l’Ukraine pour la
transition du fait des progrès marqués sur les marchés des titres
et de la réforme des institutions financières non bancaires.
60. Si les perspectives de la croissance à court terme sont favorables
puisque l’on s’attend à une forte demande à l’exportation pour les
produits du secteur agricole et des produits marchands, l’avantage concurrentiel
de l’Ukraine, soutenu par des prix de l’énergie et de la main-d’œuvre
peu élevée, commence à disparaître. Une inflation en hausse entraîne
une appréciation en termes réels du taux de change. La rapide croissance
de la dette extérieure et des prêts bancaires en devises étrangères
rend l’économie vulnérable aux chocs financiers extérieurs. Une
certaine lenteur dans le processus de réforme combinée à des conflits politiques
nuirait à l’évidence au potentiel de croissance à long terme du
pays. Selon la BERD, les principaux défis sont l’abaissement des
barrières à l’entrée sur les marchés, la réduction des charges fiscales
et réglementaires pesant sur les entreprises, la poursuite du développement
du marché des capitaux national (avec une plus grande transparence
et une meilleure application des droits de propriété), une supervision bancaire
plus stricte et davantage de flexibilité des taux de change (pour
maîtriser les risques extérieurs et les chocs).
61. La BERD opère en Ukraine depuis 1993. Elle a maintenant deux
antennes dans ce pays (à Kiev et Dniepropetrovsk), avec au total
36 agents. En Ukraine, pour ses clients – des entreprises étrangères
et locales de premier plan –, elle finance essentiellement des investissements
en immobilisations, en fonds de roulement et destinés à faciliter
les échanges. A la fin de 2007, elle avait financé au total 155
projets dans ce pays pour plus de 3 milliards d’euros (dont 72 %
sont allés au secteur privé), 3 milliards d’euros supplémentaires
ayant été drainés par le biais de partenaires dans les cofinancements,
y compris d’autres pays en transition tels que la Pologne et la
Serbie. Pour la seule année 2007, les engagements de la BERD en
faveur de l’Ukraine se sont élevés à 647 millions d’euros (en léger
recul par rapport au niveau record de 789 millions d’euros en 2006),
ce qui fait de l’Ukraine le troisième plus gros bénéficiaire des
fonds de la banque (après la Fédération de Russie et la Pologne).
La banque a également lancé avec succès son programme de prêts dans
la devise ukrainienne, la hrivna.
62. Le financement de la BERD en Ukraine a été de manière générale
consacré à l’agroalimentaire (25 %), aux institutions financières
(21 %), au transport (18 %), à l’industrie (16 %) et au secteur
de l’énergie (6 %), les projets actuels étant plus particulièrement
tournés vers l’énergie (22 %), les institutions financières (20 %,
dont des lignes de crédit pour le développement des PME et l’efficacité
énergétique, ainsi que des hypothèques et garanties), l’immobilier
(16 %), les investissements généraux (15 %), le transport (10 %)
et les ressources naturelles (10 %). Il convient de noter l’allocation
significative de ressources au programme d’efficacité énergétique
(d’une valeur de 100 millions d’euros) pour aider les entreprises
ukrainiennes à réduire leur intensité énergétique trop élevée (trois
fois plus que dans l’Union européenne, ce qui sape la compétitivité
du pays), ainsi que les activités dans le cadre du Compte sûreté
nucléaire (pour lequel la BERD administre les fonds de donateurs
de la communauté internationale), à savoir le lancement de la construction
du nouveau sarcophage recouvrant le réacteur 4 endommagé de Tchernobyl,
et la dernière étape des travaux pour terminer les installations
de stockage du combustible usé à la centrale nucléaire de Tchernobyl,
ce qui devrait permettre de faire de Tchernobyl une zone sûre et
stable sur le plan de l’environnement.
63. A la suite des dernières modifications apportées à la stratégie
pour l’Ukraine, en septembre 2007, la BERD va continuer de promouvoir
l’efficience et la sécurité énergétiques dans l’ensemble des secteurs
de l’économie; améliorer l’efficience et la fiabilité des infrastructures
clés, la production, le transport et la distribution d’électricité,
et les systèmes de transport de pétrole et de gaz; soutenir la compétitivité
et des normes de gouvernance d’entreprise plus strictes dans le
secteur privé local; aider les IDE et continuer de développer les
marchés des capitaux (y compris par des financements dans la devise
ukrainienne). Au terme du programme de coopération dans le secteur
public, la BERD entend renforcer sa participation dans le projet du
secteur public pour la faire passer, de 2007 à 2009, à un volume
compris dans une fourchette de 200 millions à 400 millions d’euros.
