1. Contexte
1. Le 30 septembre 2009, l’Assemblée parlementaire élargie
du Conseil de l’Europe se réunira à Strasbourg pour son débat annuel
sur les travaux de l’OCDE. Elaboré spécifiquement pour ce débat,
ce rapport, qui se concentre sur les aspects économiques des travaux
de l’OCDE, se fonde pour l’essentiel sur les informations communiquées
au Rapporteur et à la Commission des questions économiques et du développement
par des fonctionnaires de l’OCDE en juin dernier, ainsi que sur
les conclusions de la Session ministérielle de l’OCDE qui s’est
tenue les 24 et 25 juin, plus le numéro semestriel de sa publication «Perspectives
économiques» et sa révision intérimaire de septembre. L’avant-projet
révisé de résolution sera soumis pour adoption à la réunion de la
Commission économique élargie qui doit se tenir le 29 septembre,
et le projet de résolution ainsi adopté sera soumis le lendemain,
après le débat, au vote de l’Assemblée parlementaire élargie. Il
convient de noter que des rapports parallèles sont préparés cette
année par plusieurs commissions, à savoir la Commission des questions
sociales, de la santé et de la famille; celle de la culture, de
la science et de l’éducation; celle des migrations, des réfugiés
et de la population et enfin celle de l’environnement, de l’agriculture
et des questions territoriales. Ces commissions proposeront aussi
en tant que de besoin des ajouts au projet de résolution.
2. Le rapporteur tient à remercier tous les représentants de
l’OCDE qui l’ont aidé à établir ce rapport. En période de turbulences
économiques exceptionnelles, cette tâche fascinante a stimulé la
réflexion. Elle a aussi exigé une certaine prudence étant donné
l’incertitude liée aux prévisions et aux prédictions. Compte tenu
de ce qui précède, le présent document donne un aperçu des facteurs
à l’origine de la situation économique et résume l’évolution intervenue
dans les pays membres de l’OCDE et dans d’autres pays émergents
essentiels.
3. Il va sans dire que le rapport est axé sur les efforts faits
par l’OCDE pour faire face à la récession mondiale. Il porte sur
la coopération de l’OCDE avec le G20, y compris les initiatives
concernant les paradis fiscaux. Il apprécie les défis particuliers
auxquels les pays en développement sont confrontés et exposera les priorités
de l’OCDE pour une reprise durable.
2. Introduction:
perspectives pour l’économie mondiale
2.1. Une récession synchronisée,
extraordinaire de par sa rapidité et son ampleur
4. Dans le rapport de l’année dernière, le rapporteur
a fait observer que les perspectives de l’économie mondiale annonçaient
un équilibre subtil entre ce que l’OCDE a qualifié «d’atterrissage
en douceur» et un scénario plus noir dans lequel une raréfaction
soudaine du crédit à l’échelon mondial pourrait se propager sur les
marchés intérieurs, entraînant une récession mondiale: une variation
de grande amplitude dans la tendance à la baisse. En septembre dernier,
avec l’effondrement de Lehman Brothers, l’économie mondiale a rapidement
emprunté cette dernière voie et en décembre, l’OCDE déclarait que
l’on allait «connaître une récession prolongée d’une ampleur sans
précédent depuis le début des années 1980». Dans les Perspectives économiques
intérimaires publiées en mars, l’OCDE réduisait ses prévisions en
parlant de la «récession la plus profonde et la plus synchronisée
depuis des décennies».
5. Quelles sont les raisons de ce phénomène et pourquoi a-t-il
été aussi rapide? Fondamentalement, la récession a été déclenchée
par un quasi-effondrement des marchés mondiaux du crédit dû à des
prêts excessifs dans des secteurs à haut risque, comme les prêts
accordés à des ménages à faibles revenus aux Etats-Unis qui reposaient
sur des produits financiers complexes peu compris dont les risques
n’ont pas été suffisamment contrôlés et dont l’ampleur et la concentration
ont été désastreux. La récession a par la suite été intensifiée
par une baisse soudaine de la demande privée sur tous les marchés
mais en particulier dans les pays les plus tournés vers le consommateur
à mesure que l’émotion a disparu sous l’effet combiné de facteurs comme
le resserrement du crédit et l’incertitude quant à sa durée, la
baisse continue de la valeur des biens immobiliers et l’effondrement
du cours des actions ainsi qu’une perte fondamentale de confiance
tout d’abord liée à la banque de réseau et aux prêts aux particuliers,
mais de plus en plus alimentée par la crainte du chômage, voire
par les doutes qu’inspire la capacité des gouvernements à gérer
la situation. Tout ceci a exacerbé la chute du commerce mondial.
6. Ce choc récessionniste soudain a été d’autant plus grave que,
contrairement aux ralentissements récents précédents, aucune région
n’a pu échapper à ses effets et donc servir de moteur de redressement
de l’activité. Cette incapacité est due en partie au caractère intégré
et mondialisé du système commercial actuel, et en particulier au
pouvoir des marchés mondiaux du crédit, mais en tant que telle,
elle est aussi liée aux déséquilibres apparus ces dernières années
entre les économies de «consommateurs» comme les Etats-Unis, le
Royaume-Uni et l’Australie, et les économies d’«épargnants» comme
la Chine et le Japon. Depuis un certain temps, l’OCDE met en garde
contre le lien de dépendance dangereux que cette situation crée
entre la croissance mondiale et la confiance d’un nombre relativement
restreint de consommateurs et l’emprunt. Qui plus est, de nombreux
gouvernements n’ont pas réussi à mettre à profit les années pendant
lesquelles les recettes fiscales ont été abondantes pour corriger
leurs positions budgétaires, ce qui leur laisse aujourd’hui peu
de marge de manœuvre face à la récession et augure de problèmes
de dette très importante.
7. L’ampleur de la récession a été inouïe. L’activité économique
à l’échelle de l’OCDE a reculé de -7,8 % au quatrième trimestre
de 2008 et de -8,3% au premier trimestre de 2009. Après vingt années
de croissance quasiment ininterrompue, les échanges mondiaux devraient
reculer de -16 % cette année et ne progresser que de 2,1 % en 2010,
ce qui se traduira par la poursuite de la récession dans de nombreux
pays. En conséquence, le chômage dans la zone de l’OCDE, qui s’élevait
à 5,6 % en 2007, atteindra 9,8 % en 2010; pendant la même période,
les déficits budgétaires s’aggraveront pour passer de 1,4 % à 8,8 %,
tandis que «l’écart de production», qui mesure la demande par rapport
à la capacité de production, tombera de 1,7 % du PIB à moins 5,8 %,
ce qui laisse supposer des contraintes sur l’offre qui tendent à
pousser les prix à la hausse. L’inflation devrait être quasiment
nulle, et certains pays devraient connaître une déflation.
2.2. Signes d’une reprise
molle induite par les politiques mises en place, d’où de nouveaux
défis
8. Toutefois, l’OCDE estimait dans sa version de juin
de ses Perspectives économiques que la récession approchait de son
point bas, même si la reprise risquait d’être faible et fragile
pour quelque temps encore, et que les conséquences négatives de
la crise sur le plan économique et social risquaient de se faire
sentir longtemps. Cependant les projections de croissance publiées
en juin avaient été révisées à la hausse depuis la publication précédente,
pour la première fois depuis juin 2007. Apparemment, il a été tenu
compte des enseignements tirés des années 1930, globalement, la
réaction face à cette crise a été bonne. De lourdes interventions
sur les marchés financiers ont permis d’éviter la catastrophe et
ont apporté un élément de stabilité tandis que les taux d’intérêt
ont été quasiment ramenés à zéro et qu’une série de politiques d’«assouplissement»
monétaire ont été mises en place pour faire face à la pénurie du
crédit. Les mesures d’incitation prises par la plupart des membres
de l’OCDE et par d’autres pays ont une incidence positive, les mesures
annoncées pour la période 2008-2010 devraient représenter quelque
3,5 % du PIB à l’échelle de l’OCDE, selon le rapport intérimaire
de mars.
9. La reprise induite par les politiques mises en place devrait
donc se renforcer en 2010, en commençant par les Etats-Unis et la
Chine, dont les programmes de relance sont très importants. De fait,
les derniers indicateurs phare composites de l’OCDE (pour juillet
2009) – qui tentent de faire apparaître les points de retournement
dans l’activité économique environ six mois avant – laissent présager
des signes de reprise plus forts dans la plupart des économies de
l’OCDE: les sept plus grandes, en particulier la France et l’Italie,
mais aussi la Chine, l’Inde et la Russie, donnent des signes clairs
de reprise. Pour ce qui est du Brésil, où un point bas se dessine,
les signaux sont également plus encourageants que dans l’appréciation
de juin.
10. Il ressort de ce qui précède que le pire est vraisemblablement
derrière nous, mais il semble bien que, si reprise il y a, elle
se fera par étapes dans les divers pays, et il est trop tôt pour
être convaincu que d’autres chocs ne modifieront pas, une fois de
plus, le tableau. L’ampleur même des baisses récentes ne devrait
pas nous inciter à anticiper un net redressement et, du fait de
la série de défis qui devra être relevée au lendemain de cette crise,
l’économie mondiale restera vulnérable.
- Bien que relativement stable, le système financier ne
s’est pas fondamentalement redressé et la question des «actifs toxiques»
demeure; d’autres actions d’envergure seront vraisemblablement nécessaires.
Les gouvernements se trouveront ensuite devant toute une série de
mesures d’urgence qui devront être levées si le système doit de
nouveau servir de moteur à la croissance mondiale.
- De nombreux gouvernements feront face à des déficits énormes
conjugués à un taux de chômage élevé et à des pressions déflationnistes.
Le protectionnisme risque de se développer dans le contexte d’une «reprise
déflationniste» dans lequel les taux de croissance sont irréductiblement
faibles; ou à l’inverse, cette situation peut être contrecarrée
par une poussée inflationniste garantissant une croissance à court terme
mais orientant les taux d’intérêt à la hausse et créant une série
de nouveaux problèmes économiques.
- Comme indiqué ci-dessus, l’essor économique des dernières
années a reposé sur des déséquilibres croissants entre les pays
consommateurs et les pays épargnants. Si la reprise ne consiste
qu’à persuader les consommateurs de dépenser de nouveau, ce schéma
risque de se perpétuer, voire d’être chronique. De même, il faut
étudier la place des pays en développement dans le système commercial mondial
si l’on veut éviter que ces pays ne se retrouvent face aux difficultés
disproportionnées qu’ils ont rencontrées pendant ce ralentissement.
11. Pour illustrer ces points, nous examinerons brièvement la
conjoncture dans les principales économies mondiales par le prisme
des experts de l’OCDE. Nous verrons ensuite plus en détail comment
l’OCDE s’est intéressée activement aux défis qui se posent et examinerons
les solutions qu’elle préconise pour aider l’économie mondiale à
redevenir saine à long terme.
3. Le point sur les
économies clés
3.1. Les Amériques
12. Aux Etats-Unis,
ces dernières années, la demande des consommateurs (qui représente
environ 70% de l’activité économique) a été déterminante pour soutenir
la croissance malgré la baisse considérable du prix de l’immobilier.
Cependant, la contraction du crédit, les réductions des valorisations
boursières et l’augmentation brutale du chômage ont fait soudainement
chuter la confiance du consommateur américain. Le PIB s’est réduit de
6,3 % rien qu’au cours du dernier trimestre de 2008, et de 5,7 %
au premier trimestre 2009. Toutefois, ce recul s’est ralenti de
façon significative (de 1% au deuxième trimestre) au point que l’on
prévoit que l’économie américaine se contracte seulement de 2,8 %
cette année et pourrait reprendre sa croissance début 2010, voire même
avant. Le chômage va néanmoins continuer d’augmenter et passera
de 5,8 % en 2008 à 9,3 % en 2009 et à 10,1 % en 2010. Ceci ralentira
les dépenses de consommation, qui ont reculé de 1,2% au deuxième trimestre
de 2009, tandis que le taux d’épargne, proche de zéro avant la crise,
est passé à 5,2% et a atteint son plus haut depuis 1998.
13. Selon l’OCDE, la reprise projetée sera due en grande partie
à l’impulsion de la politique budgétaire et monétaire fédérale,
qui représente environ 2,1 % du PIB pour 2009 et 2,4 % pour 2010.
Tant que les prix des produits de base demeurent bas, le risque
d’inflation devrait rester faible. D’ailleurs, on pourrait plutôt
assister à un phénomène de déflation puisque se profile un important
«décalage de production» dû à un excédent de la production sur la
demande. Pour y remédier, la Réserve fédérale pourrait maintenir
son taux d’intérêt proche de zéro, et devra peut-être développer
sa politique actuelle d’«allègement quantitatif» (quantitative easing) (forme d’intervention
monétaire extrême par injection de fonds dans l’économie lorsque
les taux d’intérêt sont bas au point de perdre toute efficacité).
Cependant l’OCDE souligne qu’une fois la solution trouvée, la Reserve fédérale
devra rapidement intervenir pour inverser la tendance et contenir
l’inflation. Pour le moment, l’OCDE aimerait que les Etats-Unis
annoncent qu’ils se fixent une cible d’inflation pour mieux consolider
les attentes dans ce domaine. Alors que les projections annoncent
un déficit de 11,2% du PIB en 2010, une fois la reprise solidement
implantée, le gouvernement fédéral devra entreprendre une réforme
stricte de ses finances.
