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Réponse à Recommandation | Doc. 12473 | 24 janvier 2011
Les enfants témoins de violence domestique
1. Le Comité des Ministres note avec intérêt
la Recommandation 1905 (2010) de l’Assemblée parlementaire sur « Les enfants témoins
de violence domestique ». Elle a été portée à l’attention des gouvernements
et communiquée au Comité ad hoc pour prévenir et combattre la violence
à l’égard des femmes et la violence domestique (CAHVIO) et au Programme
transversal du Conseil de l'Europe « Construire une Europe pour
et avec les enfants ». Cette recommandation a également été transmise,
pour commentaires, au Comité européen de coopération juridique (CDCJ)
et au Comité européen pour les problèmes criminels (CDPC).
2. Le Comité des Ministres salue l’initiative de l’Assemblée
destinée à renforcer les actions pluridisciplinaires visant à la
reconnaissance et au traitement du cas des enfants témoins de violences domestiques,
qui est, comme elle le dit, trop souvent négligé.
3. Il attire l’attention sur le rapport de 2008 du CDCJ concernant
les voies de recours non pénales pour les victimes d’infractions,
dont le chapitre 3 porte sur les victimes vulnérables, notamment
les enfants et les victimes de violences domestiques. Ce chapitre
rappelle aussi que la Résolution n° 2 sur une justice adaptée aux enfants, adoptée lors de
la 28e Conférence des ministres de la justice du Conseil de l'Europe
(Lanzarote, 2007) dispose qu’« une attention et des garanties particulières
sont requises pour les enfants victimes ou témoins d’infraction
en vue de protéger leur bien-être », et qu’elle est dans le droit
fil des Lignes directrices des Nations Unies en matière de justice
dans les affaires impliquant les enfants victimes et témoins d’actes criminels ;
ces Lignes directrices sont spécifiquement consacrées à la protection
et au traitement équitable par les instances judiciaires des enfants
qui ont souffert d’une infraction ou qui en ont été témoins.
4. Le Comité des Ministres note en outre que, dans le cadre des
suites données à la Résolution
n° 1 sur la prévention et la lutte contre la violence domestique,
adoptée lors de la 29e Conférence des ministres de la justice du
Conseil de l'Europe (18-19 juin 2009, Tromso, Norvège), le CDPC
examine actuellement les initiatives que pourrait prendre le Conseil
de l'Europe concernant le statut et les droits des victimes dans
les procédures pénales.
5. Le Comité des Ministres note que le CAHVIO a tenu compte de
la situation des enfants victimes et témoins de violences domestiques
dans les limites du champ de son mandat.
6. Le Comité des Ministres note que la recommandation de l’Assemblée
a été portée à l’attention du Groupe de spécialistes sur une justice
adaptée aux enfants (CJ-S-CH) qui en a tenu compte lorsqu’il a parachevé
le projet de Lignes directrices du Conseil de l'Europe sur une justice
adaptée aux enfants. Il souligne que l’un des objectifs de ces lignes
directrices est de prévenir la victimisation secondaire pouvant
résulter du recueil de preuves et de témoignages. Dans cette optique,
il importe que la police, les services sociaux et les tribunaux
travaillent la main dans la main pour éviter que les enfants ne
subissent des traumatismes multiples.
7. Le Comité des Ministres souligne également l’extrême importance
de la Convention du Conseil de l'Europe sur la protection des enfants
contre l’exploitation et les abus sexuels (STCE n° 201) qui comprend
des mesures pertinentes, notamment en matière de prévention, pouvant
servir de base solide lors de l’élaboration d’initiatives visant
à protéger les enfants contre la violence domestique. Les 29 et
30 novembre 2010, le Conseil de l’Europe a lancé sa campagne contre
la violence sexuelle à l’égard des enfants lors d’une manifestation
à haut niveau à Rome (Italie). La campagne durera quatre ans et
poursuivra l’objectif d’encourager la signature, la ratification
et la mise en œuvre de la Convention du Conseil de l’Europe sur
la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels.
Elle sensibilisera également les sociétés européennes à toutes les
formes de violence sexuelle exercées sur les enfants et apportera
aux enfants, aux parents et aux professionnels des connaissances
et outils pour prévenir cette violence et y répondre.
