1. Introduction: de la Politique européenne
de voisinage au Partenariat oriental
1. La chute du mur de Berlin il y a vingt ans a marqué
le début d’une nouvelle ère de coopération européenne. Les nouveaux
Etats émergents de l’est de l’Europe ont entamé une transformation
en profondeur de leur système politique et économique, soutenus
dans cette grande entreprise par l’Occident. Leur intégration progressive
dans les structures de l'Europe occidentale a été favorisée par
une série de mesures et de programmes ciblés.
2. Le Conseil de l’Europe et la Banque européenne pour la reconstruction
et le développement (BERD), plus récemment créée, furent parmi les
premières institutions à ouvrir leurs portes aux Etats d’Europe
orientale qui souhaitaient connaître une évolution démocratique
et une croissance économique axée sur le marché. C’était le début
de nouvelles relations de partenariat en Europe. Avec les adhésions
de ces pays les uns après les autres au Conseil de l’Europe, la
notion de «Grande Europe» a peu à peu pris forme.
3. Le dialogue des pays d’Europe orientale avec l’Union européenne
a commencé dans le cadre de la stratégie PHARE et des accords d’association,
qui ont conduit à l’adhésion de huit pays du bloc de l’Est (République
tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République
slovaque et Slovénie) en 2004 et de deux autres (Bulgarie et Roumanie)
en 2007. Pour ce qui est de l’ouest des Balkans, une procédure spéciale
– le Processus de stabilisation et d’association (qui peut conduire
à l’adhésion) – a été mise en place.
4. Dans le cadre de la Politique européenne de voisinage (PEV)
lancée en 2004, les pays méditerranéens et les Etats voisins situés
à l’est de l’Union européenne (à l’exception de la Russie) ont entamé
une nouvelle phase de collaboration avec l’Union européenne, en
s’engageant expressément en faveur de valeurs communes (démocratie,
droits de l’homme, prééminence du droit, bonne gouvernance, principes
d’économie de marché et développement durable), de relations politiques
étroites et d’un renforcement de l’intégration économique. La PEV
concerne l’Algérie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Bélarus, l’Egypte,
la Géorgie, Israël, la Jordanie, le Liban, la Libye, la Moldova,
le Maroc, les Territoires palestiniens occupés, la Syrie, la Tunisie
et l’Ukraine.
5. La Fédération de Russie a choisi de rester en dehors de la
PEV et a continué de collaborer avec l’Union européenne en vue de
créer quatre espaces communs: un espace économique; un espace de
liberté, de sécurité et de justice; un espace de collaboration en
termes de sécurité extérieure et un espace de recherche, d’éducation
et d’échanges culturels. En réalité, pourtant, le format retenu
ressemble beaucoup au modèle des plans d’action de la PEV. Il bénéficie
également de financements de l’Instrument européen de voisinage
et de partenariat (IEVP), qui finance aussi la PEV.
6. Le Partenariat oriental, lancé officiellement lors du Sommet
de Prague du 7 mai 2009, fait suite à l’Union pour la Méditerranée,
au Partenariat stratégique avec la Russie, à la Synergie de la mer
Noire, et à la Stratégie d’assistance de l’Union européenne à l’Asie
centrale. C’est un instrument européen essentiel pour la création d’une
zone de dialogue avec les pays qui font géographiquement partie
de l’est du continent européen (Arménie, Azerbaïdjan, Bélarus, Géorgie,
Moldova et Ukraine).
7. L’initiative du Partenariat oriental s’appuie sur les points
forts de la PEV et complète ceux qui ont fait l’objet de critiques
des pays partenaires, à savoir que la politique proposée n’était
pas conçue pour traiter avec efficacité les différences substantielles
sur le plan géographique, historique, culturel, politique et social
entre les Etats voisins situés au sud et à l’est de l’Union européenne
et qu’elle était plutôt ambiguë sur les perspectives d’intégration
plus étroite avec l’Union européenne.
8. Le partenariat vise l’objectif ambitieux de réunir les conditions
nécessaires pour favoriser une croissance économique plus forte,
renforcer la stabilité et promouvoir une bonne gouvernance et l’Etat
de droit dans les pays concernés. A cette fin, il propose notamment
la création dans ces pays d’une zone globale de libre-échange, et
une coopération renforcée dans le domaine de la sécurité et de l’efficacité
énergétiques, de l’environnement et des petites et moyennes entreprises
(PME), l’assouplissement des conditions d’obtention de visa et une
aide à la société civile. Il crée un cadre multilatéral qui encourage
la participation d’institutions internationales et de donateurs
privés, et qui est censé rendre ses objectifs plus faciles à atteindre.
9. Le partenariat est ciblé sur les six pays qui possèdent un
potentiel largement inexploité de croissance économique. L’Union
européenne – en tant que partenaire commercial principal et naturel,
en raison de sa proximité géographique – a directement intérêt à
soutenir leur développement économique
. Une intégration plus étroite de
ces pays avec l’économie de l’Union européenne renforcerait la sécurité
énergétique de l’Europe, favoriserait les contacts au niveau individuel
et faciliterait la collaboration avec des pays tiers, comme la Russie.
10. En fait, la Fédération de Russie pourrait être sur le point
d’assumer un nouveau rôle plus actif dans le Partenariat oriental,
qui faciliterait le dialogue. Le Parlement européen envisage de
permettre à des pays tiers (à examiner au cas par cas) de prendre
part à des projets concrets, à des activités et à des réunions en
lien avec les plates-formes thématiques et les initiatives phares,
sous réserve que les pays en question concourent à la réalisation
d’objectifs servant certains objectifs généraux du Partenariat oriental.
En ce qui concerne la Russie, cette possibilité dépendrait assurément
du fait que Moscou consolide son rôle dans un espace européen avec
lequel il partage des frontières et dont l’histoire et la culture
sont également proches des siennes, à d’autres égards.
11. Les partisans du partenariat soulignent que bien qu’en période
d’incertitude économique et de lassitude liée à l’élargissement,
l’Union européenne pourrait estimer qu’elle a des questions plus
urgentes à traiter que les relations avec ses voisins orientaux,
une politique de voisinage ciblée et volontaire pourrait refléter
un intérêt clairvoyant et de principe.
12. Le présent rapport vise à analyser et à comprendre l'impact
de ce nouvel instrument de coopération sur les six pays partenaires
et sur leurs relations avec l’Union européenne et la Grande Europe
dans une optique socio-économique et politique. Il se penchera sur
les attentes des divers acteurs impliqués et sur le potentiel de
participation de différentes institutions européennes afin de bâtir
des rapports fondés sur une véritable solidarité, la coopération
économique paneuropéenne et le progrès humain. Le rapporteur exprime
sa reconnaissance aux autorités arméniennes, géorgiennes et ukrainiennes
d’avoir fait part de leurs points de vue sur le sujet au cours de
ses visites d’information
.
2. Aspirations des parties prenantes
2.1. Eviter les doublons, la démesure, les approches
de haut en bas et les tensions
13. Le Partenariat oriental n’est pas la première initiative
qui associe directement les voisins de l’est de l’Union européenne.
De ce point de vue, il importe véritablement d’éviter les doublons.
Les préoccupations liées aux doubles emplois internes portent sur
certaines activités menées au titre de plates-formes thématiques et
d’initiatives phares (concernant l’environnement, l’efficacité énergétique,
etc.) et d’autres programmes sous-régionaux de l'Union européenne
(comme la Synergie de la mer Noire). Jusqu’ici, la Commission européenne a
pris soin de souligner la «complémentarité» entre le Partenariat
oriental et la synergie dans les domaines liés à la bonne gouvernance,
à l’énergie, au commerce, à l’environnement, aux transports et à
l’assouplissement des conditions de visa.
14. Dans la mesure où l’Union européenne éprouve en ce moment
une certaine lassitude face aux perspectives d’élargissement, la
plupart de ses Etats membres considèrent le Partenariat oriental
comme une alternative à l’élargissement satisfaisante et moins radicale
que la PEV, et un moyen d’éviter de solliciter excessivement l’Union
européenne et ses «partenaires» de l’est de l’Europe. Cependant,
certains verront peut-être de la démesure dans la volonté de consacrer
la même attention à l’ensemble des Etats plutôt que de privilégier
ceux où la politique de l’Union européenne produit le plus d’effets,
comme l’Ukraine, la Moldova et la Géorgie
.