14. Il convient de garder à l’esprit que la clé pour garantir
une reprise, aux Etats-Unis comme ailleurs, est de garantir des
conditions financières stables et d’assurer des flux réguliers de
crédit. Malgré le fait que les marchés financiers se soient récemment
améliorés, les mesures du Plan de stabilité financière, comme les «simulations
de scénarios de crise» pour les grandes banques, et le Programme
d’investissement public-privé, l’OCDE estime que le gouvernement
pourrait avoir devoir encore injecter des fonds publics en vue d restructurer
systématiquement et de recapitaliser des banques et d’autres institutions
financières, grevées d’actifs toxiques. La supervision et la réglementation
financières doivent encore être améliorées. Globalement, le système
financier demeure fragile.
15. Pour le Mexique, dont
les exportations vers les Etats-Unis représentent 20 % de son économie,
la baisse de la demande a eu de graves répercussions. Le PIB a chuté
de 8,2 % au premier semestre, ce qui s’explique par le recul de
la production de pétrole mais surtout par l’effondrement de 22,8 %
des exportations de produits manufacturés. L’épidémie de grippe
a sans doute aussi contribué à ce recul économique, avec ses conséquences
négatives pour les entreprises et pour le tourisme. Malgré la chute
brutale de la demande, cependant, l’inflation est demeurée relativement
élevée, essentiellement du fait d’un décalage dans l’ajustement
à une baisse des prix mondiaux, ce qui a limité la capacité de la
banque centrale mexicaine à abaisser les taux d’intérêt. Alors que
depuis 1995 l’économie mexicaine n’a jamais été si mal en point,
les dépenses publiques ont augmenté d’environ 13 % et on s’attend
à un déficit budgétaire pour cette année et pour la suivante. Grâce
à une relance monétaire et fiscale, et à la reprise de l’activité
au niveau mondial, l’OCDE prévoit que la demande devrait se stabiliser,
avec des taux de croissance trimestriels qui devraient passer en
positif à la fin de 2009 pour atteindre une croissance annuelle
de quelque 4% d’ici la fin de 2010.
16. Depuis la fin de 2008, les exportations du Canada ont aussi nettement chuté,
tout comme les dépenses des ménages sous toutes leurs formes, en
particulier pour le logement. Le PIB a reculé de 5,4% au premier trimestre
de 2009, mais ce glissement s’est ralenti depuis. Cette année l’économie
pourrait se contracter de 2,6 %, avec une stabilisation en 2010.
Le taux de chômage était de 8,7% en août et l’on s’attend à une stabilisation
juste au-dessous de 10% en 2010. Les autorités ont réagi pour soutenir
les marchés financiers et pour stimuler l’économie, grâce à des
mesures expansionnistes et à un assouplissement de la politique monétaire,
la Banque centrale du Canada abaissant, par exemple, son taux d’intérêt
directeur à 0,25% et s’étant engagée à le maintenir à ce niveau
jusqu’à fin juin 2010 à condition que l’inflation suive la tendance escomptée.
Compte tenu de la bonne situation budgétaire établie au cours des
dernières années, l’OCDE estime qu’il y a une marge pour des mesures
d’incitation supplémentaires, si les conditions économiques le permettent.
Toutefois, une baisse des recettes fiscales et des dépenses publiques
accrues vont creuser de manière significative le déficit budgétaire
pour la première fois depuis le milieu des années 1990.
17. Dans le cas du Brésil,
l’OCDE pense que le train de mesures actuelles est d’un grand soutien
et que, pour le moment, les politiques d’allègement monétaire peuvent
être poursuivies; toutefois, étant donné la pression exercée sur
les marchés nationaux du crédit, il y a peu de place pour des initiatives
budgétaires supplémentaires. Après une croissance de 5,1 % l’année
dernière, l’économie devrait se contracter d’environ 0,8 % cette
année avant de remonter à 4,0 % en 2010. Malgré de brutales décélérations
au cours du dernier trimestre de 2008 et du premier trimestre de
2009, au milieu de cette année, la production était repartie à la hausse
et les ventes de détail affichaient une bonne tenue particulièrement
solide. La demande intérieure avait alors toutes les chances de
repartir au deuxième semestre.
3.2. Asie
18. La rapidité de la chute de la demande aux Etats-Unis
et dans les échanges mondiaux en général a eu un profond impact
sur la deuxième plus grande économie du monde, le Japon, où le PIB devrait baisser
de quelque 6,8 % cette année et où la déflation est réapparue. L’effondrement
de 34 % des exportations japonaises a été aggravé par une forte
appréciation du yen (25%). Par ailleurs, la rentabilité des entreprises diminuait,
le cours des actions a été divisé par deux. La confiance des entreprises
a été mise à mal, entraînant une réduction drastique des programmes
d’investissement. Toutefois, certains signes laissent à penser que
la contraction induite par les échanges est en passe de s’achever,
en particulier grâce à la relance budgétaire. Néanmoins, la reprise
risque d’être lente et l’on ne sait pas quelle le gouvernement récemment
sorti des urnes va appliquer.
19. D’ici 2010, le chômage devrait atteindre 5,7 % et la déflation
(1,4%) sans changement; la consommation des ménages restera faible
et sera accompagnée d’une accélération de la baisse des salaires
qui a débuté l’année dernière. Les quatre enveloppes de relance
du gouvernement introduites depuis août 2008, qui représentent 4%
du PIB, aideront à amortir la durée et l’ampleur de la récession,
ramenant la croissance dans le positif au cours du deuxième semestre
de 2009, même si elle devrait rester inférieure à 1% tout au long
de 2010. La performance pourrait être meilleure si les marchés étrangers
se reprennent plus rapidement.
20. Même si l’OCDE est favorable aux mesures d’incitation budgétaire
déjà mises en place, elle pense qu’il existe peu de marge pour des
mesures supplémentaires, d’autant que le déficit budgétaire du Japon
devrait passer de 3% du PIB en 2007 à environ 10% en 2010 et que
le ratio d’endettement devrait atteindre les 200 % en 2010 (un record
dans la zone OCDE). Selon elle, le gouvernement devrait se focaliser
sur la consolidation budgétaire à mesure que l’économie se stabilise,
en s’en tenant à son engagement envers des soldes primaires excédentaires
et devrait continuer les réformes propices à la croissance en termes
de fiscalité et de sécurité sociale, accompagnées de réformes structurelles,
notamment dans le secteur des services, pour améliorer le niveau
de vie alors que la population en âge de travailler ne cesse de
diminuer. Par ailleurs, la Banque du Japon devrait maintenir les
taux d’intérêt proches de zéro et poursuivre les mesures pour augmenter
la trésorerie jusqu’à ce que l’inflation sous-jacente soit fermement
positive.
21. La Corée, qui possède
une économie fortement axée sur l’exportation, a enregistré une
baisse de 5,1 % du PIB au dernier trimestre de 2008 par rapport
au trimestre précédent, et les exports ont reculé à un rythme annualisé
de moins 31% à la fin de l’année. Toutefois, ce recul a été enrayé
à moitié au premier trimestre de 2009, grâce en partie à une dépréciation
du won, mais ne s’est nullement enrayé depuis. Malgré cela, l’économie
a apparemment tiré son épingle du jeu, avec une croissance globale
affichée de 0,1 % au premier trimestre et de 2,3 % au deuxième trimestre,
à mesure que la relance budgétaire produisait ses effets. Le chômage,
de 3,2% au quatrième trimestre de 2008, est passé à 4% en juin 2009
et l’indice des prix à la consommation, de 5,9% en août 2008, a
chuté à 1,9% en juin 2009 par rapport aux chiffres de l’année précédente.
Pour que la reprise se maintienne, il faudra absolument que les
exportations, en particulièrement avec la Chine, repartent à la
hausse. Avec la relance budgétaire en cours, ceci devrait gonfler
la croissance de la production d’environ 4,5 % d’ici fin 2010.
22. La croissance de la production en Chine a
ralenti tout au long de 2008, et la croissance du PIB est retombée
à 9 % (contre 13% en 2007). Cette année, la croissance est estimée
à 7,7 %. Alors que l’investissement et la consommation des ménages
réagissent positivement au fait que les relances monétaires et budgétaires
ainsi que l’amélioration de l’environnement des échanges mondiaux
devraient consolider la situation économique, une croissance de
9,3 % est envisagée pour l’année à venir. Des mesures significatives d’incitation
ont été appliquées, comme un plan d’investissement sur 2009-2010
évalué à 5,6 % du PIB, qui correspond pour parties à des projets
déjà engagés comme la reconstruction après le séisme de 2008. Environ un
tiers (1,6% du PIB) sera financé sur le budget 2009 du gouvernement
central. Cette année, on estime à 2,6% du PIB la hausse totale des
dépenses du gouvernement central et des pouvoirs locaux permise
par les mesures de relance. De plus, les réductions de la TVA sur
les exportations et les investissements ont été augmentées, ce qui
a coûté 0,9% du PIB, même si ce phénomène sera partiellement compensé
par l’introduction d’une taxe de 20% sur les produits pétroliers.
Un nombre croissant d’indicateurs laisse penser que la reprise est
déjà en cours en Chine, malgré les risques qui pèsent encore, en
particulier celui de la détérioration de la qualité des prêts bancaires
si l’expansion du crédit poursuit sur sa lancée afin d’alimenter des
dépenses d’investissement et de consommation en hausse.
23. En Inde, la croissance
a approché les 10 % en 2006, devrait atteindre environ 6 % cette
année et 7,2 % en 2010. Même si le rythme auquel les exportations
baissent a ralenti, le recul de la demande extérieure continuera
de compenser l’augmentation de la consommation interne. Le gouvernement
a adopté toute une série de mesures de relance au début de 2009,
après une hausse conséquente des dépenses publiques en 2008, ce
qui a entraîné un déficit total du secteur public estimé à 11% du
PIB en 2009. Pour l’OCDE, la détérioration de la position budgétaire
réduit la latitude pour poursuivre une action discrétionnaire au
niveau de la politique budgétaire, Et c’est pourquoi elle préconise
une discipline budgétaire plus stricte, l’accélération de la réforme
structurelle et une augmentation des ventes de biens publics. Bien
que les taux d’intérêt aient été assouplis, ce qui a permis au marché
boursier de se stabiliser, l’OCDE juge qu’il y a encore de la marge en
matière d’assouplissement monétaire, tout en tirant la sonnette
d’alarme en ce qui concerne le recours à des mesures protectionnistes.
3.3. Europe
24. En juin, l’OCDE estimait que l’économie de la zone
euro se contracterait de 4,8% cette année pour ne se reprendre que
progressivement en 2010, à mesure que les marchés financiers s’amélioreront
et que les mesures de relance produiront leurs pleins effets. L’inflation
devrait demeurer faible, autour de 0,7%, par rapport aux 0,5% de
cette année et aux 3,3% de 2008. Le chômage, qui était de 7,5% en
2008, devrait bondir à 10% cette année et à 12% en 2010.
25. L’Allemagne, locomotive
de l’industrie manufacturière européenne, devrait connaître une
chute de ses exportations de 18,9 % cette année; le PIB baissera
de 6,1 % et n’augmentera guère l’année prochaine, le chômage atteignant
12 %, ce qui reflète la situation générale du chômage dans la zone
euro dont le taux, qui était de 7,5 % l’année dernière s’envolera
pour atteindre les 12 % en 2010. Les perspectives se sont légèrement
améliores depuis juin. Les chiffres publiés par Eurostat fin juillet
montraient une hausse du chômage légèrement inférieure aux attentes,
avec un recul plus important que prévu de l’inflation. Les chiffres pour
l’Europe faisaient également ressortir que la contraction dans la
production et les services s’était nettement tassée. La confiance
des entreprises a augmenté et l’euro a repris la main par rapport
au dollar américain. C’est en Allemagne que les signaux de reprise
ont été les plus forts, reflétant l’amélioration des perspectives
pour les exportations.
26. Les Etats membres ont jusqu’à présent pris des mesures équivalentes
à plus de 1 % du PIB en 2009; ce pourcentage sera inférieur l’année
prochaine. Les stabilisateurs automatiques (par exemple les prestations de
couverture du chômage), particulièrement élevés dans la zone euro,
ainsi que les mesures de soutien au secteur financiers contribuent
à la relance. Il est prévu que le déficit budgétaire de la zone
euro s’élève à 5,5% du PIB en 2009 et à 7% en 2010. L’OCDE prévient
que les déficits budgétaires et les ratios d’endettement augmentent
rapidement. Tous les Etats membres doivent élaborer des plans crédibles
pour que leurs budgets restent tenables sur la durée et pour mettre
un terme aux mesure de relance une fois que la reprise sera jugée suffisamment
solide. Néanmoins, les pays disposant d’une marge budgétaire pourraient
encore prendre des mesures budgétaires incitatives supplémentaires,
si nécessaire. De plus, étant donné la tendance à la désinflation,
il est recommandé à la BCE d’utiliser rapidement ses marges restantes
pour baisser les taux d’intérêt et pour mettre en place des politiques
d’«allègement quantitatif». En Europe, les incitations varient sensiblement.
