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Réponse à Recommandation | Doc. 12534 | 07 mars 2011
Respect de la liberté des médias
1. Le Comité des Ministres se félicite de
la Recommandation 1897
(2010) de l’Assemblée parlementaire sur le « Respect de la
liberté des médias » et partage la vive préoccupation de l’Assemblée
à propos de l’augmentation des attaques visant des médias et des
journalistes en Europe. Il a porté cette recommandation à l’attention
des gouvernements des Etats membres. Il l’a également transmise
au Comité directeur sur les médias et les nouveaux services de communication
(CDMC) pour commentaires, ainsi qu’à la Commission européenne pour
la démocratie par le droit (Commission de Venise) et au Groupe d’Etats
contre la corruption (GRECO) pour information.
2. Dans sa recommandation, l’Assemblée parlementaire cite plusieurs
exemples illustrant l’existence de lacunes parfois graves dans le
droit et la pratique des Etats membres en ce qui concerne la protection
effective de la liberté d’expression et d’information, y compris
la liberté des médias. Le Comité des Ministres souhaite assurer
l’Assemblée qu’il suit de près la situation dans les Etats membres
et qu’il est en train de prendre des mesures visant à combler ces
lacunes. Veiller au respect de la liberté d’expression, telle qu’elle
est protégée par la Convention européenne des droits de l’homme,
est l’un des principaux engagements des Etats membres ; ce domaine
est donc un champ d’action prioritaire du Conseil de l’Europe.
3. Le Comité des Ministres rappelle sa Déclaration du 13 janvier
2010 sur des mesures visant à promouvoir le respect de l’article
10 de la Convention européenne des droits de l’homme, dans laquelle
il a souligné que la liberté d’expression et d’information, y compris
la liberté des médias, sont indispensables à une véritable démocratie
et aux processus démocratiques. Il y a également souligné que, lorsque
ces libertés ne sont pas respectées, l’obligation de rendre des
comptes et la prééminence du droit risquent d’en pâtir.
4. Le Comité des Ministres rappelle en outre sa Déclaration du
6 février 2008 sur la protection des défenseurs des droits de l’homme,
qui couvre également les journalistes. Par cette déclaration, les
Etats membres ont été appelés, entre autres, à prendre des mesures
efficaces pour créer un environnement propice au travail des défenseurs
des droits de l’homme et pour empêcher les attaques et le harcèlement
dont ils sont victimes. Le Comité des Ministres est prêt à apporter
toute l’assistance dont les Etats membres pourraient avoir besoin
à cette fin.
5. Le Conseil de l’Europe a adopté un vaste ensemble de normes
dans le domaine de la protection et de la promotion de la liberté
d’expression et d’information et de la liberté des médias, offrant
ainsi des orientations aux Etats membres. Il a également pris des
mesures visant à renforcer l’application de ces normes dans le droit
et la pratique des Etats membres. La mise en œuvre de la déclaration
du 13 janvier 2010 devrait contribuer à améliorer la collecte de
l’information et son partage entre les différents organes et institutions
du Conseil de l’Europe. Elle devrait aussi faciliter la coordination
entre ces entités sans préjudice de leur mandat respectif et de
leur indépendance et ainsi leur permettre de promouvoir avec une
plus grande efficacité le respect de l’article 10. Plus spécifiquement,
elle répond à certaines recommandations formulées par l’Assemblée
parlementaire (paragraphes 11.3 et 12).
6. Le Comité des Ministres réitère l’appel, formulé dans la déclaration,
qui demande à tous les Etats membres de coopérer avec les organes
et institutions pertinents du Conseil de l’Europe pour assurer le
respect des normes de l’Organisation dans leur droit et pratique
internes, guidés par un esprit de dialogue et de coopération.
7. Le Comité des Ministres souligne que la Cour européenne des
droits de l’homme a été saisie de nombreuses requêtes concernant
les différents aspects de la liberté des médias évoqués dans la recommandation
de l’Assemblée, et qu’elle a produit une importante jurisprudence
dans ce contexte. Le Comité des Ministres contrôle avec attention
l’exécution par les Etats défendeurs de tous les arrêts constatant des
violations de la Convention européenne des droits de l’homme, comme
en témoignent ses rapports annuels sur l’exécution des arrêts, afin
de s’assurer que les mesures nécessaires pour mettre fin aux violations soient
adoptées.
