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| Doc. 12938
| 24 mai 2012
Observation des élections législatives et de l’élection présidentielle anticipée en Serbie (6 mai 2012)
1. Introduction
1. A sa réunion du 23 janvier 2012, le Bureau de l’Assemblée
parlementaire a décidé, en principe et sous réserve de recevoir
une invitation des autorités nationales compétentes et confirmation
de la date, d’observer les élections en Serbie et de constituer
une commission ad hoc à cette fin composée de 30 membres et a autorisé
une mission préélectorale qui aurait lieu un mois environ avant
les élections. Le Bureau, à sa réunion du 8 mars 2012, a pris note
des déclarations sur l’absence de conflit d’intérêts pour les candidat(e)s
à la mission d’observation, a approuvé la composition de la commission
ad hoc et a désigné M. Jean-Charles Gardetto comme Président. Le
23 avril 2012, le Bureau a approuvé la composition définitive de
la commission ad hoc (voir annexe 1).
2. Selon les termes de l’article 15 de l’accord de coopération
signé entre l’Assemblée parlementaire et la Commission européenne
pour la démocratie par le droit (Commission de Venise) le 4 octobre 2004,
«lorsque le Bureau de l’Assemblée décide d’observer des élections
dans un pays où la législation électorale a été précédemment examinée
par la Commission de Venise, l’un des rapporteurs de la Commission
de Venise sur cette question pourra être invité en qualité de conseiller
juridique à participer à la mission d’observation de l’Assemblée».
Conformément à cette disposition, le Bureau de l’Assemblée a invité
un expert de la Commission de Venise à se joindre à la commission
ad hoc en qualité de conseiller.
3. Une délégation s’est rendue à Belgrade les 17 et 18 avril 2012
dans le cadre d’une mission préélectorale pour évaluer la préparation
des élections et la campagne électorale, à la veille des élections
législatives et de l’élection présidentielle anticipée du 6 mai
2012. La délégation a rencontré Mme Slavica Ðukic Dejanovic, Présidente
du Parlement, M. Ivica Dacic, Vice-premier ministre et ministre
de l'Intérieur, M. Duško Radakovic, Secrétaire d'Etat, ministère
des Droits de l'homme et des droits des minorités, de l'Administration
publique et de l'Autonomie locale, le président de la Commission
électorale de la République (CER), le Président de l'Agence nationale
de radiodiffusion, des représentants des principaux groupes parlementaires.
Toutefois les représentants du principal groupe parlementaire de
l'opposition, «Pour la Serbie», n’ont pas été disponibles pour rencontrer
les membres de la délégation. Des réunions ont également été organisées
avec des représentants de l’Organisation pour la sécurité et la
coopération en Europe (OSCE) et de la mission limitée du Bureau
des institutions démocratiques et des droits de l'homme de l'OSCE
(OSCE/BIDDH), ainsi qu’avec des représentants de la société civile
et des médias.
4. Dans l’ensemble, lors de la mission préélectorale, la délégation
a constaté avec satisfaction que tous les acteurs politiques ont
indiqué faire confiance au processus électoral, y compris la campagne
électorale, qui, pour la plupart des partis politiques, était essentiellement
axée sur les questions de chômage, de développement socio-économique,
sur l'intégration européenne et, à un degré bien moindre, sur le
Kosovo
.
5. La délégation a souligné qu’un certain nombre de dispositions
introduites dans la la législation électorale, amendée en 2011,
améliorerait le choix effectif des citoyens: l'introduction de listes
bloquées et la fin des mandats «gérés par les partis», l’abolition
des «lettres de démission en blanc» et un meilleur accès des femmes
au parlement par le biais d'un quota par sexe. Tout en constatant
que ce cadre établit les conditions pour des élections concurrentielles,
elle a exhorté tous les partis politiques à mettre en œuvre ces changements
en toute bonne foi et dans l'esprit de la loi. L’introduction d'une
liste unique d'électeurs au niveau national est également une mesure
positive. La délégation a aussi pris note des plaintes déposées
par de petits partis politiques concernant l'accès équitable au
financement et aux médias.
6. La commission ad hoc a travaillé dans le cadre d’une mission
internationale d’observation des élections (MIOE) aux côtés de la
mission d’observation de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE et
de la mission limitée d’observation des élections (MLOE) de l’OSCE/BIDDH.
Une délégation du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil
de l’Europe a par ailleurs observé les élections locales et provinciales
qui avaient lieu le même jour.