L’Allemagne a débloqué une aide équivalente à plus de 3,75 % du
PIB pour 2009-2010. L’OCDE souligne aussi que, pour préserver ses
perspectives de croissance à moyen terme, l’Union européenne dans son
ensemble doit protéger son marché intérieur, et les régimes d’investissement
et de commerce extérieur libéraux.
27. En
Italie, selon l’OCDE,
après une chute de 1 % en 2008, la croissance du PIB devrait diminuer
de 5,2 % en 2009. Pour 2010, les prévisions de croissance sont minimales.
En particulier, l’Italie a été durement touchée par la contraction
du commerce mondial, avec une chute prévue des exportations de 20,9 %
en 2009, ce qui, conjugué à la détérioration de la conjoncture financière
et en dépit d’un système bancaire relativement sain, a considérablement
réduit l’investissement. Étant donné la faiblesse de sa situation
budgétaire sous-jacente, l’Italie s’est abstenue d’engager de nouvelles
dépenses publiques discrétionnaires, tout en stimulant la demande
intérieure dans le cadre du budget actuel, notamment la consommation
des ménages. Les indemnités de chômage ont été prolongées et le
soutien aux familles à faible revenu a été renforcé. L’OCDE le souligne,
des réformes macroéconomiques et structurelles peuvent améliorer
la performance économique à long terme
.
28. La France a mis en place
des mesures incitatives à hauteur de 1,3 % du PIB, principalement
axées sur l’investissement dans les infrastructures et le soutien
à la liquidité pour les petites et moyennes entreprises. De plus,
des mesures supplémentaires, y compris des allégements fiscaux,
devraient freiner la contraction de la demande intérieure. En mars,
l’OCDE tablait sur un recul de l’économie de 3 % environ cette année,
avec une reprise lente à 0,2 % seulement en 2010. Or, selon les
chiffres provisoires publiés par l’INSEE, la production a augmenté
de 0,3 % au deuxième trimestre 2009. En septembre, l’OCDE a donc
révisé ses prévisions pour 2009 à la hausse, à -2,1 %. Avec un déficit
public qui atteindra 8 % environ l’année prochaine, un plan clair
à moyen terme s’impose pour rétablir la viabilité budgétaire. Sur
le plan des réformes structurelles, l’OCDE estime qu’une des priorités
doit être l’augmentation du taux d’emploi, qui devrait passer, selon
les estimations, de 7,4 % en 2008 à 9,7 % en 2009 puis à 11,2 %
en 2010. Autre priorité, renforcer la compétitivité des entreprises
afin de stopper l’érosion continue des parts de marché dans l’économie
mondiale.
29. Nulle part dans la zone euro les effets de la crise sur l’emploi
ne sont plus visibles qu’en Espagne,
où le taux de chômage devrait atteindre 18,1 % en 2009 et passer,
en 2010, à 19,6 %. Les jeunes travailleurs non qualifiés sont particulièrement
touchés, avec un taux de chômage qui dépassait 33 % en avril 2009.
Pour contrer les diminutions de la production, qui devrait chuter
de 4,25 % en 2009 puis de 1 % supplémentaire en 2010, le gouvernement
amorce une relance budgétaire équivalente à 2 % environ du PIB cette
année, qui comprend notamment un programme destiné à inciter les
pouvoirs locaux à faire des dépenses d’investissement, la suppression
de l’impôt sur la fortune et le paiement accéléré des crédits d’impôt.
Le solde budgétaire général devrait atteindre 9,5 % du PIB en 2010,
date à laquelle la plupart des mesures du gouvernement central visant
à stimuler l’économie devraient être levées.
30. Le Royaume-Uni est en
proie à une grave récession, avec une production qui devrait chuter
de 4,3 % en 2009 et ne redémarrer que lentement en 2010. Au deuxième
trimestre 2009, le PIB a chuté de 0,8 %, soit 5,6 % en glissement
annuel. La dépréciation de la livre sterling n’a pas suffi à compenser
la baisse de la demande d’exportation. Le chômage devrait augmenter
et atteindre 9,7 % en 2010, tandis que la croissance des salaires
et l’inflation sont en baisse. Grâce à son taux d’intérêt proche
de zéro, la Banque d’Angleterre mène une politique quantitative
de facilitation, qui devrait contribuer à atténuer la récession,
bien qu’il demeure des incertitudes quant à son champ d’application.
La pression sur les finances publiques est très forte. En effet, si
le niveau de la dette nette était de 2,7 % seulement en 2007, le
solde structurel se détériore depuis quelques temps et, compte tenu
des demandes d’incitation économique (environ 1,6 % du PIB en 2009)
et de l’aide au secteur financier, on prévoit pour cette année un
déficit de 12,8 %, qui devrait atteindre 14 % l’an prochain. La marge
de manœuvre du gouvernement pour faire face aux chocs futurs est
par conséquent limitée et l’OCDE demande au Royaume-Uni de «continuer
de développer ses plans de consolidation budgétaire, dans un cadre budgétaire
fort et crédible à moyen terme». L’OCDE estime que les conditions
financières sont encore défavorables et qu’en dépit d’une amélioration
en 2009, «la reprise économique nécessitera le redressement du système
financier et de l’offre de crédit.» À noter par ailleurs les très
grandes incertitudes qui demeurent quant à la reprise du marché
de l’immobilier.
31. En Hongrie, le PIB réel
a diminué de 7,2 % (annualisés) au quatrième trimestre de 2008 et
de 9,6 % au premier trimestre de 2009. Cela étant, une politique
monétaire de rigueur a été maintenue devant le manque de confiance
dans le forint, principalement due aux nombreux prêts en devises
détenus par les ménages et à la baisse d’activité sur les marchés
d’exportation dans la zone euro. La situation s’est améliorée grâce
à un financement de 25,5 milliards USD en prêts accordés par la
Banque mondiale, le FMI et l’Union européenne, mais un processus
douloureux d’assainissement budgétaire est à prévoir. Le chômage
devrait atteindre 11,7 % en 2010. Selon l’OCDE, la principale menace
susceptible de peser sur la reprise est que «les élections législatives
prévues pour 2010 n’entraînent des dépenses publiques excessives,
et donc une crise de confiance».
32. En Islande, l’effondrement
des trois banques principales en octobre 2008 a précipité la diminution
de la demande intérieure déjà amorcée. Les consommateurs ont considérablement
diminué leurs dépenses, l’investissement résidentiel et l’investissement
des entreprises ainsi que les importations ont chuté de façon spectaculaire,
les sources de crédit se sont taries, le chômage est monté en flèche,
tout comme les prix à la consommation devant l’effondrement de la
monnaie. L’Islande a conclu un accord de prêt de 2,1 milliards USD avec
le FMI en vue de stabiliser le taux de change, de revenir à une
activité normale et de réinscrire les finances publiques dans une
perspective durable. Des contrôles de change ont été imposés sur
les opérations en capital et le taux d’intérêt directeur a été porté
à 18 %, puis ramené à 12 %. L’OCDE estime que la priorité absolue
est de rétablir la bonne marche du système bancaire. Le 20 juillet,
le ministère islandais des Finances a annoncé un plan de recapitalisation
des trois banques qui avaient toutes été nationalisées.
33. En Russie, l’économie,
qui avait déjà connu un ralentissement l’an dernier, passant à une
croissance de 5,6 %, affichera cette année une diminution de 6,8 %.
Le pays est fragilisé par l’effondrement des prix du pétrole et
par des sorties massives de capitaux, qui ont entraîné une dépréciation
cumulative du rouble de 30 % et une politique monétaire plus restrictive.
Dans l’intervalle, le gouvernement a pris des mesures budgétaires
incitatives à hauteur de 3,5 % du PIB environ (approuvées par la
Douma en avril 2009 seulement), qui soutiendront la demande jusqu’à
la fin de l’année. Parmi ces mesures, outre quelques réductions
d’impôts et augmentations de prestations pour faire face aux effets
sociaux de la crise, les dépenses ont principalement visé à soutenir
les entreprises, ce qui, de l’avis de l’OCDE, pourrait gêner la
concurrence et la bonne marche de l’économie. Les prix des produits
de base ont connu un rebond et les sorties de capitaux ont été stoppées au
deuxième trimestre de 2009 pour la première fois en un an, laissant
poindre l’éventualité d’une reprise de la croissance. Cela étant,
les banques restreignent les prêts et le secteur bancaire demeure
fragile. Désireux de rétablir la confiance dans le système bancaire,
le gouvernement a mis en place un plan de recapitalisation s’élevant
à 4,8 milliards USD en 2009 et à 10 milliards USD en 2010. Le solde
budgétaire excédentaire (+ 4,8 %) est devenu déficitaire (-6%).
L’OCDE estime qu’il faudrait rapidement mettre en place les mesures budgétaires
incitatives, notamment en ce qui concerne la protection sociale
et les politiques actives en faveur de l’emploi. Il convient d’éviter
le recours supplémentaire à des mesures protectionnistes, tout particulièrement au
vu de l’intention de la Russie de rejoindre l’Organisation mondiale
du commerce.
34. L’Ukraine
, fortement
dépendante du crédit étranger, exporte principalement de l’acier.
À l’été 2008, avec le gel des marchés du crédit et la chute des
prix des produits de base, sa devise a perdu 40 % de sa valeur et
la confiance dans le système bancaire s’est érodée. Début 2009,
le PIB a baissé de 25 % rapporté à la moyenne annuelle lissée, alors
que la plus grande partie d’un prêt de stabilisation avait été gelée
par le FMI en raison de différends politiques nationaux. Grâce au
rétablissement du prêt, la restructuration financière a débuté et
les consommateurs commencent à reprendre confiance. On a assisté
aussi à une reprise de la production d’acier, favorisée par un taux
de change plus bas. Le 3 août 2009, la Commission européenne a annoncé
que la Banque européenne pour la reconstruction et le développement
(BERD), la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Banque
mondiale étaient convenus d’un prêt à l’Ukraine de 1,7 milliard USD
pour le paiement de ses factures de gaz à la Russie et la modernisation
de son système d’acheminement du gaz naturel.
3.4. Problèmes des pays
à revenu intermédiaire
35. Six États membres du Conseil de l’Europe (Albanie,
Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, Moldova et Ukraine) appartiennent
à la catégorie des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure
(PRITI), qui regroupe, selon la définition de la Banque mondiale,
les pays dont le revenu national brut (RNB) de 2008 par habitant
était compris entre 976 USD et 3 855 USD, alors que dix pays (Bosnie-Herzégovine,
«ex-République yougoslave de Macédoine», Lettonie, Lituanie, Monténégro,
Pologne, Roumanie, Russie, Serbie et Turquie) appartiennent à la
catégorie des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure
(PRITS), avec un RNB par habitant compris entre 3 856 USD et 11 905 USD.
Parmi les pays non européens mentionnés jusqu’ici, la Chine et l’Inde
appartiennent à la première catégorie, le Brésil et le Mexique à
la seconde. Le Mexique, la Pologne et la Turquie sont déjà membres
de l’OCDE, organisation généralement considérée comme étant constituée
de pays industrialisés avancés à revenu élevé, alors que le Chili,
économie à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, et la
Russie sont sur la voie de l’adhésion. Le Brésil, la Chine, l’Inde,
l’Indonésie et l’Afrique du Sud, tous des pays à revenu intermédiaire,
bénéficient, pour leur part, de relations avec l’OCDE reposant sur
un «engagement renforcé».
36. La crise mondiale a eu des effets particulièrement graves
sur les pays à revenu intermédiaire, dont beaucoup avaient enregistré
juste avant une forte croissance. Les pays asiatiques à revenu intermédiaire
ont toutefois bien rebondi et ont toutes les chances de sortir de
la crise plus tôt que les pays de l’OCDE. L’un des principaux problèmes
a été le déséquilibre dans le degré d’exposition aux marchés monétaires
internationaux. Bien des pays de l’Europe orientale, par exemple,
ont financé les déficits budgétaires et les déficits de la balance
des paiements en s’endettant à l’extérieur, notamment en contractant
des prêts privés en devises, ce qui les a rendu plus vulnérables
aux sorties de capitaux et à la baisse des investissements directs
étrangers. Les pays à revenu intermédiaire pourraient donc être
plus sensibles aux effets de la récession mondiale sur leurs exportations.
Ils pourraient avoir besoin qu’on les conseille plus sur les leçons
à tirer des crises précédentes – éviter par exemple d’accorder trop
d’importance aux exportations et pas suffisamment à la demande intérieure
–, sans oublier que les pays en voie de développement prennent modèle
sur eux pour définir leurs orientations futures
.
37. La plupart des pays à revenu intermédiaire qui sont membres
du Conseil de l’Europe sont des pays d’opération de la BERD. Comme
les pays non européens à revenu intermédiaire et les pays en développement entrent
aussi dans son champ de compétence, l’OCDE pourrait très bien étendre
ses analyses et ses recommandations aux pays européens à revenu
intermédiaire.