15. Il serait utile de recevoir des précisions de la Commission
européenne sur le financement des activités dans le cadre des différents
programmes, en particulier parce que d’aucuns doutent qu’étant donné
la crise financière actuelle, l’Union européenne soit capable d’affecter
les crédits réservés à cette fin
. Dans le cadre des accords d’association
avec ses partenaires orientaux, l’Union européenne sera limitée
à un montant de 600 millions d’euros pour atteindre les objectifs
du partenariat (outre les fonds affectés par le biais de l’Instrument
européen de voisinage et de partenariat, de la facilité de gouvernance,
de la coopération transfrontalière, des opérations de financement
via la Facilité d’investissement pour le voisinage etc.)
.
Ces crédits devraient couvrir une période de quatre ans. En 2010,
les crédits affectés sont d’environ 85 millions d’euros seulement,
puis seront de 110 millions d’euros en 2011, de 175 millions d’euros
en 2012 et finalement de 230 millions d’euros en 2013. Ils seront
alloués aux six pays cibles en fonction d’une batterie de critères reflétant
les «besoins» et les «résultats de la réforme» de ces pays.
16. Le rapporteur est convaincu que la recherche de la croissance
économique dans les pays concernés par le partenariat doit tenir
dûment compte de plusieurs conditions préalables: démocratie stable,
prééminence du droit et bonne gouvernance. Ces dernières sont particulièrement
importantes étant donné les troubles politiques récents et la persistance
des conflits non réglés de la région (conflit Russie/Géorgie et
celui du Haut-Karabakh, et problème de la Transnistrie en Moldova)
et des particularismes politiques et économiques (au Bélarus), ainsi
que les effets de la crise économique en cours. Le partenariat devrait
chercher à apaiser plus qu’à raviver les tensions au sein de ces
pays et tout autour, et poursuivre une approche de soft power.
17. Une façon de créer des conditions qui conduisent à des rapports
plus étroits et à une convergence de ces pays avec le reste de l’Europe
est de faire participer les institutions et les représentants de
la société civile à un dialogue direct avec l’Occident, en favorisant
une démocratie reposant sur les rapports humains. De ce point de
vue, le principe de «cogestion» du partenariat est assurément une
évolution positive. Il reflète un sentiment de responsabilité partagée
et vise à donner véritablement leur mot à dire aux pays partenaires
en la matière. L’initiative est aussi destinée à remédier à l’absence
de consultation suffisante des six pays partenaires lors de l’élaboration
des priorités pays par pays dans le cadre des dispositifs antérieurs.
2.2. Six minipartenariats
18. Le cadre bilatéral du Partenariat oriental permet
de signer des accords d’association individuels avec les différents
pays qui y sont associés. Ces accords doivent jeter les bases d’une
zone globale de libre-échange. Ils offrent à ces pays des avantages
dont n’avaient jamais bénéficié ni les pays membres de l’AELE dans
le cadre de l’EEE, ni ceux qui ont entamé des négociations en vue
de l’adhésion. Ils envisagent une délimitation précise et effective
entre les pays partenaires de façon que chacun d’eux puisse décider
du degré et de la vitesse de l’intégration à l’Union européenne.
Pour consolider les accords, l’Union s’est engagée à négocier des
accords avec chaque pays individuellement et elle est disposée à
soutenir les différents participants en allant au-delà du cadre
du Partenariat oriental.
2.3. Attentes en termes de développement économique
et politique
19. En général, l’initiative de l’Union européenne a
été bien accueillie et a incité les six pays intéressés par le partenariat
à escompter une ère nouvelle de relations étroites avec l’Union.
Cependant, les aspirations de ces pays diffèrent considérablement.
Alors que certains d’entre eux souhaitent adhérer en fin de compte
à l’Union européenne (Géorgie, Moldova et Ukraine), d’autres ne
semblent pas poursuivre le même but (Arménie, Bélarus et Azerbaïdjan).
Cependant, ils souhaitent tous bénéficier de l’enveloppe financière
prévue par l’initiative, et favoriser une levée des barrières aux
échanges, un assouplissement des conditions de visa et une amélioration
de leur sécurité énergétique grâce à un renforcement de la collaboration
dans ce domaine.
20. Pour ce qui est de la libre circulation des personnes, le
but du partenariat est encore plus ambitieux que celui de la PEV:
la coopération en matière de contrôle de l’immigration par l’assouplissement
des régimes de visa devrait permettre d’éliminer progressivement
les obligations de visa sur le plus long terme. L’application du
principe d’intégration devrait, quant à elle, mener à la création
d’une zone de libre-échange propice à une circulation plus libre
des biens, des services et des capitaux entre les pays de l’Union
européenne et ceux du Partenariat oriental.
21. Les contacts humains sont essentiels pour atteindre les objectifs
du Partenariat oriental. L’initiative de l’Union européenne vise
à renforcer la société civile par le biais du Forum de la société
civile du Partenariat oriental, qui donnera la parole à des représentants
de la société civile issus des pays participants et qui leur permettra
de se former par un échange de savoir-faire et de bonnes pratiques.
Les partenaires du Caucase du Sud espèrent que l’initiative entraînera
une participation accrue de l’Union européenne, et en particulier
de son représentant spécial, pour régler les conflits gelés existants,
ce qui facilitera alors la coopération et le développement régionaux.
22. La nécessité d’un consensus sur le cadre multilatéral proposé
pour le Partenariat oriental est sans aucun doute un frein sur la
voie tracée. Bien que le partenariat tente d’encourager de diverses
manières une coordination multilatérale, celle-ci est difficile
à mettre en place en raison des particularités géopolitiques de
la région
. En effet, les six pays «cibles»
du Partenariat oriental ne forment pas un espace géographique contiguë.
Trois d’entre eux se trouvent en Europe de l’Est et trois autres,
plus au sud-est, dans le Caucase du Sud. Ces pays ont des histoires,
des cultures, des situations économiques, politiques et sociales
différentes. Gardons aussi à l’esprit que chacun d’eux est actuellement
absorbé par un processus de redéfinition de son identité nationale,
tout en étant à la recherche d’alliés pour l’aider à concrétiser
ses aspirations de croissance et de développement.
23. De plus, les pays du partenariat sont tous confrontés à une
série de défis, à savoir:
- à
une crise étatique qui résulte d’une mauvaise gouvernance (due à
la corruption ou à une notion de la souveraineté parfois mise à
mal par des conflits ethniques territoriaux);
- à la crise économique mondiale, qui met actuellement à
rude épreuve la stabilité économique et financière nationale et
expose au risque de défaut de paiement et aux répercussions politiques
qui pourraient en découler;
- à des relations tendues avec la Russie, qui cherche à
rétablir son réseau de relations et à protéger ses intérêts dans
une sphère où elle exerce traditionnellement son influence et qui
forme la base de son identité eurasienne.
2.3.1. Ukraine
24. Il semblerait que les autorités ukrainiennes souhaitent
obtenir des conseils des pays de l’Union européenne sur la réforme
de leur Constitution, du système judiciaire et de l’administration.
L’Ukraine souhaite tirer partie du partenariat pour améliorer son
image internationale, faciliter les rapports qu’elle entretient
avec ses voisins et donner un nouvel élan au règlement du problème
de la Transnistrie. Sur le plan économique, la création d’une zone
globale de libre-échange est considérée comme un moyen de diversifier
l’économie ukrainienne afin de réduire sa vulnérabilité à l’égard
des chocs (commerciaux) externes et de dégager des recettes plus
élevées de ses exportations. L’Ukraine considère la collaboration
avec l’Union européenne par le biais du Partenariat oriental comme
une voie viable pour une meilleure coopération avec le Fonds monétaire international
(FMI)
. De plus,
le partenariat et le traité instituant la Communauté de l’énergie
pourraient contribuer à une réelle intégration de l’Ukraine sur
le marché énergétique de l’Union européenne, aider à moderniser
le système de transit de gaz de ce pays
et
stimuler la poursuite de réformes nécessaires depuis longtemps de
son système énergétique national. Cela pourrait contribuer à une
dépolitisation des relations énergétiques avec la Russie et à la
renégociation de l’accord qui a mis fin à la crise du gaz de janvier
2009, y compris en ce qui concerne le prix des importations de gaz
russe. Enfin, la volonté de Kiev de diversifier ses sources d’approvisionnement
en énergie et d’accroître son efficacité énergétique pourrait être
renforcée.
