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Résolution 1783 (2011)
Le suivi de la réforme du Conseil de l’Europe
1. L’Assemblée parlementaire se déclare
engagée en faveur d’un Conseil de l’Europe pertinent et efficace, garant
naturel de la sécurité «douce» dans une Europe fondée sur les valeurs
et les principes fondamentaux de la démocratie, du respect des droits
de l’homme et de la prééminence du droit. Elle considère le Conseil
de l’Europe comme l’institution normative de référence et le cadre
privilégié de la coopération politique à l’échelle de la Grande
Europe en vue de réaliser une union plus étroite entre ses membres
afin de sauvegarder et de promouvoir les idéaux et les principes
qui sont leur patrimoine commun, et de favoriser leur progrès économique
et social.
2. L’Assemblée se félicite du fait qu’un groupe de personnalités
éminentes a engagé une série de discussions sur la compréhension
moderne de l’identité et des valeurs européennes dans le cadre de
la définition d’une stratégie à long terme pour le Conseil de l’Europe.
3. Dans son Avis 279
(2010) sur le budget et les priorités du Conseil de l’Europe
pour l’exercice 2011, l’Assemblée a exprimé son soutien au premier
train de mesures introduites par le Secrétaire Général du Conseil de
l’Europe pour réformer l’Organisation, la revitaliser et la rendre
plus politique, plus flexible et mieux adaptée aux besoins des citoyens
européens.
4. L’Assemblée attend maintenant les propositions du Secrétaire
Général pour la deuxième phase de la réforme, qui devrait porter
sur les orientations stratégiques pour la décennie à venir. En tant
qu’organe statutaire investi, avec le Comité des Ministres, de la responsabilité
générale de l’avenir du Conseil de l’Europe, l’Assemblée s’attend
à être pleinement informée et consultée sur les décisions politiques
que le Secrétaire Général a l’intention de proposer.
5. La baisse de l’engagement des Etats membres en faveur du Conseil
de l’Europe est préoccupante. Elle se traduit, entre autres, par
le refus persistant du Comité des Ministres de doter l’Organisation
d’un budget à la hauteur de ses tâches, alors même que des structures
parallèles faisant double emploi avec des mécanismes et instruments
du Conseil de l’Europe sont généreusement financées dans l’Union
européenne.
6. Dans ce contexte, l’Assemblée estime qu’un sommet du Conseil
de l’Europe devrait être convoqué pour donner une nouvelle impulsion
politique à l’Organisation, responsabiliser les Etats membres à
son égard et, le cas échéant, redéfinir son rôle actuel.
7. Tout en saluant la décision du Comité des Ministres de passer
à un processus budgétaire bisannuel, l’Assemblée ne peut que déplorer
une nouvelle fois que la crise budgétaire oblige l’Organisation
à réduire ses activités opérationnelles destinées à aider les Etats membres
à mettre en œuvre des réformes et à se conformer à leurs engagements
et obligations. Elle craint que le déséquilibre croissant entre
des activités conventionnelles et opérationnelles n’amplifie davantage encore
la tendance à la baisse de pertinence politique du Conseil de l’Europe
que la réforme vise à inverser. L’Assemblée est convaincue que l’Organisation
a besoin de changer sa façon de travailler et d’apporter des réponses
opérationnelles aux besoins des Etats membres, ce qui représente
l’un des défis fondamentaux du processus de réforme. Dans ce contexte,
elle demande aux Etats membres de réinvestir dans les activités
de l’Organisation les économies réalisées sur son fonctionnement
grâce à la réforme.