8. Les efforts entrepris actuellement pour améliorer la mise
en œuvre de la Convention européenne des droits de l’homme au niveau
national, à la suite de la Conférence d’Interlaken et de la 120e Session
du Comité des Ministres, devraient également contribuer à mieux
faire connaître dans tous les Etats membres le système de la Convention
et la jurisprudence de la Cour, y compris dans le domaine de la
liberté des médias dont il est ici question.
9. Le Comité des Ministres rappelle également qu’il a proposé
l’assistance du Conseil de l’Europe pour préparer des réformes législatives,
et que plusieurs programmes d’assistance ont été menés. Comme l’Assemblée
parlementaire et le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil
de l’Europe, le Comité des Ministres a appelé l’Azerbaïdjan à dépénaliser
la diffamation et, dans l’attente d’une réforme en ce sens, d’observer
un moratoire sur l’application de sanctions pénales dans les affaires
de diffamation. Parallèlement, des activités d’assistance sont déployées,
qui visent à accroître le niveau de professionnalisme des journalistes
en Azerbaïdjan. Le Comité espère que ces efforts mèneront prochainement
à une amélioration de la situation. Le Comité des Ministres continue
d’encourager les autorités d’Azerbaïdjan à aller de l’avant dans l’amélioration
de la liberté des médias et soutient l’appel du Groupe Ago à cet
égard. Le Comité des Ministres appelle les Etats membres à examiner,
autant que nécessaire, leur législation en matière de diffamation
et d’insulte, à la lumière de la Convention européenne des droits
de l’homme.
10. Le Comité des Ministres souligne que, conformément à sa Recommandation
CM/Rec(2007)15 sur des mesures concernant la couverture des campagnes
électorales par les médias, il a à plusieurs reprises appelé les
Etats membres, y compris ceux mentionnés dans la recommandation
de l’Assemblée, à assurer un accès équitable aux médias en période
préélectorale, et une couverture équilibrée des campagnes électorales
par les médias. Le Conseil de l’Europe continue de prêter une attention
toute particulière à la question d’un accès équitable et pluraliste
aux médias pendant les périodes électorales par le biais d’activités
spécifiques de formation et de renforcement des capacités. Dans
certains pays, des activités de suivi des médias ont été menées
en coopération avec les médias professionnels indépendants. Il convient
aussi de mentionner le programme récent mené conjointement avec
l’Union européenne sur la liberté d’expression et d’information
et la liberté des médias dans le Caucase du Sud et en Moldova.
11. En ce qui concerne les meurtres de journalistes critiques
en Russie, le Comité des Ministres rappelle les appels formulés
par plusieurs présidences successives du Comité des Ministres et
plusieurs appels du Secrétaire Général du Conseil de l’Europe et
du Commissaire aux droits de l’homme pour que ces meurtres soient
rapidement élucidés et que les auteurs soient traduits en justice.
Les autorités russes à divers niveaux ont assuré le Conseil de l’Europe
que toutes les mesures possibles étaient prises en ce sens. Le Comité
des Ministres espère que ces efforts produiront des résultats tangibles.
12. S’agissant de la recommandation de l’Assemblée visant à examiner
la législation et la pratique nationales pour faire en sorte que
les mesures de lutte contre le terrorisme respectent pleinement
la liberté des médias (paragraphe 11.1), le Comité des Ministres
rappelle l’engagement se rapportant à cette question qui figure
dans la Résolution sur les « Développements en matière de législation
contre le terrorisme dans les Etats membres du Conseil de l’Europe
et leur impact sur la liberté d’expression et d’information », adoptée
lors de la 1re Conférence du Conseil
de l’Europe des ministres responsables des médias et des nouveaux
services de communication (Reykjavik, mai 2009). Le Comité des Ministres
a invité le Secrétaire Général à offrir une assistance aux Etats
membres dans ce contexte. Il encourage l’ensemble des Etats membres
à traduire cet engagement en des actes concrets, le cas échéant,
avec l’assistance d’experts du Conseil de l’Europe. Le Comité invite
le CDMC à examiner la possibilité d’offrir des conseils aux Etats
membres pour la mise en œuvre dans la pratique de cet engagement
important.