4. Principaux domaines
d’activités de l’OCDE
4.1. La réponse de l’OCDE
à la crise et au-delà: pour une économie mondiale plus forte, plus saine
et plus juste
38. Lorsque le G20 s’est réuni en novembre 2008 et en
avril de cette année, les perspectives de l’économie mondiale étaient
particulièrement sombres. Pour l’OCDE, les accords et les déclarations
de ce sommet marquent le début du processus de rétablissement de
la confiance et l’Organisation souscrit aux engagements du G20 de
rétablir la confiance, de relancer la croissance et l’emploi, de
renforcer le système financier, de promouvoir les échanges et l’investissement
mondiaux et de refuser le protectionnisme, de manière que la reprise
soit globale et durable. L’OCDE est bien entendu intervenue pour
élaborer la réponse à la crise et aider à modeler l’économie mondiale
qui en émerge, non seulement aux différentes réunions du G20 mais
aussi à son propre Conseil du niveau des Ministres tenu à Paris
les 24 et 5 juin 2009 et au G8 tenu en Italie en juillet. L’OCDE
continue de réfléchir à des solutions pour transformer l’actuelle
reprise tirée par l’action publique en croissance autonome, avec
sa réponse stratégique qui se concentre sur trois piliers: (i) une
évaluation à court terme et des stratégies de sortie, (ii) une croissance
à long terme (y compris la viabilité budgétaire et l’évaluation
des plans de relance, l’innovation, les PME et la croissance verte),
(iii) l’emploi et les questions sociales, (iv) l’ouverture des marchés,
(v) la finance, la concurrence et la gouvernance et (vi) les questions
de développement. L’on s’attend aussi à ce que des priorités clés
soient au centre des discussions des dirigeants qui participeront
au G20, auxquelles l’OCDE a été invitée à participer.
39. L’OCDE est d’avis que les réformes doivent empêcher la réapparition
d’une telle crise, sans pour autant entamer la capacité des marchés
de mobiliser des capitaux, à assurer leur allocation adéquate et
à mesurer la réussite des activités; c’est de cette capacité des
marchés que dépendait une si grande partie de la prospérité mondiale
récente. S’agissant des garanties et des aides publiques, dont bénéficient
les entreprises, et qui sont susceptibles de fausser la concurrence,
il conviendrait de procéder aux contrôles et aux ajustements nécessaires
de façon à ne pas entraver la reprise des marchés. La crise financière
que nous venons de connaître nous a bien montré que la reprise tardait
à venir si les règles de la concurrence étaient assouplies. L’OCDE
voit plusieurs domaines prioritaires pour les gouvernements et les
organes de régulation:
- Mettre
fin à cette longue crise financière en rétablissant la confiance
sur les marchés et en permettant les prêts bancaires, ce qui devrait
se traduire par la suppression des actifs toxiques et la promotion
de la recapitalisation des banques, y compris par des nationalisations
temporaires si nécessaire.
- Pour les pays qui le peuvent tout en restant prudents,
maintenir les mesures d’incitation monétaire et budgétaire tant
que la reprise n’a pas eu lieu.
- Eviter le protectionnisme déguisé sous forme d’aides et
de subventions aux entreprises nationales.
- Une fois la reprise assurée, les autorités devront agir
rapidement et avec détermination pour annuler une grande partie
des mesures d’urgence déjà prises.
40. En décembre 2008, l’OCDE a lancé sa
Réponse
stratégique à la crise financière et économique, qui
est venue enrichir les travaux du Sommet. Cette stratégie a été
révisée depuis et un rapport détaillé sur cette stratégie a été
présenté au Conseil au niveau des Ministres de l’OCDE en juin. Certains
points essentiels du rapport de synthèse sont examinés ci-dessous
:
41. L’OCDE reconnaît que «La réponse à la crise a été impressionnante
par l’ampleur, l’intensité et le degré de coordination mondiale
qui l’ont caractérisée». La crise «a également confirmé la nécessité
d’impliquer tous les acteurs essentiels
dans la gouvernance économique mondiale. Néanmoins, il
ne s’agit là que des premiers pas vers une économie mondiale plus
durable. Il faut aller plus loin et
adopter maintenant une perspective de moyen à long terme. L’économie
mondiale doit passer d’une reprise tirée par l’action publique à
une croissance autonome. Il est tout aussi nécessaire de s’attaquer
aux conséquences de la montée du chômage, qui pourrait transformer
la crise économique en une crise sociale grave»
42. L’OCDE est d’avis que «une fois la récession terminée, l’économie
mondiale ne devra pas reprendre le cours normal de son évolution
comme si de rien n’était, car les pratiques antérieures se sont
révélées non viables. Les gouvernements doivent d’ores et déjà commencer
à s’interroger sur la façon de sortir des dispositifs exceptionnels
qu’ils ont mis en place, sur plusieurs fronts, pour faire face à
la crise. À cette fin, ils devront se demander non seulement comment
et quand sortir de ces dispositifs, mais aussi par quoi les remplacer».
L’OCDE est d’avis que dans l’économie mondiale de l’après-crise,
la croissance doit être
Plus forte…
43. Il faut assurer «une meilleure régulation des marchés
de capitaux, trouver un juste équilibre entre jeu du marché et action
publique, et mettre en œuvre des politiques destinées à promouvoir
une croissance plus innovante sur le long terme dans une économie
mondiale plus équilibrée. On ne doit pas laisser les déséquilibres
mondiaux s’accentuer, comme par le passé. Pour y remédier, il faut
adopter une perspective à la fois macroéconomique et structurelle.
L’excédent de l’investissement par rapport à l’épargne observé dans certains
pays tient en partie à une émission excessive d’emprunts, tandis
que l’excédent d’épargne constaté dans d’autres reflète une forte
aversion pour le risque liée à l’absence de protection sociale adéquate.
Pour instaurer un environnement de croissance durable, il faut agir
sur ces facteurs sous-jacents à la répartition mondiale de l’épargne
et de l’investissement. Cela passe par des politiques publiques
structurelles à moyen terme, s’ajoutant au processus d’ajustement
macroéconomique, qui devront être mises en œuvre dans un cadre coordonné».
Plus propre...
44. «La crise offre l’occasion d’engager l’économie mondiale
sur la voie d’une croissance à faible émission de carbone, dans
le prolongement des efforts déployés aujourd’hui pour atténuer le
changement climatique. Des investissements préjudiciables à l’environnement
ne doivent pas être réalisés dans le seul but de soutenir l’activité
économique, en particulier lorsqu’il existe d’autres options. À
l’avenir, la croissance devra également être intelligente et se
caractériser par une plus forte intensité de savoir. Pour être durable
et équitable, elle doit également être étayée par un environnement
transparent, dans lequel soient prises de manière coordonnée des
initiatives énergiques pour lutter contre la corruption, la fraude
fiscale et le secret bancaire, et pour favoriser une plus grande
transparence ainsi que l’instauration de conditions équitables en
matière d’investissement».
Plus juste…
45. Il faut mettre en place «des politiques plus efficaces
en matière d’échanges, d’investissement et de développement, des
cadres sociaux robustes et une structure de gouvernance mondiale
commune fondée sur la coopération entre les pays développés, émergents
et en développement, offrant davantage de perspectives et réduisant
les inégalités. L’ouverture des marches demeure un principe fondamental
de bon fonctionnement des économies. Le mouvement de recul spectaculaire,
généralisé et très rapide des échanges, s’il n’est pas inversé,
va remettre en cause les activités des entreprises dynamiques présentes
dans les secteurs exportateurs, où les gains de productivité sont
plus importants, ce qui pourrait avoir des conséquences déstabilisatrices
sur les chaînes de valeur mondiales. L’ouverture des marchés reste
un déterminant essentiel de la croissance ainsi que de la diffusion
des innovations. Opter pour le protectionnisme constituerait une
très grave erreur. Les personnes démunies et les plus exposées au
risque d’exclusion ne doivent pas être abandonnées à leur sort.
La croissance doit être durable sur le plan social et fondée sur
un renforcement de l’emploi. Le chômage engendre en effet la pauvreté
et limite la croissance à long terme. Les tensions sociales découlant
de la montée du chômage pourraient exacerber les pressions protectionnistes».
Finance, concurrence et gouvernance:
priorités pour la réforme et stratégies de sortie des mesures d’urgence
46. L’OCDE est d’avis que pour rétablir la confiance
du public dans les marchés de capitaux, il convient de mettre en
place des incitations afin de promouvoir un équilibre prudent entre
le risque et la recherche du rendement dans l’activité bancaire
et d’autres institutions financières. S’il existe des marges de
flexibilité pour certains pays, des priorités stratégiques urgentes
peuvent être identifiées pour la réforme des politiques, notamment
le fait de simplifier le cadre réglementaire; de mettre l’accent
sur les règles prudentielles et les règles de conduite des affaires
et renforcer les incitations à respecter ces règles; d’insister
sur l’intégrité et la transparence des marchés, y compris la publication
d’informations et la protection contre la fraude; de réformer les
réglementations relatives au capital pour que le système comporte
beaucoup plus de capital à risque (et moins d’endettement) que cela
n’était le cas d’ordinaire; d’éviter les entraves aux flux d’investissements internationaux
sera crucial pour attirer des quantités suffisantes de capitaux
frais; de renforcer la gouvernance des institutions financières
et veiller à l’obligation de rendre compte aux propriétaires et
créanciers ayant des capitaux à risque, et, une fois la crise passée,
de veiller à ce que les agents ayant des capitaux à risque, y compris
les grands créanciers, perdent de l’argent lorsqu’ils commettent
des erreurs; d’améliorer la connaissance des effets des politiques
fiscales sur la solidité des marchés de capitaux; et d’améliorer
les programmes d’éducation et de protection des consommateurs.
47. L’OCDE souligne à juste titre que stabiliser la situation
économique et financière prendra du temps. Mais une fois ce résultat
acquis, les gouvernements devront engager le processus de sortie
des mesures d’aide exceptionnelles qui ont été accumulées pour enrayer
la crise. Étant donné que la situation sera précaire, la reprise
ne devrait pas être compromise par un retrait précipité des diverses
mesures de soutien. Pour l’OCDE, réussir le processus de sortie
de crise sera plus important que d’agir avec célérité. Une nouvelle
fois, des principes clairs pour guider le processus devraient être
établis à un stade précoce. Par exemple, le calendrier de sortie
de crise (y compris la vente intégrale des actions avec droit de
vote détenues par l’État) dépendra en partie des progrès de la réforme
de la réglementation, telles que celles mentionnées plus haut. Des
conditions de concurrence équitables devraient être rétablies et
les mesures de soutien retirées à terme. Les entreprises viables
devraient être assainies et opérer dans le respect des règles du
marché. Les mesures de soutien ne devraient pas être retirées de
façon précipitée, mais facturées à un prix de plus en plus réaliste.
Lorsque des sources de fonds propres adéquates deviendront disponibles,
les entreprises financières détenues ou contrôlées par l’État devraient
être privatisées. Les actifs toxiques et les garanties associées
qui demeurent entre les mains de l’État devraient être gérés aux
fins d’en récupérer le maximum possible pour le contribuable dans
le moyen terme. La confiance du public dans les systèmes de retraite
privés et la robustesse financière de ces régimes devraient être
renforcées.
Défis en matière de gouvernance
des administrations publiques
48. La nature de la crise financière et économique actuelle
met en évidence à l’échelle mondiale le rôle unique des administrations
publiques pour servir l’intérêt public et dirige à nouveau l’attention
sur les institutions, les politiques et les outils qui aident les
autorités publiques à répondre aux besoins et aux attentes des citoyens
et des entreprises. Si les recettes fiscales sont en baisse en raison
de la récession économique et les dépenses publiques en hausse du
fait de l’augmentation des investissements publics, il y a moins d’argent
disponible pour d’autres dépenses publiques, ce qui a souvent un
effet sur la capacité nationale et sous-nationale de fournir des
biens et des services publics. Par ailleurs, la montée du chômage
et les faibles perspectives d’emploi accroissent la demande de toute
une variété de services publics, notamment les indemnités de chômage,
les programmes d’ajustement des marchés du travail, l’éducation
(par ex. le recyclage et le renforcement des compétences), les soins
de santé, etc. De ce fait, l’attention se tourne vers le rôle du
secteur public et l’utilisation optimale des ressources qu’il offre.
La qualité, la flexibilité et l’efficacité des systèmes de gouvernance
publique au sein d’un pays sont essentielles quant à la rapidité
et à l’efficacité avec laquelle les administrations peuvent procéder
à la mise en œuvre des changements nécessaires ou présenter des
programmes des réformes afin de répondre à de tels besoins. Cependant,
comme le montrent les travaux réalisés pour le Panorama des administrations publiques 2009 de
l’OCDE, il est de plus en plus évident que les pays sont confrontés
à cette question.
49. Si la principale cause de la crise financière et économique
actuelle a été la défaillance des marchés financiers, les disparités
réglementaires et le manque de transparence conjugués à de faibles
niveaux d’intégrité ont aussi joué un rôle. Les questions de gouvernance
ne sont pas un phénomène uniquement déterminé par la crise actuelle
et de nombreux pays de l’OCDE ont fait avancer les choses en développant
et en modifiant leurs institutions, cadres et outils de gouvernance
dans le cadre des réformes générales qu’ils ont engagées, et modifié
leur ordre du jour. Par conséquent, les séquelles de la crise économique
actuelle ont largement mis en lumière certains aspects de la gouvernance
ou des administrations publiques où d’autres changements pourraient
se révéler nécessaires ou pour lesquels d’autres considérations
pourraient être nécessaires quant à la meilleure manière de faire
en sorte que les mesures de réforme soient vraiment efficaces et
effectives. Les examens réalisés par l’OCDE sur la gouvernance publique, bienqu’étant
encore à un stade précoce, ont démontré les liens entre la planification
stratégique, les arrangements institutionnels, les outils et la
capacité de garantir un fonctionnement sans heurts des cadres de
gouvernance du secteur public (institutions, gestion publique, administrations
publiques) et la viabilité des administrations publiques. Ces examens
complets aident les pays à évaluer le bon fonctionnement des cadres
institutionnels et des arrangements en matière de gouvernance dans
une perspective comparative internationale, en termes de capacité
à réaliser les objectifs fixés par les autorités publiques, notamment
dans une perspective globale, ainsi que leur capacité à faire face
aux défis actuels et à venir.
