1. Introduction
1. Le présent avis de la commission du Règlement, des
immunités et des affaires institutionnelles traite dans un premier
temps d’une dimension essentielle de la démocratie électronique,
à savoir l’e-parlement
. Il contribue aux réflexions
de la commission des questions politiques pour ce qui concerne:
- les nouvelles relations entre
citoyens/acteurs et parlements/parlementaires dans leur intérêt
mutuel;
- les technologies de l’information et de la communication
(TIC) en tant qu’outils qui facilitent et améliorent le travail
des parlements et des parlementaires;
Les relations entre ces sujets et les procédures et pratiques
parlementaires, y compris celles de l’Assemblée parlementaire, sont
mises en avant.
2. Par ailleurs, l’avis examine certains instruments
de la démocratie électronique sans rapport direct avec les parlements
et contient une section sur l’utilisation des outils TIC à l’Assemblée
parlementaire.
2. Parlement, société de l’information, technologies
de l’information et de la communication (TIC) – Qu’est-ce qu’un
e-parlement?
3. Le monde dans lequel nous vivons est une société
de l’information, qui s’est constituée de façon décisive grâce aux
TIC (principalement internet), dont l’influence grandissante n’a
pu échapper aux assemblées parlementaires. Sous l’effet de ces nouvelles
technologies, l’activité parlementaire a évolué de façon radicale,
essentiellement en ce qui concerne la façon dont les parlements
interagissent avec l’électorat et la société civile. Beaucoup parlent
ainsi du «nouveau statut» du parlement dans la société de l’information. Selon
les propos récents du Secrétaire général de l’Union interparlementaire,
e-parlement est synonyme de parlement du monde moderne.
4. Le Rapport mondial 2008 sur l’e-parlement définit ce dernier
comme un organe législatif disposant, grâce aux TIC, de moyens plus
puissants pour être plus transparent, plus accessible et plus responsable.
Il donne la capacité aux personnes de s’engager davantage dans la
vie publique en offrant un accès plus aisé aux documents et aux
activités parlementaires. L’e-parlement est une organisation dans
laquelle les parties prenantes, interconnectées, utilisent des technologies
de l’information et de la communication pour améliorer l’efficacité
des fonctions primaires de représentation, de législation et de
contrôle. Par la mise en œuvre de technologies et de normes modernes
et l’adoption de politiques de soutien en la matière, l’e-parlement
stimule le développement d’une société de l’information à la fois
équitable et inclusive
.
3. Les nouvelles relations entre citoyens/acteurs
et parlements/parlementaires
3.1. Désintérêt des citoyens à l’égard de la démocratie
et des institutions parlementaires
5. Par le passé déjà, les citoyens manifestaient peu
d’intérêt pour les parlements et le processus parlementaire. De
fait, les photographies en noir et blanc de personnages peu connus
et d’âge avancé siégeant au parlement n’étaient pas très attrayantes.
De même, les textes relativement abstraits sur le fonctionnement
des parlements, publiés dans des ouvrages généraux destinés aux
citoyens et rédigés par des spécialistes politiques, n’invitaient
guère à se passionner pour les travaux parlementaires.
6. Le rapport de la commission des questions politiques rédigé
par M. Szabó décrit de façon tout à fait pertinente la désaffection
actuelle des citoyens à l’égard des processus politiques et renvoie
aux débats parlementaires et aux textes adoptés par l’Assemblée
à cet égard (par exemple le paragraphe 45 de la
Résolution 1547 (2007)). De nombreuses personnes pensent qu’elles n’ont pas
le pouvoir de changer le système de gouvernement ou d’influer sur
celui-ci. Il semble que les parlements soient particulièrement touchés
par le désintérêt des citoyens. De fait, dans les Etats où le pouvoir
exécutif est élu au suffrage universel direct, les élections législatives
affichent un taux d’abstention sensiblement plus élevé que les élections
de l’exécutif. Il s’agit là d’un phénomène général et structurel,
qui ne se limite pas aux Etats et qui touche les anciennes démocraties
comme les nouvelles. Il se traduit par exemple dans le comportement
des électeurs, comportement caractérisé par un fort taux d’abstention
et le recours aux votes de protestation et de sanction.