8. Enfin, le Comité des Ministres rappelle le programme « Construire
une Europe pour et avec les enfants – Stratégie 2009-2011 » et ses
cinq objectifs :
i. promouvoir une approche intégrée des droits de l’enfant dans tous les domaines d’action du Conseil de l’Europe ;
ii. faciliter l’accès des enfants à la justice aux niveaux national et international ;
iii. éradiquer toutes les formes de violence à l’encontre des enfants, à tout moment et en tous lieux ;
iv. promouvoir la participation des enfants et accroître leur influence dans la société ; et
v. préserver les droits des groupes d’enfants vulnérables (enfants privés de protection parentale, enfants handicapés, enfants se trouvant ou risquant de se trouver en situation de pauvreté et d’exclusion sociale).
9. La Plate-forme du Conseil de l’Europe sur les droits de l’enfant,
mise en place conformément à la Stratégie susmentionnée et composée
notamment d’un réseau de correspondants nationaux sur les droits
de l’enfant et la violence à l’encontre des enfants, désignés par
les gouvernements, avait inscrit en bonne place dans son programme
de travail les problèmes rencontrés par les enfants victimes et
témoins de violences domestiques. La plate-forme a élaboré un texte
qui a été adopté dans la Recommandation CM/Rec(2009)10 du Comité
des Ministres aux Etats membres relative aux Lignes directrices
du Conseil de l’Europe sur les stratégies nationales intégrées de
protection des enfants contre la violence. Cette recommandation
énonce un ensemble de mesures visant spécifiquement à aider les
enfants témoins de violences domestiques.
10. Les correspondants nationaux contribuent à accroître la visibilité
et à améliorer la mise en œuvre de cette recommandation au niveau
national. Celle-ci a été traduite dans cinq langues non officielles
et des programmes de coopération sont mis sur pied pour la promouvoir
dans les Etats membres.
Annexe 1 à la réponse
(open)Commentaires du Comité européen pour les problèmes criminels (CDPC)
1. Suite à l'adoption par l'Assemblée parlementaire
de la Recommandation
1905 (2010) sur « Les enfants témoins de violence domestique »,
le Comité des Ministres a décidé de transmettre ce texte au Comité européen
pour les problèmes criminels (CDPC) pour information et observations
éventuelles. Ce dernier a examiné la recommandation ci-mentionnée
et à décider de contribuer à la réponse du Comité des Ministres
en formulant les commentaires suivants relatifs à des questions
entrant dans son champs de compétence.
2. Le CDPC salue l'initiative de l'Assemblée parlementaire destinée
à renforcer les actions pluridisciplinaires visant à la reconnaissance
et au traitement approprié du cas des enfants témoins de violences
domestiques qui risquent d'en subir de graves conséquences, sachant
que l'enfant est encore fréquemment oublié dans ce type d’affaires
où les adultes se trouvent au premier plan.
3. Le CDPC soutient pleinement l’invitation de l'Assemblée au
Comité des Ministres à charger le Comité ad hoc pour prévenir et
combattre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique
(CAHVIO) d’inclure dans sa future convention du Conseil de l'Europe
des dispositions visant à :
3.1. traiter,
à tous les niveaux, les conséquences de la violence domestique sur
les enfants qui en sont témoins en prévoyant, en particulier, la
reconnaissance de leurs besoins et leurs intérêts spécifiques tout
au long de la procédure pénale et dans le respect de l'intérêt supérieur
de l'enfant ;
3.2. souligner l'importance de mettre à la disposition des
enfants témoins de violence domestique des services sociaux polyvalents
afin de s'assurer notamment que les autorités puissent évaluer les
effets préjudiciables de la violence domestique sur l'enfant tout
en reconnaissant et en protégeant pleinement ses intérêts et ses
besoins;
3.3. insister sur la nécessité de développer des stratégies
éducatives et des mesures spécifiques destinées à prévenir le transfert
intergénérationnel de la violence domestique.