50. Si l’on veut que la reprise soit saine, il convient de promouvoir
de manière proactive des conditions égales pour tous et une concurrence
équitable dans la passation des marchés publics. A cet effet, une transparence
renforcée, une bonne gestion, l’obligation de rendre compte et le
contrôle, à toutes les étapes de la passation des marchés publics
— de la définition des besoins à la gestion des marchés et à leur
paiement, en passant par leur attribution — sont essentiels. Les
mesures prises aujourd’hui auront un effet durable dans la mesure
où les deniers publics sont utilisés pour renouveler les infrastructures
publiques et investir dans les nouvelles technologies à l’avenir.
Pour rétablir et maintenir la confiance, on attend des gouvernements
qu’ils rendent compte de chaque centime dépensé de l’argent des
contribuables dans le cadre des mesures de relance qu’ils mettent
en place. Les Principes de l’OCDE pour le renforcement de l’intégrité
dans les marchés publics, approuvés sous la forme d’une Recommandation
en Octobre 2008, fournissent un instrument stratégique qui donne
des orientations aux gouvernements pour prévenir le gaspillage,
la fraude et la corruption dans les marchés publics. En 2011, les
pays de l’OCDE publieront un rapport sur les progrès accomplis dans
la mise en œuvre de cette Recommandation.
Préserver l’ouverture des marchés
et l’investissement
51. De l’avis de l’OCDE, bien que les pouvoirs publics
aient dans une large mesure résisté aux pressions protectionnistes
jusqu’ici, le protectionnisme en matière d’échanges et d’investissement
reste une menace et une vigilance continue s’impose. De nombreux
gouvernements ont adopté des mesures destinées à canaliser les investissements
publics et les aides sectorielles. Dans le cadre de certains programmes,
ils imposent des conditions susceptibles d’exercer un effet dissuasif
sur les échanges, en particulier les importations, ou sur les flux
d’investissement. Faute d’être soigneusement conçues, ces mesures
présentent un risque de dérive vers des dispositions discriminatoires
de nature à empêcher le retour à une croissance durable.
52. Les accords commerciaux et les instruments de l’OCDE relatifs
à l’investissement offrent des marges de manœuvre aux États en situation
de crise. Néanmoins, aux termes de ces mêmes instruments, les gouvernements
devraient veiller à ce que de telles mesures ne portent pas indûment
atteinte aux intérêts d’autres pays.
53. Par ailleurs, les négociations commerciales multilatérales
sont toujours enlisées. L’OCDE invite instamment les pays à redoubler
d’efforts en vue de conclure le Programme de Doha pour le développement (PDD)
en 2009, non seulement dans l’intérêt du monde développé mais aussi
afin d’améliorer l’état de santé systémique de l’économie mondiale.
54. Le défi actuel que doivent relever les gouvernements pour
préserver la «liberté d’investissement» consiste à faire usage des
nouvelles prérogatives dont ils disposent face à la crise pour s’attaquer
efficacement aux problèmes économiques et sociaux, tout en minimisant
les obstacles aux flux d’investissement en provenance et à destination
de l’étranger.
Conjuguer mesures de relance
et croissance à long terme
55. L’OCDE insiste sur le fait que les politiques macroéconomiques
et structurelles devraient être conformes à trois grands objectifs:
assurer un niveau élevé de croissance potentielle, éviter les déséquilibres insoutenables
de balance des paiements, et garantir la viabilité des finances
publiques. Le calendrier et la composition des mesures de relance
budgétaire doivent être de plus en plus alignés sur ces objectifs.
56. L’OCDE nous rappelle que la nécessité de nouvelles mesures
discrétionnaires de relance budgétaire varie suivant les pays, étant
donné que les stabilisateurs automatiques (par ex. les allocations
chômage) fonctionnent de manière plus puissante dans certaines économies.
Dans ce contexte, la contrainte la plus forte qui pèse sur l’adoption
de mesures de relance supplémentaires est la réaction des marchés
de capitaux à l’augmentation du besoin de financement des administrations
publiques.
57. L’OCDE propose un certain nombre de recommandations en ce
qui concerne les plans de relance
. Premièrement, il
ne faut pas laisser les mesures de crise remettre en cause le jeu
de la concurrence. Deuxièmement, l’action doit être coordonnée de
manière à créer générer un impact global plus important que des
interventions nationales isolées. Troisièmement, l’OCDE souligne
une nouvelle fois que nombre des dispositions d’urgence adoptées
aujourd’hui pourrait menacer la croissance et la viabilité des finances publiques
à long terme si elles ne sont pas correctement démantelées. De telles
dispositions doivent par conséquent être mises en œuvre à titre
temporaire, en veillant à limiter au maximum leurs effets de distorsion, et
les assortir d’un plan et d’un échéancier clairs et crédibles pour
leur retrait progressif une fois la reprise bien engagée. Quatrièmement,
les gouvernements devraient renforcer la crédibilité du cadre budgétaire
à moyen terme, en prenant dès le départ un engagement clair en faveur
de la viabilité des finances publiques à long terme. Cinquièmement,
des plans crédibles d’assainissement budgétaire peuvent exiger des
réformes fiscales, notamment un élargissement des bases d’imposition
et une amélioration de la discipline fiscale permettant de garantir
des recettes durables. En effet, à mesure que les économies émergeront
de la récession, il sera probablement nécessaire d’obtenir des recettes
supplémentaires et de pratiquer des coupes durables dans les dépenses.
Deux autres recommandations importantes de l’OCDE à l’intention
des autorités publiques portent sur la nécessité de mesures «à doubles
dividendes» (qui peuvent en même temps soutenir l’économie à court
terme et stimuler la production à long terme) et la nécessité d’améliorer
le rapport résultats/ressources mises en œuvre.
Mesures fiscales
58. L’OCDE est d’avis, que, de manière générale, des
réformes fiscales axées sur la croissance impliqueraient un redéploiement
des recettes passant par un allègement des impôts sur les sociétés
et les revenus des personnes physiques, ou des cotisations de sécurité
sociale, conjugué à une augmentation des prélèvements sur la consommation
et le patrimoine, y compris les logements. Cela étant, toute proposition
de mesure fiscale doit prendre en compte les effets induits sur
la distribution des revenus, sachant qu’il est particulièrement
important de songer aux plus démunis en période de récession économique.
Des réductions d’impôts ciblées sur les travailleurs à bas revenu
peuvent améliorer les niveaux de vie en augmentant leur revenu disponible
et en rendant plus attractif l’exercice d’une activité professionnelle.
Mesures concernant la main-d’œuvre,
la protection sociale et l’enseignement
59. L’OCDE est d’avis que les mécanismes de subvention
destinés à renforcer la demande de main-d’œuvre doivent être temporaires
et bien ciblés. La mise en place de dispositifs de retraite anticipée
doit être évitée. Les pays dotés de régimes de prestations de chômage
limités jugeront peut-être bon d’envisager une extension de leur
champ d’application et, éventuellement, un allongement de la durée
maximale de versement de ces prestations pendant la phase de repli
de l’activité économique. Il serait important de renforcer les politiques
actives du marché du travail (PAMT) efficaces, afin de maintenir
le cap de l’activation. Il pourrait toutefois s’avérer difficile
d’accroître les ressources affectées aux services publics de l’emploi
en proportion de l’augmentation du nombre de demandeurs d’emplois,
notamment parce qu’il faut du temps pour recruter et former de bons
agents chargés du traitement des dossiers. Dans ces circonstances,
il peut exister des possibilités de coopération efficace entre les
services publics de l’emploi et les bureaux de placement privés, permettant
d’offrir toute une palette de services d’activation sous-traités.
60. Les réponses macro-économiques apportées par les gouvernements
sont essentielles, mais des mesures sont également nécessaires au
niveau local pour faire face aux pertes d’emploi et aider les économies
à redevenir prospères. Une réflexion stratégique est nécessaire
localement pour jeter les bases de la création d’un emploi durable
qui fournit des possibilités de progression et d’accessibilité.
Il devrait y avoir une meilleure intégration entre les mesures destinées
au marché du travail, la formation et le développement économique.
Les programmes publics doivent être suffisamment flexibles de manière
à pouvoir toucher les groupes pertinents et à s’adapter aux conditions
locales. Il convient de mettre davantage l’accent sur le développement
d’une intelligence locale afin d’inspirer la mise en œuvre des politiques
publiques.
61. Les aides axées sur l’enseignement et la formation professionnelle
qui favorisent la transition vers de nouveaux emplois et des domaines
prometteurs doivent également demeurer une priorité des pouvoirs publics,
ainsi que les mesures destinées à faciliter le passage des jeunes
du système éducatif au monde du travail. Les préoccupations concernant
l’intégration des immigrants devraient être pleinement intégrées
dans les volets des plans de relance relatifs au marché du travail.
A cet égard, la Réunion de l’OCDE au niveau ministériel sur l’emploi
et le travail tenue les 28 et 29 septembre 2009 représente une occasion
déterminante pour examiner comment les politiques de l’emploi et
les politiques sociales peuvent au mieux aider les salariés et les
ménages à faibles revenus à surmonter les difficultés de l’actuelle
crise de l’emploi.
Retraites
62. Compte tenu de leur vulnérabilité, les retraites
pourraient constituer une composante des plans de relance économique.
L’OCDE recommande aux gouvernements de renforcer les systèmes de
protection sociale afin d’empêcher une montée de la pauvreté parmi
les personnes âgées, de différencier les portefeuilles d’investissements
et de glisser vers des actifs plus risqués à l’approche de la retraite
dans le cadre des dispositifs privés de retraite (à cotisations
définies). Par ailleurs, les autorités pourraient laisser davantage
de temps aux régimes professionnels de retraite (à prestations définies)
pour redresser leur situation.
63. De l’avis de l’OCDE, ce que les gouvernements ne doivent pas
faire, c’est recourir aux régimes de retraite anticipée ou d’invalidité
pour tenter d’endiguer la montée du chômage. En fait, certains pays
proposent de relever l’âge de départ en retraite pour améliorer
la situation financière des régimes de retraite.
Investissement en infrastructures
64. L’OCDE est d’avis que la plupart des plans de relance
économique adoptés ont en commun le souci d’améliorer les infrastructures
nationales, essentiellement par le biais de travaux publics. Les
domaines visés sont les routes, les chemins de fer, les transports
publics, les aéroports, la distribution d’eau et l’assainissement,
les structures de garde d’enfants, les établissements scolaires
et universitaires, les hôpitaux, les réseaux d’énergie et la sécurité
énergétique, ainsi que les infrastructures de communication à haut
débit. Les projets en matière d’infrastructures devraient prendre
en considération les principes indiqués à la suite:
- La préparation des projets doit
être suffisamment avancée pour qu’ils puissent être mis en œuvre rapidement
et efficacement en période de crise. La priorité doit être donnée
aux projets novateurs les plus susceptibles d’améliorer l’efficacité
avec laquelle sont utilisées l’énergie et les autres ressources, et
qui renforcent la viabilité écologique à long terme.
- Les investissements dans les réseaux de communication
à haut débit doivent aller de pair avec des cadres réglementaires
favorisant l’accès libre aux réseaux et le jeu de la concurrence
sur le marché considéré. Ces investissements devraient également
viser à renforcer l’utilisation des technologies de l’information
et de la communication (TIC) en vue d’en retirer des bénéfices économiques
et sociaux, par ex. Pour la formation et la recherche d’emploi;
- Il faut cibler les dépenses sur les ressources inexploitées,
notamment les groupes vulnérables comme les jeunes peu qualifiés,
les femmes et les travailleurs âgés, qui sont les plus exposés au
risque de tomber dans le piège du chômage.
Croissance verte
65. L’un des principaux messages de l’OCDE pour mettre
fin à la crise est celui de la «croissance verte», qui a fait l’objet
d’une déclaration spéciale par les ministres de l’OCDE le 25 juin
.
L’essence de ce message est qu’il est possible de conjuguer croissance
économique et objectifs environnementaux, par exemple la réduction
des gaz à effet de serre, et que les deux doivent aller de pair.
Il est ainsi possible de mettre en œuvre des stratégies permettant
de progresser simultanément sur ces deux fronts à long terme: (i)
une réforme fiscale verte (consistant à réaliser un transfert de
charge fiscale du travail et du capital vers les polluants ou les activités
polluantes) et la vente aux enchères de permis de polluer – source
de recettes – qui sont bonnes pour l’environnement tout en contribuant
à la viabilité des finances publiques; (ii) réformer ou supprimer
les politiques inefficaces, en particulier les subventions à la
production et à la consommation de combustibles fossiles, ce qui
s’accompagne d’un double ou triple dividende (remédier à l’inefficience
qui caractérise la répartition des ressources dans l’économie, faire
avancer la cause écologique, et économiser les deniers publics et
l’argent des contribuables); et (iii) lever les obstacles (tels
que les défaillances du marché, notamment sur le plan informationnel)
à une généralisation des pratiques permettant d’améliorer l’efficacité énergétique
et les transports.