7. Cela étant, il est surprenant de constater que quelques questions
politiques de prédilection continuent de mobiliser les citoyens.
En témoignent les grandes manifestations contre la situation en
Irak, au Moyen-Orient et dans d’autres régions du globe. A noter
également les très fortes contestations lors d’élections très serrées
dans plusieurs pays européens.
3.2. De nouveaux outils pour une meilleure participation
des citoyens à la vie politique et parlementaire
3.2.1. Augmenter les contacts entre le public, les parlements
et les parlementaires
8. Pour ranimer l’intérêt des citoyens pour la politique
et combler la distance qui les sépare de l’Etat, on évoque souvent
une solution selon trois axes: participation plus active, démocratie
plus participative et gouvernance électronique. Le rapport de la
commission des questions politiques souligne à juste titre le potentiel
considérable des TIC pour ce qui est d’améliorer la pratique et
la participation démocratiques, et d’accroître la transparence,
la responsabilité et la réactivité des institutions démocratiques.
Les TIC constituent également un instrument de premier ordre pour
stimuler l’engagement des citoyens et accroître leur autonomisation
et l’ouverture à tous du processus politique.
9. Ces considérations s’appliquent pleinement aux parlements
et aux parlementaires. Les nouvelles technologies et leurs applications
redessinent en effet les contours des relations entre les parlementaires
et le public, relations essentielles pour la démocratie. Depuis
des années, les citoyens et autres acteurs de la vie démocratique
réclament une meilleure information, une plus grande transparence
et des moyens plus importants pour influer sur le débat politique
et y participer. Autrefois, la transparence parlementaire était assurée
par la présence de citoyens dans les galeries publiques des assemblées
et par la possibilité d’examiner les comptes rendus des débats quelque
temps après les séances, à condition, il est vrai, de pouvoir les
obtenir. Aujourd’hui, tout citoyen peut suivre les débats parlementaires
en direct sur internet. En outre, plusieurs parlements autorisent
le public intéressé à suivre le déroulement des travaux législatifs
dans les parlements et, le cas échéant, à faire des commentaires
par voie électronique. La plupart des parlementaires ont aujourd’hui
la possibilité de dialoguer de façon interactive avec les citoyens.
Le chapitre IV du présent avis fournit de plus amples informations
à ce propos.
10. Dans un souci d’interactivité et d’efficacité, les sites internet
des parlements devraient intégrer des procédures permettant aux
électeurs d’exprimer leurs opinions, de faire des propositions et
de suggérer des initiatives et des modifications législatives, que
les parlementaires devraient prendre en considération.
11. Pour que les législateurs agissent de façon interactive et
efficace, il sera nécessaire de développer des programmes qui, grâce
au web 2.0 et au développement éventuel de réseaux politiques par
les partis (dans l’esprit de LInkedLn et d’autres réseaux analogues),
invitent à penser la participation des citoyens à la vie politique
d’une autre façon, à savoir comme une forme de parlementarisme participatif,
au sens de la démocratie participative. Ce changement, en s’inspirant
par exemple de la campagne américaine pour l’élection présidentielle
de 2008, pourrait encourager les parlementaires à travailler différemment.
A l’évidence, pour que de tels programmes portent leurs fruits,
il serait important que les parlementaires s’engagent de façon active,
qu’ils soient disposés à donner des réponses satisfaisantes et que
les équipes techniques soient bien formées
.
On pourrait également envisager une certaine compétition entre les
citoyens et les ONG, mais aussi les entreprises, sur certaines questions
politiques qui seraient posées à un parlementaire par voie électronique.
Cela étant, il convient de noter que si les ONG et les entreprises
veulent davantage être associées à la vie politique, de nombreux
citoyens ne souhaitent intervenir que sur un nombre limité de sujets politiques.
3.2.2. Les nouveaux instruments permettent-ils de renforcer
la participation du grand public à la vie politique?