2.3.2. Moldova
25. La Moldova cherche à améliorer l’efficacité de ses
institutions démocratiques et administratives, à donner une nouvelle
impulsion au règlement du problème de la Transnistrie et à accélérer
le départ des forces armées russes du pays. La signature d’un nouvel
accord d’association et la création d’une zone de libre-échange
avec l’Union européenne stimuleraient une réforme économique, les
échanges, les investissements étrangers, la création d’emplois,
la production industrielle et agricole interne et une modernisation
de grande ampleur de l’économie nationale
.
Le processus de Partenariat oriental et l’adhésion à la Communauté
de l’énergie devraient catalyser la réforme du secteur énergétique
moldove, ce qui contribuerait à attirer des investissements étrangers
dans ce secteur, à diversifier les sources d’énergie, à renforcer
les capacités de production d’énergie électrique
,
à développer davantage les programmes liés à l’énergie solaire,
éolienne et géothermique, et à rendre le secteur plus transparent
dans l’intérêt des investisseurs, des opérateurs, des régulateurs
et des usagers.
2.3.3. Bélarus
26. Le Bélarus souhaiterait sortir de son isolement diplomatique
et ouvrir une fenêtre sur l’Europe occidentale. Il cherche à moderniser
ses infrastructures de transport et de logistique, à tirer parti
des flux commerciaux entre l’Europe et l’Asie
et
à obtenir un assouplissement des conditions de visas. Il pourrait véritablement
bénéficier d’un partage d’expériences en matière de restructuration
du secteur énergétique afin de diversifier son approvisionnement
en énergie. Grâce au Partenariat oriental, il pourrait s’affirmer
comme partenaire viable pour le transit d’énergie
.
La participation du Bélarus au Partenariat oriental devrait aider
à la modernisation de l’économie grâce à de nouveaux investissements
étrangers. Les crédits alloués au pays contribueront à améliorer
la compétitivité de ses produits face aux importations, à faciliter
la diversification des exportations et à soutenir la croissance
économique
.
Minsk souhaite recevoir davantage de fonds de l’Union européenne
et normaliser son système commercial avec l’Union en dépit de son
intégration étroite au sein de l’union douanière avec la Russie
et le Kazakhstan, et de son peu d’empressement à adhérer à l'Organisation mondiale
du commerce (OMC).
2.3.4. Arménie
27. Pour diverses raisons, l’Arménie ne participe pas
à plusieurs grands domaines de la Synergie de la mer Noire (énergie,
transports, sécurité et environnement maritimes, et pêches). Elle
espère que le Partenariat oriental la rapprochera de l’Union européenne,
incitera celle-ci à participer davantage à des projets régionaux, aux
négociations sur le conflit du Haut-Karabakh et au développement
des relations bilatérales avec la Turquie. Le cadre du Partenariat
pourrait l’aider à surmonter certaines défaillances structurelles
de son système politique. La création d’une zone de libre-échange
avec les pays de l’Union européenne stimulera l’économie nationale,
contribuera à une diversification de ses partenaires économiques
et améliorera le climat d’investissement. Le Partenariat oriental
est aussi considéré comme un stimulus pour la réforme macroéconomique
,
et en particulier pour adapter le secteur énergétique grâce à de
nouveaux investissements étrangers et à un meilleur accès aux nouveaux
marchés d’exportation d’électricité. L’Arménie recherche activement
de nouvelles sources de financement; le Partenariat oriental peut
l’aider à en trouver pour son projet de nouvelle centrale nucléaire
et la modernisation de ses centrales classiques
.
Le passage éventuel du gazoduc Nabucco par le territoire arménien
est un projet que les autorités arméniennes souhaitent vivement
promouvoir
.
2.3.5. Azerbaïdjan
28. L’Azerbaïdjan a peu de raisons d’appartenir à la
région de la mer Noire et préfère plutôt être associé à la région
de la mer Caspienne. Le Partenariat oriental pourrait lui permettre
de mieux gérer sa proximité avec la Russie et l’Iran, de s’affirmer
comme un acteur énergétique essentiel à l’échelle régionale et internationale, et
d’obtenir le soutien de l’Union européenne et de la communauté internationale
pour assurer la sécurité de ses infrastructures énergétiques stratégiques.
L’amélioration de l’environnement économique et du climat d’investissement
et la lutte contre la corruption sont des défis majeurs. La société
civile azerbaïdjanaise nourrit de grands espoirs à l’égard du Partenariat
oriental, y compris par un assouplissement du régime de visas avec l’Union
européenne. La création d’une zone de libre-échange avec l’Union
stimulerait la diversification de l’économie nationale et aiderait
à transformer progressivement le pays en pôle régional des réseaux
de transport
.
Cependant, le pays doit aussi accomplir davantage de progrès pour
adhérer à l’OMC.
2.3.6. Géorgie
29. Pour la Géorgie, le Partenariat oriental est synonyme
d’une relation plus étroite avec l’Union européenne, ce qui pourrait
faire avancer le règlement du conflit et l’instauration de la confiance
avec l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie. L’économie géorgienne a un
besoin urgent d’investissements. La gouvernance (notamment dans
les domaines constitutionnel, judiciaire et de l’administration
régionale) et les réformes économiques (amélioration du système
fiscal et du climat des affaires) progressent toutefois à une vitesse impressionnante.
Déjà en 2006 et en 2008, la Banque mondiale qualifiait la Géorgie
de championne du monde des réformes. Le Partenariat oriental pourrait
servir de catalyseur pour attirer des fonds afin de faire face aux séquelles
de la guerre avec la Russie et à la crise financière mondiale, de
stimuler le développement des secteurs agroalimentaire, financier,
manufacturier et touristique, de faire progresser la diversification
de l’approvisionnement en énergie, de renforcer la sécurité énergétique
et d’aider la Géorgie à s’affirmer comme un
partenaire fiable pour les grands projets de transit de l’énergie.
2.4. Les quatre plates-formes thématiques
30. Le Partenariat oriental conjugue relations bilatérales
et coopération multilatérale dans le but d’encourager les pays partenaires
et l’Union européenne à échanger des vues sur les politiques et
les questions d’intérêt commun, et de bâtir un modèle sur la base
de bonnes pratiques. Le partenariat couvre un espace aux degrés
variables de consolidation démocratique et de respect des droits
de l’homme. Il devra affronter de graves problèmes liés à la corruption
et combler les lacunes en matière de gouvernance. La région abrite
de grands pôles de la contrebande et du trafic illégal, tandis que
la piètre gestion de nombreux passages transfrontaliers entrave
la mobilité légitime. La persistance de plusieurs conflits non réglés
rend la situation d’autant plus difficile.
31. Dans la plupart des pays en question, la crise économique
et financière a ralenti la croissance et le manque de transparence
dans le milieu des affaires freine le développement des PME. Qui
plus est, la région est confrontée à une multitude de difficultés
dans le secteur des transports, en particulier pour l’établissement de
liaisons entre les pays partenaires, d’une part, et de connexions
avec les axes du réseau transeuropéen, d’autre part. La sécurité
énergétique est une autre préoccupation commune des partenaires,
dont les réseaux énergétiques pourraient être mieux reliés à ceux
de l’Union européenne. L’efficience énergétique est faible et l’offre
d’énergies renouvelables reste limitée.
32. Les pays de la région doivent résoudre une batterie de problèmes
aux échelons international, régional, transfrontalier et national.
