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Avis de commission | Doc. 13029 | 27 septembre 2012
Pour des élections plus démocratiques
Commission des migrations, des réfugiés et des personnes déplacées
A. Conclusions de la commission
(open)1. La commission des migrations,
des réfugiés et des personnes déplacées félicite M. Jean-Charles Gardetto
pour son rapport intitulé «Pour des élections plus démocratiques»
et approuve les principales conclusions du rapporteur.
2. Elle souscrit sans réserve à l’affirmation selon laquelle
des élections démocratiques sont décisives pour garantir que la
volonté du peuple soit respectée lorsqu’il s’agit de former le corps
législatif et le gouvernement à tous les niveaux et que les organes
élus soient effectivement représentatifs.
3. La commission tient à souligner que, pour que des élections
soient véritablement «démocratiques» et reflètent la volonté du
«peuple», il est nécessaire de veiller à ce que le maximum de personnes
concernées puissent y participer. Dans la mesure où l’immigration
se développe en Europe, il importe de faire en sorte que les immigrants
aient aussi la possibilité de «participer», soit en leur facilitant
l’acquisition de la nationalité de leur pays d’accueil, soit en
leur donnant des droits de vote ou en favorisant d'autres formes
de participation politique.
4. La commission propose un seul amendement, destiné à compléter
le texte du projet de résolution.
B. Proposition d'amendement
(open)Amendement A (au projet de résolution)
Dans le projet de résolution, après le paragraphe 8.1.6, insérer le paragraphe suivant:
«en facilitant l’accès à la nationalité, comme le préconise la Convention européenne sur la nationalité (STE no 166), et en accordant aux migrants des droits de vote et/ou d’autres possibilités de participation politique, comme le propose la Convention sur la participation des étrangers à la vie publique au niveau local (STE no 144). L’on ne sert pas l’intérêt de la légitimité démocratique en excluant de grands nombres de migrants de la vie politique et des élections démocratiques.»
C. Exposé des motifs, par M. Santini, rapporteur pour avis
(open)1. Introduction
1. Je tiens à féliciter notre
collègue, M. Gardetto, pour son rapport intitulé «Pour des élections
plus démocratiques» et je souscris sans réserve aux conclusions
contenues dans le projet de résolution.
2. Le présent avis est axé sur la question des migrants et sur
la manière de faire en sorte qu’ils participent aux élections démocratiques
et qu’ils y soient représentés dans toute la mesure du possible.
A cet égard, je tiens à insister sur l’importance du paragraphe 1
du projet de résolution. Dans ce paragraphe, l’Assemblée parlementaire
«souligne une nouvelle fois que des élections démocratiques sont
décisives pour garantir que la volonté du peuple soit respectée
lorsqu’il s’agit de former le corps législatif et le gouvernement
à tous les niveaux et que les organes élus soient effectivement
représentatifs».
3. En outre, je note avec satisfaction que l’encouragement de
la participation figure parmi les trois grandes conditions indispensables
à l’amélioration du caractère démocratique des élections (paragraphe 7),
et que le rapport indique qu’il faut tenir compte du «sexe» et de
l’«appartenance ethnique» si l’on veut que le système électoral
reflète mieux l’opinion du peuple (paragraphe 8.1.5).
2. La volonté du peuple
4. La «volonté du peuple» est
essentielle, encore faut-il savoir qui est le peuple. Ce terme a
évolué au cours des derniers siècles, et même des dernières décennies:
«le peuple» a englobé une part croissante de la population à mesure
que le suffrage universel s’est développé et que le droit de participer
aux élections a cessé de dépendre de la possession de terres, du
patrimoine ou du sexe, par exemple.
5. Le droit, pour les migrants, de voter et de participer aux
élections reste toutefois soumis à de nombreuses restrictions. Le
Traité de Maastricht (ou Traité sur l’Union européenne) a cependant
fait progresser le suffrage universel en donnant aux ressortissants
de l’Union européenne résidant dans un autre Etat membre le droit
de voter lors des élections locales et des élections au Parlement
européen. De plus, le Conseil de l'Europe, dans sa Convention européenne
sur la nationalité (STE no 166) et dans
sa Convention sur la participation des étrangers à la vie publique
au niveau local (STE no 144), encourage,
d’une part, la naturalisation des migrants et, d’autre part, l’octroi
de droits de vote à ces personnes et leur participation.