66. En outre, de nombreux investissements en infrastructures «verts»
prévus dans le cadre des plans de relance sont destinés à accroître
les investissements publics axés sur l’efficacité énergétique des
bâtiments, les transports publics, les réseaux d’énergie renouvelable,
l’amélioration de l’efficacité des systèmes de traitement des eaux,
d’approvisionnement en eau et d’assainissement, ainsi que les infrastructures
de prévention des inondations et autres risques écologiques et dégradations
de l’environnement. Cela peut contribuer à améliorer la qualité
de l’environnement, et permettre de saisir l’occasion offerte par
la crise de stimuler les investissements publics en infrastructures
concourant à réduire le niveau d’émission de carbone de l’économie.
En attendant, certains éléments des plans de relance, tels que la
construction de nouvelles routes et les programmes de mise à la
casse des véhicules, doivent être évalués avec soin sous l’angle
des effets potentiellement négatifs qu’ils peuvent avoir sur l’environnement.
Promouvoir l’innovation
67. L’OCDE, qui met au point une Stratégie pour l’innovation
pour le XIXe siècle
,
fait remarquer que la crise a déjà commencé à se répercuter sur
l’innovation, compte tenu de ses effets sur l’investissement, la finance,
les échanges, l’entrepreneuriat et l’emploi
.
Par le passé, les dépenses de recherche-développement (R-D) des
entreprises et les dépôts de brevets ont évolué parallèlement au
produit intérieur brut (PIB), ralentissant nettement au cours des
phases de repli de l’activité économique du début des années 90
et du début des années 2000.
68. De l’avis de l’OCDE, l’innovation sera une des clés de la
sortie de la récession et du retour des pays sur une trajectoire
de croissance durable – et plus intelligente. De nombreux gouvernements
ont intégré dans leurs plans de relance des mesures destinées à
renforcer l’innovation, et peuvent également adopter des dispositions
afin d’améliorer leur potentiel d’innovation à long terme.
69. La crise a amplifié des défaillances bien connues du marché
concernant le financement de l’innovation. L’investissement dans
l’innovation est maintenant jugé encore plus risqué qu’auparavant,
et certains investissements à long terme dans les nouvelles technologies
en sont particulièrement affectés. De plus, les mesures de relance
offrent l’occasion d’employer judicieusement les ressources disponibles
pour l’innovation (notamment de la main d’œuvre qualifiée).
70. Dans le cadre du soutien apporté à l’investissement privé
dans l’innovation, l’OCDE conseille aux administrations de veiller
à ce que leurs dépenses soient engagées à bon escient; les projets
d’innovation les moins prometteurs sont généralement abandonnés
d’abord par le secteur privé, et il n’y a pas lieu de les relancer
ensuite avec de l’argent public. L’OCDE recommande que dans ce contexte,
les autorités axent les aides publiques sur les activités de recherche
et d’innovation les plus durement touchées par la crise; une meilleure
utilisation des partenariats public-privé qui contribuent à la fois
à stimuler la demande à court terme et l’offre à long terme et des
procédures ouvertes et concurrentielles de passation des marchés
publics pour soutenir la R-D, en particulier lorsqu’elle contribue
au règlement de problèmes sociaux.
71. Les gouvernements doivent également axer leur action sur des
mesures destinées à renforcer l’innovation dans une perspective
de moyen à long terme. Comme indiqué dans le rapport d’étape sur
la Stratégie pour l’innovation, un large éventail de réformes sera
nécessaire dans les pays de l’OCDE pour s’adapter à la nature évolutive
du processus d’innovation et renforcer les résultats obtenus en
matière d’innovation, afin de favoriser une croissance durable et
de relever des défis clés au niveau mondial.
Entrepreneuriat et renouveau
industriel
72. L’OCDE recommande également qu’en modifiant leur
approche de l’innovation, les gouvernements se demandent aussi quelle
est la meilleure façon de favoriser la prise de risques, notamment
l’investissement dans les jeunes entreprises innovantes. Dans le
cadre de la réforme de la réglementation des marchés de capitaux
destinée à remédier à la crise financière, les autorités pourraient
réexaminer le rôle des marchés du capital-risque et de la titrisation
des actifs liés à l’innovation (tels que la propriété intellectuelle),
qui constituent des vecteurs de financement essentiels pour de nombreuses
jeunes entreprises innovantes. En outre, les nouveaux débouchés
économiques et le redéploiement des ressources des activités en
déclin vers les domaines prometteurs revêtent une importance cruciale
pour la reprise. L’OCDE fait remarquer que les gouvernements devront
éviter de figer les anciens modèles et structures économiques. Les
gouvernements peuvent se préparer à la prochaine phase de croissance
de la productivité tirée par l’innovation, en favorisant l’entrée
et le développement de nouvelles entreprises, et la sortie ou la
réorientation des entreprises existantes en difficulté. Les PME
jouent un rôle croissant dans la R-D, principalement au niveau local.
Il convient d’accorder plus d’attention à l’identification et au
développement des compétences entrepreneuriales liées aux processus
d’innovation.
PME et financement des PME
73. L’OCDE fait remarquer que l’accès au financement
demeure un des principaux obstacles à la création, la survive et
la croissance des petites et moyennes entreprises
.
Ce problème est fortement exacerbé par la crise économique et financière.
74. L’OCDE propose par conséquent aux autorités un certain de
recommandations en vue de remédier aux insuffisances qui caractérisent
de longue date l’environnement financier des PME, par exemple de
renforcer leurs relations avec les banques, d’améliorer l’accès
à la micro-finance, d’améliorer l’information et les compétences
des PME et des entrepreneurs dans le domaine de la finance, d’améliorer
la connaissance de la situation des PME et des entrepreneurs en
matière de financement, de rechercher des moyens de faciliter l’instauration
de «réseaux d’investisseurs-tuteurs» qui peuvent considérablement
étayer les flux d’informations et de capitaux, d’associer davantage,
dès le départ, les entrepreneurs et les PME à l’élaboration des programmes
et des politiques publiques liés à leur financement, afin que leurs
points de vue et leurs besoins soient bien compris et pris en compte.
4.2. Combattre l’évasion
fiscale et lutter contre la corruption
75. Comme l’ont relevé des fonctionnaires de l’OCDE à
la réunion de la Commission des questions économiques et du développement
de l’APCE tenue le 19 juin 2009, bien que les paradis fiscaux ne
soient pas la cause de la crise financière, leur effet est de détourner
les recettes fiscales des pouvoirs publics des pays où les revenus
ou l’épargne prennent leur source. Afin de protéger les finances
publiques et les systèmes financiers, le Sommet du G20 s’est accordé
sur la transparence et l’échange d’informations et a convenu de prendre
des mesures contre les juridictions non coopératives». L’OCDE définit
un paradis fiscal en termes de critères spécifiques, comme indiqué
à la suite:
«Quatre facteurs principaux
sont utilisés pour déterminer si une juridiction constitue un paradis
fiscal. Le premier est le fait que cette juridiction applique des
impôts inexistants ou insignifiants. Ce critère n’est pas suffisant
par lui même pour permettre de qualifier une juridiction de paradis
fiscal. L’OCDE reconnaît que toute juridiction a le droit de décider
d’appliquer ou non des impôts directs et, dans l’affirmative, de déterminer
le taux d’imposition approprié. Une analyse des autres facteurs
essentiels est nécessaire pour qu’une juridiction soit considérée
comme un paradis fiscal. Les trois autres facteurs à prendre en compte
sont les suivants:
- Y a t il une absence de transparence?
- Existe-t-il des lois ou pratiques administratives qui
empêchent un véritable échange de renseignements à des fins fiscales
avec les autres administrations en ce qui concerne les contribuables qui
bénéficient d’une imposition inexistante ou insignifiante?
- L’absence d’activités substantielles est elle admise?
«La condition de transparence permet de faire en sorte
que les législations fiscales soient appliquées d’une manière ouverte
et cohérente entre des contribuables se trouvant dans des situations
similaires et que les informations dont les autorités fiscales ont
besoin pour déterminer exactement le montant de l’impôt dû par un
contribuable soient disponibles (par exemple dans les registres
comptables et les pièces justificatives correspondantes).
«En ce qui concerne les échanges de renseignements en
matière fiscale, l’OCDE invite les pays à adopter un système d’échanges
de renseignements «à la demande». Il s’agit du cas où les autorités compétentes
d’un pays demandent à celles d’un autre pays des informations spécifiques
concernant une vérification fiscale spécifique, en général en application
d’un accord bilatéral d’échange de renseignements entre les deux
pays. L’un des éléments essentiels de ces échanges de renseignements est
la mise en œuvre de garanties appropriées pour assurer une protection
suffisante des droits des contribuables et de la confidentialité
de leur situation fiscale.
«Le critère d’absence d’activités substantielles a été
inclus dans le Rapport de 1998 pour permettre d’identifier les paradis
fiscaux, dans la mesure où l’absence de ces activités laisse supposer
qu’une juridiction pourrait s’efforcer d’attirer des investissements
et des transactions qui sont uniquement motivés par des considérations
fiscales. En 2001, le Comité des affaires fiscales de l’OCDE a demandé que
ce critère ne soit pas utilisé pour décider si un paradis fiscal
était ou non coopératif ».
76. Ces dernières années, l’OCDE a ouvert la voie en établissant
des normes internationales sur l’échange d’informations à des fins
fiscales et en obtenant l’adhésion des pays. Ces normes, élaborées
par des Etats membres et non membres de l’OCDE dans le cadre du
Forum mondial de l’OCDE sur la fiscalité, ont été entérinées par
les ministres des Finances du G20 en 2004 et par le Comité d’experts
des Nations Unies sur la coopération internationale en matière fiscale
en octobre 2008. Elles font en substance obligation d’échanger, sur
demande, des informations concernant toutes les questions fiscales
pour l’application de la législation nationale, sans que l’on puisse
opposer le secret bancaire. Parallèlement, elles créent des garanties
pour protéger la confidentialité des informations échangées.
77. A leur réunion du Conseil au niveau des Ministres des 24 et
25 juin 2009, les Ministres «se sont félicités de l’adoption quasi
universelle des principes de transparence et d’échange effectif
de renseignements fiscaux élaborés par l’OCDE. Nous appelons de
nos vœux un renforcement du Forum mondial sur la transparence et l’échange
de renseignements, y compris l’élargissement de sa composition.
Nous soutenons la mise en place d’un processus robuste et complet
d’examen par les pairs au sein du Forum mondial et la mise au point
d’une panoplie de mesures défensives en vue d’assurer une application
effective à l’échelle mondiale des normes et instruments convenus»
.
78. Comme l’ont souligné les membres de la Commission des questions
économiques et du développement de l’APCE à leur réunion du 19 juin,
il convient de bien préciser que dans le cadre de l’échange de renseignements
fiscaux, la confidentialité bancaire normale doit être respectée,
celle-ci ne pouvant être levée qu’en cas d’évasion fiscale et d’activité
criminelle.
79. A la suite du Sommet de Londres, le Secrétaire général de
l’OCDE a déclaré que les résultats obtenus en deux ou trois semaines
pour améliorer la transparence sont nettement supérieurs à ceux
enregistrés ces dix dernières années, grâce à la signature d’accords
fiscaux et aux engagements pris par les juridictions du monde entier,
dont celles des Îles Caïmans, du Costa Rica, de Macao, de la Chine,
des Philippines, de la Suisse et de l’Uruguay. L’OCDE a été chargée
d’assurer le suivi du respect des engagements et son Secrétaire général
a promis d’être «particulièrement vigilant» pour que les engagements
soient suivis d’actions législatives et administratives. Toutefois,
certains ont remis en doute l’efficacité de ces accords fiscaux internationaux,
faisant valoir qu’ils ont abouti à très peu de demandes d’information,
car il est trop difficile de déterminer le véritable propriétaire
de comptes protégés par des accords de trust, par exemple
.
80. Néanmoins, l’OCDE considère que l’existence de normes internationales
aussi complètes est essentielle pour le succès d’une politique mondiale
et estime qu’elles peuvent servir de modèle pour améliorer l’intégrité
et la transparence dans d’autres domaines. Elle intensifie donc
ses travaux avec des organisations partenaires pour identifier des
normes et des instruments propres à renforcer le cadre réglementaire
mondial. La dernière partie portera sur certaines normes et instruments
qu’elle juge prioritaires pour l’avenir. C’est pourquoi l’OCDE plaide
en faveur de l’actualisation rapide de la convention conjointe OCDE-Conseil
de l’Europe sur l’entraide administrative en matière fiscale (STE
n° 127), ce que le Rapporteur soutient fermement.
81. La politique fiscale prend de plus en plus de place aux côtés
de l’aide, ce que l’OCDE qualifie d’ailleurs de «nouvelle frontière»
du développement international. Le rôle des paradis fiscaux dans
la réduction des revenus des pays en développement est examiné attentivement
au moment où tous les pays intensifient leurs efforts pour combattre
l’évasion fiscale transfrontalière. L’OCDE est d’avis que les donneurs
devraient soutenir un renforcement du système fiscal et des administrations
des pays en développement par des aides spécifiques. Pour leur part,
les pays en développement doivent prouver que ces initiatives peuvent
être efficaces en combattant la fraude fiscale et en luttant contre
la corruption.
