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| Doc. 12056
| 07 octobre 2009
Demande de statut d’observateur auprès de l’Assemblée parlementaire déposée par le Parlement du Kazakhstan
Commission des questions politiques et de la démocratie
Rapporteur : M. Tadeusz IWIŃSKI,
Pologne, SOC
Résumé
En novembre 2006, le Parlement du Kazakhstan a demandé le
statut d’observateur auprès de l’Assemblée parlementaire. La demande
a été renvoyée à la commission des questions politiques.
La commission a conclu qu’il serait difficile de soutenir
l’octroi du statut d’observateur au Parlement du Kazakhstan sans
lui demander de remplir plusieurs conditions préalables et de prendre
certains engagements.
Elle estime qu’il serait préférable que la future coopération
entre l’Assemblée et le Parlement du Kazakhstan prenne la forme
d’un partenariat pour la démocratie, sur la base du nouveau statut
à mettre en place suite à sa Résolution
1680 (2009) sur la Création d’un statut de «partenaire pour la démocratie»
auprès de l’Assemblée parlementaire, à condition que le Parlement
du Kazakhstan en fasse la demande expresse et souscrive aux conditions
prévues.
1. Introduction
1. En novembre 2006, le Parlement
du Kazakhstan, qui a un accord de coopération avec l’Assemblée depuis
2004, a demandé le statut d’observateur auprès de l’Assemblée parlementaire.
Conformément au Règlement, la demande a été renvoyée à la commission
des questions politiques pour rapport. J’ai été nommé rapporteur
en avril 2007.
2. Conditions
d’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée
2. Conformément à l’article 60
du Règlement, «L’Assemblée peut, sur proposition du Bureau, accorder
le statut d’observateur à des Parlements nationaux d’Etats non membres
du Conseil de l’Europe qui remplissent les conditions énumérées
au paragraphe 1 de la Résolution statutaire (93) 26 du Comité des
Ministres relative au statut d’observateur».
3. Le paragraphe 1 de la Résolution statutaire (93) 26 du Comité
des Ministres relative au statut d’observateur est libellé comme
suit: «Tout Etat qui est prêt à accepter les principes de la démocratie
et de la prééminence du droit et le principe en vertu duquel toute
personne placée sous sa juridiction doit jouir des droits de l’homme
et des libertés fondamentales et qui est désireux de coopérer avec
le Conseil de l’Europe peut se voir accorder par le Comité des Ministres,
après consultation de l’Assemblée parlementaire, le statut d’observateur
auprès de l’Organisation».
4. En outre, dans sa
Résolution
1253 (2001) sur l’abolition de la peine de mort dans les pays ayant
le statut d’observateur auprès du Conseil de l’Europe, l’Assemblée
a décidé «de n’accorder dorénavant le statut d’observateur auprès
de l’Assemblée à des Parlements nationaux, et de ne recommander
son octroi auprès de l’Organisation dans son ensemble à des Etats,
qu’à la condition qu’ils respectent strictement un moratoire relatif
aux exécutions ou qu’ils aient déjà aboli la peine de mort» (paragraphe
11).
5. Par conséquent, le statut d’observateur auprès de l’Assemblée
est conçu pour les parlements des Etats non européens qui sont des
démocraties pleinement développées et qui garantissent l’Etat de
droit et le respect des droits de l’homme. Actuellement, les Parlements
du Canada, d’Israël et du Mexique jouissent de ce statut.
6. De plus, dans sa
Résolution
1600 (2008) sur le Conseil de l’Europe et ses Etats observateurs:
situation actuelle et perspectives, l’Assemblée charge notamment
le Bureau «de différer l’octroi du statut d’observateur parlementaire
à tout nouveau Parlement tant que les questions soulevées dans la
présente Résolution n’auront pas été réglées» (paragraphe 30.5).
A sa réunion du 13 mars 2008, le Bureau est convenu de ne faire aucune
nouvelle proposition d’octroi du statut d’observateur jusqu’à ce
que le bilan de la mise en œuvre de la
Résolution 1600 (2008) ait été fait par la commission des questions politiques
en 2010.
3. Etat de la procédure
au sein de la commission des questions politiques
7. Dans le cadre de l’élaboration
d’un rapport sur la demande du Parlement du Kazakhstan, la commission a
tenu une audition en mars 2008 avec des représentants des deux chambres
du Parlement ainsi que des membres de partis politiques non représentés
au Parlement.
8. En septembre 2008, j’ai effectué une visite d’information
dans le pays au cours de laquelle j’ai eu des entretiens avec des
responsables de l’Etat et du Parlement, des représentants de l’opposition extra‑parlementaire,
de la société civile et des ONG.
9. En outre, une commission ad hoc du Bureau de l’Assemblée a
observé les élections législatives extraordinaires qui se sont tenues
en août 2007, au Kazakhstan.