12. Etant donné l’insuffisance d’éléments d’appréciation
admis par tous, il est probablement trop tôt pour soulever cette
question et donc y apporter des réponses. A ce stade de la réflexion,
il est donc suffisant d’engager le débat sur certains arguments
avancés par les experts politiques et par les médias, sans proposer d’évaluation.
Les experts politiques
:
- ne s’accordent pas sur le fait
que, grâce à internet, il est possible de mobiliser les citoyens traditionnellement
éloignés de la politique ;
- avancent que les TIC permettent de multiplier les expressions
politiques, mais n’encouragent pas de façon notable la participation
à la vie politique;
- estiment que les échanges entre les blogueurs connus et
les médias traditionnels se multiplient et que lesdits blogueurs
parviennent de plus en plus à lancer de nouveaux sujets ou à relancer
des questions qui ont été négligées; ce constat prouve seulement
que les TIC ont modifié les instruments de communication et les
façons de communiquer et n’indique pas nécessairement que ces nouveaux
outils sont utilisés par des personnes éloignées des questions politiques,
ni que, de façon générale, davantage de citoyens s’intéressent à
la politique;
- soulignent que seulement 0,5 % de l’ensemble des pages
internet traite explicitement de questions politiques et font observer
que l’hypothèse selon laquelle internet crée un intérêt pour la
politique est inexacte;
- précisent que la plupart des sites internet de partis
politiques, mais aussi de parlementaires, dans les Etats membres
adoptent une stratégie essentiellement axée sur le marketing et
n’encouragent une véritable participation à la vie politique que
dans une bien moindre mesure.
13. D’après l’étude EPRI-knowledge sur les technologies de la
société de l’information à l’usage des parlementaires (janvier 2005),
financée par la Commission européenne, il semblerait qu’en ce qui
concerne les relations entre les parlementaires et le public, les
TIC ne permettent pas nécessairement d’atteindre les nouveaux groupes
de citoyens, que l’augmentation des contacts (électroniques) avec
les citoyens ne permette pas toujours aux parlementaires de mieux
comprendre les besoins ou les intérêts de ceux-ci, et que, dans
leurs communications électroniques avec les parlementaires, les
citoyens ne fassent pas toujours preuve d’un esprit novateur. En
revanche, les parlementaires reconnaissent les avantages des nouvelles
technologies de l’information et de la communication: diffusion
plus rapide de leurs points de vue et des informations concernant
leurs activités; contact plus facile et plus étendu avec les citoyens.
Cette étude signale par ailleurs les effets indésirables des TIC,
à savoir la surcharge permanente d’informations et la surabondance
de «pourriels» (spam). De
plus, les TIC nourrissent les attentes du public, qui exige, de
la part de leurs députés, des réponses plus rapides, directes et
personnalisées.
14. S’agissant de la participation des citoyens aux élections,
si la plupart des abstentionnistes n’exercent par leur droit de
vote, ce ne serait pas parce qu’ils ne le peuvent pas mais simplement
parce tel est leur choix. Il convient de garder ce constat à l’esprit
également en ce qui concerne les outils de la démocratie électronique.
3.2.3. Suivi électronique de l’activité des parlementaires
(«e-parlementaire»)
15. Le suivi électronique de l’activité des parlementaires
consiste à fournir au public des informations au format électronique
sur les travaux des élus. Les parlementaires eux-mêmes fournissent
parfois les moyens de ce suivi, qui prend alors la forme d’un blog
ou d’un site internet consacré à leurs activités politiques.
16. Autre possibilité: la société civile se charge parfois d’assurer
le suivi électronique des parlementaires en réunissant des informations
sur leurs activités et en les mettant à disposition du public sous
forme électronique. Le site internet
www.theyworkforyou.com est un bon exemple de cette pratique. Développé par
l’ONG UK Citizens Online Democracy, il fournit des statistiques
détaillées sur la participation aux débats et sur les votes des
parlementaires au Royaume-Uni. Autres exemples: le site
www.stemwijzer.nl, développé par l’ONG néerlandaise Instituut voor Publiek
en Politiek (IPP), et le site autrichien
www.wahlkabine.at. Le rapport rédigé par M. Szabó pour la commission des
questions politiques souligne (paragraphe 65 du
Doc. 11783) que les sites internet de surveillance de parlementaires
(MP watch websites) connaissent un succès grandissant. Selon ce
rapport, une fois ces sites solidement établis dans le paysage politique,
les citoyens devraient logiquement se voir accorder le droit de
révoquer leurs représentants.
