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Résolution 1834 (2011) Version finale
Combattre les «images d'abus commis sur des enfants» par une action engagée, transversale et internationalement coordonnée
1. Les «images d’abus commis sur des
enfants» ou la «pornographie enfantine» ne sont pas de simples images.
Les deux expressions renvoient à une série d’infractions, depuis
la sollicitation, la corruption ou la traite d’enfants (de moins
de 18 ans) à des fins sexuelles jusqu’à la diffusion, la collecte
et la consultation d’images de l’abus perpétré, en passant par diverses
formes d’abus sexuels commis sur des enfants – conduisant parfois
même à leur mort.
2. L’Assemblée parlementaire est vivement préoccupée par l’ampleur
de telles infractions dans notre société et par la manière dont
elles sont facilitées par l’internet et d’autres technologies de
l’information et de la communication qui révèlent leur «face sombre»
dès lors qu’il s’agit d’images d’abus commis sur des enfants. Elle
rappelle que, en raison de l’anonymat de l’internet, il est extrêmement
difficile de découvrir et de poursuivre efficacement les délinquants,
ainsi que d’identifier et d’aider les victimes. Aussi l’Assemblée
parlementaire en appelle-t-elle à une action engagée, transversale
et internationalement coordonnée pour combattre tous les types de
délits liés à des images d’abus commis sur des enfants.
3. Bien que la plupart des images fassent partie d’un «monde
virtuel», il ne faut jamais oublier que derrière chaque image d’abus
commis sur des enfants il y a au moins un enfant victime d’abus
sexuels dans la vie réelle.
4. Les images d’abus commis sur des enfants ne sont pas seulement
le résultat et la représentation visuelle d’abus, elles peuvent
aussi inciter à de nouveaux délits, et ainsi devenir un «multiplicateur»
d’abus sexuels sur des enfants et d’exploitation sexuelle de ces
derniers. Pour cette raison, déjà le «simple» fait de regarder des
images d’abus commis sur des enfants devrait être érigé en infraction
pénale dans tous les Etats membres du Conseil de l’Europe.
5. La Convention du Conseil de l’Europe sur la protection des
enfants contre l’exploitation et les abus sexuels (Convention de
Lanzarote, STCE no 201) constitue aujourd’hui la norme la plus complète
et la plus avancée dans ce domaine, avec la Convention sur la cybercriminalité
(Convention de Budapest, STE no 185). Elles seront bientôt complétées
par la prochaine directive de l’Union européenne relative à l’exploitation
et aux abus sexuels concernant des enfants et à la pédopornographie,
qui devrait être adoptée par le Parlement européen et le Conseil
européen avant la fin 2011. Ces textes constituent une solide base
juridique, mais ils doivent être renforcés sur certains aspects
tels que la criminalisation de la consultation intentionnelle d’images d’abus
commis sur des enfants (en ce qui concerne la Convention de Lanzarote)
et l’obligation de blocage des sites web en cas de suppression impossible,
ce que, au regret de l’Assemblée parlementaire, ne prévoit pas le
projet final de directive de l’Union européenne.
6. De nombreux Etats membres ont commencé à traiter la question
en mettant en place une législation et des politiques fermes. Le
renforcement des échanges d’informations et de bonnes pratiques
à l’échelon européen devrait permettre de mener une lutte plus efficace
contre les images d’abus commis sur des enfants. Pour mieux refléter
la complexité du problème, les notions d’«images d’abus commis sur
des enfants» ou de «matériels relatifs aux abus commis sur des enfants»
devraient, à long terme, remplacer l’expression «pornographie enfantine»
dans tous les textes juridiques et débats politiques.
7. A la lumière de la coopération fructueuse avec le secteur
privé, l’engagement des fournisseurs d’accès à internet (FAI) et
du secteur financier devrait être davantage encouragé à l’avenir,
de manière à inciter toutes les entreprises à adopter des approches
d’autorégulation et de signalement systématique des contenus internet
illégaux aux autorités.
8. Ainsi, l’Assemblée appelle les Etats membres du Conseil de
l’Europe:
8.1. en ce qui concerne
la Convention de Lanzarote et la Convention de Budapest:
8.1.1. à signer et à ratifier ces conventions dès que possible,
si ce n’est déjà fait, et, s’agissant des Etats membres de l’Union
européenne, à les mettre en œuvre de manière coordonnée en tenant
compte de la prochaine directive de l’Union européenne;
8.1.2. à renforcer leur législation nationale dans ce domaine,
notamment en créant une base juridique solide autorisant les services
de répression à intervenir selon des procédures transparentes et
totalement respectueuses des principes démocratiques et des droits
humains;
8.1.3. à soutenir le renforcement de la Convention de Lanzarote
par un protocole additionnel visant à couvrir de façon plus détaillée
les délits liés à des images d’abus commis sur des enfants;
8.2. en ce qui concerne les mesures politiques à prendre:
8.2.1. à mettre en place des politiques nationales globales traitant
le problème sous tous les angles possibles tout en adoptant une
«approche centrée sur les victimes» afin d’identifier victimes et
délinquants aussi rapidement que possible, d’arrêter les abus et
d’aider les victimes – y compris dans le cadre de systèmes de justice
adaptés aux enfants, systèmes à développer selon les Lignes directrices
du Conseil de l’Europe sur une justice adaptée aux enfants, adoptées en
novembre 2010;
8.2.2. à établir des mécanismes efficaces permettant d’interrompre
la diffusion en ligne, commerciale et non commerciale, d’images
d’abus commis sur des enfants, en donnant la priorité au retrait
rapide des contenus illégaux chaque fois que cela est possible,
et en prévoyant le blocage des sites web comme mesure complémentaire
s’il y a lieu;
8.2.3. à renforcer le dialogue avec le secteur privé pour qu’il
prenne la responsabilité de signaler immédiatement les images d’abus
commis sur des enfants qu’il a identifiées et à coopérer avec les
services de répression;
8.2.4. à favoriser, d’une part, des échanges d’informations plus
systématiques aux niveaux européen et international et, d’autre
part, des recherches ultérieures concernant les images d’abus commis
sur des enfants et les infractions associées;
8.3. en ce qui concerne une sensibilisation générale à la question
des images d’abus commis sur des enfants et des délits associés:
8.3.1. à renforcer le dialogue général par une approche «multipartite»:
autorités publiques, services de répression, organisations de la
société civile, établissements d’enseignement et, au niveau individuel,
la famille et l’enfant, y compris les victimes de délits commis
dans le passé;
8.3.2. à responsabiliser enfants et adolescents pour leur permettre
de se protéger quand c’est possible et de renforcer leur sensibilisation
aux médias, ainsi qu’à sensibiliser la société en général à l’impact
et aux dangers d’une «sexualisation» croissante des enfants dans
les médias;
8.3.3. à soutenir la Campagne UN sur CINQ du Conseil de l’Europe
contre la violence sexuelle à l’égard des enfants (2010-2014) en
contribuant activement à ses activités européennes (y compris par
le soutien financier de sa dimension parlementaire) et en développant
des activités nationales dans le cadre de la campagne ou des liens
directs avec les politiques nationales existantes, y compris aux
niveaux parlementaire, local et régional.