10. La commission a eu, à ce propos, plusieurs discussions préliminaires
qui ont montré que les avis restent très partagés sur la réponse
à apporter à la demande de statut d’observateur. La majorité des
membres sont manifestement favorables au renforcement des relations
actuelles avec le Parlement du Kazakhstan.
11. Toutefois, plusieurs membres de la commission ont exprimé
des doutes sur le fait que le Kazakhstan ait déjà atteint un degré
de développement démocratique suffisant pour être jugé en conformité
avec les critères d’obtention du statut d’observateur.
12. Certains membres ont estimé que le statut d’observateur ne
pourra être accordé au Kazakhstan que lorsque ce pays aura rempli
un certain nombre de conditions préalables à préciser, assorties
d’engagements concrets de la part du Parlement kazakh.
13. D’autres se sont montrés sceptiques sur le fait que le statut
d’observateur pourrait être le cadre le plus approprié pour renforcer
la coopération avec le Kazakhstan et accompagner les réformes démocratiques
dans ce pays.
14. Dans ce contexte, la commission a décidé d’accepter une invitation
du Sénat du Kazakhstan à tenir une réunion à Astana. Cette réunion,
qui devait se tenir les 26 et 27 mai 2009, aurait été l’occasion
d’un échange de vues avec divers acteurs politiques du Kazakhstan,
dont l’opposition extraparlementaire et des représentants de la
société civile, ce qui aurait permis aux membres de la commission
de se faire une opinion éclairée sur la demande du Parlement kazakh.
15. Malheureusement, le 7 mai 2009, c’est-à-dire moins de trois
semaines avant la date convenue pour la réunion, le Sénat du Kazakhstan
a décidé de la reporter, soutenant que de nombreux parlementaires
et représentants de partis politiques du Kazakhstan ne pourraient
y participer du fait de multiples autres engagements. Cette décision
unilatérale, prise au dernier moment, tend à saper la crédibilité
des Kazakhs comme partenaires fiables et jette un doute sur le sérieux
de leurs intentions concernant la coopération avec l’Assemblée.
En outre, elle prive la commission de la possibilité de se rendre
compte sur place de la situation du pays et de se faire par elle-même
une idée de l’état d’avancement des réformes démocratiques.
4. Nouveau statut
auprès de l’Assemblée: partenaire pour la démocratie
16. En juin 2009, l’Assemblée a
adopté la
Résolution
1680 (2009) sur la création d’un statut de «partenaire pour la démocratie»
auprès de l’Assemblée parlementaire, basée sur le rapport de M. Van
den Brande.
17. Ce nouveau statut a pour but de créer un cadre favorisant
les relations institutionnelles et la coopération avec les parlements
des pays voisins, sur la base d’engagements clairement exprimés
en faveur de la démocratie, du respect des droits de l’homme et
de l’Etat de droit.
18. Contrairement au statut d’observateur, conçu pour les démocraties
accomplies, le nouveau statut est destiné aux pays qui ont fait
le choix de la démocratie et souhaitent bénéficier de l’expérience
du Conseil de l’Europe et de ses compétences en matière de transition
démocratique. Par conséquent, contrairement au statut d’observateur,
il prévoit des engagements adaptés aux pays en question et définis
au cas par cas avec le pays concerné et s’accompagne d’un mécanisme
de suivi.
19. Le statut de partenaire pour la démocratie semble être une
formule appropriée pour renforcer la coopération de l’Assemblée
avec le Kazakhstan, qui a manifesté son intention de construire
un Etat démocratique dont les valeurs clés seraient l’être humain,
la vie humaine et les droits et libertés de tout individu.
5. Conclusions
20. Je présume que, lorsque le
Parlement du Kazakhstan a demandé le statut d’observateur auprès
de l’Assemblée, il était motivé par la volonté de développer la
coopération avec l’Assemblée et de bénéficier de son expérience
pour mener à bien ses réformes démocratiques et construire une société
fondée sur le respect des droits de l’homme et l’Etat de droit.
21. Il semble que, dans les circonstances actuelles, il serait
difficile pour la commission de soutenir l’octroi du statut d’observateur
au Parlement du Kazakhstan sans lui demander de remplir plusieurs
conditions préalables et de prendre certains engagements.
22. En même temps, le statut d’observateur auprès de l’Assemblée,
sous sa forme actuelle, ne prévoit aucun engagement formel, ni aucun
mécanisme de suivi.
23. Par conséquent, il serait préférable que la future coopération
entre l’Assemblée et le Parlement du Kazakhstan prenne la forme
d’un partenariat pour la démocratie sur la base du nouveau statut,
à condition que le Parlement du Kazakhstan en fasse la demande expresse
et souscrive aux conditions prévues.