Ils nourrissent l’espoir d’une association politique plus étroite
et d’une intégration économique plus profonde avec l’Union européenne
afin de développer leurs économies et d’améliorer les rendements
nationaux. Par conséquent, dans le cadre du dispositif du partenariat,
ils devront adapter leur législation et leurs dispositions réglementaires
aux acquis communautaires, à la fois pour créer un climat de confiance
accrue chez les partenaires et pour renforcer la stabilité et la
sécurité dans toute la région.
33. La stratégie à employer pour surmonter les difficultés identifiées
au cours de l’étape précédente devra se fonder sur quatre priorités.
Ces priorités correspondent aux quatre plates-formes thématiques
mises en place par la Commission européenne dans l’intention de
jeter les bases d’un débat libre et ouvert sur les thèmes principaux
et sur les objectifs à court et moyen termes du partenariat: la
démocratie, la bonne gouvernance et la stabilité; l’intégration
économique et la convergence avec les politiques de l’Union européenne;
la sécurité énergétique; et les contacts humains.
2.4.1. Démocratie, bonne gouvernance et stabilité
34. Pour la démocratie et la bonne gouvernance, l’assistance
proposée sera guidée par la capacité des pays concernés à mettre
en œuvre les conventions internationales relatives aux droits de
l’homme et aux normes démocratiques. Sur la base de l’expérience
de l’Union européenne quant à l’amélioration du contrôle des frontières,
cette assistance servira à établir une gestion intégrée des frontières
dans les pays du Partenariat oriental.
2.4.2. Intégration économique et convergence avec les
politiques de l’Union européenne
35. Pour le développement économique, l’assistance favorisera
le développement local en encourageant la coopération entre les
régions frontalières et en aidant certaines régions à coopérer avec
celles de l’Union européenne dans le cadre des programmes transnationaux
existants. Elle contribuera également à améliorer le climat des
affaires grâce à des services de conseil aux PME plus disponibles
et à un accès facilité aux sources de financement. Dans le domaine
des transports, l’assistance de l’Union se concentrera sur la connexion
des réseaux de transport européens aux grands axes transeuropéens
et sur les activités régionales qui visent à hisser les infrastructures
concernées au niveau des normes européennes.
2.4.3. Sécurité énergétique
36. Dans les secteurs de l’énergie des pays du Partenariat
oriental, il y a encore beaucoup à améliorer en termes d’efficience
et d’utilisation de ressources renouvelables. Un soutien sera également
apporté pour la protection de l’environnement, des terres et des
ressources naturelles.
2.4.4. Contacts humains: encourager l’intégration dans
l’Union européenne et la coopération régionale
37. La dimension multilatérale du Partenariat oriental
est essentielle pour promouvoir l’intégration dans l’Union européenne
et l’assistance sera destinée aux activités réalisées à cette fin.
La coopération dans ce domaine devrait avoir pour objectif de soutenir
de nouveaux programmes de promotion des contacts répartis selon
des piliers thématiques (éducation et formation, culture, jeunesse,
société de l’information et recherche), en particulier par le biais
de groupes d’experts, de programmes de jeunesse et d’un forum de
la société civile. Enfin, la participation au programme «Jeunesse
en action» et l’appui à la coopération culturelle et au dialogue interculturel
seront renforcés. Des activités similaires au titre de la Synergie
de la mer Noire et de la Northern Dimension se poursuivront en parallèle.
2.5. Un élan extérieur pour des réformes structurelles
et de gouvernance
38. L’histoire de l’élargissement de l’Union européenne
montre que les perspectives d’intégrer l’Union sont un stimulant
puissant. Le Partenariat oriental ne modifie pas l’approche en général
décourageante de Bruxelles sur le plan de l’adhésion, mais il indique
clairement, étant donné ses implications, qu’à long terme, l’Union
européenne aura du mal à justifier le maintien de ses partenaires
orientaux en dehors du club
. Le Partenariat
oriental définira le degré d’engagement de l’Union, en partant de
la capacité des pays partenaires à atteindre les objectifs de la
réforme
convenus
d’un commun accord. L’Union européenne n’offrira de nouveaux avantages
que face aux progrès réalisés par les pays partenaires sur le plan
de la réforme politique et économique. Cela implique en fait que
les «six» doivent se réformer avant que l’Union européenne n’examine
sérieusement leur souhait d’adhésion.
39. Des modèles de coopération entre les pays du Partenariat oriental
et l’Union européenne ont été mis à l’épreuve au moment de préparer
l’élargissement en deux étapes de l’Union vers l’Est, en 2004 et
2007, puis réintégrés dans la PEV. Dans ce contexte, un rapprochement
progressif vers le modèle de l’Union européenne serait possible
grâce à un alignement progressif mais néanmoins déterminé des pays
partenaires sur les acquis communautaires, avec pour résultat l’affectation
des crédits en fonction des progrès réalisés par les pays partenaires.
Ainsi, la feuille de route préliminaire pour l’Ukraine énumère les
mesures de réforme prioritaires
dans
sept domaines, assorties d’objectifs spécifiques sur les court,
moyen et long termes (six mois, six à dix-huit mois et plus de dix-huit
mois respectivement) à compter d’avril 2010.
40. Dans la mesure où la plupart des pays européens connaissent
des difficultés économiques, les financements de l’Union européenne
sont encore plus importants que dans une phase de croissance économique
régulière. L’Union européenne offre déjà des financements aux pays
du Partenariat oriental par le biais de programmes bilatéraux dans
le cadre de l’Instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP).
De plus, les pays du Partenariat peuvent demander des crédits dans
le cadre de la Facilité de la gouvernance, de la coopération transfrontalière,
et de la Facilité d’investissement pour le voisinage. A la suite de
l’examen à mi-parcours des programmes actuels de l’Union européenne
avec les pays voisins, les financements sont restés stables pour
la période 2011-2013 pour renforcer la coopération politique et promouvoir
l’intégration économique entre l’Union et ses voisins orientaux
.
41. L’Union européenne influence et encourage aussi ses pays partenaires
par le biais d’autres institutions et organisations. Ainsi, la voix
de l’Union au FMI devient un facteur de poids en temps de crise,
car Bruxelles peut apporter son soutien à des plans de sauvetage
du fonds, comme dans le cas de l’Ukraine et du Bélarus. Tant que
les effets de la crise se feront sentir, l’Union européenne pourra
imposer davantage de conditions aux pays partenaires. En d’autres
termes, tant que durera la crise, l’Union pourra avoir davantage
d’influence avec les mêmes engagements financiers.
42. Cinq des six membres du partenariat sont membres à part entière
du Conseil de l’Europe, si bien qu’ils sont constamment incités
à respecter leurs engagements concernant les principes fondamentaux
qui sous-tendent les actions de l’Organisation. L’Union européenne,
le Conseil de l’Europe et d’autres institutions peuvent activer
des synergies afin de suivre et d’encourager les pays concernés
à prendre des mesures pour atteindre les objectifs du Partenariat
oriental, ce qui est une manière d’accélérer l’avancement de la
réforme des structures, de la gouvernance et de la politique économique
au sein des pays partenaires.
2.6. Enraciner la stabilité, la prééminence du droit,
le respect de la dignité humaine et la prospérité
43. La réussite du Partenariat oriental dépendra de l’engagement
des pays participants en faveur de l’initiative. Le degré de respect
des principes démocratiques, des droits de l’homme et des libertés
et de l’Etat de droit varie selon les pays. En ce qui concerne la
démocratie, caractérisée par des élections libres et équitables,
une forte opposition et la liberté des médias, seule l’Ukraine dispose
d’institutions qui fonctionnent en général comme elles devraient
le faire, alors que le Bélarus et l’Azerbaïdjan sont à l’autre extrémité
du spectre, la Géorgie, l’Arménie et la Moldova occupant une position
intermédiaire.