17. A noter également que les sites internet de certains parlements
nationaux (le Parlement suisse par exemple) permettent à tout un
chacun de trouver, en cliquant sur le nom d’un parlementaire, les
propositions de ce dernier à la chambre ainsi que ses votes et ses
allocutions en plénière.
18. Le site internet de l’Assemblée parlementaire du Conseil de
l’Europe indique également quels membres ont participé aux sessions
plénières ainsi que leurs votes respectifs lors de ces sessions.
19. Il faut garder à l’esprit que le suivi systématique des activités
des parlementaires pourrait exercer une pression supplémentaire
sur les députés et sur les parlements dans leur ensemble. Cet aspect
ainsi que d’autres pourraient faire l’objet d’une analyse dès lors
que l’on aura recueilli suffisamment d’informations sur la pratique
du suivi.
20. Dans certaines assemblées internationales, la présence des
membres fait l’objet d’un suivi visant à limiter l’absentéisme.
C’est le cas à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe
depuis l’élaboration du rapport de M. Andreas Gross sur ce sujet
(
Résolution 1583 (2007)). L’expérience montrera si les mesures prises par l’Assemblée
ont permis d’accroître le taux de présence des membres en plénière
et lors des sessions des commissions, et de renforcer leur implication
dans les travaux de l’Organisation en général.
21. Dans au moins deux Etats membres du Conseil de l’Europe, des
plates-formes démocratiques ont recours à internet pour défendre
le droit des citoyens de réclamer la dissolution du parlement par
référendum. A la suite d’une telle initiative, le Parlement letton
a décidé, en août 2008, d’instaurer la possibilité de dissoudre le
corps législatif par référendum. Selon toute probabilité, il adoptera,
d’ici à mars 2009, un amendement à la Constitution dans ce sens.
Selon une étude menée par la Convention de Venise du Conseil de
l’Europe (CDL-AD (2007) 037 add. 4), seul le Liechtenstein autorise
actuellement la dissolution du parlement à la suite d’une initiative
populaire.
4. Les TIC au service des parlements et de leurs
membres
4.1. Meilleure accessibilité aux travaux des parlements
et de leurs membres
4.1.1. Compte rendu des séances plénières des parlements
et des réunions de commission
22. Il y a quelques années, personne ne s’offusquait
de ce que les comptes rendus in extenso des
séances plénières et des réunions paraissaient un à deux jours après
leur tenue. Il fallait même attendre une à deux semaines pour obtenir
le procès-verbal des réunions de commission. La durée d’attente
était encore plus longue pour les auditions parlementaires. Aujourd’hui,
il est devenu monnaie courante pour les membres de ces organes,
et de plus en plus souvent, pour le public, de suivre le déroulement
des manifestations, y compris des débats parlementaires, en temps
réel sur internet. Ces télévisions en ligne fournissent souvent
des informations générales sur le parlement, ses membres et son
travail législatif.
23. Au niveau des institutions parlementaires internationales,
les professionnels et les citoyens accèdent aux informations relatives
aux séances et aux réunions par le biais des flux RSS et des podcasts.
Les conséquences de l’usage de plusieurs langues officielles ont
été surmontées avec succès ou sont en passe de l’être. Au Parlement
européen, les séances plénières sont diffusées en continu sur le
web dans 23 langues. L’Assemblée parlementaire retransmet ses débats
en vidéo. L’interprétation dans plusieurs langues est prévue pour
2009. Certains parlements ont étendu l’emploi de la web TV aux réunions
de commission
.
Toutefois, dans certains parlements nationaux et assemblées internationales,
les réunions de commission ne sont pas publiques, sauf sur décision
expresse de la commission concernée. Parmi les documents importants
pour les commissions, il convient de citer ceux qui concernent les
auditions de témoins. Des technologies audio et vidéo sont utilisées
afin de les rendre accessibles en temps réel.