82. L’an dernier, l’OCDE a célébré le dixième anniversaire de
l’entrée en vigueur de la Convention sur la lutte contre la corruption
d’agents publics étrangers dans les transactions commerciales internationales.
A ce jour, 38 pays dont les 30 membres de l’OCDE plus l’Afrique
du Sud, l’Argentine, le Brésil, la Bulgarie, le Chili, l’Estonie,
Israël et la Slovénie ont rejoint la Convention, qui marque un tournant
dans la lutte contre la corruption. Elle constitue une base solide
à l’appui des efforts déployés par les Etats membres pour empêcher et
sanctionner la corruption et les pots-de-vin en établissant des
normes rigoureuses et un mécanisme efficace d’évaluation par les
pairs.
4.3. Encourager l’aide
au développement
83. Comme le reste du monde, les pays en développement
ont aussi été touchés par le resserrement des marchés du crédit
et la réduction des investissements internationaux, la chute des
échanges et le recul des prix des produits de base, mais ils sont
encore plus vulnérables aux effets domino de la crise mondiale,
comme la baisse des transferts d’argent des travailleurs expatriés
et la menace de conflits locaux en raison de la concurrence accrue
pour les ressources. Par le passé, ce rapport a fait régulièrement
état des travaux du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE,
notamment dans les domaines de la coopération, du transfert de connaissances
et de la mesure de l’efficacité de l’aide. Dans son rapport 2009,
le CAD fait le bilan de la conjoncture, et lance un appel pour que
la communauté internationale maintienne son engagement de lutter
contre la pauvreté et d’encourager le développement durable
.
84. D’une manière générale, l’aide, exprimée en dollars, a atteint
des niveaux record en 2008. Les derniers chiffres du CAD font apparaître
une augmentation de 10 % en termes réels, et une hausse de 11 %
est prévue pour 2009 et 2010. A la lumière des engagements existants
pour 2010, il faudrait encore ajouter au moins 10 à 15 milliards
de dollars supplémentaires aux plans de dépenses prévisionnels pour
que les donateurs honorent leurs promesses, c’est-à-dire porter
le niveau de l’aide publique au développement (APD) à 121 milliards
(en dollars de 2004). Certains signes récents d’un recul de l’aide
nette laissent à penser que ce déficit va encore se creuser. Pour
y faire face, le Secrétaire général de l’OCDE a lancé une «promesse
d’aide» et les membres du CAD se sont engagés envers lui à maintenir
leurs programmes d’aides. En outre, les donateurs sont vivement
encouragés à accélérer les dépenses prévues. Cela est particulièrement
important, car la Banque mondiale et le FMI prévoient que la crise
mondiale nécessitera environ 25 milliards de dollars de fonds supplémentaires.
Alors que l’allègement programmé de la dette est voué à reculer,
le rapport souligne que d’autres formes d’aide devront augmenter
considérablement si l’on veut atteindre les objectifs.
85. Les modalités d’allocation de l’aide ainsi que son utilisation
sont naturellement aussi importantes que le montant de l’aide. En
septembre 2008, les 130 pays ayant participé au 3e Forum de haut
niveau sur l’efficacité de l’aide, tenu à Accra, ont lancé le Programme
d’action d’Accra. Les donateurs se sont engagés à rendre l’aide
plus prévisible tandis que les bénéficiaires s’engageaient pour
leur part à renforcer leurs systèmes budgétaire et financier et
à améliorer la transparence. Il sera de plus en plus important que
ces engagements soient tenus, car l’aide injectée directement dans
les budgets des pays en développement devrait augmenter dans les
prochaines années.
86. Il reste aux donateurs à traiter de la question du montant
de l’aide qu’ils apportent, qu’elle soit «liée» ou motivée par des
considérations politiques, ainsi qu’à réduire les chevauchements
et le gaspillage. Il existe actuellement dans le monde environ 225
agences bilatérales et 242 agences multilatérales qui financent chaque
année plus de 35 000 activités. La fragmentation de l’aide est d’ailleurs
un obstacle majeur: le rapport 2009 sur la coopération pour le développement
signale que de 15 à 23 donateurs apportent moins de 10 % de l’aide
totale dans 32 pays bénéficiaires. Si l’aide était apportée de façon
plus cohérente, les coûts de transaction seraient considérablement
réduits, pour les donateurs comme pour les bénéficiaires.
87. En d’autres termes, comme l’indique le rapport, on n’a jamais
eu autant besoin, dans l’aide au développement, d’une réelle gouvernance
mondiale. Tous les intervenants doivent prendre leurs responsabilités
pour coordonner et concentrer leurs efforts. Le rapport propose
cinq principes clés qui devraient être respectés, dans l’esprit
de la Déclaration de Paris sur l’efficacité
de l’aide (2005) et du Programme
d’action d’Accra (2008): les pays en développement devraient
établir leurs propres stratégies de développement, améliorer leurs
institutions et lutter contre la corruption; les pays donateurs
devraient apporter leur aide dans l’esprit de ces objectifs et utiliser
les systèmes locaux; les pays donateurs devraient coordonner leur
action, simplifier les procédures et mettre en commun les informations
pour éviter les chevauchements; les pays en développement et les
donateurs devraient se concentrer sur l’atteinte des résultats et
sur la mesure des progrès accomplis dans un souci d’efficacité;
enfin, les donateurs et les pays en développement devraient, en
tant que partenaires, être mutuellement responsables des résultats
du développement.
88. Les 27 et 28 mai 2009, le Comité d’aide au développement de
l’OCDE a adopté un plan d’action destiné à appuyer les pays pauvres
dans les efforts qu’ils déploient pour gérer les effets de la crise
financière et économique. En dépit des progrès accomplis, notamment
eu égard à la promesse du Gouvernement américain de doubler le montant
de l’aide extérieure sur les cinq ans à venir, de nombreux pays
donateurs risquent de ne pas être en mesure d’honorer leurs engagements.
Le CAD a constaté que seule une relance de l’action collective permettrait
de revenir sur la bonne voie. En adoptant le Plan d’action, les
membres du CAD ont convenu d’aider les pays en développement en
réaffirmant les engagements déjà souscrits en matière d’APD, en
particulier en faveur de l’Afrique; en aidant les pays à faible
revenu à financer leurs priorités à court et long terme; en faisant
une affectation la plus efficace possible de l’aide; en finançant
les institutions financières internationales en temps voulu et de
façon prévisible; enfin, en luttant contre la crise en mobilisant
tous les instruments disponibles, sans se limiter à l’aide publique.
89. Le rapport soumis l’an dernier à l’Assemblée donnait des informations
concernant l’Initiative Aide pour le commerce, lancée en 2005 par
l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’OCDE dans le but
d’aider les pays à faible revenu à se doter des capacités voulues
– en termes de politiques publiques, d’institutions ou d’infrastructures
– pour tirer profit du commerce international. Le deuxième rapport
de suivi, publié en juillet 2009, montre que l’initiative a été
un succès. Ainsi, entre 2005 et 2007, les flux d’aide pour le commerce
ont progressé de plus de 20 % en termes réels. Les nouveaux engagements
d’aide à des conditions concessionnelles entrant dans cette catégorie
ont atteint plus de 25 milliards de dollars au total en 2007. Les premières
données pour 2008 étaient bonnes, mais il n’est pas encore possible
de dire si cette dynamique pourra être maintenue en raison de la
crise.
4.4. «Objectif croissance»:
le point
90. L’édition 2009 d’Objectif
croissance comprend des chapitres spéciaux consacrés
aux infrastructures, à la fiscalité, à la réglementation des marchés
et à la structure de la population. A l’occasion du lancement de cette
publication, le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría, a indiqué
que le «rapport constitue un élément fondamental de la réponse stratégique
de l’OCDE à la crise».
91. L’un des principaux thèmes est de savoir quelles réformes
sont les mieux à même de stimuler la productivité du travail et
d’améliorer l’utilisation de la main-d’œuvre, en particulier sur
le long terme. Analysant en profondeur les politiques et résultats
des pays, l’OCDE formule pour chacun (ainsi que pour l’Union européenne
en tant qu’unité économique) cinq priorités de politique structurelle.
Ces priorités peuvent changer d’une année sur l’autre suite aux
réformes mises en œuvre par les pays ou en raison de l’apparition
de nouveaux enjeux. Comme l’a indiqué M. Gurría, elles concernent
essentiellement les marchés du travail et des produits, mais aussi
d’autres domaines, notamment l’éducation, la santé et l’innovation.
92. Le Secrétaire général a expliqué qu’Objectif
croissance recense les politiques ayant pour but d’améliorer la
productivité du travail pour chaque pays de l’OCDE et pour l’Union
européenne. Les réformes visant à renforcer le capital humain sont
considérées comme prioritaires pour la plupart des pays, de même
que les réformes destinées à intensifier la concurrence sur les
marchés des produits, notamment par un assouplissement des restrictions
à l’entrée. Des réformes des politiques agricoles s’imposent également
pour les Etats-Unis, l’Union européenne et le Japon, ainsi que pour
quelques autres pays où le niveau de soutien est particulièrement
élevé.
93. Des politiques visant à accroître l’utilisation de la main-d’œuvre
sont recommandées dans la quasi-totalité des membres de l’OCDE,
a-t-il poursuivi. En particulier, des réformes de la fiscalité et
des transferts sont jugées nécessaires dans la plupart des pays
européens de l’OCDE, tandis que des réformes du système de santé
sont recommandées aux Etats-Unis et en Nouvelle-Zélande. Les réformes
du marché du travail sont également prioritaires pour l’Union européenne
ainsi que pour le Japon, la Corée et la Turquie.
94. M. Gurría a souligné qu’à l’exception de quelques domaines
spécifiques comme la réglementation financière, où il y a eu une
profonde remise en question, les priorités retenues dans cette édition
sont assez semblables à celles de l’édition précédente. De fait,
86 % des priorités définies par l’OCDE pour chaque pays ont été
conservées telles quelles ou en partie. Ce n’est guère encourageant,
même s’il est vrai que ces politiques tardent parfois à montrer
leurs effets. L’OCDE et ses Etats membres doivent mieux faire. Concernant les
14 % restants, où il y a effectivement eu des changements, moins
des deux tiers des priorités modifiées l’ont été en fonction des
réformes entreprises; les autres ont été remplacées à l’issue d’un
réexamen des nouvelles données disponibles. Les résultats de cet
exercice traduisent certains progrès dans les réformes, mais ils
montrent aussi clairement qu’il reste beaucoup à faire.
95. Klaus Schmidt-Hebbel, économiste en chef de l’OCDE, a souligné
que l’étude montre, entre autres, «qu’une proportion significative
des écarts de taux de chômage global et de productivité moyenne
entre les pays, et donc des écarts de PIB par habitant, tient à
des différences de structure de la population, notamment en termes
de niveaux de formation». Ce constat met une fois de plus en évidence
à quel point la formation est primordiale, tout particulièrement
sur le long terme.
96. Comme l’a indiqué M. Schmidt-Hebbel, le rapport se termine
sur un message très important. Il aboutit à la conclusion «qu’au
lieu de laisser la crise économique à laquelle sont confrontés les
pays de l’OCDE ralentir le rythme des réformes structurelles, il
faut au contraire exploiter les possibilités de réforme afin de
renforcer le dynamisme économique et d’améliorer les niveaux de
vie. Il ne faut en aucun cas répéter les erreurs commises lors des
crises précédentes. En particulier, toute tentative visant à faire
baisser le chômage en réduisant l’offre de travail se révélerait
tout aussi dommageable que dans le passé et ne ferait qu’appauvrir
nos sociétés». Les aides des pouvoirs publics à certaines industries
et sociétés devraient être réduites au minimum. Il est indispensable
de préserver l’ouverture des marchés et d’éviter un nouveau protectionnisme pour
accroître la prospérité dans le monde entier.
97. La rapporteure convient avec M. Gurria que «si nous saisissons
cette opportunité pour mettre en place des réformes durables qui
amélioreront les performances économiques à long terme, nous pourrons considérer
à l’avenir que cette période a été celle où nous avons repositionné
nos économies pour parvenir à une croissance plus forte, plus saine
et plus juste».
4.5. La question de
l’énergie et du changement climatique
98. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’emploie,
dans le cadre de l’OCDE, à anticiper les besoins énergétiques et
promouvoir des politiques rationnelles en la matière. Au cours de
ses entretiens avec les responsables de cet organisme, la rapporteure
a noté et fait sien l’appel lancé par l’AIE pour que l’on investisse massivement
dans des infrastructures capables de préserver l’offre énergétique
à long terme – non seulement pour le pétrole et le gaz, mais surtout
pour les énergies alternatives axées sur les combustibles non fossiles
–, pour que l’on améliore le rendement énergétique, et pour que
l’on optimise la sécurité énergétique grâce à une diversification
des sources d’énergie.