44. Le Partenariat oriental vise à clarifier le message politique
et économique de l’Union européenne à l’égard des pays associés,
et à rapprocher de l’Union européenne les pays attachés aux réformes,
tout en exportant les valeurs clés de démocratie, de prééminence
du droit et de respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
En plaçant les relations avec les six pays en tête de ses priorités
de politique étrangère, l’Union européenne écoute avec attention
les préoccupations de ses partenaires, mais elle escompte d’eux
qu’ils fassent la même chose.
45. Des progrès systématiques vers davantage de stabilité politique,
vers une meilleure protection des droits de l’homme, vers le développement
des capacités des institutions démocratiques et vers le renforcement de
l’Etat de droit, des mécanismes anticorruption, du développement
humain, de la prospérité socio-économique et de la participation
de la société civile sont la clé de la réussite du partenariat,
ne serait-ce que pour favoriser un climat de confiance et renforcer
les liens entre les six pays du partenariat eux-mêmes.
3. Approches multilatérales et multifonctionnelles
de la coopération institutionnelle pour soutenir le Partenariat
oriental
3.1. Faire participer les banques de développement
multilatérales européennes (BERD, BEI, CEB et NIB)
46. L’année dernière, les pays d’Europe orientale et
du Caucase du Sud ont subi un recul économique important qui était
bien plus sensible qu’on ne l’escomptait, et d’une ampleur bien
supérieure à ce qu’il était dans les autres pays où la BERD intervient.
Le PIB de la région a baissé de 9 % en moyenne, deux pays – l’Arménie
et l’Ukraine – ont connu une contraction à deux chiffres (14,2 %
et 15,1 % respectivement). Les pays ont pu éviter une chute incontrôlée
de leur monnaie, des crises bancaires systémiques et de fortes poussées inflationnistes,
mais la crise financière et économique a révélé que l’économie des
pays qui ont des institutions et un cadre de politique macroéconomique
faibles était plus vulnérable.
47. Il faudra remédier ces prochaines années aux graves problèmes
de développement qui ont subsisté dans toute la région. Le cadre
du Partenariat oriental pourrait contribuer à approfondir l’intégration
des pays intéressés par l’Union européenne, renforcer leurs institutions
et réduire leur fragilité économique future, mais cela suppose des
actions responsables de part et d’autre, et la participation d’institutions
multilatérales de développement capables de fournir une aide concrète
aux pays du Partenariat oriental
.
48. La plate-forme multilatérale du Partenariat oriental comprend
des institutions financières internationales (IFI), le secteur privé,
et des acteurs économiques et sociaux. Un certain nombre d’initiatives
phares et le caractère affirmé du programme de travail subdivisé
en quatre plates-formes thématiques rendent plutôt prometteuse leur
participation au Partenariat oriental. Les principaux investisseurs
et prêteurs multilatéraux qui interviennent en Europe centrale et
orientale – BERD, groupe Banque européenne d'investissement (BEI)
et groupe Banque mondiale – se sont déjà engagés, dans le cadre
du plan d’action conjoint des IFI lancé en février 2009, à fournir
des crédits pour soutenir le secteur bancaire de la région et prêter
aux entreprises les plus touchées par la crise économique mondiale.
49. Le plan d’action, tourné vers l’avenir, mettra l’accent sur
le traitement des conséquences de la crise: contraction du crédit,
augmentation des prêts non productifs et bilans bancaires faibles.
Les IFI aideront les banques et le secteur des grandes sociétés
à restructurer et à toiletter leur bilan, à atténuer les risques,
et elles prendront des mesures pour stimuler les prêts au niveau
interne, en particulier aux PME. Une action sera menée pour faire
face aux besoins particuliers de la région, y compris les prêts
en monnaie locale et le développement du marché interne de capitaux,
en collaboration étroite avec d’autres institutions internationales
et européennes et avec les gouvernements.
50. Des représentants de la BEI et de la BERD ont assisté au lancement
du Partenariat oriental lors du Sommet de Prague le 7 mai 2009.
La Déclaration du Sommet invitait les deux institutions, ainsi que
d’autres IFI, à mettre en place une facilité de crédit pour les
petites et moyennes entreprises
.
En conséquence, la Commission européenne a annoncé, à la fin de
2009, l’affectation de près de 50 millions d’euros pour couvrir deux
activités – l'exploitation de centres de conseil économique et le
soutien de lignes de crédit aux PME – par le biais de la BERD et
de la BEI pour les années 2010-2013. Environ 40 % des fonds seront
consacrés exclusivement aux services de conseil économique de la
BERD par le biais des programmes TAM et BAS
(5
millions d’euros par an sur quatre ans). Le reste des fonds (30 millions
d’euros) est destiné à soutenir les PME
par
une combinaison de subventions et de prêts.
51. La BEI
soutient la
politique de voisinage de l’Union européenne dans les pays du Partenariat
oriental en finançant des projets ayant un intérêt notable pour
l’Union, notamment dans le domaine des transports, de l’énergie,
des télécommunications et des infrastructures environnementales.
Conformément à sa mission dans la région pour 2007-2013, la banque
a consacré 3,7 milliards d’euros à l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la
Géorgie, la Moldova, l’Ukraine et la Russie. Les activités au Bélarus
sont subordonnées à une approbation ultérieure du Conseil européen.
De plus, la BEI a créé en décembre 2009 le Mécanisme en faveur des
partenaires orientaux (MPO) doté d’une enveloppe de 1,5 milliard
d’euros, grâce auquel elle peut soutenir des projets d’investissement
réalisés par des filiales de sociétés européennes ou par des co-entreprises
dans lesquelles des sociétés européennes ont une participation.
De cette manière, la BEI aide les pays partenaires au cours de leur
processus de modernisation et facilite les investissements transfrontaliers
entre l’Union européenne et ses voisins orientaux. Actuellement,
des capitaux considérables sont toujours disponibles dans le cadre
de la mission de la BEI et du MPO; une vingtaine de projets sont
en cours d’examen pour un montant total de prêt de 1,8 milliard
d’euros
.
52. La BERD participe aux discussions menées au titre des piliers
thématiques principaux (concernant notamment la démocratie, l’intégration
économique et la sécurité énergétique). Elle est disposée à soutenir trois
des six initiatives phares (y compris sur le développement des PME,
les marchés régionaux de l’énergie, l’efficacité énergétique et
la bonne gouvernance de l’environnement). En 2009, la Facilité d’investissement pour
le voisinage
a
offert 52,5 millions d’euros pour des projets de la BERD, ce qui
en fait la première source de subventions pour la banque. Les subventions
déjà accordées par la facilité portent sur 1,5 milliard d’euros de
prêts de la BERD et seront complétées par 500 millions d’euros apportés
par d’autres IFI à titre de cofinancement. Les subventions servent
à réaliser des opérations d’assistance technique indépendamment
de tout prêt ou à élaborer des projets d’investissement et à compléter
les prêts d’autres IFI.
53. De plus, le Partenariat oriental s’attache à attirer d’autres
donateurs pour des cofinancements. Les donateurs internationaux
peuvent créer des fondations pour octroyer des subventions afin
de promouvoir le développement des pays du partenariat dans divers
domaines. Ainsi, le Partenariat pour l’efficacité énergétique et
l’environnement en Europe orientale (dit des cinq «E» d’après le
titre anglais) a été lancé à l’initiative du Gouvernement suédois
lorsque celui-ci assurait la présidence de l’Union européenne. Il proposera
des investissements dans des projets liés à l’efficacité énergétique
dans les pays d’Europe orientale (en privilégiant à l’origine de
grands projets publics en Ukraine) pour une enveloppe globale de
90 millions d’euros.
54. La Moldova et la Géorgie sont les seuls des six pays concernés
par le Partenariat oriental à appartenir à la Banque de développement
du Conseil de l’Europe (CEB). Le rapporteur renvoie à la déclaration
de la CEB lors du Forum du Partenariat pour la Moldova du 24 mars
2010 à Bruxelles, et espère que des engagements pour des projets
concrets suivront dans un avenir proche. L’Assemblée devrait encourager
un élargissement de la participation de la CEB – directement ou
en collaboration avec la BERD, la BEI et la Commission européenne
– pour lancer des projets qui favorisent le développement social
et les valeurs du Conseil de l’Europe dans ces pays. Elle devrait
aussi appeler à nouveau les autorités de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan
et de l’Ukraine à étudier la possibilité d’adhérer à la CEB dans
les meilleurs délais.