7. La commission ad hoc s’est réunie à Belgrade les 4 et 5 mai 2012.
Elle a notamment rencontré Mme Slavica Ðukic Dejanovic, Présidente
du Parlement, des représentants des partis politiques en lice et
des candidats à l’élection présidentielle, un membre de la Commission
électorale de la République, le chef de la MLOE de l’OSCE/BIDDH
et ses collaborateurs, ainsi que des représentants de la société
civile et des médias. Le programme des réunions de la commission
ad hoc figure en annexe 2. La commission ad hoc souhaite remercier
le personnel du bureau du Conseil de l’Europe à Belgrade, ainsi
que la mission limitée d’observation électorale (OSCE/BIDDH) pour
leur coopération et leur assistance.
8. Le jour du scrutin, la commission ad hoc s’est répartie en
11 équipes qui ont observé les élections à Belgrade et dans sa périphérie,
ainsi que dans les régions et municipalités suivantes: Novi Sad,
Bačka Palanka, Vrbas, Sombor, Zemun, Pancevo, Smederevo, Mladenovac,
Obrenovac, Smederevo Palanka, Kragujevac, Kraljevo, Kruševac Čačak,
Niš, Paracin, Aleksinac, Prokuplje, Leskovac, Pirot, Vranje, Bujanovac, Preševo,
Novi Pazar, Tutin et Raška. Au total, les membres de la commission
ad hoc ont visité plus de 182 bureaux de vote le jour du scrutin.
9. La commission ad hoc a conclu que les élections législatives
et l’élection présidentielle anticipée tenues en Serbie le 6 mai 2012
«ont satisfait à la plupart des normes du Conseil de l’Europe en
matière d’élections démocratiques. Les citoyens ont choisi librement
parmi un grand nombre de partis et de candidats à la présidence.
Toutefois, la couverture médiatique aurait pu être plus équilibrée.
En ce qui concerne la transparence du financement de la campagne,
la délégation de l’Assemblée attend avec intérêt le rapport de l’Agence
anti-corruption sur cette question». La commission ad hoc a également
salué les efforts déployés par la communauté internationale ainsi
que par Belgrade et Pristina, qui ont permis aux citoyens serbes
du Kosovo d’exercer leur droit de vote. Le communiqué de presse
publié après ces élections figure à l’annexe 3.
2. Cadre
politique et juridique
10. Le 13 mars 2012, le Président de la République de
Serbie, M. Boris Tadic, a décidé de tenir des élections législatives
le 6 mai 2012. Les élections locales et provinciales ont été fixées
le même jour. Le 5 avril 2012, plus de 10 mois avant la fin de son
mandat, le Président de la République a donné sa démission et la Présidente
du Parlement de la Serbie a décidé de tenir l’élection présidentielle
anticipée le 6 mai également. Depuis le début de l’organisation
des élections multipartites en Serbie en 1990, c’était la première
fois que différentes élections ont eu lieu le même jour.
11. En Serbie, les élections législatives et l’élection présidentielle
sont régies par la Constitution de 2006. En 2003, l’Assemblée parlementaire
a adopté la Résolution 1320 (2003) sur un code de bonne conduite
en matière électorale, invitant la Commission de Venise, en coopération
avec l'OSCE/BIDDH, à préparer des avis sur les améliorations possibles
de la législation et des pratiques électorales en République de
Serbie. Depuis cette date, la Commission de Venise a adopté des
avis communs avec l'OSCE/BIDDH sur la loi sur les élections législatives,
présidentielles et locales (2006), sur le projet de loi sur les
élections législatives en Serbie (2009), sur le projet de loi «modifiant
et amendant la loi sur les élections des membres du Parlement» (2001)
et sur le projet de loi sur le financement des activités politiques
en République de Serbie. En janvier 2012, la CER a adopté des règles
de procédure pour les élections du 6 mai 2012.
12. Dans l’ensemble, le cadre juridique modifié constitue une
base crédible pour mener des élections démocratiques. Néanmoins,
certains aspects du processus électoral nécessitent d’être améliorés.
La Commission de Venise et l'OSCE/BIDDH avaient notamment recommandé
que la loi soit amendée en vue de contraindre les partis politiques
et les coalitions à définir et annoncer l’ordre des candidatures
sur leurs listes avant le scrutin, plutôt que de les laisser choisir
après les élections les candidats qui occuperont un siège.
13. A cet égard, conformément à une décision de la Cour constitutionnelle
de Serbie de 2011 et compte tenu des recommandations précitées de
la Commission de Venise, la loi électorale a été modifiée en 2011
en clarifiant l’ordre des candidatures sur les listes avant le scrutin.