4.1.2. Recherche instantanée des documents parlementaires,
y compris les projets de documents législatifs
24. La plupart des parlements en Europe, notamment les
assemblées internationales, permettent aux citoyens d’accéder par
voie électronique à tous les documents parlementaires publics. Cela
concerne de plus en plus les documents de commission. Selon les
règles de diffusion propres à chaque parlement, ces documents peuvent
être disponibles d’office au format électronique ou sous réserve
de l’autorisation de la commission. Deux commissions sur dix de
l’Assemblée parlementaire ont déjà placé sur le site web de celle-ci
des documents récents qui n’étaient pas – ou plus – classés. Les
documents confidentiels ou à diffusion restreinte sont accessibles
par le biais de systèmes électroniques spéciaux, tels que l’intranet
ou l’extranet, réservés aux membres, au secrétariat de l’institution
et à d’autres personnes autorisées.
25. La plupart des parlements autorisent le grand public à suivre
la progression des projets de lois, des premières délibérations
en commission aux amendements en séance plénière, jusqu’à l’adoption
de la loi. Cela s’applique
mutatis mutandis dans
certaines assemblées internationales. Etant donné qu’elles n’ont
pas de compétence législative, il est possible de suivre le processus
par voie électronique, depuis le dépôt d’une proposition par les
membres jusqu’à l’adoption d’une résolution (ou d’une recommandation
à un Comité des Ministres
). L’Assemblée parlementaire appliquera
ce dispositif en 2009.
26. Les visiteurs des sites web parlementaires présentent des
profils très variés (allant des présidents de groupe parlementaire
à de simples citoyens, en passant par des universitaires) et n’ont
pas la même connaissance des processus législatifs ni la même aptitude
à comprendre des textes législatifs. Le développement d’un système
permettant à des utilisateurs aussi divers de trouver rapidement
des informations utiles n’est pas chose facile. Quelle que soit
la solution choisie, les informations disponibles sur les sites
web parlementaires concernant les projets de loi ne doivent pas
être trop complexes. Il serait ainsi judicieux que les parlements
expliquent les processus et aident les citoyens à comprendre les
thèmes traités. Les spécialistes suggèrent d’insérer autant de liens
que possible vers les informations générales requises pour appréhender les
projets de loi. Lorsque les parlements mettent les projets de loi,
d’amendement, etc., à la disposition du public, ils se soumettent
à un examen constant, aux questions, voire aux critiques
. Ce serait particulièrement le cas si les
sites web des parlements accessibles au public autorisaient les
visiteurs à exprimer leurs vues sur les projets de loi et les questions
politiques. Au vu de la charge de travail des parlements et des
députés, il serait souhaitable de ne pas susciter des attentes trop
fortes sur les réponses possibles aux demandes des citoyens.
4.2. Les sites web des députés
27. Des utilisateurs très divers recherchent de plus
en plus des informations fiables sur les députés de leur parlement
ou de leur circonscription. En outre, ils souhaiteraient communiquer
avec les députés par voie électronique et exprimer leur avis personnel
sur les questions de politique. De leur point de vue, il est essentiel que
le site web contienne des informations sur les questions de politique,
et sur la position et l’action des élus à leur sujet. Le nombre
de renseignements demandés, ainsi que l’usage qui pourrait en être
fait par des ONG et des lobbyistes pourraient causer des problèmes.
4.3. Nouvelles méthodes de travail des parlements et
de leurs membres: un corps législatif mieux informé
28. La plupart des parlements nationaux ont des systèmes
en ligne de gestion des bibliothèques, de consultation et/ou d’archivage
des données. Ces systèmes offrent en général des services documentaires directement
liés aux questions de politique et aux projets de lois soumis aux
parlements. Pour rédiger les projets de loi, les propositions, préparer
les questions au gouvernement, les députés peuvent utiliser ces services
et disposent de nombreuses autres données et informations, dont
certaines sont uniquement publiées sur les réseaux internes de leur
parlement (les intranets) et non accessibles au grand public.