4. Le CDPC confirme également l’importance de protéger les enfants
témoins de violence domestique contre tout traumatisme supplémentaire
d’une procédure pénale, en incluant dans les lignes directrices
du Conseil de l'Europe relatives à une justice adaptée aux enfants
des mesures adéquates pour le recueil de témoignages. Les lignes
directrices font déjà référence aux méthodes d'interrogatoire des
enfants à appliquer et à considérer comme valides, lorsque cela
est possible.
5. Le CDPC souligne l'extrême importance de la Convention du
Conseil de l'Europe sur la protection des enfants contre l'exploitation
et les abus sexuels (STCE n° 201, ouverte à la signature en novembre 2007
mais ratifiée pour l’instant par cinq Etats membres du Conseil de
l'Europe), qui renferme d'importantes mesures pertinentes, dont
des mesures de prévention, pouvant servir de base solide lors de
l'élaboration de stratégies pour protéger efficacement les enfants
de la violence domestique.
6. En outre, dans le cadre du suivi de la Résolution n° 1 adoptée lors de la Conférence du Conseil de l’Europe
des Ministres de la Justice (18‑19 juin 2009 Tromso, Norvège), le
CDPC tient à informer l'Assemblée qu'il examine actuellement des
actions possibles du Conseil de l'Europe concernant le statut et
les droits des victimes lors de procédures pénales.
7. Enfin, le CDPC rappelle que le respect des droits des enfants
constitue une question prioritaire pour le Conseil de l'Europe et
estime que les activités de l'Organisation dans ce domaine devraient
être mieux coordonnées et promues afin d'assister les Etats membres
d’une manière appropriée à mettre en œuvre les normes européennes
destinées à améliorer la vie de tous les enfants.
Annexe 2 à la réponse
(open)Commentaires du Comité européen de coopération juridique (CDCJ)
1. La Commission permanente de l’Assemblée parlementaire
a adopté, au nom de l’Assemblée (Paris, 12 mars 2010), la Recommandation 1905 (2010) sur « Les enfants témoins de violence domestique ».
Le Comité des Ministres a décidé, par la suite, de transmettre
cette recommandation au Comité européen de coopération juridique
(CDCJ) pour information et observations éventuelles avant le 30
juin 2010.
2. Le Bureau du CDCJ a pris note de la recommandation de l’Assemblée
parlementaire et a décidé de faire des observations dans les domaines
qui présentent un intérêt particulier pour le CDCJ, avant la date
fixée par le Comité des Ministres.
3. Le Bureau du CDCJ accueille favorablement la recommandation
dans son ensemble et souhaite, dans un premier temps, attirer l’attention
du Comité des Ministres sur le rapport 2008 du CDCJ concernant les
voies de recours non pénales pour les victimes d’infractions , en particulier son chapitre 3,
qui aborde la question des victimes vulnérables, notamment les enfants
et les victimes de violence domestique. Ce chapitre rappelle que
la Résolution no 2 sur une justice adaptée aux enfants, adoptée lors de
la 28e Conférence des ministres de la
Justice du Conseil de l’Europe (Lanzarote, 2007), dispose qu’« une
attention et des garanties particulières sont requises pour les
enfants victimes ou témoins d’infractions en vue de protéger leur
bien-être », et que ce principe s’inscrit dans le droit-fil des
Lignes directrices des Nations Unies en matière de justice dans
les affaires impliquant les enfants victimes et témoins d’actes
criminels , lignes directrices qui sont spécifiquement
dédiées à la protection et au traitement juste par les instances
judiciaires des enfants qui ont souffert d’une infraction ou en
ont été témoins.
4. D’autres références aux témoins figurent dans le rapport (voir
en particulier les paragraphes 143 à 147, qui sont consacrés aux
besoins spécifiques de protection des victimes et témoins qui ont
été intimidés). Le rapport présente également des exemples de bonnes
pratiques (voir notamment le paragraphe 228, qui décrit le système
suédois dans lequel « un enfant ayant été témoin d’une infraction
sans pour autant être considéré comme une victime au sens strict
a donc le droit à un dédommagement si l’infraction a nui à sa sécurité
ou à sa confiance en autrui »).
