Imprimer
Autres documents liés
Réponse à Recommandation | Doc. 12205 | 16 avril 2010
La situation des défenseurs des droits de l’homme dans les Etats membres du Conseil de l’Europe
1. Le Comité des Ministres
a pris note de la Recommandation 1866
(2009) de l’Assemblée parlementaire sur « La situation des
défenseurs des droits de l’homme dans les Etats membres du Conseil
de l’Europe ». Il l'a portée à l'attention des gouvernements des
Etats membres et communiquée au Comité directeur pour les droits
de l'homme (CDDH) pour commentaires. Il rappelle l'engagement pris
par les Chefs d'Etat et de Gouvernement, réunis lors de leur Troisième
Sommet à Varsovie en 2005, qui ont affirmé que le Conseil de l'Europe
« – à travers ses divers mécanismes et institutions – jouera un
rôle dynamique pour protéger le droit des individus et promouvoir
l'engagement inappréciable des organisations non gouvernementales
dans la défense active des droits de l'homme ».
2. Le Comité des Ministres estime que les défenseurs des droits
de l'homme jouent un rôle important aux niveaux national et international
en assurant la protection effective des droits et libertés individuels.
Il regrette vivement qu’ils soient souvent victimes de violations
de leurs droits, de menaces et d'actes violents, malgré les efforts
déployés aux niveaux national et international. Le Comité des Ministres
condamne toute attaque contre les défenseurs des droits de l'homme.
3. En février 2008, le Comité des Ministres a adopté une Déclaration
sur l’action du Conseil de l’Europe pour améliorer la protection
des défenseurs des droits de l’homme et promouvoir leurs activités.
Cette déclaration présente un ensemble de dispositions que les Etats
doivent observer pour la protection des défenseurs des droits de
l'homme et la promotion de leur action. Tout en reconnaissant que
c'est à l'Etat qu'incombent la responsabilité première et le devoir
de promouvoir et protéger les défenseurs des droits de l’homme,
le Comité des Ministres souligne que le Conseil de l’Europe contribuera
aussi à créer un environnement favorable aux défenseurs des droits
de l’homme et à protéger ces personnes et leurs activités dans la
défense des droits de l’homme. Les Etats membres sont appelés dans
cette déclaration à prendre un certain nombre de dispositions, et
notamment à « prévoir des mesures rapides pour aider et protéger
les défenseurs des droits de l’homme en danger dans des pays tiers,
par exemple, lorsque cela s’avère opportun, assister aux procès
et les observer et/ou, si possible, délivrer des visas d’urgence ».
4. Dans le contexte des suites à donner à la 118e Session ministérielle
(Strasbourg, mai 2008), les Délégués des Ministres ont chargé le
Comité directeur pour les droits de l'homme de dresser un premier
bilan des suites données à la déclaration du Comité des Ministres,
en consultation avec le Commissaire aux droits de l'homme, et de
faire rapport. Le 18 novembre 2009, lors de la réunion au cours
de laquelle la Suisse a succédé à la Slovénie à la présidence du
Comité des Ministres, le Comité des Ministres a pris note du rapport sur
les suites données à sa déclaration. A la même occasion, le Comité
des Ministres a une nouvelle fois condamné toute attaque contre
les défenseurs des droits de l'homme et toute violation de leurs
droits dans les Etats membres du Conseil de l'Europe et ailleurs,
qu'elles soient commises par des agents de l'Etat ou par des acteurs
non étatiques. En outre, le Comité des Ministres s’est félicité
des activités entreprises dans ce domaine par tous les organes et
institutions du Conseil de l'Europe, et a une nouvelle fois appelé
toutes ces instances à se montrer particulièrement attentives aux
questions relatives aux défenseurs des droits de l'homme dans leurs
travaux respectifs.
5. Le Comité des Ministres a souligné à plusieurs occasions que
le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe joue
un rôle important dans la protection et le soutien des défenseurs
des droits de l'homme. Le Comité prend note avec intérêt des informations
très utiles qui figurent dans le rapport d’activités annuel du Commissaire
pour 2008, ainsi que dans le compte rendu de la table ronde sur
la situation des défenseurs des droits de l'homme en Europe, que
le Commissaire a publié en mars 2009 .
Le Comité des Ministres rappelle que, du fait de ses compétences,
le Commissaire est particulièrement bien placé pour contribuer efficacement
à la protection des défenseurs des droits de l'homme. Le Comité
se félicite également de la volonté de l’Assemblée de collaborer
activement avec le Commissaire et de l’aider dans cette tâche le cas
échéant. Il note que le Commissaire travaille en étroite coopération
avec d'autres institutions et organisations intergouvernementales.
6. S'agissant des efforts visant à mettre fin à l'impunité des
violations des droits de l’homme, le Comité des Ministres renvoie
notamment aux travaux du CDDH, qui élabore actuellement un ensemble
de lignes directrices contre l'impunité des violations des droits
de l'homme. Ces lignes directrices devraient être prêtes vers la
fin de 2010.