Annexe à la réponse
(open)Commentaires du Comité directeur sur les médias et les nouveaux services de communication (CDMC)
1. Le Comité directeur sur les médias et les nouveaux
services de communication (CDMC) salue la recommandation 1897 (2010) de l’Assemblée parlementaire sur le « Respect de la
liberté des médias » et partage la vive préoccupation de l’Assemblée
au sujet de l’augmentation des attaques visant des médias et des
journalistes en Europe.
2. La liberté des médias est effectivement la condition nécessaire
d’une véritable démocratie, ainsi que le Comité des Ministres l’a
répété à maintes reprises dans ses instruments. L’obligation des
Etats membres de garantir la sécurité des journalistes, d’assurer
l’exercice libre et sans entrave du journalisme et de préserver l’indépendance
et la pluralité des médias a été amplement explicitée par la Cour
européenne des droits de l’homme dans sa jurisprudence. Un riche
catalogue d’instruments connus du Comité des Ministres offre aussi une
intelligence commune de cette obligation et donne des orientations
pour aider les Etats membres à s’y conformer.
3. Cependant, les nombreux exemples cités par l’Assemblée parlementaire
illustrent l’existence de graves lacunes dans le droit et la pratique
des Etats membres en ce qui concerne la protection effective de
la liberté d’expression et d’information, y compris la liberté des
médias.
4. Le CDMC reconnaît qu’il faudrait en faire davantage et renvoie
à cet égard à la Déclaration sur des mesures visant à favoriser
le respect de l’article 10 de la Convention européenne des droits de
l’homme adoptée par le Comité des Ministres le 13 janvier 2010.
La mise en œuvre de cette déclaration devrait contribuer à l’amélioration
de la collecte d’informations et de la diffusion de celles-ci aux
différents organes et institutions du Conseil de l’Europe. Elle
devrait aussi permettre de renforcer la coordination entre ces organes et
institutions sans préjudice de leur mandat respectif et de leur
indépendance et ainsi, de promouvoir davantage le respect effectif
de l’article 10. Plus spécifiquement, la déclaration contribuerait
à répondre sur certains points indiqués par l’Assemblée parlementaire
(voir en particulier les paragraphes 11.3 et 12 de la Recommandation 1897 (2010)).
5. Le CDMC estime qu’il conviendrait de s’attacher résolument
à donner suite à cette déclaration. Cependant, il souligne que le
type de compte rendu proposé par l’Assemblée supposerait des ressources
en conséquence et que sa faisabilité, y compris en termes budgétaires,
devrait être examinée avec attention.
6. Il rappelle aussi qu’il serait souhaitable d’offrir l’assistance
d’experts aux Etats membres dans les cas appropriés. Il conviendrait
d’explorer les possibilités de financement de ces activités, y compris
par des ressources extrabudgétaires. Le CDMC reconnaît que les programmes
d’assistance à la formation des juges, des agents des forces de
l’ordre et des fonctionnaires de police devraient, le cas échéant,
porter aussi sur la liberté des médias et la protection des journalistes
(voir paragraphe 11.2 de la Recommandation
1897 (2010)) ou traiter d’autres préoccupations de l’Assemblée couvertes
par des normes bien établies du Conseil de l’Europe (voir paragraphes 10
et 11, alinéas 4 à 7, de la recommandation de l’Assemblée). De tels
programmes de formation ou de sensibilisation sont particulièrement
importants en relation avec la mise en œuvre de politiques et législations
liées au terrorisme et à la protection de la sécurité étatique ainsi
qu’à la lutte contre la cybercriminalité.
7. En ce qui concerne la recommandation d’examiner la législation
et la pratique nationales pour faire en sorte que les mesures de
lutte contre le terrorisme respectent pleinement la liberté des
médias (voir paragraphe 11.1 de la recommandation de l’Assemblée),
le CDMC tient à rappeler l’engagement se rapportant à cette question
qui figure dans la Résolution sur les « Développements en matière
de législation contre le terrorisme dans les Etats membres du Conseil
de l’Europe et leur impact sur la liberté d’expression et d’information »,
adoptée lors de la 1re Conférence du
Conseil de l’Europe des ministres responsables des médias et des
nouveaux services de communication (Reykjavik, mai 2009) .
Le CDMC croit savoir que le Comité des Ministres a invité le Secrétaire
Général à offrir une assistance aux Etats membres dans ce contexte.
Il encourage l’ensemble des Etats membres à traduire cet engagement
en des actes concrets, le cas échéant, avec l’assistance d’experts
du Conseil de l’Europe.