8. L’Assemblée soutient la réforme engagée par le Secrétaire
Général. Elle estime que la réforme ne doit pas aboutir à diminuer
davantage les domaines de compétence et le rôle politique du Conseil
de l’Europe, le réduisant à des fonctions purement techniques et
à une position subordonnée. Elle soutient l’idée, exprimée par le président
du Groupe de travail du Comité des Ministres sur les réformes institutionnelles,
que la notion d’activités fondamentales du Conseil de l’Europe n’exclut
pas et ne doit pas exclure les «facteurs de progrès», dans la mesure
où ils contribuent à la réalisation des valeurs essentielles de
l’Organisation que sont la démocratie, la prééminence du droit et
les droits de l’homme. Dans ce contexte, une démocratie stable,
respectueuse des droits de l’homme, est inimaginable sans la culture,
l’éducation et la cohésion sociale, et elle ne peut pas fermer les
yeux sur les problèmes des migrations, comme la Déclaration de Strasbourg
sur les Roms l’a récemment démontré. Les trois piliers essentiels
(démocratie, droits de l’homme et prééminence du droit) doivent
en conséquence refléter cette approche. Cela ne veut pas pour autant
dire que le Conseil de l’Europe ne doit pas concentrer les moyens nécessairement
limités dont il dispose sur des thèmes jugés politiquement prioritaires.
9. L’Assemblée s’engage à étudier toutes les possibilités de
réformer ses propres méthodes et procédures, et, ainsi, à apporter
sa contribution au processus de réforme au sens large.
10. L’Assemblée souligne également le rôle clé du Conseil de l’Europe
dans la création d’un espace juridique paneuropéen commun par la
promotion d’instruments juridiquement contraignants. L’Assemblée
estime que le Conseil de l’Europe doit rester le lieu privilégié
du dialogue entre les autorités et entre les peuples au niveau européen,
ainsi qu’un forum paneuropéen important d’analyse et d’anticipation
des tendances déstabilisatrices qui menacent la cohésion de la société, de
partage d’expériences nationales, d’élaboration des normes, de renforcement
des valeurs universelles, de diffusion des bonnes pratiques et de
recherche de réponses communes aux problèmes qui concernent l’Europe
dans son ensemble. Il devrait aussi continuer à jouer un rôle privilégié
dans le dialogue avec des Etats voisins.
11. L’Assemblée soutient l’objectif du Secrétaire Général de faire
du Conseil de l’Europe un outil plus performant, capable de transformer
son potentiel en décisions opérationnelles et d’apporter des réponses pratiques
et rapides aux Etats membres sur les défis auxquels ils sont confrontés.
A cette fin, elle se déclare en faveur:
11.1. d’une plus grande synergie entre les organes, institutions
et mécanismes de l’Organisation;
11.2. d’un regroupement fonctionnel des structures de soutien
des différents mécanismes de suivi et de pilotage qui existent dans
le cadre des conventions du Conseil de l’Europe, de manière à les
rendre plus efficaces.
12. L’engorgement croissant de la Cour européenne des droits de
l’homme, qui met en danger la pérennité du système de justice européen
en matière de protection des droits de l’homme, est un sujet de
préoccupation pour l’Assemblée. Elle suit avec attention le processus d’Interlaken
et s’apprête à contribuer à la recherche de solutions politiques
courageuses. Dans ce contexte, l’Assemblée:
12.1. rappelle que la situation à la Cour est la conséquence
des problèmes systémiques des justices nationales des Etats membres,
et que l’effort principal doit ainsi porter sur la réparation des
carences des mécanismes nationaux de justice; elle appelle par conséquent
à des efforts en synergie du Comité des Ministres et de l’Assemblée,
afin de renforcer des programmes d’assistance destinés aux Etats
membres qui sont à l’origine du plus grand nombre de requêtes devant
la Cour;
12.2. prend note de l’introduction par le Comité des Ministres
d’un mécanisme d’évaluation préalable des candidats aux postes de
juges par un panel d’experts, avant la transmission d’une liste
nationale à l’Assemblée. A son tour, elle décide de consolider sa
propre procédure d’élection des juges, notamment en vue de l’adhésion
de l’Union européenne à la Convention européenne des droits de l’homme.
13. En ce qui concerne le processus de réforme en cours, qui porte
sur les structures du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du
Conseil de l’Europe, ses activités et ses méthodes de travail, l’Assemblée
est d’avis que:
13.1. la réforme
du Congrès doit être en ligne avec les objectifs de l’ensemble de
la réforme du Conseil de l’Europe. En particulier, elle doit permettre
une meilleure coordination et cohérence entre les activités du Congrès et
celles des autres organes et instances de l’Organisation;
13.2. les activités du Congrès devraient représenter une valeur
ajoutée pour le Conseil de l’Europe et une utilité pratique pour
les autorités locales et régionales des Etats membres, et éviter
de dupliquer les travaux menés dans d’autres instances, en particulier
dans le domaine des droits de l’homme;
13.3. la pratique actuelle selon laquelle les membres du Congrès
participent à ses travaux aux frais du Conseil de l’Europe est difficile
à justifier et devrait être arrêtée.