En mai 2008, l’Ukraine a accueilli l’assemblée annuelle et le Forum
économique de la BERD.
7. Evolution de la situation
dans le voisinage du Conseil de l’Europe
64. Plusieurs pays clients de la
BERD – le Bélarus, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Mongolie (depuis 2006),
le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan – sont des pays
voisins du Conseil de l’Europe. Lorsqu’en janvier 2008 un débat
de l’Assemblée a porté sur la situation des républiques d’Asie centrale (Kirghizistan,
Tadjikistan, Turkménistan et Ouzbékistan), les multiples dysfonctionnements
dans les sphères politique, économique et sociale de ces pays ont
été mis en lumière
. Il a été noté que la
performance de ces pays en ce qui concerne le respect des droits
de l’homme, l’Etat de droit et la promotion des principes de la démocratie
allait d’une amélioration limitée à un échec total, avec une stagnation
des réformes et des transformations. L’Assemblée s’est dite préoccupée,
entre autres choses, par la corruption, le manque de responsabilités
et les échecs des pouvoirs publics pour dispenser les services de
base dans les domaines social, économique, de l’éducation et de
la protection de la santé. L’Assemblée a conclu que le Conseil de l’Europe,
s’appuyant sur son expérience de la transition en Europe centrale
et orientale, pourrait contribuer à redéfinir le champ des réformes
en Asie centrale et devrait promouvoir la stabilité, la bonne gouvernance,
la modernisation institutionnelle, la responsabilisation, le renforcement
des capacités nationales et l’établissement d’une coopération fiable
avec ces Etats pour traiter de menaces communes.
65. Pour ce qui est du Kazakhstan, l’APCE a une relation plus
étroite avec le parlement de ce pays depuis 2004, à la suite de
la conclusion d’un accord de coopération. Il convient de garder
à l’esprit que le Parlement du Kazakhstan a fait acte de candidature,
en novembre 2006, pour obtenir le statut d’observateur auprès de notre
Assemblée. Cette candidature est en cours d’examen. Il convient
également de se souvenir, car c’est là un élément important, que
le Kazakhstan a déjà le statut d’observateur auprès de la Commission
européenne pour la démocratie par le droit (Commission de Venise)
et qu’il est disposé à adhérer à plusieurs conventions ouvertes
du Conseil de l’Europe. En outre, l’APCE et le Parlement du Kazakhstan
ont organisé conjointement, en 2005, un Forum euro-asiatique sur
la migration à Alma Ata; cela pourrait être le point de départ d’autres initiatives
de ce genre.
66. Votre rapporteur est persuadé que, à la lumière des délibérations
antérieures de notre Assemblée et de sa décision de renforcer le
dialogue politique avec les Etats d’Europe centrale, affirmée dans
la
Résolution 1599 (2008) , l’Assemblée pourrait envisager
d’associer à l’avenir les parlements des Etats d’Asie centrale, notamment
le Kazakhstan, à ses débats sur la BERD et sur la situation des
droits et de la démocratie.
67. Contrairement à la plupart des autres banques de développement,
la BERD a un mandat politique clair en ce qu’elle vise à aider uniquement
les pays qui se sont engagés activement en faveur des principes
de la démocratie pluripartite, du pluralisme et de l’économie de
marché, le respect de l’Etat de droit et des droits de l’homme étant
implicite dans le mandat. Cet engagement a des répercussions évidentes
sur les travaux de la BERD dans le voisinage du Conseil de l’Europe,
où la route vers la démocratie semble longue et semée d’embûches.
Ainsi, les interventions de la banque au Bélarus et en Asie centrale
doivent respecter un délicat équilibre entre accorder un soutien
à de bons projets et éviter de soutenir des gouvernements (ou des entreprises)
qui ne respectent pas les droits de l’homme et la gouvernance démocratique,
tout en usant de l’autorité de la banque pour faire progresser le
dialogue politique et encourager les réformes qui sont vitales.
