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Réponse à Recommandation | Doc. 12831 | 23 janvier 2012
Lutte contre l’extrémisme : réalisations, faiblesses et échecs
1. Le Comité des Ministres a examiné avec
un grand intérêt la Recommandation
1933 (2010) de l’Assemblée parlementaire sur la « Lutte contre l’extrémisme :
réalisations, faiblesses et échecs ». Il l’a portée à l’attention
des gouvernements des Etats membres et l’a transmise aux organes
compétents du Conseil de l’Europe pour information et commentaires .
2. Le Comité des Ministres est conscient de l’importance particulière
qu’il convient d’accorder à la question de la lutte contre l’extrémisme
et partage les préoccupations de l’Assemblée concernant la résurgence
de certaines formes d’extrémisme en Europe. Le Conseil de l’Europe
peut jouer un rôle très important en accompagnant et soutenant ses
Etats membres dans leurs actions.
3. Le Comité des Ministres partage l’appréciation de l’Assemblée
parlementaire quant à l’important travail réalisé par de nombreux
mécanismes de suivi du Conseil de l’Europe, ainsi que par la Commission européenne
pour la démocratie par le droit (Commission de Venise), pour aider
les Etats membres à relever ce défi et convient que leur expertise
est encore plus nécessaire au regard des conséquences éventuelles
de la récente crise économique. Il convient également de la nécessité
d’améliorer la capacité d’action et la visibilité de ses mécanismes
de suivi, tels que la Commission européenne contre le racisme et
l’intolérance (ECRI) et le Comité consultatif de la Convention-cadre
pour la protection des minorités nationales, afin qu’ils jouent
un plus grand rôle pour sensibiliser l’opinion publique à ces questions.
Il tient, en particulier, à souligner ceux de l’ECRI, organe chargé
de combattre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie, l’antisémitisme
et l’intolérance sous l’angle de la protection des droits de l’homme,
à la lumière de la Convention européenne des droits de l’homme,
ses protocoles additionnels et la jurisprudence correspondante.
Dans ses rapports de suivi pays-par-pays, l’ECRI examine souvent
l’opportunité des actions entreprises par les Etats membres face
à toutes les formes d’extrémisme et formule des recommandations
à ce sujet. Elle invite également instamment les Etats membres à
assurer un juste équilibre dans l’exercice des différents droits
dans des sociétés culturellement diverses, comme la liberté d’expression,
de réunion et d’association, ainsi que la liberté de pensée, de
conscience et de religion, dans un strict respect de l’Etat de droit
et des principes d’une société démocratique. Lorsque l’ECRI évalue
la législation et la pratique des Etats membres relatives à la manifestation
d’expressions racistes, elle s’inspire de diverses sources juridiques,
dont la Recommandation Rec(97)20 du Comité des Ministres sur le
discours de haine. Elle utilise divers documents de base, dont le
Manuel sur le discours de haine et les constatations et les conclusions
de son propre séminaire d’experts sur la lutte contre le racisme
tout en respectant la liberté d’expression.
4. Le Comité consultatif de la Convention-cadre pour la protection
des minorités nationales a lui aussi relevé des tendances à la recrudescence
de certaines formes d’extrémisme en Europe. Il a, par conséquent, souligné
l’importance du respect par les Parties contractantes de l’article 6
de la Convention‑cadre, qui invite les Etats membres à prendre des
mesures efficaces pour promouvoir le respect, la compréhension mutuelle et
la coopération entre toutes les personnes qui vivent sur leur territoire,
indépendamment de leur identité ethnique, culturelle, linguistique
ou religieuse. Dans ses avis, le Comité consultatif recommande que
les Etats prennent des dispositions particulières pour améliorer
les relations entre les divers groupes ethniques.
5. Le Comité des Ministres appelle les Etats membres à mettre
en œuvre sa Recommandation Rec(97)20 sur le discours de haine et
souligne l’utilité du Manuel sur le discours de haine élaboré par
le CDDH et présenté à l’occasion de la Conférence internationale
sur « Les droits de l’homme dans des sociétés culturellement diverses :
défis et perspectives », tenue à la Haye en 2008. Ce Manuel, qui
prend comme base des bonnes pratiques nationales et la jurisprudence
pertinente de la Cour européenne des droits de l’homme, fournit
des lignes directrices aux Etats membres sur la façon la plus appropriée
d’assurer un juste équilibre dans l’exercice des différents droits
pouvant entrer en compétition dans un contexte de diversité culturelle,
comme la liberté d’expression, de réunion et d’association, ainsi
que la liberté de pensée, de conscience et de religion. Faisant suite
à cette conférence, le Comité des Ministres a adopté le 1er juillet 2009
la « Déclaration sur les droits de l’homme dans des sociétés culturellement
diverses » dans laquelle il souligne la nécessité d’une action résolue contre
toute forme de discrimination, afin d’assurer la préservation et
la promotion d’une société démocratique basée sur le respect de
la diversité. La déclaration appelle également les leaders d’opinion,
y compris les dirigeants politiques, à s’exprimer et se comporter
résolument de manière à favoriser un climat de respect, par un dialogue
fondé sur une compréhension commune des droits de l’homme universellement
reconnus.
6. En ce qui concerne les effets de la crise économique actuelle
sur l’extrémisme, le racisme et la discrimination raciale, le Comité
des Ministres, comme l’Assemblée, reste très attentif à la situation.
La recommandation vient à point nommé au regard de la crise financière
mondiale et de la récession actuelles, qui ont donné lieu à un nombre
croissant de manifestations de racisme et de xénophobie. Dès 2009,
dans ses rapports annuels, l’ECRI a évoqué les conséquences directes
et indirectes des crises.
7. L’Assemblée met également en avant l’importance de poursuivre
les travaux sur la question de l’islamophobie, à la lumière des
développements récents. A cet égard, le Comité des Ministres rappelle
sa réponse à la Recommandation
1927 (2010) de l’Assemblée intitulée « Islam, islamisme et islamophobie
en Europe » qui souligne le rôle essentiel à jouer du Conseil de
l’Europe pour renforcer la stabilité démocratique, compte tenu de
la montée de l’intolérance, de la discrimination et de l’extrémisme.
Elle souligne les avantages de la diversité culturelle et religieuse
pour les sociétés européennes. Le Comité des Ministres se réfère également
à la Recommandation de politique n° 5 de
l’ECRI qui s’intéresse aux différents aspects de l’extrémisme dirigé
contre les communautés musulmanes d’Europe. Ses derniers rapports
annuels de 2009 et 2010 ont porté sur des questions telles que la
représentation négative des musulmans relayée notamment par certains
médias et ses répercussions dans des domaines tels que l’emploi,
le maintien de l’ordre, l’immigration et l’éducation. Le Comité
des Ministres observe que les gouvernements européens continuent
de développer des activités dans ce contexte. Cependant, il partage
l’avis de l’Assemblée que des efforts supplémentaires demeurent
nécessaires, notamment dans les domaines de l’éducation et du dialogue
interculturel.