6. Les Etats membres du Conseil de l'Europe sont progressivement
devenus des pays d’immigration et ont reconnu la nécessité de permettre
aux résidents qui ne sont pas des nationaux soit de se faire naturaliser,
soit de participer davantage à la vie démocratique (en votant ou
en participant à des organismes consultatifs, par exemple).
3. Nombre des migrants potentiellement exclus de la participation démocratique
7. La Fédération de Russie compte
plus de 12 millions de migrants ; l’Allemagne,
plus de 10 millions; la France, le Royaume-Uni et l’Espagne, plus
de 6 millions chacun; et l’Ukraine, plus de 5 millions . Selon l’Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE), les immigrants
représentent 13 % de la population des pays de l’OCDE; ils représentent
37,6 % de la population au Luxembourg, 26,6 % en Suisse, 13 % en
Allemagne, 11,5 % au Royaume-Uni, 8,6 % en France et 8 % en Italie .
Beaucoup de ces personnes n’ont pas le droit de vote et n’ont que
des possibilités limitées de participer à la vie politique. Il devient
donc de plus en plus contestable d’affirmer que la «volonté du peuple»
est prise en compte.
4. S’appuyer sur les travaux antérieurs de l’Assemblée parlementaire pour proposer des solutions
8. Il importe par conséquent de
prendre des mesures pour améliorer la participation démocratique
des migrants. A cette fin, il est possible de s’appuyer sur les
travaux déjà menés par l’Assemblée, et en particulier sur sa Résolution 1618 (2008) «La situation de la démocratie en Europe. Mesures visant
à améliorer la participation démocratique des migrants».
9. Cette résolution souligne la nécessité d’encourager l’intégration
des migrants pour faciliter leur participation démocratique. Elle
énumère aussi un certain nombre de mesures destinées à lever les
obstacles à la participation démocratique: faciliter l’accès à la
nationalité; octroyer un permis de séjour de longue durée aux migrants
qui ont passé cinq ans ou moins dans le pays; régulariser la situation
des migrants en situation irrégulière qui ne seront pas renvoyés
vers leur pays d’origine; accorder aux migrants des droits électoraux, notamment
le droit de vote et le droit d’éligibilité aux élections locales
et régionales au bout de cinq ans de résidence (ou moins); signer
et ratifier la Convention sur la participation des étrangers à la
vie publique au niveau local; enfin, lever les restrictions en ce
qui concerne l’adhésion des migrants à des partis politiques ou à
d’autres associations politiques.
10. Des études récentes soulignent l’importance de ces mesures
préconisées par l’Assemblée dans la résolution susmentionnée. Les
rares données disponibles sur le sujet montrent que les migrants
sont sous-représentés parmi les électeurs potentiels, les élus et
les membres de partis politiques . Il ressort également de ces études
que les migrants ont besoin de possibilités accrues de participation
politique, mais que celles-ci dépendent de facteurs comme le climat
politique du moment, les possibilités d’éducation, la durée de séjour ou
le vécu du migrant .
Selon une enquête récente, la plupart des migrants voteraient s’ils
avaient le droit de vote; ils veulent aussi davantage de diversité
en politique (notamment des députés d’origine immigrée qui pourraient
mieux les comprendre et les représenter) .
5. Conclusion
11. En conclusion, l’on crée un
déficit démocratique en ne facilitant pas la participation des migrants
à la vie politique, et notamment en ne leur permettant pas de voter
et de participer aux élections démocratiques. Nombreux sont les
migrants résidant dans les Etats membres qui n’ont pas le droit
de vote. Dans le cadre de toute tentative de rendre les élections
plus démocratiques, il faut donc se demander comment mieux intégrer les
migrants dans le processus électoral. Priver purement et simplement
une grande partie des migrants du droit de vote ne rend pas les
élections plus démocratiques, bien au contraire.
12. C’est pour ces raisons que je propose l’amendement contenu
dans le présent avis.