29. Grâce aux TIC, les députés et leurs assistants peuvent désormais
construire leurs propres bases de données. Des contacts plus étroits
avec les citoyens et autres parties prenantes leur fournissent en
outre de précieuses informations concernant l’application des lois.
Les parlementaires seront ainsi mieux équipés pour remplir le rôle
de contrôle qui leur revient.
4.4. Le législateur «mobile» – dépôt de propositions
et vote à distance
30. Les nouvelles technologies de l’information et de
la communication permettent par exemple aux parlementaires d’avoir
accès à un ensemble de ressources et de documents dans un format
électronique, donc de façon simple et personnalisée. Un «système
d’alerte» personnalisé permet de signaler automatiquement aux parlementaires
des événements qui présentent pour eux un intérêt (par exemple le
dépôt d’une proposition sur un sujet donné ou la mise à disposition
de documents de commission et de séance). L’accès à ces ressources
via une connexion internet sécurisée permettrait aux parlementaires
de travailler efficacement où qu’ils se trouvent, y compris de déposer
des documents à distance, de participer activement aux réunions
des commissions (par exemple par des déclarations et des propositions
d’amendements) et aux votes des décisions parlementaires.
31. Certains soutiennent que le vote électronique est contraire
aux principes de la démocratie. Selon eux, un député devrait toujours
voter en personne, et non par voie électronique. Un document présenté
lors de la Conférence mondiale 2007 sur le thème de l’e-parlement
indiquait que certains parlements avaient envisagé d’autoriser le
vote à distance ou hors site, mais que ce procédé était encore très
peu répandu
.
32. La Commission européenne finance un projet de développement
d’un «bureau virtuel» à l’usage des parlementaires, qui associe
les parlements nationaux des Pays-Bas, de la Lituanie et de la Hongrie.
Cet outil permet par exemple de poser des questions par voie électronique
pendant les conférences de presse du Parlement lituanien et, partant,
d’augmenter l’efficacité des conférences ainsi que la satisfaction
des parlementaires et des représentants des médias qui y assistent
.
33. Si certains outils au service d’un e-parlement présentent
un intérêt pour l’Assemblée parlementaire, d’autres devraient être
examinés avec prudence en raison des incidences possibles. Comme
le montre le travail du Centre européen de recherche et de documentation
parlementaires (voir la demande no 1128/2009 du
CERDP), la possibilité de présenter et de distribuer les documents
par voie électronique («un parlement zéro papier») est actuellement
étudiée par les parlements européens. Ce dispositif, associé à une
signature électronique, n’est pas encore prévu par le Règlement
de l’Assemblée, ni mis en pratique. Par ailleurs, compte tenu des
problèmes de l’Assemblée concernant la présence de ses membres aux
séances plénières et aux réunions de commission, il semble difficile
d’encourager le vote à distance des décisions parlementaires.
34. Les évolutions possibles des outils parlementaires à distance
pourraient, en dernier ressort, aboutir à l’image d’un «parlementaire
mobile», qui ne serait plus tenu d’assister physiquement aux réunions
de commission et aux séances plénières. Il est inutile de s’appesantir
ici sur une telle éventualité. A l’heure actuelle, les études sérieuses
sur l’e-parlement
estiment
que les TIC restent un outil, une aide à la décision, et ne remplaceront
jamais le représentant élu, à qui il revient de faire des choix
souvent difficiles, toujours importants
. En outre, l’élaboration
de politiques exige généralement une forte dose de négociation, d’interaction
et de gestion humaine, tout particulièrement dans les assemblées
parlementaires
. Lors de la réunion de l’Association des
sénats d’Europe, tenue à Vienne le 18 avril 2008, plusieurs présidents
de sénat ont souligné l’importance de l’élément humain dans le travail
parlementaire. A cet égard, il faut garder à l’esprit que le travail
dans l’enceinte du parlement est soumis à des procédures et des
pratiques spéciales, qui ont évolué au fil des ans pour renforcer
l’équité et l’efficacité du processus législatif. Certaines motions
de procédure sont parfois difficiles à comprendre pour le profane,
tout comme le sens de certains votes individuels
.