68. La BERD est particulièrement préoccupée par le fait que le
Turkménistan et l’Ouzbékistan ne parviennent toujours pas à progresser
vers la démocratie pluripartite, la société pluraliste et une économie fonctionnant
selon les règles du marché. Cette préoccupation plombe les activités
dans ces pays. En Ouzbékistan, par exemple, la banque se focalise
sur la stimulation du développement du secteur privé, à condition
qu’il n’y ait pas de lien direct ou indirect avec le gouvernement
ou des représentants de ce dernier, ainsi que sur des consultations
de politique pour aider et suivre les efforts de réforme sur les
plans politiques et économiques. Dans toute la région, elle accorde
également la priorité à des projets d’infrastructures qui renforcent
la coopération entre les pays mais où certains liens avec les gouvernements
sont inévitables. Des progrès ont été récemment notés au Turkménistan
(en particulier pour ce qui est de l’unification du taux de change
et de tentatives de libéralisation politique), cependant ils n’ont
pas été jugés suffisants pour modifier la stratégie de la banque
concernant ce pays.
69. Les cinq anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale
(Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Turkménistan et Ouzbékistan)
et la Mongolie comptent parmi les
pays de la région en transition qui connaissent la croissance la
plus rapide, avec une croissance du PIB projetée à 8,8 % en moyenne
en 2007. Néanmoins, au Kirghizistan et au Tadjikistan, en 2006,
les niveaux de PIB en termes réels étaient encore de 15 à 20% inférieurs
à leur niveau de 1989. Si la croissance du Kirghizistan est demeurée
modeste après les turbulences politiques de 2005, elle pourrait
s’améliorer (en 2007, les projections l’établissent à 7,5 %) à la suite
d’investissements émanant du Kazakhstan et de grosses arrivées de
transferts d’argent au pays par les émigrés (pour l’essentiel établis
en Russie). La forte croissance de ces dernières années a contribué
à faire reculer la pauvreté, en particulier au Kirghizistan, en
Mongolie et en Ouzbékistan.
70. Bien que l’inflation soit assez élevée dans la plupart des
pays (en particulier au Kazakhstan avec 12,2 %), les budgets sont
plus ou moins maîtrisés (excepté au Tadjikistan où le déficit devrait
s’établir à 14 % du PIB en 2007, selon les projections). En termes
de balances extérieures, le Turkménistan et l’Ouzbékistan, riches
en ressources, affichent des excédents en comptes courants car ils
continuent de bénéficier de prix élevés du pétrole et du gaz (l’excédent
de l’Ouzbékistan ayant représenté 20 % de son PIB en 2007). Toutefois,
au Kazakhstan, lui aussi riche en ressources, un excédent commercial
substantiel est contrebalancé par des soldes négatifs dans les services,
les revenus et les transferts courants nets. Le Kirghizistan et
le Tadjikistan souffrent de déficits en comptes courants relativement
importants. Les arrivées d’investissements étrangers en Asie centrale
sont principalement concentrées au Kazakhstan et en Mongolie, même
si, en relatif, elles profitent également aux économies voisines.
Le récent trou d’air sur les marchés financiers mondiaux a fait
peser une pression particulière sur le secteur bancaire du Kazakhstan
(pratiquement la moitié des arrivées de capitaux dans le secteur
bancaire kazakh viennent de l’étranger) et l’agence de notation
internationale Standard & Poor’s a abaissé en avril de cette
année la notation du risque souverain, de «stable» à «négative».
71. Depuis son adhésion à la BERD, en 2006, la Mongolie a fait
des progrès remarquables sur la voie de la transition et, en 2007,
la palme lui est revenue pour ses réformes, avec trois notes améliorées
pour le score de la transition, qui ont récompensé sa privatisation
à grande échelle, sa politique de la concurrence et sa réforme du
secteur bancaire. Sa croissance économique a été impressionnante
l’an dernier, son PIB enregistrant une hausse de 9,9 %. Les autres
pays d’Asie centrale n’ont pas fait de progrès en 2007, bien que le
Kazakhstan ait pris quelques mesures pour accélérer l’ajustement
réglementaire dans son secteur bancaire et en matière de réforme
du réseau routier. Dans l’ensemble, le Kazakhstan, le Kirghizistan
et, dans une certaine mesure, le Tadjikistan, sont près d’avoir
mené à terme la réforme en ce qui concerne la première phase de
transition. Le Turkménistan, de toute la région en transition, est
le pays qui a le moins réformé, et l’Ouzbékistan reste à la traîne.