99. L’énergie est désormais une problématique indissociable de
celle de l’environnement. Sur la base de ses analyses des effets
des émissions de dioxyde de carbone sur le changement climatique,
qui rejoignent celles du Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat des Nations Unies et de l’Agence pour l’énergie
nucléaire, l’OCDE est convaincue que «l’énergie nucléaire est la
seule technologie ne produisant pour ainsi dire pas de carbone qui
a fait ses preuves à l’échelle requise», en ligne avec les objectifs
d’émission prévus
. Lors
du récent débat de l’APCE sur l’énergie nucléaire et dans la résolution
qui en a résulté, une vision positive, mais prudente s’est dégagée,
en insistant sur les lourdes responsabilités des gouvernements décidés
à poursuivre cette voie. Pour reprendre les termes de l’OCDE, «elles
concernent, entre autres, le maintien continu d’une réglementation
efficace en matière de sûreté nucléaire, la conservation de la base
des connaissances et des compétences, l’avancement des dossiers
concernant les dépôts de déchets radioactifs, le maintien et le
renforcement des accords internationaux sur la non-prolifération
ainsi que la mise en place des politiques énergétiques, réglementaires
et fiscales stables que nécessite l’investissement dans ce secteur»
.
100. Le projet Economie de l’atténuation du changement climatique,
conduit sur deux ans par l’OCDE, confirme qu’il ne faut pas reporter
la prise en charge du changement climatique et qu’une action ambitieuse de
réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) est économiquement
rationnelle. La crise économique n’autorise aucun relâchement des
efforts. Elle devrait tout au plus entraîner une baisse marginale et
temporaire des émissions mondiales qui ne manqueront pas de repartir
à la hausse le moment venu. Le report des mesures nécessaires pour
faire face au changement climatique impliquera une plus forte réduction des
émissions futures.
101. Tout un ensemble de mesures devra être déployé pour atteindre
les objectifs ambitieux visés en matière d’atténuation, en mettant
l’accent sur les instruments fondés sur les prix. Pour mobiliser
le soutien nécessaire et parvenir à réduire significativement leurs
émissions, les pays doivent privilégier les mesures à moindre coût. Pour
maintenir les coûts à des niveaux bas, l’ensemble de mesures devra
mettre résolument l’accent sur la tarification des émissions de
GES, notamment sur les systèmes de plafonnement et d’échange, afin
de dissuader les comportements polluants et d’encourager les émetteurs
à rechercher les options antipollution les moins coûteuses. Toutefois,
plus d’un instrument sera nécessaire pour faire face à la diversité
des sources et des secteurs producteurs de GES. Compte tenu des
carences du marché et de l’information, les instruments fondés sur
les prix devront être complétés par des normes (codes de la construction
et normes applicables aux appareils électroménagers, par exemple)
et par des mesures destinées à stimuler l’innovation et faciliter l’adoption
de technologies plus propres.
102. La tarification du carbone générera des flux financiers supplémentaires
en faveur des technologies propres et pourrait donner une impulsion
décisive au déploiement de technologies nouvelles. Ainsi, selon
les calculs de l’OCDE, une trajectoire de prix du carbone correspondant
à un scénario de stabilisation des concentrations de gaz à effet
de serre à un niveau raisonnable pourrait entraîner une multiplication
par quatre des dépenses mondiales de R-D énergétique à l’horizon
2050. Dans le même temps, de réelles avancées seront nécessaires
pour faire baisser les coûts de l’action climatique à long terme,
et il est peu probable que le secteur privé investisse suffisamment
dans la R-D compte tenu du décalage entre les avantages sociaux
et privés attendus de ces investissements. Les pouvoirs publics
ont un rôle important à jouer pour soutenir la R-D, notamment pour
enrayer la baisse alarmante des dépenses publiques de R-D dans le
domaine de l’énergie qui se poursuit dans les pays de l’OCDE depuis
le début des années 1980.
4.6. Mesurer le progrès
des sociétés
103. Le produit intérieur brut (PIB) en est venu à représenter
la mesure officielle, presque universellement acceptée, du progrès
des sociétés. Cependant, ces dernières années ont vu un débat grandissant
sur la nécessité de mettre au point de nouvelles mesures du progrès
complémentaires du PIB, intégrant les données sociales et environnementales.
Les travaux précurseurs conduits par l’OCDE en liaison avec d’autres instances,
telles que la Commission européenne et le Conseil de l’Europe, ont
donné lieu à une révision du concept. Le fait est que le PIB ne
peut expliquer un certain nombre de facteurs qui sont importants
dans la vie des individus, ni rendre compte des progrès vers la
viabilité de nos sociétés, pourtant fondamentaux pour leur pérennité.
Un mouvement grandissant veut aujourd’hui débattre de ce qui constitue
le progrès dans nos sociétés et de la manière dont il faudrait le
mesurer. Le Projet mondial «Mesurer le progrès des sociétés», accueilli
par l’OCDE, va connaître une étape importante avec la tenue du 3e
Forum mondial de l’OCDE qui se tiendra à Busan (Corée) du 27 au
30 octobre 2009. La Commission des affaires économiques et du développement
de l’APCE espère être représentée à ce Forum afin de présenter le
rapport intitulé Richesses, bien public
et bien-être: comment les concilier dans une Europe en mutation? qui
est actuellement préparé par M. Constantinos Vrettos.
104. La rapporteure considère que l’OCDE est bien placée pour conduire
une telle réflexion novatrice et approfondie et voudrait encourager
l’Organisation à continuer à se pencher sur des questions telles
que la nature et le fonctionnement des marchés financiers et de
l’économie de marché telle qu’elle existe aujourd’hui, les implications
de la prise de participation de l’Etat dans les moyens de production,
ou la nature d’un système économique et financier fondé sur des
principes sains et durables.
5. Perspectives d’élargissement
de l’OCDE
105. Face à la crise économique et financière, le besoin
s’est clairement fait sentir d’une meilleure coopération et d’une
participation à la prise de décision du cercle le plus large possible
de gouvernements concernés et capables de contribuer aux solutions.
C’est dire toute l’importance des négociations d’adhésion lancées
par l’OCDE dès 2007 avec cinq pays (Chili, Estonie, Fédération de
Russie, Israël et Slovénie) et du processus d’engagement renforcé
qui a été proposé à cinq autres (Afrique du Sud, Brésil, Chine,
Inde et Indonésie) en vue de leur adhésion éventuelle. Ces pays
participent déjà à de nombreuses activités de l’OCDE, dont la réunion
du Conseil au niveau des ministres de 2009, l’objectif affiché étant
«d’accroître sa pertinence [de l’Organisation] en tant que plate-forme
de dialogue sur les enjeux économiques mondiaux»
.
106. Le processus d’adhésion commence par la présentation d’un
mémorandum initial par le pays candidat, suivie d’un examen relatif
à l’adhésion réalisé par plusieurs comités de l’OCDE. Ces examens
sont maintenant bien avancés, sauf dans le cas de la Fédération
de Russie, qui a présenté son mémorandum lors de la réunion du Conseil
au niveau des ministres de juin 2009. A cet égard, les responsables
de l’OCDE ont signalé que les engagements en matière de libéralisation
du commerce pourraient constituer une pierre d’achoppement, tout comme
ils ont entravé l’adhésion de la Russie à l’OMC.
107. La rapporteure tient à réitérer, comme l’a souligné l’Assemblée
élargie dans la résolution adoptée l’an dernier sur l’OCDE et l’économie
mondiale, que le plein respect de la démocratie, des droits de l’homme
et de l’Etat de droit, en ce compris le droit international, doit
constituer un critère essentiel pour déterminer s’il convient ou
non d’inviter un pays candidat à rejoindre l’Organisation.
6. Conclusion
108. En cherchant à surmonter les défaillances actuelles
du système tout en lançant des politiques propices à une croissance
à long terme, l’OCDE traite directement des préoccupations que suscitent
les implications économiques et sociales de la plus grave récession
de ces dernières années. De nombreuses questions d’éthique et de
transparence ont été soulevées et si elles ne sont sans doute pas
directement à l’origine de la crise, elles sont considérées comme
y étant inextricablement liées. La présidence du G8 de cette année
est en faveur d’une «norme juridique» mondiale, alors que la chancelière
Merkel a proposé une «charte mondiale» dans l’optique d’une croissance
durable. Ces deux initiatives procèdent d’une volonté importante
d’éviter une réaction négative contre les marchés ouverts, ce qui
mérite d’être appuyé. Comme le Secrétaire général de l’OCDE l’a
déclaré: «Elle est rationnelle économiquement. Elle semble inévitable
politiquement».
109. L’OCDE estime qu’elle peut jouer un rôle essentiel à ce sujet.
Ces quinze dernières années, de concert avec les gouvernements et
les institutions, elle a élaboré un ensemble complet de règles.
Prenant la forme de dispositions impératives, d’un droit incitatif
ou de recommandations, cet ensemble de règles représente les meilleures
pratiques pour concevoir et exécuter des politiques saines et offre
également des lignes directrices pour la conduite des activités
mondiales. Jusqu’à présent, ces règles ont été appliquées dans des
contextes distincts, mais elles pourraient, si elles étaient réunies
de manière systématique et cohérente, et si une coopération avec
des partenaires de secteurs donnés comme le FMI, l’OMC et l’OIT
était instaurée, devenir les éléments constitutifs d’une nouvelle
«norme mondiale».
110. De nombreux enseignements seront tirés de cette crise et rares
sont les messages éloquents en dehors peut-être de celui qui porte
sur la nécessité pour les pays de coopérer, au profit de tous. Comme
le Président Obama l’a déclaré sur le ton de la plaisanterie au
Sommet du G20, les accords précédents ont pu être conclus par quelques
grandes puissances «autour d’un brandy et de cigares», mais le monde
commercial d’aujourd’hui est plus divers, plus complexe et malgré
la crise que nous traversons, sera de plus en plus prospère. Notre époque
est donc celle du défi et de l’opportunité et comme le Secrétaire
général de l’OCDE le déclare: «la coopération est la raison d’être
de l’OCDE».
***
Commission chargée du rapport:
commission des questions économiques et du développement
Renvoi en commission: mandat permanent
Projet de résolution adopté
à l’unanimité par la Commission élargie le 29 septembre 2009.
Membres de la commission: M. Márton
Braun (Président), M. Robert
Walter (Vice-Président), M. Pedro Agramunt
Font de Mora, Mme Doris Barnett (Vice-Présidente) (remplaçant: M. Kurt Bodewig), Mme Antigoni
Papadopoulos (Vice-Présidente), MM. Ruhi
Açikgöz, Ulrich Adam, Roberto Antonione, Robert Arrigo, Badea Virorel Riceard,
Mme Veronika Bellmann, MM. Vidar Bjørnstad,
Luuk Blom (remplaçant: M. Tuur Elzinga), Mme Maryvonne Blondin, MM. Fernand Boden, Patrick Breen (remplaçant: M. Frank Fahey), M. Erol Aslan Cebeci, Lord David
Chidgey (remplaçant: M. James Clappison),
MM. Kirtcho Dimitrov, Relu Fenechiu, Guiorgui Gabashvili, Marco Gatti (remplaçant: M. Pier
Marino Mularoni), Paolo Giaretta, Francis Grignon, Mme Arlette Grosskost,
Mme Azra Hadžiahmetović, Mme Karin Hakl (remplaçant: M. Karl Donabauer), MM. Stanislaw Huskowski, Igor Ivanovski, Čedomir Jovanovič,
Mme Nataša Jovanović, MM. Antti Kaikkonen, Oskars Kastens, Emmanouil Kefaloyiannis,
Serhiy Klyuev, Albrecht Konečný, Bronislaw Korfanty, Anatoliy Korobeynikov, Ertuğrul Kumcuoğlu, Bob Laxton,
Harald Leibrecht, Mme AnnaLilliehöök, MM. Arthur Loepfe,
Denis MacShane, Yevhen Marmazov, Jean-Pierre Masseret, Miloš Melčák, José Mendes Bota, Mme Lilja Mósesdóttir, M. Alejandro Muñoz Alonso, Mme Olga Nachtmannová, Mme Hermine Naghdalyan, M. Gebhard Negele, M. Jean-Marc
Nollet, Mme Miroslawa Nykiel,
Mme Ganira Pashayeva, Mme Marija Pejčinović-Burić, MM. Petar Petrov,
Viktor Pleskachevskiy, M. Jakob Presčnik,
M. Maximiliian Reiman, M. Andrea Rigoni, Mme Teresa Rodríguez Barahona
(remplaçant: M. Alejandro AlonsoNúñez), Mme Maria
de Belém Roseira, MM. Giuseppe Saro (remplaçant: Mme Anna MariaCarloni), Hans Christian Schmidt,
Predrag Sekulić, MM. Samad Seyidov, Leonid Slutsky, Serhiy Sobolev, MM. Christophe
Steiner, Vyacheslav Timchenko, M. Joan Torres Puig, Mme Arenca
Trashani, M. Mihai Tudose, Mme Ester Tuiksoo, MM. Árpád Velez, Mme Birutė Vėsaitė, MM. Oldřich
Vojíř, Konstantinos Vrettos, Harm Evert Waalkens (remplaçant: M. Pieter Omtzigt), Paul Wille, Mme Maryam
Yazdanfar.
Représentant de la communauté
chypriote turque: Mr Mehmet Çağlar
Observateurs:
Japon: M. Hidetoshi Nishijima,
M. Youetsu Suzuki
Mexique: Mme Gurwitz Yeidckol
Polevnsky
Secrétariat de la commission:
M. Newman, Mme Ramanauskaite, M. de Buyer et M. Pfaadt.