4.5. Pétitions électroniques («e-pétitions»)
35. Le terme «pétition électronique» désigne des propositions,
des avis ou des plaintes au format électronique émanant de membres
de la société civile et concernant des travaux parlementaires.
36. Pour promouvoir les pétitions électroniques, on pourrait par
exemple envisager de créer un site internet permettant à la société
civile de soumettre des propositions au parlement par le biais de
procédures électroniques. Une commission ou une sous-commission
parlementaire compétente serait alors chargée de donner suite aux
propositions et les pétitionnaires en seraient tenus informés au
plus tard à l’issue de la procédure. Le Bundestag allemand et le
Parlement écossais ont déjà mis en place de telles structures avec succès.
De même, les citoyens de l’Union européenne ont la possibilité de
soumettre leurs pétitions au Parlement européen (au titre de l’article
194 du traité CE) par voie électronique.
37. Conformément à l’article 63 du Règlement de l’Assemblée, les
citoyens ont le droit de soumettre des pétitions au Président de
l’Assemblée. Toute pétition déclarée recevable est transmise par
le Bureau de l’Assemblée, pour examen, aux commissions compétentes.
Depuis 1990, 15 pétitions ont été transmises au Bureau afin qu’il
décide des suites à donner; huit ont été déclarées recevables par
le Bureau. Sur ces huit pétitions, quatre n’ont pas eu d’effet immédiat
, mais quatre ont conduit à
l’adoption de résolutions par l’Assemblée ou la Commission permanente.
38. Le nombre de pétitions soumises à l’Assemblée parlementaire
est certes limité, mais on pourrait malgré tout envisager de concevoir
un système de pétitions électroniques en temps utile, lorsque seront
réalisées d’autres applications plus importantes relevant de l’e-parlement.
5. Instruments de démocratie électronique non directement
liés au parlement
39. Au paragraphe 17.11 de la
Résolution 1791 (2007) sur la situation des droits de l’homme et de la démocratie
en Europe, l’Assemblée recommande au Comité des Ministres d’encourager
les Etats membres «à envisager l’introduction d’éléments de démocratie
directe, tels que le droit, pour les citoyens, de demander la tenue
d’un référendum et de proposer des initiatives législatives». Cela
inclut également les consultations électroniques.
40. La consultation électronique consiste à lancer un site internet
qui invite ses visiteurs à s’exprimer sur un sujet donné. L’impact
d’une telle initiative dépend du nombre et de la qualité des avis
recueillis.
41. La consultation peut également consister à recueillir l’avis
d’une population prédéfinie sur un sujet donné. L’impact d’une telle
initiative dépend de la légitimité du groupe choisi. La définition
préalable d’un tel groupe pose principalement des difficultés d’ordre
technique. Il faut en effet s’assurer que tous les membres du groupe
ont la possibilité et les compétences requises pour soumettre leur
avis par voie électronique. En 2004, le Conseil de l’Europe a organisé
un référendum électronique dans 80 établissements scolaires européens,
d’où il est ressorti que 94 % des élèves consultés étaient en faveur
d’une nouvelle charte scolaire européenne.
42. Les consultations électroniques posent le problème de la légitimité
de cette forme d’expression de l’opinion publique. Dans des cas
extrêmes, les référendums électroniques pourraient être utilisés
pour valider des décisions contraires aux obligations internationales
et pour leur donner une légitimité. Le problème du décalage entre
le droit international, d’une part, et la volonté des populations
telle qu’elle s’exprime par les moyens de démocratie directe, d’autre
part, est bien connu en Suisse
.
43. A l’heure actuelle, les Constitutions de 15 des 47 Etats membres
du Conseil de l’Europe accordent aux citoyens (ou à des groupes
de citoyens) le droit de présenter des projets de loi au parlement
(initiative populaire). Un rapport récent de la Commission de Venise
du Conseil de l’Europe sur l’initiative législative
indique que le gouvernement a généralement
une place prépondérante dans le processus législatif, car le pouvoir
exécutif, à condition que la majorité parlementaire lui accorde
sa confiance, tend à accorder sa préférence à ses propres propositions.