Néanmoins, la Constitution permet toujours qu’un député élu mette
son mandat à la disposition de son propre parti. La mission préélectorale
de l’Assemblée parlementaire a été informée que le Parti radical
serbe avait annoncé son intention de faire signer à ses candidats
un mémorandum avec l’engagement de rendre au parti l’équivalent
de 30 000 euros si le candidat élu figurant sur sa liste quittait
le parti.
14. En 2011, le parlement a adopté la loi sur le financement des
activités politiques qui permet un financement tant public que privé,
reconnaissant ainsi que les partis ont besoin de ressources suffisantes
pour remplir leur rôle. La loi nouvellement adoptée peut constituer
une avancée vers la création d'un système moderne et complet de
financement des activités politiques en Serbie à condition que l’Agence
de lutte contre la corruption de la Serbie (ALC) dispose des moyens
humains et financiers nécessaires pour assurer une surveillance
adéquate et transparente.
15. Le financement public représente environ 8 millions d’euros
pour l’organisation de chaque élection nationale. Pour les élections
législatives du 6 mai 2012, 20 % de cette somme auraient été distribués
entre tous les participants aux élections, les autres 80 % seraient
distribués après les élections entre les partis politiques ayant
franchi le seuil de 5 % et en proportion du nombre de sièges obtenus.
Pour l’élection présidentielle, 50 % de la somme seront distribués
entre tous les candidats participant au premier tour et les 50 %
restants aux deux candidats ayant participé au second tour.
16. L’ALC est chargée, pour la première fois, de contrôler les
dépenses des participants aux élections. Lors de la campagne électorale,
l’ALC n’a pas constaté de violations de la loi, mais a demandé des
informations sur les dépenses de deux partis politiques. La loi
sur les activités politiques n’exige pas de l’ALC de publier ses conclusions
et ne précise pas les dates limites de publication de ses rapports
après les élections. Cependant, de nombreux interlocuteurs ont fait
part de leurs soupçons, craignant que la corruption continue malgré
tout. A cet égard, le dernier rapport du GRECO sur la Serbie, publié
en 2010, a soulevé des problèmes concernant l’application des règles
de financement des campagnes électorales, le manque de transparence
dans ce domaine et l’efficacité des sanctions contre les violations
de la législation. La commission ad hoc de l’Assemblée, dans sa
déclaration après les élections du 6 mai, a souligné: «En ce qui
concerne la transparence du financement de la campagne, la délégation
de l’APCE attend avec intérêt le rapport de l’Agence anti-corruption
sur cette question».
3. Administration
des élections et enregistrement des listes et des candidats présidentiels
17. La Serbie dispose d’une administration électorale
à plusieurs niveaux: la Commission électorale de la République (CER),
une commission électorale provinciale en Voïvodine, deux commissions
électorales pour les métropoles de Belgrade et de Niš, 160 commissions
électorales municipales et 8 588 bureaux de vote. De plus, 38 bureaux
de vote ont été ouverts dans 22 pays étrangers.
18. Le 30 avril 2012, les autorités de Belgrade et de Pristina
ont trouvé un accord concernant le vote des citoyens de la Serbie
résidant au Kosovo. Conformément à cet accord, largement salué par
la communauté internationale, tout le processus électoral sur le
territoire du Kosovo a été organisé par la mission de l’OSCE, qui
a ouvert 28 bureaux de vote au Kosovo le jour du scrutin où les
citoyens serbes ont pu participer aux élections législatives et
à l’élection présidentielle. Ensuite, le personnel de la mission
de l’OSCE a transféré les bulletins de vote dans deux centres de
dépouillement qui se trouvaient dans les villes de Raska et Vranje
– en Serbie. Une équipe de la commission ad hoc de l’Assemblée a
fait le déplacement à Raska et a constaté que le processus électoral
s’est déroulé dans des conditions calmes.
19. La CER se compose d’un président et de 16 membres (et de leurs
suppléants) désignés par l’Assemblée nationale. Cette dernière désigne
également un secrétaire sans voix délibérative, ainsi qu’un membre
sans voix délibérative représentant l’Office national des statistiques.
Dans sa composition étendue, la CER comprend en outre un représentant
de chaque entité présentant une liste de candidats enregistrés.
La grande majorité des interlocuteurs rencontrés par la commission
ad hoc ont exprimé leur appui à la CER et se sont dits confiants
dans son fonctionnement.
