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Réponse à Recommandation | Doc. 12686 | 18 juillet 2011
Droits de l’homme et entreprises
1. Le Comité des Ministres a examiné avec
intérêt la Recommandation
1936 (2010) de l’Assemblée parlementaire sur les « Droits de l’homme
et entreprises » et l’a portée à l’attention des gouvernements des Etats
membres. Il l’a également communiquée au Comité directeur pour les
droits de l’homme (CDDH), au Comité européen de coopération juridique
(CDCJ), au Comité consultatif de la Convention pour la protection des
personnes à l’égard du traitement automatisé des données à caractère
personnel (T-PD) et au Comité directeur sur les médias et les nouveaux
services de communication (CDMC), dont les observations ont été prises
en compte dans la présente réponse.
2. Le Comité des Ministres partage l’avis de l’Assemblée sur
l’intérêt d’explorer les voies et les moyens d’accroître le rôle
des entreprises dans le respect et la promotion des droits de l’homme
et sur le fait que le Conseil de l’Europe est bien placé pour le
faire. Dans ce contexte, il rappelle que de nombreux instruments normatifs
du Comité des Ministres concernant l’internet et la société de l’information
mettent ces questions en exergue et soulignent les rôles et responsabilités
du secteur privé eu égard au respect des droits de l’homme .
3. La gouvernance de l’internet est un exemple de domaine où
les activités du Conseil de l’Europe font autorité sur les questions
de relation entre les droits de l’homme et les rôles et les responsabilités
du monde des entreprises. La notion de valeur de service public
d’internet, telle qu’elle est définie dans la Recommandation CM/Rec(2007)16 ,
est un modèle d’inspiration pour le développement des politiques
portant sur cette gouvernance .
La Déclaration du Comité des Ministres sur la neutralité du réseau
et la Déclaration sur la gestion dans l'intérêt public des adresses
disponibles du protocole internet manifestent un engagement en faveur
de la protection et de la promotion des droits de l'homme sur internet.
4. Un partenariat avec le monde de l’entreprise a produit des
résultats tangibles comme les « Lignes directrices sur les droits
de l’homme à destination des FSI » et les « Lignes directrices visant
à aider les fournisseurs de jeux en ligne » qui ont été élaborées
par le Conseil de l’Europe en coopération avec l’Association européenne
des fournisseurs de services internet (EuroISPA) et la Fédération
européenne des éditeurs de logiciels (ISFE). Des lignes directrices
comparables sont en cours de préparation pour les services d’internet
de réseaux sociaux et les moteurs de recherche. De plus, le Conseil
de l’Europe est récemment devenu observateur au Comité consultatif
gouvernemental (GAC) de l'Internet Corporation
for Assigned Names and Numbers qui est
responsable de la gestion des ressources critiques d’internet au
plan mondial ; cela permet d’inclure les valeurs de l’Organisation
dans les discussions et les processus de décisions.
5. Le Comité des Ministres observe que plusieurs documents internationaux
non contraignants juridiquement adoptés par d’autres organismes
intergouvernementaux traitent de la responsabilité des entreprises
dans le domaine des droits de l’homme, par exemple les Principes
directeurs de l’Organisation de coopération et de développement
économiques à l’attention des entreprises multinationales de 1976,
révisée à plusieurs reprises, la Déclaration de principes tripartite
de l’Organisation internationale du travail sur les entreprises
multinationales et la politique sociale de 1977, et le Pacte mondial
lancé par les Nations Unies en 2000. Il salue en particulier l’approbation
récente, par les Nations Unies, des « Principes directeurs relatifs
aux entreprises et aux droits de l’homme : mise en œuvre du cadre
de référence « protéger, respecter et réparer » des Nations Unies »
et la création d’un nouveau groupe de travail international chargé
de promouvoir la mise en œuvre des Principes à l’échelle mondiale.
6. Concernant la proposition de l’Assemblée d’élaborer une convention
ou un protocole additionnel à la Convention européenne des droits
d’homme dans ce domaine, le Comité des Ministres n’estime pas que
ce soit la solution la plus appropriée. Le Comité des Ministres
prend note avec intérêt des propositions de l’Assemblée de préparer
une étude et un projet de recommandation sur les responsabilités
des entreprises dans le domaine des droits de l’homme, complétée
de lignes directrices destinées aux autorités nationales, entreprises
et autres acteurs ou encore la mise en place d’un système de notation,
« un label droits de l’homme ». Il note que le Comité d’experts
sur le développement des droits de l’homme (DH-DEV) en avril 2010 et
le CDDH en juin 2010 avaient déjà débattu de certaines de ces idées,
et que ce comité a souligné dans ses commentaires la nécessité de
se concentrer d’abord sur ses travaux prioritaires de suivi de la
Conférence d’Interlaken sur la réforme de la Cour européenne des
droits de l’homme et sur l’adhésion de l’Union européenne à la Convention
européenne des droits de l’homme. Toutefois, le CDDH pourrait être
invité à donner son avis, à partir de 2012, sur les propositions
faites par le DH-DEV et sur la recommandation de l’Assemblée, en
tenant compte entre autres de la jurisprudence de la Cour, tout
en veillant à ce qu’il n’y ait pas une duplication des travaux en
cours dans d’autres organisations internationales, notamment aux
Nations Unies, et en tenant compte des travaux menés par à l’Union
européenne.
7. Dans ce contexte, le Comité des Ministres note les travaux
entamés par le CDDH pour mettre à jour son manuel sur les droits
de l’homme et l’environnement, la responsabilité des entreprises
comprenant aussi ce domaine.
8. Par ailleurs, le Comité des Ministres accorde une importance
particulière à la modernisation de la Convention pour la protection
des personnes à l’égard du traitement automatisé des données à caractère personnel
(STE n° 108) qui s’applique intégralement aux secteurs public et
privé. Il invite l’Assemblée à continuer à suivre ces travaux de
modernisation que le T-PD s’efforce de réaliser dans les meilleurs
délais, compte tenu de son extrême complexité, de la nécessaire
consultation des parties prenantes extérieures et également des
ressources humaines et financières disponibles. Le Comité des Ministres
note le succès de la consultation publique relative à la modernisation
lancée le 28 janvier 2011 et le nombre important des acteurs du
secteur privé (monde bancaire, des assurances, du commerce électronique,
du marketing, de la diffusion audio-visuelle, de la recherche socio-économique,
etc.) parmi les répondants. Le Comité des Ministres note également
que les ministres de la Justice des Etats membres du Conseil de
l’Europe ont réaffirmé leur intérêt pour cette Convention lors de
la 30e Conférence du Conseil de l’Europe des ministres de la Justice
du 26 novembre 2010 en adoptant la Résolution n° 3 sur la protection des données et de la vie privée au
troisième millénaire.
9. Le Comité des Ministres prend note de la demande de l’Assemblée
de renforcer le mécanisme de contrôle de la Charte sociale européenne
(révisée) (STE n° 163) et informe l’Assemblée qu’il est en train d’examiner
des propositions en ce sens en vue du 50e anniversaire de la Charte
en octobre 2011.