5. Le Bureau du CDCJ salue également l’invitation faite au Comité
des Ministres, au paragraphe 2 de la recommandation, à charger le
Comité ad hoc pour prévenir et combattre la violence à l’égard des
femmes et la violence domestique (CAHVIO) d’apporter une attention
particulière à la situation des enfants témoins de violence domestique,
qu’il convient de considérer comme des victimes secondaires. Le
31 mars 2010, le Bureau du CDCJ a présenté ses observations sur
le projet de Convention pour prévenir et combattre la violence à
l’égard des femmes et la violence domestique. Au paragraphe 8 de
ces observations, le Bureau du CDCJ réitère sa proposition de ne
pas restreindre le champ d’application de la Convention aux femmes
mais de l’élargir aux enfants, garçons et filles, victimes et témoins
de violence domestique .
Le CDCJ participe activement aux réunions du CAHVIO en qualité d’observateur.
6. A cet égard, le Bureau du CDCJ rappelle la Résolution no 1 sur la prévention et la lutte contre la violence domestique,
adoptée lors de la 29e Conférence des
ministres de la Justice du Conseil de l’Europe (Tromsø, 2009), invitant
le Comité des Ministres à charger le CDCJ, en coopération avec d’autres
comités et, à
la lumière des conclusions des travaux du CAHVIO « à examiner, en
prenant en compte la nécessité de protéger les droits des victimes
et ceux des auteurs :
a. les formes de violence domestique visant en particulier les enfants et les personnes âgées, et proposer des moyens d’y faire face ;
b. les problèmes que rencontrent les victimes de violences domestiques et de proposer des solutions ciblées pour renforcer leur protection et réduire leur vulnérabilité ;
c. l’efficacité des mesures et voies de recours civiles et administratives existantes et d’en proposer d’autres en vue de prévenir la violence domestique ou d’y répondre ».
7. Lorsque le temps sera venu pour le CDCJ de se pencher sur
les suites à donner à la Résolution
no 1 à la lumière des travaux du CAHVIO – une fois ceux-ci
achevés – le Bureau du CDCJ gardera également à l’esprit la Recommandation 1905 (2010) de l’Assemblée parlementaire et traitera alors de la
situation des enfants témoins de violence domestique.
8. Enfin, conformément à l’invitation faite en son paragraphe
3.1, la recommandation a été portée à l’attention du Groupe de spécialistes
sur une justice adaptée aux enfants (CJ-S-CH), qui, à sa dernière
réunion (Strasbourg, 25-28 mai 2010), en a pris note et en a tenu
compte lors de la finalisation du projet de Lignes directrices du
Conseil de l’Europe sur une justice adaptée aux enfants .
9. Le projet final des Lignes directrices du Conseil de l’Europe
sur une justice adaptée aux enfants rappelle les Lignes directrices
précitées des Nations-Unies en matière de justice dans les affaires
impliquant les enfants victimes et témoins d’actes criminels et
comporte des dispositions spécifiques concernant les enfants témoins, notamment
les enfants témoins de violence domestique.
10. De plus, l’un des objectifs des Lignes directrices du Conseil
de l’Europe est de prévenir la victimisation secondaire résultant
du recueil de témoignage. Le projet de texte prévoit des mesures
concrètes et présente des exemples de bonnes pratiques en vue de
protéger les enfants et les jeunes de la dureté des systèmes judiciaires,
en particulier des traumatismes occasionnés par les entretiens et
les témoignages multiples. Dans son exposé des motifs, le projet
de texte présente les maisons pour enfants mises en place en Islande
et en Suède comme un exemple de bonne pratique dans ce domaine.
Les entretiens avec les enfants sont menés par des professionnels
formés à cette fin, dans un environnement protégé et adapté aux
enfants, où ceux-ci peuvent recevoir toute la protection, le soutien
psychologique et les soins médicaux dont ils ont besoin, et ce en
un même lieu. Grâce à ce système, ils n’ont plus besoin de répéter
plusieurs fois les mêmes choses à différentes personnes et dans
différentes institutions, parfois à des mois d’intervalle. Il importe
que la police, les services sociaux et les tribunaux travaillent
main dans la main pour sensibiliser les différents acteurs et veiller
à ce que les enfants ne subissent pas un second traumatisme, qui
peut être plus grave que celui dont ils souffrent déjà.