20. En décembre 2011, la nouvelle loi sur le registre électoral
uniforme est entrée en vigueur. Elle prévoit l’établissement d’une
liste électorale nationale uniforme informatisée. Pour la première
fois, les élections du 6 mai 2012 ont eu lieu sur la base de cette
liste. Le ministère de l’Administration publique et de l’Autonomie
locale a établi la liste électorale nationale sur la base des listes
électorales municipales informatisées, tenues auparavant par des
autorités municipales et par le ministère de l’Intérieur sous différents
formats électroniques. Les électeurs ont été invités à vérifier
les données les concernant figurant sur les listes entre le 14 mars
et le 20 avril 2012. Selon les données de la CER, à la date du 3
mai, 6 770 013 électeurs étaient inscrits sur le registre national
uniforme informatisé. Cependant, la MLOE de l’OSCE/BIDDH a constaté
un certain manque de transparence dans le processus de l’établissement
du registre électoral.
21. L’Assemblée nationale de Serbie se compose de 250 députés
élus pour quatre ans dans une circonscription nationale unique.
Les sièges sont répartis proportionnellement entre les listes qui
ont obtenu plus de 5 % des suffrages. La règle des 5 % ne s’applique
pas aux partis des minorités. Toutefois, les dirigeants des partis
politiques disposent toujours d’une marge de manœuvre, il est vrai
limitée après le changement de la législation électorale en 2011,
concernant leur liste de candidats, dans la mesure où les candidats
élus peuvent mettre leurs mandats à la disposition de leurs partis.
22. Actuellement, en Serbie, il existe 89 partis politiques enregistrés
selon la loi sur les partis politiques qui a été adoptée en 2009.
Environ deux millions de serbes sont adhérents à des partis politiques,
ce chiffre ayant augmenté d’environ 70 000 personnes en 2012. D’une
manière générale, l’enregistrement des listes de candidats a respecté
le pluralisme, puisque la CER a enregistré 28 listes présentées
par 7 coalitions (41 partis politiques et 2 associations), 9 partis
politiques et 2 groupes de citoyens.
23. Environ 17% de la population de la Serbie ont déclaré faire
partie des 20 minorités nationales lors du recensement de 2002.
La loi sur les partis politiques exige 1 000 membres pour établir
un parti politique représentant une minorité nationale, tandis que
pour un parti ordinaire, il faut dix fois plus de membres. Pour les
élections législatives du 6 mai 2012, quatre listes de partis et
deux coalitions des minorités nationales ont été enregistrées. Des
représentants de différentes minorités nationales ont également
été enregistrés sur les listes d’autres partis politiques et d’autres
coalitions.
24. Quant à l’élection présidentielle, 12 candidats ont été enregistrés
pour participer à l’élection, dont le Président sortant Boris Tadić,
de la Coalition pour une vie meilleure; Tomislav Nikolić, Président
du Parti progressiste serbe; Ivica Dačić, ministre de l’Intérieur
représentant le Parti socialiste de Serbie; Vojislav Koštunica,
du Parti démocratique de Serbie; Čedomir Jovanović du Parti libéral
démocrate. Parmi les candidats présidentiels il y avait deux femmes,
ainsi qu’un représentant de la minorité hongroise et le mufti de la
région du Sandžak.
4. La campagne électorale
et l’environnement médiatique
25. La campagne a commencé le 13 mars pour les élections
législatives et le 5 avril pour l’élection présidentielle. Durant
la campagne le climat politique a généralement été paisible. La
campagne est devenue plus intense lors des deux dernières semaines.
Les questions qui ont dominé la campagne étaient le chômage et le
développement socio-économique, la privatisation et la lutte contre
la corruption, l’intégration européenne et, dans une bien moindre
mesure, le Kosovo. D’une manière générale, la campagne pour les
élections législatives et celle de l’élection présidentielle ont
été marquées par la confrontation entre les deux principaux candidats
à l’élection présidentielle, M.Tadić et M. Nikolić.
26. La commission ad hoc a été informée par certains représentants
de partis politiques et d’ONG, de cas d’achat de voix, notamment
parmi la population Rom, surtout dans les localités rurales, de
l’utilisation abusive des ressources administratives et de cas isolés
d’intimidation des électeurs. A cet égard, la commission ad hoc demande
aux autorités compétentes du pays de faire toute la lumière sur
ces allégations afin d’établir les responsabilités et d’en informer
l’opinion publique. La commission ad hoc est convaincue qu’il faut
à tout prix éviter que de telles pratiques se reproduisent lors
de futures échéances électorales.