14. L’Assemblée prend note de la réflexion en cours sur l’organisation
des conférences de ministres spécialisés du Conseil de l’Europe.
Dans ce contexte:
14.1. elle rappelle
sa conviction que des ministres spécialisés, qui sont directement
confrontés à de multiples problèmes de société, devraient jouer
un rôle plus actif dans la définition des priorités du Conseil de l’Europe.
Les conférences doivent avant tout répondre à un besoin politique
réel;
14.2. elle estime que l’idée d’organiser des sessions du Comité
des Ministres au niveau des ministres spécialisés mérite une étude
approfondie;
14.3. elle décide d’inviter, lorsque cela est approprié, des
ministres spécialisés des Etats membres du Conseil de l’Europe à
intervenir en séance plénière.
15. Dans le cadre de la réflexion sur la réforme du Forum pour
l’avenir de la démocratie, l’Assemblée tient à réitérer sa proposition
sur la nécessité de renforcer le pilier «démocratie» du Conseil
de l’Europe en regroupant les différentes activités pertinentes
en la matière dans le cadre d’un «forum de la démocratie de Strasbourg»
en tant que structure générique. Elle souhaite également qu’un nouveau
parlement des jeunes puisse se tenir, dans ce cadre, à Strasbourg,
en association avec le Parlement européen et sans création d’une
nouvelle structure.
16. L’Assemblée attire l’attention sur la nécessité pour le Conseil
de l’Europe d’assurer une synergie entre les décideurs politiques
au plus haut niveau, les citoyens et la société civile.
17. L’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne a créé de nouvelles
opportunités pour renforcer le partenariat entre le Conseil de l’Europe
et l’Union européenne, et a ouvert la perspective de l’adhésion
de l’Union européenne à la Convention européenne des droits de l’homme,
ainsi qu’à d’autres conventions et mécanismes du Conseil de l’Europe.
Dans ce contexte, l’Assemblée:
17.1. encourage
vivement l’Union européenne à profiter pleinement de ces opportunités
afin d’avancer vers une Europe véritablement unie sur la base des
mêmes valeurs et s’appuyant sur les mêmes normes;
17.2. suggère qu’une étude détaillée soit réalisée sur la distribution
des compétences entre le Conseil de l’Europe et l’Union européenne,
ainsi que d’autres organisations européennes majeures;
17.3. souligne qu’un véritable partenariat stratégique entre
l’Union européenne et le Conseil de l’Europe devrait être un élément
important de la réforme de ce dernier et appelle le Secrétaire Général
à œuvrer à cette fin;
17.4. pour sa part, décide de renforcer substantiellement sa
coopération avec le Parlement européen, y compris par le biais de
l’organe informel conjoint Parlement européen/Assemblée parlementaire dont
la création vise à coordonner la communication d’informations dans
le contexte, notamment, de l’adhésion de l’Union européenne à la
Convention européenne des droits de l’homme;
17.5. souligne l’intérêt que peuvent également présenter des
relations plus étroites entre les groupes politiques des deux assemblées
parlementaires européennes.
18. L’Assemblée réitère sa ferme intention de suivre de près les
prochaines phases de la réforme de l’Organisation et de contribuer
encore davantage, par toutes ses activités, à ce que le Conseil
de l’Europe reste une institution de référence dans ses domaines
de compétences clés et un moteur de coopération paneuropéenne pluridimensionnelle
dans d’autres secteurs de ses activités.
19. L’Assemblée décide d’examiner périodiquement et de façon approfondie
les activités et les programmes du Conseil de l’Europe afin d’en
évaluer la pertinence politique, et demande à être consultée sur
les choix des priorités ainsi que sur le non-renouvellement de certaines activités.