Selon la commission, le droit d’initiative législative des parlementaires s’exprime
principalement par le biais du droit d’amendement.
6. Outils de l’e-parlement à l’Assemblée parlementaire
44. Il est impossible de décrire ici l’ensemble des innovations
électroniques mises en place à l’Assemblée ces dernières années.
Parmi celles qui rendent le travail parlementaire plus efficace,
on peut citer le vote électronique et les systèmes électroniques
de gestion des amendements. Au rang des innovations électroniques
visant à accroître la transparence du travail parlementaire, notons
les transmissions vidéo des débats de l’Assemblée, les communications
sur les travaux quotidiens de l’Assemblée publiées sur son site internet
et un recueil électronique de différents types de documents parlementaires
élaborés depuis 1949. Le 19 janvier 2009, l’Assemblée a mis en place
les flux RSS sur son site internet. En outre, la diffusion publique des
adresses électroniques des parlementaires et du personnel de l’Assemblée
facilite considérablement les échanges entre le public, d’une part,
et les parlementaires et le personnel, d’autre part.
45. Parmi les initiatives récentes visant à mettre en place des
outils de parlement électronique, on peut citer la mise à disposition
de podcasts vidéo, l’interprétation dans plusieurs langues de vidéos
des débats de l’Assemblée et l’établissement d’un système électronique
qui permet de suivre la progression d’une proposition – de son dépôt
à l’adoption d’une résolution ou d’une recommandation par l’Assemblée.
En outre, on pourrait également envisager d’analyser les initiatives
prises par plusieurs parlements nationaux pour associer plus étroitement
les parlementaires aux évolutions de leurs parlements en matière
de systèmes électroniques.
46. En l’état actuel des choses, il pourrait être judicieux de
procéder à une évaluation des coûts supplémentaires engendrés par
la mise en place des outils d’e-parlement. Les nombreux Etats membres
qui ont déjà mis en œuvre de bonnes pratiques en la matière pourraient
ici fournir de précieuses informations.
47. Pour mettre en œuvre de nouveaux instruments relevant des
TIC à l’Assemblée, comme la soumission et la distribution électroniques
de documents (voir le paragraphe 33 ci-dessus) et peut-être, à un
stade plus avancé, les e-pétitions (voir le paragraphe 38 ci-dessus)
et d’autres outils, il serait nécessaire d’adapter le Règlement.
Cela a déjà été fait pour les méthodes électroniques d’établissement
de rapports sur les débats parlementaires.
7. Conclusions
48. Fondé sur l’excellent rapport rédigé par M. Szabó
pour la commission des questions politiques, le présent avis tente
de souligner comment les outils TIC et les relations nouvelles qu’ils
instaurent entre les députés et les électeurs peuvent améliorer
les fonctions essentielles d’un parlement.
Il est particulièrement important que les électeurs aient
envie d’apporter leur pierre au système gouvernemental. Robin Cook,
ancien président de la Chambre des communes au Royaume-Uni, l’a parfaitement
exprimé:
«Le lien reste à faire
entre la baisse de la participation démocratique et l’explosion
des nouveaux modes de communication. Nous ne devons pas accepter
ce paradoxe qui veut que nous n’ayons jamais eu autant de tribunes
pour nous exprimer mais que les électeurs n’aient jamais eu autant
le sentiment que leurs voix ne sont pas entendues. Les nouvelles
technologies peuvent renforcer nos démocraties, en nous offrant
des possibilités plus grandes que jamais d’améliorer la transparence
et les échanges entre le gouvernement et les électeurs.»
__________
Commission saisie pour rapport:
commission des questions politiques.
Commission pour avis:
commission du Règlement, des immunités et des affaires institutionnelles.
Renvoi en commission: Doc. 11414 et Renvoi no 3388 du 21 janvier
2008.
Avis approuvé à l’unanimité
par la commission le 26 janvier 2009.
Secrétariat de la commission : M. Heinrich, Mme Clamer.