Imprimer
Autres documents liés
Résolution 1745 (2010) Version finale
Les conséquences politiques de la crise économique
1. L’histoire de l’Europe et du monde
a montré qu’une crise économique pouvait avoir des conséquences très
néfastes à bien des niveaux. L’Assemblée parlementaire a débattu
des conséquences de la crise financière mondiale en janvier 2009
et de l’impact social de la crise économique, de l’impact de la
crise économique mondiale sur les migrations en Europe, des femmes
et la crise économique et financière, et du fait d’investir dans
la cohésion familiale en tant que facteur de développement en temps
de crise en avril 2010.
2. Déjà en janvier 2009, la Résolution 1651 (2009) sur les conséquences
de la crise financière mondiale soulignait que la crise actuelle
pourrait avoir «des répercussions qui risquent à terme de saper
les fondements mêmes de la démocratie» et proposait de rappeler
aux gouvernements que «malgré les difficultés financières, les droits
de l’homme, les droits sociaux et les droits économiques des citoyens
doivent être sauvegardés». Malheureusement, un an et demi plus tard,
bon nombre d’Etats membres du Conseil de l’Europe ne sont plus en
mesure de stimuler l’activité économique, «notamment en accroissant
la demande agrégée, afin de doper la consommation, par des investissements
supplémentaires des pouvoirs publics en faveur des infrastructures et
du logement».
3. Au contraire, certains gouvernements sont dans l’obligation
de réduire leurs dépenses et devront par conséquent appliquer une
ou plusieurs des mesures suivantes: réduction de l’investissement
public, gel ou réduction des effectifs du service public, hausse
des impôts, report de l’âge de la retraite et gel ou baisse des salaires
et des pensions. Plusieurs gouvernements ont déjà annoncé des réductions
de salaires dans le secteur public. Les conséquences sociales seront
sans aucun doute beaucoup plus graves que celles prévues par l’Assemblée
lors de précédents débats. Nous déplorons déjà trois décès à Athènes
début mai.
4. La crise économique mondiale à laquelle l’Europe est confrontée
aujourd’hui est extrêmement grave et constitue un défi non seulement
au niveau national mais également aux niveaux européen et international.
Il est de ce fait très important que les responsables politiques
européens travaillent ensemble pour la résoudre sur la base d’un
partage équitable des charges pour leur population.
5. Cette crise donne aux partis et mouvements d’extrême droite
et d’extrême gauche l’opportunité de rendre les principaux partis
responsables des échecs afin de gagner en popularité. On peut regretter
que, dans certains pays, les partis principaux aient adopté un langage
extrémiste.
6. Les récentes élections nationales et européennes ne semblent
pas confirmer la crainte que l’insatisfaction à l’encontre des principaux
partis conduise à un vote massif en faveur des partis et mouvements extrémistes.
Les partis extrémistes demeurent cependant une source de préoccupation,
en particulier dans le cas où les populations refusent d’accepter
les mesures d’austérité qui leur sont imposées.
7. L’Assemblée rappelle qu’une monnaie commune (une union monétaire)
suppose l’application d’une politique monétaire commune et note
que celle-ci ne peut fonctionner à long terme quand il existe des différences
notables entre les politiques économiques, budgétaire et fiscale
des membres de l’union monétaire. Elle regrette que le pacte de
stabilité et de croissance qui accompagnait l’introduction de l’euro
n’ait pas été rigoureusement respecté par nombre d’Etats auquel
il s’appliquait.
8. L’Assemblée se félicite de l’annonce, le 10 mai 2010, de l’application
d’un ensemble de mesures d’urgence s’élevant à 750 milliards d’euros
– dont 250 milliards du Fonds monétaire international – «pour défendre
l’euro et les économies de la zone euro».
9. La crise actuelle a montré que nous sommes encore très loin
d’une Europe sans clivage: parmi les Etats membres du Conseil de
l’Europe, il y en a qui sont membres de l’Union européenne et d’autres
qui ne le sont pas. Et parmi les Etats membres de l’Union européenne,
il y a ceux qui font partie de la zone euro et ceux qui n’en font
pas partie. Il est inquiétant de voir la différence de traitement
de chaque catégorie.
10. C’est pourquoi l’Assemblée recommande aux Etats membres:
10.1. d’adopter une politique moins
nationale et une réaction européenne plus coordonnée, unifiée et cohérente
pour faire face à la crise économique mondiale;
10.2. d’accorder une attention accrue à la lutte contre la corruption
au sein des instances publiques;
10.3. de renforcer le processus démocratique au sein de l’Union
européenne par la participation active des parlements nationaux.
11. L’Assemblée recommande aux parlements nationaux:
11.1. d’évaluer de manière beaucoup
plus efficace les conséquences économiques à court, moyen et long
terme de la législation, en mettant l’accent sur les budgets nationaux;
11.2. de suivre de près le processus de réforme de la gouvernance
financière et économique.
12. Enfin, l’Assemblée se félicite de l’initiative de la commission
des questions politiques d’organiser, conjointement avec la commission
des questions économiques et du développement, et avec la participation du
Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, une audition
sur l’impact politique de la crise économique sur la société.