72. Etant donné un contexte politique difficile au Bélarus, les
travaux de la BERD y ont été relativement limités pendant les dix
dernières années. Une nouvelle stratégie de pays adoptée en décembre
2006 engage la BERD à approfondir son implication dans le secteur
privé au Bélarus au cours de 2007-2008, l’accent étant placé sur
la microfinance et les petites entreprises. Malgré quelques améliorations
en matière de gestion et de performances macroéconomiques, le contrôle
de l’Etat sur l’économie du Bélarus demeure très strict, les mécanismes
de contrepouvoir sont faibles et les progrès en matière de réformes
structurelles et institutionnelles ont été modestes. Si, dans la
plupart des pays en transition, la part du secteur privé dans le PIB
va de 55 à 80 %, au Bélarus elle n’est que de 25 % (seul le Turkménistan
présente un tel chiffre).
73. Grâce à l’abolition de la règle de la
«golden
share» (qui permet à l’Etat d’interférer avec la gestion d’entreprises
privatisées) dans le secteur bancaire, en août 2006, les investisseurs
russes (y compris la Vnesheconombank, entreprise d’Etat ressemblant
à un fonds souverain) se sont précipités pour acquérir de fortes
participations dans trois banques de taille moyenne au Bélarus et,
en août 2007, le Bélarus a décroché ses premières notations du risque
souverain
par
les grandes agences de notation. En décembre 2007, la BERD et sept
partenaires internationaux
ont
lancé la nouvelle Banque du Bélarus pour les petites entreprises,
qui entend financer les petits entrepreneurs grâce à des prêts allant
de 100 000 à 200 000 dollars. La même année, la BERD a mis en place
une ligne de crédit pour les microentreprises et PME répondant à des
signaux des autorités du Bélarus dans le sens d’une simplification
et d’une réduction de la fiscalité pour les petites entreprises;
elle continuera également d’apporter des services de consultance
à 10 entrepreneurs plus petits par l’intermédiaire des programmes
TAM-BAS, à condition de tenir un financement de la part des donateurs.
74. Avec les changements intervenus dans les conditions commerciales
avec la Russie depuis le début de 2007 pour ce qui est du pétrole,
l’économie du Bélarus est confrontée à des pressions du fait des
hausses significatives des prix de l’énergie, ce qui a abouti à
un ralentissement de la croissance du PIB (descendue à 8,6 % pour
2007, ce qui reste malgré tout impressionnant), à une hausse de
l’inflation (qui s’est établie autour des 7,5 % en 2007), à une
aggravation des déficits commerciaux et des comptes courants (l’un
et l’autre s’établissant au moins à 6 % du PIB projeté en 2007)
et à l’augmentation de la dette extérieure (plus 38 % au premier
semestre de 2007). Même si les prix sont en très grande partie maîtrisés
et les salaires contrôlés au niveau central par le gouvernement,
les ménages du Bélarus sentiront bientôt les augmentations inévitables des
dépenses énergétiques. Pour absorber les répercussions des hausses
des prix de l’énergie, il convient de procéder à des ajustements
déterminés des politiques nationales afin de répercuter complètement
les prix réels de l’énergie sur la facture des utilisateurs, de
supprimer les subventions, de poursuivre la restructuration des
entreprises et de rationaliser l’utilisation de l’énergie. La BERD
pourrait utilement étendre son programme d’activités au Bélarus
en encourageant les entreprises privées locales à investir dans
l’efficience énergétique.
75. Les défis immédiats, d’un point de vue économique, pour les
pays du voisinage du Conseil de l’Europe consisteront à poursuivre
la libéralisation des marchés et à promouvoir la diversification
de la production. Ce sont là deux éléments importants pour les pays
riches en ressources, qui ont besoin de sortir de leur dépendance
à l’égard du secteur énergétique, tout comme pour les pays pauvres,
qui doivent s’affranchir de leur dépendance à l’égard des transferts
de fonds des émigrés en provenance de l’étranger. Le commerce régional
devrait également être renforcé en vue de stimuler la concurrence,
libérer les flux de marchandises et réduire les variations des prix
qui, selon un document de travail de la BERD de 2005
, au niveau
intérieur, sont aussi importantes que les variations entre pays,
les services d’application de la loi cherchant à se constituer une
rente aux nombreux points internes de contrôle. De même, les frontières
avec l’Ouzbékistan sont considérablement plus difficiles à traverser,
en termes relatifs, que les frontières avec le Kazakhstan où le
Kirghizistan. Des six pays concernés, seuls le Kirghizistan et la
Mongolie sont membres de l’Organisation mondiale du commerce, le
Kazakhstan et l’Ouzbékistan étant observateurs. Il existe également
un certain nombre d’accords de libre-échange entre des pays d’Asie
centrale et une série d’accords de coopération bilatéraux avec l’Union
européenne, mais ils ne sont pas utilisés de manière efficace.