3.2. Responsabilités des partenaires européens
55. Les principales activités du partenariat associeront
non seulement les institutions de l’Union européenne, mais aussi
des organisations internationales comme le Conseil de l’Europe,
l’OSCE, l’OCDE, d’autres institutions financières internationales,
des parlements, des chefs d’entreprise, des collectivités locales
et un large éventail de parties prenantes venant des secteurs liés
aux plates-formes thématiques du partenariat. La Commission européenne
a aussi proposé d’encourager la participation de la société civile
par la mise en place d’un forum en parallèle pour promouvoir les
contacts entre les diverses organisations intéressées (ONG, associations,
etc.) et pour faciliter le dialogue entre les autorités du secteur
public et elles.
56. Le dialogue envisagé entre l’Union européenne et les pays
partenaires aux différents niveaux de gouvernance, outre l’idée
de convoquer l’Assemblée parlementaire d’Euronest et un forum de
la société civile, montre qu’elle met l’accent sur les composantes
sociales et la communication. Il est essentiel de veiller à ce que
les forces d’opposition et les ONG indépendantes des pays du Partenariat
oriental aient leur mot à dire dans ce dialogue
.
La Commission européenne a aussi invité le Comité des régions à
créer une assemblée locale et régionale de l’Europe orientale et
du Caucase du Sud pour impliquer les pouvoirs locaux et régionaux.
57. L’OSCE et le Conseil de l’Europe ont un rôle de premier plan
à jouer pour promouvoir la sécurité, la stabilité et l’intégrité
territoriale de tous les Etats, la démocratie, la prééminence du
droit, le respect des droits de l’homme et le respect des engagements
et des accords internationaux de la Grande Europe. L’ensemble des
institutions associées au Partenariat oriental sont collectivement
responsables de la poursuite des objectifs de ce programme, si bien
que leurs Etats membres doivent envoyer un message cohérent pour soutenir
le processus de réforme en vue d’assurer une véritable stabilité
économique et politique dans les pays concernés.
58. Les six Etats concernés doivent maintenir le rythme des réformes
et montrer qu’ils sont attachés aux principes du droit international,
aux valeurs fondamentales (démocratie, prééminence du droit et respect
des droits de l’homme et des libertés fondamentales notamment),
à l’économie de marché, au développement durable et à la bonne gouvernance.
L’ensemble des pays participants devraient intensifier leur action
pour améliorer leur image internationale.
3.3. Contribution de pays tiers
59. Le budget en apparence limité alloué au Partenariat
oriental par la Commission européenne montre qu’il est aussi important
d’attirer des investissements privés que de développer des partenariats
multilatéraux avec toutes les parties tierces intéressées (à savoir
les Etats-Unis, le Japon, la Russie, la Turquie, etc.). Les pays tiers
pourraient être associés au travail de plates-formes thématiques,
de panels ou d’initiatives, que ce soit au cas par cas ou dans le
cadre de divers projets en exploitant la proximité géographique
ou les relations économiques existantes. La participation de grands
acteurs régionaux en tant que tiers (notamment la Turquie et la
Russie) pourrait stimuler considérablement le Partenariat oriental.
Pour des raisons géopolitiques, la participation de certains pays
voisins comme l’Iran se heurtent à certains obstacles, bien qu’elle
ne puisse être exclue pour certains projets régionaux
.
3.4. Aménager un espace économique paneuropéen
60. Le Partenariat oriental vise à rapprocher les participants
les uns avec les autres et avec l’Union européenne. A cette fin,
il suit une approche bilatérale et multilatérale destinée à créer
une zone de libre-échange qui devrait, à long terme, devenir une
véritable communauté économique de pays voisins. Le processus devrait
s’accompagner d’un assouplissement progressif des exigences de visa,
et d’actions de soutien des politiques socio-économiques qui visent
à réduire les disparités dans chacun des pays partenaires. La mise
en place d’une communauté économique de voisinage analogue à l’Espace
économique européen
et
fondée sur un système d’accords de libre-échange serait un résultat
significatif.
61. L’aménagement d’une zone économique paneuropéenne est compliqué
par le contexte économique assez hétérogène où se trouvent les pays
du Partenariat oriental et par le fait que l’Azerbaïdjan et le Bélarus n’appartiennent
pas à l’OMC. Les études de faisabilité sur des «zones de libre-échange»
ont conclu dans la plupart des cas que les pays partenaires n’étaient
pas prêts pour une libéralisation commerciale avec l’Union européenne
et qu’ils ne le seraient pas avant un certain temps
.
Il faudrait que les systèmes économiques des pays du Partenariat
oriental développent leurs capacités pour réaliser les réformes
structurelles nécessaires et adapter leur cadre réglementaire aux
normes de l’Union, ce qui implique un coût financier non négligeable,
surtout dans les conditions financières et économiques actuelles.
Il ne faudrait pas sous-estimer la difficulté de faire accepter
ces mesures sur le plan politique et social.
4. Quel rôle pour le Conseil de l’Europe dans le
cadre du Partenariat oriental?
4.1. Continuer de se focaliser sur les valeurs partagées,
les compétences techniques et les bonnes pratiques
62. Le Conseil de l’Europe doit assumer un rôle dans
l’interprétation et la mise en œuvre du Partenariat oriental. Les
bénéficiaires de cet instrument important – qui semble être le plus
structuré de tous ceux visant à consolider les relations avec l’Europe
de l’Est – sont, à l’exception du Bélarus, membres à part entière
du Conseil de l’Europe. En tant que tels, ils sont déjà au centre
des programmes d’activités de l’Organisation. Toutefois, votre rapporteur
juge utile de réaffirmer, dans ce contexte, l’importance du lien
entre développement économique, social et politique. Il ne peut
y avoir de prospérité durable sans progrès constant en matière de développement
humain et d’égalité des chances pour tous les membres de la société.
63. Pour consolider leurs institutions démocratiques, réorganiser
leur administration et honorer les engagements qui découlent naturellement
de leur appartenance au Conseil de l’Europe, les pays du partenariat
devront persévérer dans un processus global de réformes qui implique
une participation accrue de la société civile, le renforcement des
compétences des institutions et une amélioration de la transparence
des processus décisionnels. Le Conseil de l’Europe peut aider les
Etats à évaluer l’efficacité des organismes publics et leur permettre
d’échanger les bonnes pratiques en matière de gouvernance, s’agissant
en particulier du droit électoral, de la réglementation des médias
et des systèmes d’équilibre des pouvoirs.
64. Compte tenu des complémentarités et des programmes d’activités
conjoints mis en place, il faut continuer de développer les synergies
entre le Conseil de l’Europe et l’Union européenne afin de garantir
un progrès social, démocratique et économique constant dans les
pays concernés. C’est particulièrement nécessaire dans les discussions
sur la structure de l’Assemblée parlementaire Union européenne/Voisinage Est
(Assemblée parlementaire Euronest), dont la création a été proposée,
et compte tenu des ambiguïtés qui l’entourent
.
65. Au cours de ses visites d’information dans les pays du Partenariat
oriental, le rapporteur a noté des inquiétudes au sujet de la composition
de l’Assemblée Euronest proposée (compte tenu notamment du fait
que quelques Etats membres orientaux de l’Union européenne ont pris
la majorité des sièges attribués aux eurodéputés alors que bon nombre
de grands Etats européens occidentaux sont sous-représentés, et
que tous les Etats du partenariat ont la même représentation, quelle
que soit leur taille, c’est-à-dire dix députés par Etat). Les méthodes
et le contenu de ses travaux futurs, et la polémique sur la participation
du Bélarus font également l’objet de leurs préoccupations. Certaines
délégations du Partenariat oriental estiment que la mise en place
d’une nouvelle assemblée est coûteuse et inutile, et que la dimension
parlementaire du Partenariat oriental pourrait être assurée par
le biais des organes parlementaires existants (notamment par l’octroi
du statut d’observateur auprès du Parlement européen aux députés
sélectionnés des pays du Partenariat oriental).