27. Deux jours avant le scrutin, des personnes d’origine albanaise
ont été arrêtées au sud de la Serbie – dans les localités de Bujanovac,
Veliki Trnovac et Breznica, y compris un candidat aux élections
locales. Selon les autorités serbes, les personnes arrêtées auraient
été impliquées dans les crimes de guerre de 2001. La commission
ad hoc n’ayant pas les moyens de vérifier les faits, elle s’interroge
néanmoins sur le moment choisi pour arrêter ces personnes, sur la
couverture médiatique de cet événement ainsi que sur le fait que l’arrestation
ait été annoncée par le ministre de l’Intérieur qui était lui-même
candidat à l’élection présidentielle.
28. Le paysage médiatique de la Serbie est très diversifié et
reflète toutes les tendances de l’opinion publique. Le cadre juridique
de la couverture médiatique de la campagne est établi par la loi
sur l’élection des représentants et la loi sur la radiodiffusion.
Cette dernière a instauré une autorité de régulation, l’Agence de radiodiffusion
de la République, dotée de pouvoirs étendus dans divers domaines
en rapport avec les médias. La commission ad hoc a constaté avec
satisfaction que l’Agence nationale de radiodiffusion a veillé à
ce que les partis politiques bénéficient d'un temps d'antenne libre
et égal et que les règles relatives aux publicités commerciales
soient respectées. Par contre, la communication politique sur internet
devrait respecter le code de déontologie des élections.
29. L’un des problèmes majeurs dans le domaine des médias est
le manque de transparence concernant les propriétaires des médias.
Différents interlocuteurs ont souligné le phénomène d’interconnexion
étroite entre la politique et les flux financiers. La commission
ad hoc a été informée de cas de pressions économiques et politiques
exercées sur des journalistes. Selon le rapport de monitoring des
médias de la MLOE de l'OSCE/BIDDH, le candidat à l’élection présidentielle,
M. Tadić, a bénéficié davantage de la couverture médiatique avant
le début de la campagne officielle. D’une manière générale, certains
des interlocuteurs de la commission ad hoc ont exprimé leurs doutes
concernant l’indépendance et l’objectivité des médias.
5. Le jour du scrutin
30. Le jour du scrutin a été calme. Les membres de la
commission ad hoc ont visité 182 bureaux de vote et ont pu relever
que le scrutin s’est déroulé de façon organisée. Les opérations
de vote et de dépouillement ont été conduites, en général, avec
professionnalisme et dans le calme. Il a été rapporté que la coopération
entre les personnes composant les équipes des bureaux de vote a
été sans faille et que leur connaissance des procédures de vote
était satisfaisante.
31. Les membres de la commission ad hoc ont identifié un certain
nombre de problèmes techniques dans les bureaux de vote visités:
- la conception des isoloirs –
particulièrement la fragilité des cloisons – n’était pas de nature
à assurer le secret du vote. Néanmoins, aucune tentative pour tirer
profit de cette anomalie n’a été mentionnée. Ce même problème a
déjà été signalé lors de l’observation des élections en 2008;
- la présence d’un nombre considérable de personnes dans
les bureaux de vote. Parfois, ce nombre dépassait 20 personnes.
En effet, la composition très ouverte des bureaux de vote a contribué
à la transparence et à la fiabilité du processus électoral. Toutefois,
elle a eu pour conséquence un encombrement des locaux, notamment
au moment de l’ouverture des urnes et du dépouillement;
- de façon générale, les bureaux de vote n’étaient pas accessibles
aux personnes handicapées. Néanmoins, ces dernières pouvaient voter
depuis chez elles (bureaux de vote mobiles);
- dans certains des bureaux de vote visités, les urnes n’étaient
pas correctement scellées;
- des cas de non respect des procédures de dépouillement
dans certains bureaux de vote ont été observés, notamment dans les
localités rurales;
- de longues files d’attente ont été observées dans certains
bureaux de vote dans les localités à population albanophone ou à
population mixte. Les listes électorales étant en cyrillique, toutes
les personnes composant les équipes des bureaux de vote ne pouvaient
pas lire les noms des électeurs, ce qui a retardé le processus de
vote;
- dans certains bureaux de vote, les listes électorales
n'avaient pas été établies par ordre alphabétique.
32. 32. Le 7 mai 2012, la CER a annoncé les résultats provisoires
des élections législatives. Les partis et les coalitions ont obtenu
les résultats suivants: Parti progressiste serbe (Coalition «La
Serbie en mouvement») – 24,1 %; Parti démocratique (Coalition «Choix
pour une vie meilleure») – 22,4 %; Parti libéral démocrate – 6,33 %;
Parti des régions unifiées de Serbie – 5,51 %; Parti socialiste
de Serbie – 14,4 %; Parti démocratique de Serbie – 6,9 %; Coalition
hongroise de Voïvodine – 1,9 %.