76. A l’exception de la Mongolie, la norme plutôt que l’exception
est l’existence de gouvernements à poigne, avec des dirigeants installés
pour longtemps (en particulier en Ouzbékistan et au Turkménistan).
Les élections ne sont ni libres ni équitables, et la plupart des
pays sont loin d’être démocratiques, sans opposition digne de ce
nom, avec des restrictions aux rassemblements publics, un usage
excessif de la force (on se souviendra du massacre d’Andijan en
Ouzbékistan en 2005) et des médias muselés. Bien que la situation
des droits de l’homme au Kirghizistan se soit grandement améliorée
après que le Président Akayev a été chassé du pouvoir en 2005 (à
la suite de la révolution «rose» dite encore «de la tulipe») et
remplacé par un gouvernement plus démocratique, le pays reste toujours
confronté à une incertitude politique dans ses tentatives de soutenir
la démocratie. En 2007, Freedom House
, dans son évaluation comparative
des droits politiques et libertés civiles, a classé le Kazakhstan,
le Tadjikistan, Turkménistan et l’Ouzbékistan dans la catégorie
des pays «sans liberté», le Kirghizistan dans la catégorie des pays
«en partie libre» et la Mongolie parmi les pays «libres»
. Pour
ce qui est de la liberté de la presse (évaluée en termes d’environnement
juridique, d’influences politiques et de pressions économiques),
les cinq républiques d’Asie centrale et le Bélarus ont été classés
dans la catégorie des «pays sans liberté» en 2007, la Mongolie ayant
été classée dans les pays «partiellement libres» en 2006
.
En outre, comme indiqué dans la partie II ci-dessus, les républiques
d’Asie centrale et le Bélarus (à l’exception de la Mongolie, passée
plutôt en milieu de peloton) enregistrent des scores plutôt mauvais
dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International.
77. En Asie centrale, la BERD doit se montrer particulièrement
vigilante pour s’assurer que, lorsque ses investissements ciblent
des entreprises privées, ils ne soutiennent pas indirectement l’abus
de droits de l’homme ou le travail des enfants. Tel serait le cas
si les investissements, soit directement, soit par le biais de lignes
de crédit, allaient par exemple à des entreprises de textile utilisant
dans leur production du coton cueilli par des enfants. De récents
reportages
ont créé un débat
intense sur le recours au travail des enfants pendant la période
de récolte de coton en Asie centrale. Des groupes de défense des
droits de l’homme, tels que Human Rights Watch
, estiment qu’environ 450000 enfants
sont mobilisés de force chaque année pour la cueillette du coton
en Ouzbékistan, ce pays étant le deuxième plus gros exportateur
au monde de ce produit. Il existe un problème similaire au Turkménistan,
où les enfants seraient «mobilisés» pour participer à la récolte annuelle
de coton, sans rémunération. Même si le problème ne semble pas atteindre
la même ampleur, des enfants sont employés également dans les régions
agricoles du Kazakhstan et du Kirghizistan durant la saison des
récoltes.
78. L’Asie centrale est une région qui revêt une grande importance
géopolitique et mérite davantage d’attention – et d’implication
– de la part des pays européens. Les cinq Etats d’Asie centrale,
enclavés, doivent faire face à de nombreuses menaces communes (terrorisme,
trafic de stupéfiants et d’armes, corruption) et défis (pauvreté,
chômage, désertification, pollution chimique des sols et de l’eau,
gouvernance, statut juridique de la mer Caspienne); ils sont également
extrêmement interdépendants en termes de routes de transport, de mouvements
de population, de ressources hydriques et d’approvisionnement énergétique.
Ils auraient énormément à gagner d’une approche plus pragmatique
et efficace de la coopération, tant sur le plan économique que politique,
en concrétisant sur le terrain ce qui ne reste pour l’instant que
des bonnes intentions sur le papier. L’un des domaines où la BERD
et le Conseil de l’Europe pourraient ensemble aider les pays de la
région serait éventuellement de monter un réseau d’écoles d’études
politiques, sur la base du programme existant de notre Organisation
pour ses Etats membres, avec une conférence des donateurs placée
sous l’égide de la BERD.