66. Il importe de maintenir, d’améliorer et de consolider les
relations entre l’Union européenne et le Conseil de l’Europe avec
les pays du Partenariat oriental dans le domaine de la coopération
interparlementaire, et ce à tous les niveaux. A cette fin, il serait
bon de recourir aux mécanismes établis par l’Assemblée, d’associer l’Assemblée
(et, à travers elle, des parties tierces au Partenariat oriental)
aux travaux d’Euronest et éventuellement de créer une «troïka parlementaire»
du Partenariat oriental (comprenant le Parlement européen, l’Assemblée
parlementaire de l’OSCE et l’Assemblée parlementaire du Conseil
de l'Europe) de manière à étayer sa future structure, notamment
dans l’optique de coordonner les positions à l’égard du Bélarus
.
67. Le Conseil de l’Europe dispose de puissants instruments et
d’une vaste expérience qui peuvent être utiles au Partenariat oriental
pour établir la confiance, régler promptement les litiges et favoriser
l’esprit de réconciliation. Le renforcement de la coopération interinstitutionnelle
entre l’Union européenne et le Conseil de l’Europe pour atteindre
des buts communs ferait passer un message important, à savoir que
l’initiative du Partenariat oriental n’est dirigée contre aucun
pays tiers et que chaque Etat adhérant au partenariat doit entretenir
de bonnes relations avec tous ses voisins. L’Union européenne doit
établir un bon équilibre entre ses efforts pour promouvoir la démocratie,
encourager la modernisation économique et instaurer des relations plus
étroites avec les pays du Partenariat oriental. Le Mémorandum d’accord
entre le Conseil de l’Europe et l’Union européenne constitue une
bonne base de coopération entre les deux organisations pour accélérer
la réalisation du Partenariat oriental.
68. Il est donc très important pour l’Assemblée parlementaire
du Conseil de l’Europe d’évaluer les effets du partenariat sur ses
propres travaux et ceux de l’Organisation, et de suivre attentivement
la mise en œuvre du Partenariat oriental dans cette région d’une
importance stratégique croissante pour l’ensemble de l’Europe.
69. L’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Moldova et l’Ukraine
prennent part aux travaux du Groupe d’Etats contre la corruption
(GRECO) et de la Commission européenne pour la démocratie par le
droit (Commission de Venise)
et en bénéficient.
L’Arménie et la Moldova participent également aux activités de Moneyval
(le Comité d'experts sur l'évaluation des mesures de lutte contre
le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme)
.
Le Bélarus devrait être invité à devenir partie aux Conventions
civile et pénale relatives à la corruption, ce qui lui permettrait
d’adhérer au GRECO et à ses procédures d’évaluation. Il pourrait aussi
adopter la Convention relative au blanchiment, au dépistage, à la
saisie et à la confiscation des produits du crime et au financement
du terrorisme (STCE no 198) dont la mise en œuvre fait l’objet d’un
suivi de Moneyval. Il y a également lieu de se féliciter du fait
que l’Azerbaïdjan, la Géorgie et l’Ukraine soient parties à la Convention
concernant l'assistance administrative mutuelle en matière fiscale
(STE no 127)
.
4.2. Soutenir l’intégration économique paneuropéenne:
passer de la parole aux actes et aux engagements sur le long terme
70. Le Partenariat oriental de l’Union européenne est
largement considéré comme une offre de meilleure qualité que la
PEV, qui s’est avérée inefficace face aux différences intrinsèques
entre les voisins de l’Union et a affaibli les perspectives d’adhésion
de pays d’Europe de l’Est.
71. Bien que la nouvelle proposition demeure essentiellement bilatérale,
elle instaure cependant un élément multilatéral sur la base des
précédents programmes. Cela lui donne une apparence plus ambitieuse,
plus souple et plus efficace en comparaison d’autres initiatives
régionales. Son mode de fonctionnement – y compris des réunions
régulières à différents niveaux, une assemblée parlementaire et
un forum de la société civile – crée les conditions requises pour
un échange d’idées fructueux et constructif. Les accords d’association
envisagés étayent quant à eux les intentions sérieuses de l’Union
européenne sur le long terme. L’objectif global est de favoriser
une transformation sans à-coups des voisins de l’Est en démocraties opérationnelles
dotées d’économies de marché fiables et transparentes.
72. Le principal atout du partenariat réside dans la possibilité
de proposer des associations différenciées avec l’Union européenne
pour permettre aux pays concernés d’établir des relations qui correspondent
à l’état d’avancement de leur développement socio-économique, à
leur maturité démocratique et à leurs ambitions politiques.
73. Le Partenariat oriental ne propose pas d’adhésion à l’Union
européenne à la clé. Chaque bénéficiaire évoluant à une vitesse
qui lui est propre, l’on pourrait toutefois s’attendre à une course
à l’alignement des dispositions réglementaires nationales sur les
acquis de l’Union et à l’utilisation d’autres éléments intégrés attrayants,
tels les initiatives phares et le cadre multilatéral. Cela étant,
l’Union semble disposée à faire en sorte que le Partenariat oriental
garde tout son sens et sa pertinence pour l’Arménie, l’Azerbaïdjan,
le Bélarus, la Géorgie, la Moldova et l’Ukraine. Le plus grand défi
sera d’employer une approche donnant-donnant de façon à stimuler
les progrès en matière de développement et d’intégration régionale
.
74. Plusieurs problèmes viennent briser l’élan initial du Partenariat
oriental: une profonde et vaste crise économique, une instabilité
politique persistante chez les voisins de l’Est et un certain ressentiment
d’autres partenaires de l’Union européenne quant à l’ambiguïté de
cette initiative. Malgré cela, l’humeur générale est à l’optimisme.
Au bout du compte, le succès de cette initiative dépendra de la
capacité de ses bénéficiaires à atteindre les objectifs ambitieux
fixés par la Déclaration de Prague et à s’appuyer sur ce dispositif
pour accélérer la progression des réformes nationales et de la modernisation
de la gouvernance. Il serait bon d’établir des repères et de fixer
des délais propres à chaque pays pour la réalisation des principaux
objectifs et pour assurer une évaluation des progrès de bonne qualité.
75. Il importe que l’Union européenne et les pays partenaires
perpétuent leur soutien politique au Partenariat oriental. L’objectif
d’alignement des dispositions réglementaires nationales sur celles
de l’Union doit rester au cœur du partenariat. Enfin, des précisions
devraient être apportées sur l’aide financière destinée aux pays
du Partenariat oriental pour stimuler les réformes et faciliter
le renforcement de leurs capacités, notamment en ce qui concerne
leurs travaux pour la suppression des entraves au commerce, l’amélioration des
normes de qualité et du climat des affaires, et la rationalisation
des procédures douanières.
5. Conclusions et recommandations
76. En vue d’aider les Etats voisins situés à l’est de
l’Union européenne à mettre en œuvre des réformes économiques et
politiques indispensables, les propositions suivantes ont été formulées:
- l’Union européenne devrait faire
son possible pour parvenir à une meilleure coordination et pour
clarifier les rôles respectifs des diverses organisations internationales
à l’égard du Partenariat oriental. Cela concerne l’OTAN, l’OSCE,
la BERD, la Banque mondiale, le FMI et le Conseil de l’Europe ;
- les pays qui ont lancé l’initiative du Partenariat oriental
devraient continuer à prendre fait et cause pour les voisins de
l’Est au sein des institutions de l’Union européenne. En ce sens,
la Pologne et la Suède pourraient poursuivre les consultations avec
d’autres membres de l’Union, voisins des pays du partenariat (c’est-à-dire
avec d’autres membres du Groupe de Višegrad (République tchèque,
Hongrie et République slovaque), les Etats baltes, la Bulgarie et
la Roumanie) ;
- l’initiative du Partenariat oriental devrait répandre
un message politique clair et unifié de soutien de l’Union européenne
aux réformes démocratiques, aux réformes axées sur le marché, ainsi
qu’à la consolidation de l’Etat, de la gouvernance et de l’intégrité
territoriale des partenaires ;
- le fait d’augmenter les fonds disponibles pour le Partenariat
oriental, la taille des délégations de la Commission européenne
et l’aide ciblée aux pouvoirs publics dans les pays du Partenariat
oriental attesterait de l’importance que l’Union européenne donne
à cette priorité politique .
