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Résolution 1809 (2011)
L’eau: une source de conflits
1. L’eau est essentielle à la survie
de l’homme, alors qu’un milliard de personnes dans le monde n’a
pas accès à l’eau potable.
2. Dans ce contexte, l’Assemblée parlementaire rappelle que,
lors du Sommet mondial sur le développement durable (Sommet de Johannesburg,
2002), l’on avait fixé comme objectif de réduire de moitié d’ici
à 2015 le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’eau potable.
3. L’Assemblée souhaite également se référer à sa Résolution 1693 (2009) sur
l’eau: un enjeu stratégique pour le Bassin méditerranéen, ainsi
qu’aux propositions formulées par les parlements au 5e Forum mondial
de l’eau, tenu à Istanbul le 19 mars 2009, où a été notamment soulignée
l’importance du rôle des parlementaires dans l’élaboration de règles
concernant la gestion de l’eau, l’alimentation en eau, la généralisation
du principe du droit à l’eau et la mise en œuvre de politiques de
l’eau.
4. L’Assemblée regrette toutefois que les gouvernements, de leur
côté, dans leur déclaration du 22 mars 2009, n’aient pas reconnu
le droit à l’eau et à l’assainissement comme un droit de l’homme.
5. L’Assemblée souhaite également se référer à sa Recommandation 1885 (2009) sur
l’élaboration d’un protocole additionnel à la Convention européenne
des droits de l’homme relatif au droit à un environnement sain.
6. L’Assemblée rappelle que, le 28 juillet 2010, les Nations
Unies ont reconnu l’accès à l’eau et à l’assainissement comme étant
un droit de l’homme fondamental et que, le 30 septembre 2010, le
Conseil des droits de l’homme a affirmé à son tour que «le droit
fondamental à l’eau potable et à l’assainissement découle du droit
à un niveau de vie suffisant et qu’il est indissociable du droit
au meilleur état de santé physique et mental susceptible d’être
atteint, ainsi que du droit à la vie et à la dignité».
7. Malheureusement, la croissance démographique, les besoins
différenciés mais croissants des pays en développement et des pays
industrialisés ainsi que les aléas climatiques exacerbent le caractère
vital de l’eau qui devient ainsi un enjeu politique souvent générateur
de situations conflictuelles.
8. L’Assemblée souhaite souligner que la mondialisation est sans
nul doute l’un des facteurs les plus importants dans l’amenuisement
des ressources en eau douce et potable, les autres facteurs étant
l’irrigation, le gaspillage et la pollution.
9. Il apparaît ainsi plus que nécessaire de prendre les mesures
visant à réduire la vétusté des réseaux d’adduction d’eau et de
mieux gérer les systèmes d’irrigation.
10. Gardant à l’esprit que l’eau douce reste une ressource limitée
et vulnérable, mais vitale pour la survie de l’homme, l’Assemblée
constate et déplore qu’un habitant sur six dans le monde continue
de ne pas avoir accès à l’eau et que pratiquement une personne sur
deux vit sans système d’évacuation des eaux usées.
11. En outre, le changement climatique contribue fortement à aggraver
le problème de la malnutrition dans les régions les plus arides
du globe, engendrant ainsi des millions de réfugiés climatiques.
12. L’Assemblée rappelle à cet égard que le manque d’eau entraîne
des actes de violence et des conflits pouvant menacer la stabilité
politique et sociale d’un Etat. L’on pourrait citer, ainsi, à titre
d’exemples, les événements se déroulant au Proche-Orient et au Moyen-Orient,
dans le Caucase et en Chine, événements qui confirment les relations
étroites entre eau et sécurité.
13. L’Assemblée ne peut donc que constater que l’eau est devenue
de plus en plus un outil militaire et politique, et une nouvelle
arme pour les terroristes.
14. En conséquence, l’Assemblée recommande aux autorités des Etats
membres et non membres du Conseil de l’Europe:
14.1. de reconnaître l’accès à l’eau
comme un droit de l’homme fondamental, en lien avec la Résolution
64/292 de l’Assemblée générale des Nations Unies du 28 juillet 2010
et la Résolution 15/9 du Conseil des droits de l’homme des Nations
Unies du 30 septembre 2010;
14.2. d’appliquer et de réviser, si nécessaire, les règles de
droit international de l’eau;
14.3. de revoir les mécanismes de gestion en commun des rivières
et des aquifères transfrontaliers;
14.4. de prendre les mesures nécessaires pour gérer les bassins
fluviaux;
14.5. de développer les voies navigables internationales;
14.6. d’améliorer la transparence et les flux d’information
entre tous les acteurs;
14.7. de veiller à ce que les activités menées dans leur pays
n’endommagent pas les ressources naturelles d’autres pays;
14.8. de saisir la Cour internationale de justice afin de résoudre
pacifiquement les conflits de partage de ressources entre plusieurs
Etats;
14.9. de promouvoir une tarification plus juste de l’eau et
de fournir des services de distribution d’une eau potable de bonne
qualité et en quantité suffisante ainsi qu’un service d’assainissement
acceptable, accessible et abordable, tel que recommandé dans la
Résolution 15/9 du Conseil des droits de l’homme;
14.10. de donner l’opportunité à chaque citoyen de demander des
comptes à son gouvernement et d’exiger des mécanismes d’indemnisation,
le cas échéant;
14.11. de mettre en œuvre un programme d’aide et de coopération
avec les pays qui souffrent du manque d’eau;
14.12. de prendre des mesures visant à réguler l’utilisation
des nappes phréatiques pour favoriser l’économie et éviter le gaspillage;
14.13. de mettre en place des mesures de désalinisation de l’eau
afin de transformer à bas prix l’eau de mer en eau potable;
14.14. de revoir les pratiques et les politiques agricoles afin
d’assurer leur viabilité, en encourageant les investissements dans
des systèmes d’irrigation performants et en favorisant les transferts
de technologie dans ce domaine entre pays développés et pays en
développement;
14.15. de mettre en place un contrôle strict des risques de pollutions
accidentelles;
14.16. de mettre en place une base de données contenant des informations
météorologiques, hydrauliques et socio-économiques.
15. L’Assemblée recommande également aux collectivités territoriales
de veiller à offrir à leurs citoyens un bon système d’assainissement
des eaux.
16. L’Assemblée encourage les parlements et toutes les instances
intéressées à faire partie du bureau d’aide international («Helpdesk»), tel que recommandé
lors du 5e Forum mondial de l’eau qui s’est tenu à Istanbul en 2009.