8. Activités conjointes de
la BERD avec d’autres institutions
79. La BERD travaille avec d’autres
institutions en matière de coopération technique, d’investissements sous
forme de subventions, de cofinancements et de prêts. Le programme
de la Banque pour les fonds de coopération technique rassemble 1,3
milliard d’euros d’apports d’une cinquantaine d’agences donatrices.
Il soutient plus de 35 milliards d’euros d’investissement (qui représentent
43 % de l’ensemble du portefeuille de la BERD). Pour chaque euro
versé dans les fonds de coopération technique, la BERD et ses partenaires investissent
55 euros supplémentaires. Les donateurs pour la coopération sont
pour l’essentiel les agences d’aide publique, notamment les organismes
de l’Union européenne (60 %), mais également des ministères des Affaires
étrangères et des Finances (30 %), et d’autres institutions et initiatives
financières internationales (10 %). Dans un petit nombre de cas,
la coopération technique a impliqué des organismes privés. En 2007,
la BERD a engagé quelque 98 millions d’euros en faveur de 261 missions,
ciblées vers l’est et le sud du continent. Les fonds pour la coopération
technique privilégient la préparation et la mise en œuvre de projets d’investissement
(70 % des engagements), mais également l’amélioration du climat
des investissements. Pour les projets, les fonds sont alloués à
la mise en œuvre des projets (46 %), à des services de conseil (26 %),
à la préparation de projets (24 %), à la formation (3 %) et à des
études sectorielles (1 %).
80. Il existe trois types de fonds pour la coopération technique:
1. les fonds de coopération, qui permettent à des donateurs bilatéraux
de soutenir des activités de la BERD lorsqu’elles remplissent des
objectifs d’aide ou de politique étrangère donnés (par exemple dans
le cadre de la SEI); 2. des fonds multidonateurs (tels que le fonds
multidonateurs pour les pays en phase initiale de transition, lié
à l’initiative ETC, par le biais duquel 15 donateurs apportent un
soutien non lié aux huit pays d’opérations les plus pauvres); et
3. des fonds spéciaux grâce auxquels des contributions sont faites
à la BERD pour soutenir un programme spécifique (tels que le Fonds
pour les petites entreprises en Russie et le Fonds spécial pour
le partage des risques en Asie centrale
).
Récemment, le financement par les donateurs semble vouloir se focaliser
davantage sur les pays les plus défavorisés, privilégier l’aide
multilatérale, soutenir les interventions contre le changement climatique et
celles dans le cadre de la SEI, mettre l’accent sur le compte rendu
et les résultats, plus d’implication de la part des pays bénéficiaires,
un engagement en faveur d’un agenda pour l’harmonisation (via le
Comité d’assistance au développement de l’OCDE) et une plus grande
demande pour le financement d’investissements en subventions (même
si les donateurs sont en général encore réticents).
81. Le cofinancement des investissements sous forme de subventions
peut prendre la forme d’un financement de contrats pour des biens
et services, sans recours, des paiements incitatifs et d’autres subventions
ne relevant pas de la coopération technique. Entre 2004 et 2007,
pratiquement 470 millions d’euros ont été accordés par la BERD à
ce titre, essentiellement pour des investissements en infrastructures, mais
de plus en plus aussi pour des paiements incitatifs à des banques
et à des emprunteurs
. Ce type de paiement peut
prendre la forme d’un accord de coopération entre la BERD et un
donateur, d’un financement parallèle de la part d’un donateur ou
d’un financement géré par la BERD mais décaissé par des donateurs. Tout
comme pour les fonds de coopération technique, les initiatives de
cofinancement cherchent également à s’orienter davantage vers l’est
et le sud de notre continent. Des difficultés importantes subsistent
encore dans les Balkans de l’Ouest, les régions russes, l’Ukraine
et le Kazakhstan.
82. Comme indiqué dans le rapport de l’Assemblée parlementaire
de l’an dernier (
Doc. 11300), la BERD a signé un Mémorandum d’entente avec la Banque
européenne d’investissement (BEI) et l’Union européenne en décembre
2006, aux termes duquel les institutions s’engagent à travailler
ensemble sur des projets financés conjointement dans le Caucase,
en Asie centrale, en Moldova, en Fédération de Russie et en Ukraine,
pour les infrastructures d’énergie, de transports, de télécommunications
et d’environnement. Jusqu’ici, la BEI et la BERD ont cofinancé près
de 80 projets. Les domaines où elles peuvent renforcer leur coopération
ne manquent pas, à commencer par des projets d’infrastructures transfrontalières
dans le voisinage de l’Union européenne. La BERD a également signé
un accord bilatéral de coopération avec la Banque de développement
du Conseil de l’Europe (CEB), même si aucun nouveau projet n’a été
lancé ou cofinancé en 2007.
