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Résolution 1725 (2010) Version finale
Besoin urgent d’une réforme constitutionnelle en Bosnie- Herzégovine
1. L’Assemblée parlementaire rappelle
sa Résolution 1701 (2010) sur
le fonctionnement des institutions démocratiques en Bosnie-Herzégovine,
dans laquelle elle exhorte les principaux acteurs de la scène politique à
s’associer à un dialogue digne de ce nom et constructif sur des
propositions concrètes d’amendements à la Constitution, afin d’adopter
un ensemble complet de réformes, éliminant notamment la discrimination constitutionnelle
envers les soi-disant «autres» et les membres des «peuples constituants»
ne résidant pas dans l’entité où leur groupe ethnique est largement
représenté, avant la convocation des élections législatives d’octobre 2010.
L’Assemblée a suivi de près l’évolution de la situation en Bosnie-Herzégovine
depuis l’adoption de cette résolution, notamment sous l’angle de
la nécessité de modifier la Constitution avant les élections pour
exécuter l’arrêt juridiquement contraignant rendu par la Cour européenne
des droits de l’homme dans l’affaire Sejdić
et Finci c. Bosnie-Herzégovine.
2. L’Assemblée constate avec beaucoup d’inquiétude que les initiatives
prises par les autorités n’ont pas encore donné de résultats concrets.
Bien qu’elle reste théoriquement possible, l’adoption de modifications
de la Constitution avant la convocation des élections semble assez
improbable. C’est pourquoi les élections législatives d’octobre
2010 risquent fort de se dérouler, elles aussi, selon des modalités
contraires à la Convention européenne des droits de l’homme (STE
no 5) et à ses protocoles additionnels,
ainsi qu’à l’arrêt de la Cour.
3. L’Assemblée rappelle que la Bosnie-Herzégovine n’a toujours
pas honoré plusieurs de ses principaux engagements: la révision
de la législation électorale; l’élimination de la discrimination
constitutionnelle qui interdit aux «autres» et aux membres des «peuples
constituants» ne résidant pas dans l’entité où leur groupe ethnique
est largement représenté de se présenter aux élections à la présidence
de la Bosnie-Herzégovine et à la Chambre des peuples; ainsi que
le renforcement des institutions de l’Etat. Malheureusement, l’Assemblée note
que, depuis 2006, très peu de progrès ont été faits dans la mise
en œuvre de ces engagements et d’autres. C’est très décourageant,
dans la mesure où l’Assemblée a appelé à plusieurs reprises les
autorités de Bosnie-Herzégovine à accélérer les réformes et à honorer
les engagements restants.
4. Comme cela est indiqué dans des résolutions précédentes de
l’Assemblée, l’absence de réforme constitutionnelle empêche l’aboutissement
d’autres réformes indispensables dans des secteurs clés tels que les
institutions démocratiques, l’Etat de droit et les droits de l’homme,
et ralentit la progression du pays sur la voie de l’intégration
euro-atlantique. Pour briser le cycle de blocages et d’affrontements
perpétuels, les autorités de Bosnie-Herzégovine et les principaux
acteurs de la scène politique doivent assumer pleinement leurs responsabilités
politiques, sortir la réforme constitutionnelle de l’impasse actuelle
et mettre en œuvre aussi rapidement que possible les engagements
pris lors de l’adhésion qui n’ont pas encore été honorés.
5. L’Assemblée est pleinement consciente des implications que
pourraient avoir la non-exécution de l’arrêt Sejdić et Finciavant les élections législatives
d’octobre 2010 et la tenue de ces élections sur la base de règles contraires
à la Convention européenne des droits de l’homme et à ses protocoles
additionnels. Dans ce cas, elle reviendra sur la question afin d’adopter
la position politique qui s’imposera.
6. Dans l’intervalle, l’Assemblée encourage vivement les autorités
de Bosnie-Herzégovine à ne pas perdre de temps et à lancer, avant
les élections législatives d’octobre 2010, un processus institutionnalisé
sérieux destiné à élaborer un ensemble complet de modifications
constitutionnelles, conformément aux engagements pris par le pays
lors de l’adhésion, en tirant pleinement parti du savoir-faire et
des recommandations des experts de la Commission européenne pour
la démocratie par le droit (Commission de Venise). Il importe que des
experts juristes de Bosnie-Herzégovine soient largement associés
à ce processus institutionnalisé, qui doit être fondé sur un mandat
politique clair, afin que le processus aboutisse à une analyse complète
de toutes les propositions qui ont été faites et à l’élaboration
d’un ensemble de modifications concrètes qui puisse faire l’objet
d’un consensus parmi les principaux acteurs de la scène politique.
Il faudrait aussi organiser en temps utile des consultations appropriées
de la société civile. Ce processus devrait se poursuivre après les
élections et la formation de nouvelles autorités; ces dernières
devraient faire de la mise en œuvre des engagements restants pris
par le pays lors de l’adhésion, y compris de la réforme constitutionnelle,
leur priorité politique.
7. En même temps, l’Assemblée souligne l’importance d’assurer
une pleine coopération entre la Bosnie-Herzégovine et le Conseil
de l’Europe, et exhorte les autorités à nommer, aussi rapidement
que possible, des membres à la Commission de Venise ainsi qu’au
sein des autres organes de suivi du Conseil de l’Europe dans lesquels
la Bosnie-Herzégovine n’a pas encore de membre.
8. L’Assemblée appelle tous les partenaires internationaux et,
en particulier, l’Union européenne à soutenir pleinement le processus
institutionnalisé proposé pour l’élaboration des amendements constitutionnels,
afin d’accélérer l’avancement de la Bosnie-Herzégovine sur le chemin
de l’intégration euro-atlantique. Elle souligne l’importance de
la participation du Conseil de l’Europe au Sommet de l’Union européenne
pour les Balkans occidentaux, qui se tiendra le 2 juin 2010, afin
d’assurer des synergies appropriées avec des partenaires régionaux
et internationaux clés.
9. L’Assemblée décide de suivre de près le processus de réforme
constitutionnelle en Bosnie-Herzégovine et invite sa commission
de suivi à examiner régulièrement les progrès accomplis par les
autorités lors de ses prochaines réunions, en vue de proposer à
l’Assemblée d’autres mesures à prendre si la situation l’exige.