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Avis de commission | Doc. 11873 | 27 avril 2009
Agir pour combattre les violations des droits de la personne humaine fondées sur le sexe, y compris les enlèvements de femmes et de filles
(Ancienne) Commission des questions sociales, de la santé et de la famille
A. Conclusion
(open)1. On ne soulignera jamais assez
l’importance et la portée du rapport de Mme Antigoni
Papadopoulos. Il est capital que chaque Etat membre du Conseil de
l’Europe assume la responsabilité de faire tout ce qui est en son
pouvoir pour protéger les victimes actuelles ou potentielles. Prévenir
les violations des droits fondamentaux fondées sur le sexe est de
la plus grande importance.
2. Un mariage forcé est défini comme un mariage célébré sans
le consentement valable des deux personnes, et dans le cadre duquel
des pressions, voire des violences, sont exercées. Bien que, dans
le monde occidental, le mariage forcé soit parfois considéré comme
une pratique religieuse, aucune grande religion du monde ne le justifie.
Il faut distinguer un mariage forcé d’un mariage arrangé où les
deux parties consentent pleinement et librement au mariage, même
si leurs familles respectives jouent un rôle déterminant dans le
choix du conjoint.
3. Le rapport souligne, à juste titre, la difficulté de s’attaquer
aux violations des droits de la personne fondées sur le sexe qui
sont essentiellement imputables aux fortes pressions exercées dans
certaines communautés immigrées ou autres vivant dans les Etats
membres du Conseil de l’Europe. La rapporteuse considère que ces
pressions découlent de cultures patriarcales où la sauvegarde de
l’honneur familial et le maintien des coutumes ancestrales l’emportent
sur les droits fondamentaux des femmes et des filles.
4. Ces violations des droits de la personne peuvent se produire
soit sur le territoire d’un Etat membre du Conseil de l’Europe,
soit dans un pays tiers, comme le lieu d’origine de la femme ou
de la fille où persiste ce genre de pratique. Ce qui pose problème,
c’est de cerner les mécanismes de prévention, d’intervention et
de condamnation, notamment lorsque les violations ont lieu dans
un pays tiers.
5. Il est difficile d’agir lorsque la victime a la double nationalité.
Toutefois, la protection consulaire peut permettre à un Etat partie
de protéger sa ressortissante même si l’infraction est commise dans
un pays tiers. A cet égard, la rapporteuse suggère de conclure des
accords bilatéraux, ce qui a le mérite de faciliter une action conjointe
des autorités.
6. Le rapport propose, à juste titre, de prendre des mesures
aux niveaux national et international. A cet égard, la rapporteuse
mentionne la Déclaration des Nations Unies sur l’élimination de
la violence à l’égard des femmes, la Convention des Nations Unies
relative aux droits de l’enfant et la Conférence de droit international privé
de La Haye qui appellent les Etats membres du Conseil de l’Europe
à remplir leur obligation de prendre des dispositions pour protéger
les filles et les femmes de ces violations des droits de la personne
humaine.
B. Exposé des motifs, par M. Michael Hancock
(open)1. Au niveau national, les Etats
doivent aider les personnes victimes ou susceptibles de l’être par
la diffusion d’informations et des interventions précoces ainsi
que par des mesures de prévention axées sur les jeunes femmes et
leur famille. Il convient de mettre en place des programmes de formation
pour les parties concernées comme les policiers, les magistrats
et les travailleurs sociaux. La rapporteuse signale des cas de bonnes
pratiques appliquées dans certains Etats membres du Conseil de l’Europe
dont l’expérience devrait être communiquée aux autres Etats membres
en vue d’élaborer des mesures efficaces.
2. En 2005, le Royaume-Uni a créé la «Forced Marriage Unit» (FMU)
(Unité mariages forcés) qui vise à empêcher que des ressortissantes
britanniques soient mariées de force à l’étranger. Il est conseillé
à toute personne qui craint qu’elle-même, ou une personne de sa
connaissance, soit contrainte au mariage à l’étranger de prendre
contact avec le FMU, en toute confidentialité.
3. La loi (de protection civile) de 2007 sur les mariages forcés
est entrée en vigueur à l’automne 2008. Elle a pour but d’assurer
des recours civils aux personnes qui risquent d’être mariées de
force ou sont victimes d’un mariage forcé. La philosophie de la
loi, qui privilégie les dispositions de droit civil, et non de droit
pénal, encouragera, espère-t-on, les victimes à rechercher une protection
dans la mesure où elles n’auront pas à dénoncer des membres de leur
famille à la police. En vertu de cette loi, une personne qui est,
ou a été, contrainte au mariage peut s’adresser aux tribunaux pour
obtenir une mesure de protection contre le mariage forcé.
4. Contrairement à l’orientation de la loi, je souscris pleinement
à la position de Mme Antigoni Papadopoulos
favorable à des condamnations pénales; toutefois, étant donné que
ce problème est complexe et délicat, des mesures moins draconiennes
pourraient s’avérer plus efficaces.
5. Le gouvernement a procédé à des consultations en vue de l’adoption
de mesures migratoires visant à lutter contre les mariages forcés
dont, comme l’a souligné, à juste titre, Mme Antigoni
Papadopoulos dans son rapport, le relèvement de 18 à 21 ans de l’âge
minimal des futurs conjoints qui demandent un visa de mariage ainsi
que la mise en place d’un test de connaissance de l’anglais que
devront passer, avant leur entrée sur le territoire, les futurs
conjoints qui entendent s’installer au Royaume-Uni.
6. La Commission des affaires intérieures du Parlement britannique
a mené une enquête sur la violence domestique et en particulier
sur les mariages forcés et les «crimes d’honneur». Le gouvernement
a également donné un aperçu des mesures qui sont prises actuellement
pour protéger les enfants contre les mariages forcés.
7. J’encourage les Etats membres du Conseil de l’Europe à promouvoir
une législation similaire dans leur pays et souligne l’importance
de la coopération internationale pour mettre un terme à ces violations
qui ont lieu dans un pays tiers. Dans ce contexte, les consulats
ont le devoir d’établir des réseaux avec les autorités du pays concerné
et les ONG locales. Le personnel consulaire doit être formé pour
devenir plus conscient de ces problèmes et agir de manière proactive.
8. Pendant la discussion en commission, les membres ont soulevé
les points suivants que je soutiens pleinement:
- l’importance de reconnaître le rôle et la responsabilité des communautés locales, en particulier de supprimer la «plaie» des anciennes pratiques, telles que la circoncision des femmes;
- la nécessité de services sociaux et de la santé convenablement financés et de travailleurs sociaux qualifiés pour combattre les violations des droits de la personne humaine fondée sur le sexe, y compris les enlèvements de femmes et de filles.
9. La rapporteuse présente une série de mesures précises que
doit prendre chaque Etat membre du Conseil de l’Europe. Je félicite
la rapporteuse de son étude approfondie et du large éventail d’actions
qu’elle suggère.
__________
Commission chargée du rapport: commission sur l’égalité des chances pour les femmes et les hommes.
Commission saisie pour avis: commission des questions sociales, de la santé et de la famille.
Renvoi en commission: Renvoi no 3200 du 26 janvier 2009.
Avis approuvé par la commission le 27 avril 2009.