9. Perspectives et défis
83. Malgré les turbulences sur
les marchés internationaux causées par la crise des prêts immobiliers
dits «sub-prime» aux Etats-Unis,
les retombées sur les pays d’opérations de la BERD ont été relativement
limitées. Les répercussions des hausses des prix de l’énergie et
des produits alimentaires, qui constituent une proportion relativement
forte des dépenses des ménages à revenus moyens dans les pays en
transition, sont beaucoup plus pénalisantes pour ces économies et
ces consommateurs. L’inflation a connu une flambée considérable
(dépassant souvent les estimations et projections), ce qui a érodé
le pouvoir d’achat, les finances publiques et la croissance économique.
L’avantage concurrentiel basé sur des coûts relativement bas est
en train de se dissiper encore plus rapidement, phénomène accentué
par une «fuite des cerveaux» permanente. Dans les pays en transition
plus avancés, la restructuration et les réformes déjà mises en œuvre
contribuent à atténuer les pressions extérieures, alors que les
pays moins avancés demeureront largement dépendants des transferts
d’argent aux pays par les travailleurs émigrés et de l’investissement
étranger pour soutenir la croissance économique.
84. La BERD s’attend à une modération des taux de croissance dans
toute la région en 2008 (après 7,3 % en 2007 en moyenne, ils devraient
s’établir autour des 6 %), en particulier en Europe du Sud-Est et
dans la CEI, les révisions à la baisse les plus importantes concernant
le Kazakhstan, la Roumanie, l’Ukraine et le Tadjikistan, avec des
perspectives à la hausse pour la Mongolie et le Turkménistan. Les
risques et incertitudes macroéconomiques ont également conduit à
une réduction des prêts aux ménages et à un resserrement prudentiel
du crédit dans les pays Baltes, alors que le Kazakhstan a connu
un arrêt brutal de financement extérieur des banques. A mesure que
l’inflation flambe, à l’évidence, les dépôts bancaires sont découragés (les
taux de rendement réel devenant négatifs) tout comme l’investissement,
en particulier en monnaies locales. Au vu de la volatilité accrue
des marchés financiers, il faut s’attendre dans tous les pays d’opérations de
la BERD à une contraction monétaire et à des difficultés à accéder
aux capitaux des marchés financiers internationaux.
85. Les incitations à investir dans l’efficience énergétique et
les économies d’énergie dans toute la région n’ont jamais été aussi
fortes. Parce que la hausse des factures énergétiques alimente directement
l’inflation, en s’attaquant aux gaspillages d’énergie, la banque
peut aider ces pays d’opérations à maîtriser les tendances inflationnistes.
Elle a mis en place un nouvel outil du suivi – l’indice d’énergie
durable – qui permettra d’étalonner les progrès dans les efforts
visant à l’efficience énergétique, le développement de sources d’énergies
renouvelables et les politiques destinées à répondre aux changements
climatiques dans ses pays clients. Alors que le niveau de l’indice
pour les pays d’Europe centrale montre un fort degré de convergence
avec
les grandes économies européennes (Allemagne, Espagne, Royaume-Uni
et Pays-Bas), la plupart des pays en Europe de l’Est et du Sud-Est
ainsi que l’Asie centrale affichent un retard considérable. La BERD continuera
de stimuler un changement systémique dans ce domaine, notamment
en ce qui concerne un ajustement en profondeur sur les plans juridique,
réglementaire, institutionnel et technologique. Dans le même temps,
sa nouvelle Politique sociale et de l’environnement fera en sorte
que les aspects social, de santé, de sécurité et d’égalité entre
les sexes soient systématiquement pris en compte dans tous les projets
auxquels elle apporte son soutien.