33. A l’occasion du premier tour de scrutin de l’élection présidentielle,
le candidat DS, Boris Tadić, et le candidat du Parti progressiste
serbe, Tomislav Nikolić, ont recueilli le plus grand nombre de voix:
26,7 % pour Boris Tadić et 25,5 % pour Tomislav Nikolić. Les autres
candidats ont obtenu les résultats suivants: Zoran Dragisic (Indépendant)
– 21,7 %; Ivica Dacic (Parti socialiste de Serbie) – 15,3 %; Vojislav
Kostunica (Parti démocratique de Serbie) – 7,7 %. Aucun des candidats
n’ayant obtenu plus de 50 % des suffrages exprimés, un second tour
a été prévu le 20 mai 2012, opposant les deux candidats comptabilisant
le plus de voix. Le taux de participation des élections a été d’environ
58 %, ce qui montre l’intérêt des électeurs vis-à-vis du scrutin.
34. La commission ad hoc a considéré qu’il ne serait pas nécessaire
d’observer le deuxième tour de l’élection présidentielle compte
tenu du fait que le jour du scrutin n'a pas suscité de problèmes
majeurs et d’autant plus que la mission limitée d’observation électorale
de l’OSCE/BIDDH allait suivre de près le scrutin sur place. Selon
les résultats provisoires annoncés par la CER le lendemain du deuxième
tour, Tomislav Nikolić a gagné l’élection présidentielle avec 49,55 %
des suffrages exprimées, son adversaire Boris Tadić a obtenu 47,30 %
des suffrages exprimés.
35. Le taux de participation au second tour de l’élection présidentielle
du 20 mai 2012 a été 46,37 %.
6. Conclusions
et recommandations
36. La commission ad hoc a conclu que les élections législatives
et présidentielles du 6 mai 2012 tenues en Serbie ont satisfait
à la plupart des normes du Conseil de l’Europe en matière d’élections
démocratiques. Les citoyens ont choisi librement parmi un grand
nombre de partis et de candidats à la présidence. Le jour du scrutin
a été calme. Les membres de la commission ad hoc ont visité 182
bureaux de vote et ont pu relever que le scrutin s’est déroulé d’une
manière organisée et que les opérations de vote et de dépouillement
ont été conduites, en général, avec professionnalisme et dans le
calme.
37. La commission ad hoc a souligné l’importance de la participation
des citoyens serbes résidant au Kosovo aux élections législatives
et présidentielles en Serbie et, à cet égard, elle a salué les efforts
déployés par la communauté internationale ainsi que par Belgrade
et Pristina.
38. La commission ad hoc a noté avec satisfaction que les autorités
de la Serbie on suivi les recommandations contenues dans le rapport
de l’Assemblée sur l’observation des élections de 2008. Le cadre juridique
modifié constitue une base crédible pour mener des élections démocratiques.
La commission invite cependant les autorités serbes à améliorer
la législation électorale conformément aux recommandations conjointes
de la Commission de Venise et de l’OSCE/BIDDH, et ceci avant les
prochaines élections nationales.
39. La loi sur le financement des activités politiques adoptée
en 2011 peut constituer une avancée vers la création d'un système
moderne et complet de financement des activités politiques en Serbie
à condition que l’Agence de lutte contre la corruption de la Serbie
dispose de moyens humains et financiers nécessaires pour surveiller
leur financement de manière adéquate et transparente. La commission
ad hoc considère que la loi sur les activités politiques devrait
être modifiée afin d’inclure l’obligation pour l’Agence anti-corruption
de publier ses rapports après les élections dans un délai impératif,
ainsi des sanctions en cas de violation des règles de financement
des campagnes électorales.
40. La commission ad hoc a noté que la couverture médiatique de
la campagne électorale aurait dû être plus équilibrée. Elle a également
exprimé son inquiétude concernant le manque de transparence relative
aux propriétaires des médias et à l’interconnexion étroite entre
la politique et les flux financiers. La commission ad hoc a été
informée par différents interlocuteurs de cas de pressions économiques
et politiques exercées sur des journalistes. N’ayant pas les moyens
de vérifier les faits, la commission ad hoc demande aux autorités compétentes
du pays de faire toute la lumière sur ces allégations afin d’établir
les responsabilités, de mettre en œuvre des sanctions adéquates,
et d’en informer l’opinion publique du pays. La commission ad hoc
est convaincue qu’il faut à tout prix éviter que de telles pratiques
se reproduisent lors de futures échéances électorales.