Le nouveau Service européen pour l’action extérieure pourrait aider
à augmenter les capacités du partenariat , en maintenant l’accent des Etats membres
de l’Union sur les moyens et ressources déployés pour le partenariat,
et en encourageant les liens avec d’autres pays du continent hors
de l'Union européenne ;
- le ferme engagement de l’Union européenne pour faire respecter
plusieurs conditions devrait montrer que l’établissement de relations
privilégiées avec elle dépend d’un engagement plus fort de la part
des pays cibles du Partenariat oriental envers l’Etat de droit,
la démocratie et la protection des droits de l’homme, conditions
préalables à la croissance économique et à la prospérité ;
- le développement d’une synergie fonctionnelle entre le
Partenariat oriental et la Synergie de la mer Noire est à la fois
nécessaire et inévitable sur le long terme. Cela implique de mieux
définir les moyens employés et les missions des deux programmes,
ainsi que l’établissement d’un réseau permanent de communication ;
- au moment de façonner ses politiques régionales en matière
d’énergie et de sécurité, l’Union européenne devrait renforcer la
coordination entre le Partenariat oriental et ses négociations avec
la Fédération de Russie sur le nouveau partenariat et l’accord de
coopération. Cela permettrait d’élargir le soutien au Partenariat
oriental, aiderait à instaurer un climat de confiance et favoriserait
une coopération régionale pragmatique qui viendrait progressivement
à bout des rivalités géopolitiques ;
- les politiques de l’Union européenne à l’égard de la Turquie
doivent être systématiquement prises en compte dans le développement
du Partenariat oriental aussi bien au niveau international qu’au
niveau local. Le fait de laisser la Turquie de côté pourrait conduire
sur le moyen terme à une situation où l’Union devrait se mesurer
aux ambitions politiques et économiques de ce pays à la fois dans
le Grand Moyen-Orient et dans le Caucase du Sud;
- le Partenariat oriental doit formuler clairement des procédures
de suivi et une structure d’incitation reliant sans ambiguïtés les
niveaux à atteindre aux récompenses. Il importe tout particulièrement
d’étudier la possibilité de récompenses sur le court terme au lieu
de vagues incitations sur le long terme, par exemple de donner «un
rôle à jouer sur le marché intérieur» pour compenser les coûts induits
sur le court terme;
- les Etats membres de l’Union européenne devraient coordonner
plus étroitement leurs programmes d’aide nationaux en faveur de
l’Europe de l’Est. La crise économique devrait les inciter à mettre
leurs ressources en commun pour compenser toute réduction des aides
en raison de mesures d’austérité budgétaire dans les pays donateurs ;
- l’Union européenne devrait renforcer l’action des agences
internationales qui œuvrent pour la stabilisation économique, l’investissement
et la croissance du secteur privé dans toute la région, où la participation
de l’Union doit converger avec les efforts de la BERD, du FMI et
de la Banque mondiale – et pas uniquement de la BEI ;
- l’Union européenne devrait intensifier sa présence dans
les médias des pays du Partenariat oriental pour mettre en avant
l’identité européenne qu’elle partage avec ses voisins de l’Est.
Elle devrait aussi encourager les visites de représentants des Etats
membres de l’Union dans les pays du partenariat, ainsi que les relations
et la coopération entre le Parlement européen et les parlements
locaux, le Comité des régions et les pouvoirs locaux et régionaux
des pays concernés . «La continuité» devrait être la devise
– tant dans le suivi des progrès accomplis par les Etats participants
dans l’initiative que dans le débat au sein des institutions de
l’Union – pour que les objectifs du partenariat soient bien visibles
aux différents stades du processus;
- au titre de la plate-forme thématique «Contacts humains»,
l’augmentation du nombre de points d’information de l’Union européenne
dans la région contribuerait à faire mieux connaître le Partenariat oriental
et d’autres initiatives européennes, et encouragerait un engagement
plus profond de la société civile, notamment dans la fonction de
contrôle qu’elle exerce sur les gouvernements en matière de réformes.
Des programmes d’échanges universitaires (par exemple des échanges
d’étudiants, des visites d’études et des formations) pourraient
être mis en œuvre à plus grande échelle .
Une des caractéristiques principales, identifiée par les pays du
Partenariat oriental eux-mêmes et qui constitue l’un des points
forts du programme, est l’importance accordée aux relations entre
les gens, ainsi qu’à la meilleure compréhension et l’engagement
de la société civile comme l’un des acteurs pouvant donner un coup
de pouce à la réalisation des objectifs les plus ambitieux du partenariat.
On devrait constamment rechercher à établir des synergies entre
les institutions et les citoyens;
- les pays du Partenariat oriental pourraient se concerter
davantage pour développer ou consolider les liens existants en vue
de relever des défis communs, parmi lesquels gérer les migrations,
lutter contre le crime organisé transfrontalier, affronter les défis
environnementaux, etc. En outre, leurs voisins ont également dû
répondre à une multitude de défis similaires – et certains ont mieux
réussi que d’autres. S’appuyer sur leur expérience, notamment par
des projets de formation et des échanges professionnels, permettrait
une meilleure utilisation des ressources locales des pays du Partenariat
oriental propice au développement régional et national.
77. En ce qui concerne la contribution du Conseil de l’Europe
à la réalisation du Partenariat oriental, le rapporteur estime que
l’Organisation devrait concentrer ses efforts sur la promotion des
différents aspects de la bonne gouvernance dans les pays du Partenariat
oriental. Cela consiste en particulier à promouvoir les mesures
de confiance et de renforcement des capacités institutionnelles,
une plus grande transparence et une meilleure efficacité de l’administration
publique, des systèmes renforcés d’équilibre des pouvoirs, une séparation
mieux définie entre les organes décisionnels économiques et politiques
pour éviter les conflits d’intérêt, des progrès constants dans la
lutte contre la corruption, le blanchiment de capitaux, l’économie souterraine
et la traite des êtres humains, une meilleure application de la
législation; l’intégration des spécificités liées au genre dans
toutes les activités, et des mesures en faveur de la libre circulation
des personnes, des biens, des services et des capitaux dans toute
l’Europe. Il est nécessaire de continuer à influencer la prise de
conscience des pays du partenariat quant à leurs capacités de croissance
et de développement grâce aux réformes démocratiques mises en œuvre,
afin d’éviter l’écart entre les aspirations qu’ils ont à l’égard
de cette initiative ainsi que l’enthousiasme manifesté pendant les
visites d’information du rapporteur, et les problèmes liés aux calendriers
et contraintes bureaucratiques.
78. Le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe devrait sérieusement
envisager d’établir un ensemble de propositions sur le rôle de l’Organisation
et sa contribution au processus du Partenariat oriental en vue de les
présenter au 2e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du Partenariat
oriental qui aura lieu au printemps 2011. Le Comité des Ministres
devrait aussi chercher à associer le Conseil de l’Europe aux travaux du
Comité d'assistance au développement de l’OCDE et à ajouter le Conseil
de l’Europe à la liste des organisations internationales éligibles
à l’APD (aide publique au développement)
sous forme de contributions volontaires
non réservées qui pourraient être affectées aux programmes d’assistance
aux pays membres du Conseil de l’Europe, notamment en faveur de
l’Arménie, de l’Azerbaïdjan, de la Géorgie, de la Moldova et de
l’Ukraine, ainsi que du Bélarus, dans la mesure du possible. Il
est de surcroît nécessaire de veiller à ce que la conférence des
OING du Conseil de l’Europe contribue pleinement aux travaux du
Forum de la société civile et à d’autres tribunes du Partenariat
oriental, selon le cas, et voit la participation d’un large éventail
d’organisations de la société civile des pays du partenariat.