86. La détermination de la BERD, telle qu’elle a été confirmée
par le Conseil des gouverneurs à l’assemblée annuelle des 18 et
19 mai 2008 à Kiev, à réinvestir 80 % de ses bénéfices en visant
en particulier les pays les plus pauvres, et donc qui en ont le
plus besoin, par le biais d’un Fonds de réserve stratégique, ce
qui augmente sa prise de risque mais également la valeur ajoutée
de son action, est sans conteste la bonne approche. Il est rassurant
de savoir que la banque a la capacité et les ressources nécessaires
pour utiliser quelque 5,6 milliards d’euros dans des opérations
d’investissement chaque année jusqu’à au moins 2011, année qui devrait
voir émerger une nouvelle stratégie quinquennale pour la BERD. Nous
nous réjouissons qu’elle ait fait don d’une partie de ses bénéfices
(135 millions d’euros) au projet Sarcophage de Tchernobyl (en vue
d’accélérer les travaux pour achever la structure de confinement)
et qu’elle ait créé un Fonds spécial des actionnaires pour soutenir
la coopération technique destinée à l’assistance à la préparation
de projets. Ce dernier sera doté de 115 millions d’euros de fonds
propres de la BERD, qui viendront compléter l’aide déjà apportée
par des donateurs, de quelque 80 millions d’euros par an. Cette
mise en commun de ressources stimulera de manière significative
l’aide aux pays en phase initiale de transition et aux pays des
Balkans de l’Ouest, dans l’esprit du redéploiement stratégique d’activités
vers l’est et le sud-est de l’Union européenne, tel qu’il avait
été décidé en 2006.
87. En se retirant progressivement de ses pays clients plus avancés
en Europe centrale, qui sont maintenant membres de l’Union européenne,
la BERD va être en mesure de se concentrer sur des pays au potentiel
de développement considérable et pour l’instant largement inexploité.
La Turquie ayant fait acte de candidature pour devenir l’un des
pays d’opérations de la BERD, la banque pourrait décider, en octobre
2008, d’étendre ses activités à ce pays, ouvrant ainsi les portes
à des activités plus diversifiées allant audelà de la stricte interprétation
de sa mission essentielle dans les pays en transition, même si des
voix dissidentes se sont fait entendre de la part des Etats-Unis,
de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, qui craignent que cela
ne dilue les efforts de la BERD en faveur des pays qui en ont le
plus besoin, ou que cela n’affaiblisse la position de la Turquie
pour entrer dans l’Union européenne. Nous sommes persuadés que la
BERD analysera très soigneusement la manière dont la candidature
de la Turquie pourra être traitée au mieux sans compromettre le
niveau d’engagement de la banque dans les pays en transition moins
avancés. Cela pourrait bien impliquer que la banque doive augmenter
son volume annuel d’opérations, au-delà du plafond qui s’applique actuellement.
Enfin, même si cette question n’est pas encore à l’ordre du jour,
la BERD devrait se tenir prête à aider la Corée du Nord
, si les circonstances s’y prêtent,
pour faciliter sa transition vers une économie de marché et son
intégration dans la communauté mondiale.
88. Les bénéfices confortables engrangés par la banque ces dernières
années montrent qu’il est possible de prendre davantage de risques,
et qu’une prise de risque accrue peut porter des fruits (pour la
BERD autant que pour ses clients) lorsqu’elle est soutenue par une
approche saine de l’investissement et des activités bancaires, ainsi
que par une sélection rigoureuse des projets. La BERD s’est révélée
une institution créative capable de s’adapter aux besoins évolutifs
de ses clients, qui diversifie en permanence son offre de services et
de produits. Dans les prochaines années, elle devrait être particulièrement
vigilante en ce qui concerne l’intégrité de ses partenaires dans
les projets et de la gestion d’une gamme plus étendue d’opérations
de plus petite taille, tout en stimulant les comportements réformateurs
de la part des autorités auprès desquelles elle est engagée par
le biais d’un dialogue politique. En outre, elle devrait persévérer
dans ses travaux les plus utiles, en diffusant auprès des entreprises
des normes d’éthique exigeantes et le concept de responsabilité sociale.
89. Nous sommes persuadés que la banque s’attachera à conserver
son ambition et à rester concentrée sur ses orientations, dans le
nouveau cycle de direction qui vient de s’ouvrir pour elle. L’Assemblée
se réjouit de l’élection de Thomas Mirow à la présidence de la BERD,
et souhaite rendre hommage au remarquable talent et à la profondeur
de l’engagement de Jean Lemierre, qui a dirigé la BERD pendant ces
huit dernières années au cours desquelles elle a triplé son volume
d’investissements et s’est taillée une solide réputation en tant
que partenaire innovant pour le progrès dans les pays en transition.