1. La commission sur l’égalité des chances pour les
femmes et les hommes a étudié avec intérêt le rapport de la commission
des questions sociales, de la santé et de la famille, et félicite
son rapporteur, M. Bernard Marquet (Monaco, ADLE), pour le travail
qu’il a réalisé.
2. Comme l’indique le rapport, les droits sociaux, civils et
politiques sont indivisibles et interdépendants, de sorte qu’ils
doivent être traités conjointement. Le Conseil de l’Europe repose
sur trois piliers: la démocratie, les droits de l’homme et la primauté
du droit. Aussi l’Assemblée parlementaire doit-elle jouer un rôle
plus important et plus efficace dans la mise en œuvre des droits
sociaux, car ces derniers sont étroitement liés aux trois grands
principes que défend le Conseil de l’Europe.
3. Le rapport souligne à juste titre l’importance des droits
sociaux à l’heure de la crise économique et de la mondialisation,
mais il n’évoque pas la situation particulière des femmes dans ce
contexte. Or les femmes souffrent plus en cas de crise économique
car elles sont les premières à perdre leur emploi. Elles souffrent aussi
plus que les hommes dans le cadre de la mondialisation car celle-ci
accroît la richesse des pays riches et la pauvreté des pays pauvres.
Elle creuse aussi le fossé entre les catégories les plus aisées
et les plus modestes de la population au sein d’un même pays. Cela
signifie que les femmes souffrent plus que les hommes, qu’elles
vivent dans des pays développés ou dans des pays en voie de développement.
En conséquence, quand on parle de droits sociaux et surtout de droits
sociaux en temps de crise et à l’heure de la mondialisation, on
doit aussi mettre l’accent sur la situation particulière des femmes.
4. La Charte sociale européenne (STE no 35), comporte plusieurs
dispositions qui touchent à la problématique hommes-femmes, notamment
le droit des travailleurs masculins et féminins à une rémunération égale
pour un travail de valeur égale (article 4, paragraphe 3), le droit
des travailleuses à la protection relative à la maternité – congé
payé, prestations de sécurité sociale, protection contre le licenciement
et contre les conditions de travail inadaptées (article 8), et le
droit de la mère et de l’enfant à une protection sociale et économique
(article 17).
5. La Charte sociale européenne révisée (STE no 163), qui élargit
le champ d’application de la Charte sociale européenne en instaurant
de nouveaux droits qui concernent les principales questions sociales actuelles,
consacre aussi le droit des femmes à la protection de la maternité
(article 8), le droit à l’égalité des chances et de traitement en
matière d’emploi et de profession sans discrimination fondée sur
le sexe (article 20), et le droit à l’égalité des chances et de
traitement entre les travailleurs des deux sexes ayant des responsabilités
familiales, et entre ces travailleurs et les autres travailleurs
(article 27).
6. En outre, l’article 16 (commun aux deux traités) concernant
le droit de la famille à une protection sociale, juridique et économique
par le biais de prestations sociales et familiales, de dispositions
fiscales, d’un encouragement à la construction de logements adaptés
aux besoins des familles, d’une aide aux jeunes foyers, ou par d’autres
mesures, ne fait pas de distinction de genre dans son libellé mais
revêt une grande importance pour les femmes.
7. Il est très important pour les femmes de bénéficier de l’égalité
avec les hommes, il est en particulier très important pour elles
de bénéficier de l’égalité avec les hommes dans les études, dans
la vie professionnelle et dans la vie politique, tant sous l’angle
de la démocratie que sous celui des droits de l’homme.
8. Il y a des problèmes dans la mise en œuvre des droits sociaux,
dans l’accès aux procédures prescrites de réclamations collectives,
dans la démocratisation du mécanisme de suivi et dans l’acceptation
par les Etats de nouvelles dispositions de la Charte.
9. Le Protocole additionnel à la Charte, adopté en 1995, prévoit
un système de réclamations collectives. Plusieurs types d’organisations
peuvent saisir le Comité européen des Droits sociaux (CEDS), instance chargée
de s’assurer du respect de la Charte par les Etats parties.
10. Depuis 1998, date de l’entrée en vigueur du protocole additionnel,
62 réclamations collectives ont été déposées. Parmi les organisations
qui ont présenté des réclamations figurent des syndicats nationaux,
des fédérations syndicales européennes, ou encore des associations
de défense des droits des Roms. Aucune ONG de défense et de promotion
des droits des femmes en Europe n’a jusqu’ici déposé de réclamation collective,
bien que plusieurs de ces organisations internationales non gouvernementales
(OING) soient inscrites sur la liste des organisations internationales
non gouvernementales présentement habilitées à déposer des réclamations
collectives – l’Alliance internationale des femmes (AIF)
,
l’Association des femmes de l’Europe méridionale (AFEM) et Zonta
International (organisation mondiale composée de décideurs et de membres
des professions libérales qui mènent des réflexions et des actions
ayant pour but de promouvoir la condition de la femme dans le monde)
.
11. Il conviendrait de redoubler d’efforts pour mieux faire connaître
aux organisations qui s’emploient à défendre et promouvoir les droits
des femmes le système de réclamations collectives établi par la
Charte sociale et la procédure à suivre pour figurer sur la liste
des OING habilitées à déposer une réclamation collective.
12. L’Assemblée devrait organiser régulièrement des débats relatifs
aux droits sociaux, sur le modèle des débats annuels concernant
la situation des droits de l’homme et de la démocratie en Europe.
Dans le cadre de ces débats, il faudrait étudier les questions d’ordre
juridique et politique qui résultent de la mise en œuvre – ou de
l’absence de mise en œuvre – des dispositions de la Charte.
13. Le renforcement du rôle de l’Assemblée dans le cadre du système
de suivi constitue une disposition très importante du projet de
résolution (paragraphe 4.3). Il en va de même du paragraphe 5.2,
qui prévoit le suivi politique de la mise en œuvre de la Charte
sociale et des droits sociaux en collaboration étroite avec d’autres organisations
internationales et européennes connexes.
14. Le mécanisme de suivi de la Charte sociale doit être encore
renforcé et la Charte sociale devrait constituer une référence pour
les Etats membres du Conseil de l’Europe qui devraient reconnaître
l’importance de la mise en œuvre des dispositions de ce traité en
ce qui concerne la démocratie, les droits de l’homme et la primauté
du droit. La ratification de la Charte sociale et des protocoles
y afférents ainsi que la mise en œuvre de leurs dispositions est
également important pour l’élection de 9 des 15 membres du Comité
européen des Droits sociaux. L’Assemblée devrait tenir compte de
l’égalité des sexes ainsi que des critères d’intégrité et de compétence
en matière sociale lorsqu’elle nommera les membres en question.