1. A l’heure actuelle, selon les dernières estimations
du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), on
ne compte pas moins d’un million et demi de personnes ayant besoin
d’une aide humanitaire en Syrie. Selon d’autres sources, on dénombre
environ 40 000 orphelins. Selon les estimations
du Haut Commissariat des Nations
Unies pour les réfugiés (HCR), près de 48 583 personnes ont trouvé
refuge dans les pays voisins, avec une population répartie comme
suit: 23 702 en Turquie, 11 748 en Jordanie, 10 804 au Liban et
enfin 2 329 en Irak
. Malheureusement ces chiffres
changent tous les jours, compte tenu de l’arrivée de nouveaux réfugiés.
2. Les Syriens qui ont trouvé refuge en Turquie sont dans des
camps installés près de la frontière. La commission souhaite saluer
l’hospitalité dont fait preuve la Turquie et saisit cette occasion
pour féliciter les autorités turques d’avoir réagi rapidement et
de manière pertinente pour gérer l’arrivée des réfugiés syriens
et subvenir à leurs besoins, et d’avoir renforcé leur coopération
avec le HCR afin de gérer au mieux l’afflux des réfugiés. Elle rappelle,
dans ce contexte, la visite à Antakia (Turquie) de la sous-commission
ad hoc sur l’arrivée massive de migrants en situation irrégulière,
de demandeurs d’asile et de réfugiés sur les rivages du sud de l’Europe,
ainsi que son rapport sur cette visite
.
3. Malheureusement, depuis cette visite, la situation a dramatiquement
changé alors qu’au moment de la visite les autorités turques prévoyaient
un retour rapide des réfugiés vers la Syrie. A l’heure actuelle
leur nombre ne cesse d’augmenter, notamment vers les provinces frontalières
de Hatay, Gaziantep, Kilis et Şanlıurfa.
4. La commission constate également que les Kurdes syriens sont
de plus en plus nombreux à venir se réfugier en Irak. La plupart
vont chez des proches, alors que d’autres vivent soit dans des camps
ouverts ou sous des tentes.
5. La commission est gravement préoccupée par la situation humanitaire
en Syrie, notamment en ce qui concerne le manque de nourriture,
de médicaments, d’essence et de produits de première nécessité,
ainsi que par les menaces et les actes de violence à l’encontre
de la population civile et du personnel médical et humanitaire.
6. Elle attire plus particulièrement l’attention sur les personnes
déplacées à l’intérieur du pays, à la suite de cette escalade de
violence, et surtout sur la situation des femmes et des enfants.
7. Dans ce contexte, elle ne peut donc que soutenir les propos
tenus par la sous-secrétaire des Nations Unies pour les questions
humanitaires, Mme Valérie Amos, selon laquelle l’aide humanitaire
devrait devenir la question la plus importante et qu’elle devrait
concerner tout le monde, et ceux du porte-parole de l’émissaire des
Nations Unies, Ahmad Fawzi, demandant à ce que la Syrie permette
l’ouverture de «couloirs humanitaires».
8. Elle salue l’initiative de l’Union européenne d’allouer une
enveloppe supplémentaire de 7 millions d’euros pour financer une
aide de survie aux personnes blessées ou contraintes de fuir les
violences dans le pays, ce qui porte ainsi à 10 millions d’euros
la contribution totale de la Commission européenne.
9. Les conditions de vie des réfugiés varient toutefois selon
les pays d’accueil. Au Liban, par exemple, il n’y a pas de camps
de réfugiés syriens, mais il y a des Syriens qui ont fui le conflit.
Selon certaines sources, ceux qui traversent la frontière ne veulent
pas s’enregistrer, de peur de représailles.
10. La commission souhaite également attirer l’attention sur les
conditions de vie dans les camps et attire l’attention des Etats
concernés sur le besoin d’offrir des conditions de vie décentes
mais également de veiller à ce que les enfants et les adolescents
puissent continuer à poursuivre leurs études.
11. La commission soutient sans réserve l’appel des Nations Unies
et demande aux Etats membres de prendre les mesures nécessaires
pour veiller à ce que les réfugiés puissent bénéficier de la protection internationale,
et de faire preuve d’un esprit de solidarité et de fournir aux réfugiés
toute l’aide nécessaire, car la grande majorité des réfugiés se
trouvent dans une situation des plus précaires, sans ressources
financières.
12. Enfin, la commission attire l’attention des Etats membres
et non membres du Conseil de l’Europe sur le risque d’un afflux
de réfugiés non seulement dans les pays frontaliers mais également
dans d’autres pays, si la situation devait perdurer en l’état.