41. Pour améliorer encore le processus électoral en Serbie, la
commission ad hoc invite les autorités serbes:
- à améliorer, de façon générale,
l’aménagement des bureaux de vote, y compris l’équipement technique, afin
de mieux les adapter au déroulement du scrutin;
- à améliorer la conception des isoloirs pour renforcer
la confidentialité du vote;
- à rendre les bureaux de vote accessibles aux personnes
handicapées;
- à étudier la possibilité d’établir une seule liste électorale
en caractères cyrilliques et latins dans les localités ayant une
population mixte afin d’accélérer la recherche des noms des électeurs
et d’éviter ainsi les encombrements dans les bureaux de vote;
- à établir les listes électorales dans l’ordre alphabétique
dans tous les bureaux de vote;
- à améliorer la qualité des scellés sur les urnes;
- à organiser des formations pour les membres des bureaux
de vote, notamment en milieu rural, afin d’améliorer leur maîtrise
des procédures de vote.
Annexe 1 – Composition
de la commission ad hoc
(open)
Sur la base des propositions faites par les
groupes politiques, la commission ad hoc se composait comme suit:
- Jean-Charles GARDETTO, Chef
de la délégation
- Groupe du Parti populaire
européen (PPE/DC)
- Jean-Charles
GARDETTO, Monaco
- Marietta de POURBAIX-LUNDIN, Suède
- Kimmo SASI, Finlande
- Stefaan VERCAMER, Belgique
- Luca VOLONTÈ, Italie
- Groupe socialiste (SOC)
- Josette DURRIEU, France
- Jonas GUNNARSSON, Suède
- Hakon HAUGLI, Norvège
- Tadeusz IWIŃSKI, Pologne
- Patrick MORIAU, Belgique
- Indrek SAAR, Estonie
- Lord TOMLINSON, Royaume-Uni
- Zoran VUKCEVIC, Monténégro
- Groupe démocrate européen
(GDE)
- Mevlüt ÇAVUŞOĞLU,
Turquie
- Alliance des démocrates et
des libéraux pour l’Europe (ADLE)
- Bernard MARQUET, Monaco
- Fazil MUSTAPHA, Azerbaïdjan
- Andrea RIGONI, Italie
- Commission européenne pour
la démocratie par le droit (Commission de Venise)
- Serguei KOUZNETSOV, Administrateur,
Division des élections et des referendums
- Secrétariat
- Chemavon Chahbazian, Adjoint
au chef du secrétariat, Unité de coopération parlementaire et d’observation
des élections
- Franck Daeschler, Assistant administratif principal
Annexe 2 – Programme de
l’observation des élections législatives et de l’élection présidentielle anticipée
(open)
Vendredi 4 mai 2012
08h15-08h45 Réunion de la Commission ad hoc:
- Ouverture de la réunion et présentation
des résultats de la mission préélectorale par M. Jean-Charles Gardetto,
chef de la délégation
- Interventions d'autres membres de la mission préélectorale
- Les développements récents dans le domaine de la législation
électorale et les activités de la Commission de Venise en Serbie,
intervention du membre du secrétariat de la Commission de Venise
09:00-09:15
Ouverture de la réunion commune de la mission internationale
d’observation des élections:
9h15-10h30 Intervention de la mission limitée de l’OSCE/BIDDH:
- Mme Corien Jonker, Chef la mission
limitée d’observation des élections de l’OSCE/BIDDH
- Membres de l’équipe de l’OSCE/BIDDH
10:00-10:05
Intervention de Mme Slavica Đukić-Dejanović, Présidente du Parlement
de la Serbie et Présidente par intérim
10h30-11h00 Parti démocratique (PD) – M. Nenad Konstantinović,
Directeur du service juridique du PD
11h00-11h30 Parti socialiste de Serbie (PCS) – Marijana Vukomanović,
Vice-President du PCS
11h30-12h00 Parti progressiste de Serbie (PPS) – M. Marko
Đurić, Membre de la direction du PPS
12h00-12h30 Parti liberal-démocrate (PLD) – Mme Judita Popović,
Membre de la direction du parti, Vice-Présidente du Parlement
12h30-13h00 Parti démocratique de Serbie (PDS) – M. Slobodan
Samardžić, Vice-président du PDS
14h30-15h00 Parti des régions unifiées de Serbie (RUS) –
Mme Suzana Grubješić, Vice-Présidente
15h00-16h00 Questions des minorités nationales:
- M. Vladimir Bilandžić, Conseiller
spécial chargé des questions des mesures de confiance et de sécurité,
bureau de la mission de l’OSCE en Serbie
- M. Vitomir Mihajlović, Président du Conseil national des
Roms
16h00-17h00 – M. Marko Blagojević,
Directeur du Centre pour les élections libres et démocratiques (CESID)
18h00 Réception offerte par S.E. Armando Varricchio,
Ambassadeur de l’Italie en Serbie
Samedi 5 mai 2012
09h15-09h45 Réunion de la commission ad hoc: Déploiement et