7. Le Comité des Ministres soutient l’appel lancé par l’Assemblée
visant à mettre davantage l’accent sur les défenseurs des droits
de l’homme dans le cadre des activités de sensibilisation et de
formation aux droits de l’homme menées par le Conseil de l’Europe,
notamment celles qui concernent les forces de l’ordre et les médias.
S’agissant de la liberté des médias, il souhaite attirer l’attention
de l’Assemblée sur la Déclaration sur des mesures visant à favoriser
le respect de l’article 10 de la Convention européenne des droits
de l’homme, qu’il a adoptée le 13 janvier 2010 et sur l’invitation
faite au Secrétaire Général à prendre des dispositions pour améliorer
la collecte et le partage des informations, et à renforcer la coordination
dans le domaine de la liberté d’expression et d’information, et
notamment de la liberté des médias. Dans cette déclaration, le Comité
des Ministres appelle aussi tous les Etats membres à coopérer avec
les organes et institutions compétents du Conseil de l’Europe pour
assurer le respect des normes pertinentes de l’Organisation dans
leur droit et pratique internes, guidés par un esprit de dialogue
et de coopération.
8. Enfin, le Comité des Ministres salue les travaux de la Conférence
des organisations internationales non gouvernementales du Conseil
de l'Europe et de son Conseil d'experts sur le droit en matière
d'ONG. Il rappelle les activités actuellement consacrées au suivi
de la mise en œuvre de sa Recommandation CM/Rec(2007)14 sur le statut
juridique des organisations non gouvernementales en Europe, qui
précise que les ONG devraient jouir du droit à la liberté d'expression
et de tous les autres droits et libertés qui sont garantis tant universellement
qu’au plan régional et qui leur sont applicables.
Annexe à la réponse
(open)Commentaires du Comité directeur pour les droits de l’homme (CDDH)
1. Eu égard notamment aux assassinats
récents qui ont visé des défenseurs des droits de l’homme , le Comité directeur pour les
droits de l’homme (CDDH) ne peut que partager les préoccupations
exprimées par l’Assemblée parlementaire dans sa Recommandation 1866 (2009) sur « La situation des défenseurs des droits de l’homme
dans les Etats membres du Conseil de l’Europe ». Il demeure convaincu
de l’importance essentielle de la protection de ces personnes et
instances, qui jouent un rôle fondamental dans la promotion et la
protection des droits de l’homme et contribuent de manière cruciale
aux efforts déployés pour mettre en œuvre le cadre international
des droits de l’homme, comme cela a été souligné dans la Déclaration
du Comité des Ministres sur l’action du Conseil de l’Europe pour
améliorer la protection des défenseurs des droits de l’homme et
promouvoir leurs activités, adoptée le 6 février 2008.
2. Le CDDH se réfère en premier lieu à son rapport d’activités
de 2008 et
rappelle que la déclaration précitée est une norme commune minimale
que les Etats doivent observer pour la protection des défenseurs des
droits de l’homme et la promotion de leur action. C’est à l’Etat
qu’incombent la responsabilité première et le devoir de promouvoir
et protéger les défenseurs des droits de l’homme. A cet égard, la
déclaration appelle les Etats membres à prendre un certain nombre
de mesures, et notamment à « prévoir des mesures rapides pour aider
et protéger les défenseurs des droits de l’homme en danger dans
des pays tiers, par exemple lorsque cela s’avère opportun, assister
aux procès et les observer et/ou, si possible, délivrer des visas d’urgence ».
3. Dans son rapport d’activités, le CDDH a souligné que le Conseil
de l’Europe a un rôle important à jouer en contribuant à créer un
environnement favorable pour les défenseurs des droits de l’homme
et que le Commissaire devrait renforcer son rôle en la matière.
Le CDDH a également invité le Conseil de l’Europe à mener ses activités
concernant les défenseurs des droits de l’homme en étroite coopération
et en complémentarité avec d’autres organisations intergouvernementales,
principalement avec l’OSCE, l’Union européenne et les Nations Unies.
4. Le CDDH ne peut donc que saluer la Recommandation 1866 (2009). S’agissant des efforts visant à éradiquer les violations
des droits des défenseurs des droits de l’homme et à mettre fin
à l’impunité de ces violations, le CDDH souhaite rappeler les travaux
qu’il mène actuellement en rapport avec la faisabilité de lignes
directrices contre l’impunité dans le cadre de violations des droits
de l’homme. Ces travaux devraient aboutir en 2010.
5. Par ailleurs, le CDDH salue le rapport élaboré par le Commissaire
aux droits de l’homme en 2009 et rappelle que cette instance dispose
de compétences particulières susceptibles de contribuer efficacement
à la protection des défenseurs des droits de l’homme.