questions logistiques
10h00-10h30 M. Miodrag Petrović, Membre de la Commission
électorale de la République
10h30-11h30 Rencontre avec des représentants des médias:
- M. Saša Mirković, Directeur
TV B92
- M. Zoran Stanojević, Editeur, Radio Télévision de Serbie
- M. Predrag Mihailović, Adjoint de l’éditeur exécutif du
quotidien Blic
- M. Dragan Janjić, Vice-président de l’Association des
journalistes indépendants
- Mme Dragona Solomon, mission de l’OSCE
11h30-12h30
Rencontre avec des représentants des ONG:
Dimanche 6 mai 2012
Toute la journée Observation des élections
Lundi 7 mai 2012
09h00-10h00 Réunion de la commission ad hoc: débriefing, évaluation
des élections
10h30-11h30 Réunion des Chefs de délégation
13h30 Conférence de presse (Media Centre)
Annexe 3 – Déclaration
de la Mission internationale d’observation des élections (MIOE)
(open)
Serbie: des élections
ouvertes et fortement concurrentielles, mais une plus grande transparence
est nécessaire
Strasbourg, 07.05.2012 – Les élections législatives et l’élection
présidentielle anticipée tenues le 6 mai 2012 en Serbie se sont
déroulées dans un contexte d’ouverture et de concurrence, mais des
efforts supplémentaires sont nécessaires pour améliorer la transparence
du processus électoral et le fonctionnement des médias, ont estimé
les observateurs internationaux dans une déclaration publiée aujourd’hui.
Les observateurs ont noté que les électeurs disposaient d’un
large choix entre différentes options politiques et que les candidats
avaient pu faire campagne librement. La plupart des parties prenantes
se sont montrées très confiantes dans le professionnalisme de l’administration
électorale. Le jour du scrutin, les commissions se sont acquittées
de leurs fonctions avec professionnalisme. Certains problèmes procéduraux
ont été relevés, mais aucun incident grave ne s’est produit.
La propriété des médias manque de transparence et la couverture
médiatique devrait être plus équilibrée et plus analytique.
La création d’un seul registre électoral unifié est une mesure
positive, mais dont l’application a commencé tardivement. Il semble
en outre que le registre n’ait pas été établi en toute transparence.
«Ces élections ont été ouvertes
et concurrentielles, grâce aux réformes législatives mises en œuvre
ces dernières années. Je suis heureux de pouvoir dire que les citoyens
serbes progressent sur la voie d’une démocratie accomplie qui leur
permettra de relever les défis qui les attendent», a déclaré Matteo Mecacci,
le coordinateur spécial qui conduisait la mission d’observation
à court terme de l’OSCE.
«Les élections tenues en Serbie ont satisfait à la plupart
des normes du Conseil de l’Europe en matière d’élections démocratiques.
Les citoyens ont choisi librement parmi un grand nombre de partis
et de candidats à la présidence. Toutefois, la couverture médiatique
aurait pu être plus équilibrée. En ce qui concerne la transparence
du financement de la campagne, la délégation de l’APCE attend avec
intérêt le rapport de l’Agence anticorruption sur cette question»,
a déclaré Jean-Charles Gardetto, chef de la délégation de l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE).
«La délégation salue les efforts déployés par la communauté
internationale ainsi que par Belgrade et Pristina, qui ont permis
aux citoyens serbes du Kosovo* d’exercer leur droit de vote», a-t-il
ajouté.
Corien Jonker, chef de la mission restreinte
d’observation des élections de l’OSCE/BIDDH, a déclaré: «Nous sommes
heureux que les élections se soient déroulées dans le calme. Nous
nous réjouissons également de voir que le processus électoral inspire
largement confiance. En même temps, il ressort clairement de notre mission
d’observation à long terme qu’une plus grande transparence est essentielle
pour maintenir et accroître encore cette confiance, indispensable
à une démocratie dynamique. Les citoyens ont ici un rôle primordial
à jouer en réclamant davantage d’ouverture de la part de leurs institutions».
__________
* Toute référence au Kosovo dans le présent document, qu’il
s’agisse de son territoire, de ses institutions ou de sa population,
doit être entendue dans le plein respect de la Résolution 1244 du
Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies, sans préjuger
du statut du Kosovo.