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Résolution 1898 (2012) Version finale
Partis politiques et représentation politique des femmes
1. Dans les Etats membres du Conseil
de l’Europe, on ne compte que quelque 23 % de femmes parlementaires
dans les parlements nationaux, alors que les femmes représentent
environ 51 % de la population. Cette moyenne cache une disparité
considérable entre un tout petit nombre de pays où la représentation
des femmes au parlement dépasse 40 % (Andorre, Finlande, Pays-Bas,
Suède) et un groupe beaucoup plus important de pays où elle est
inférieure à 20 % (Albanie, Arménie, Azerbaïdjan, Bosnie-Herzégovine,
Chypre, Estonie, Lituanie, République de Moldova, Monaco, Monténégro,
Roumanie, Saint-Marin, République slovaque, Slovénie, Turquie),
voire, dans certains cas, inférieure à 10 % (Géorgie, Hongrie, Malte,
Fédération de Russie, Ukraine).
2. Bien qu’il soit généralement reconnu que la faible proportion
de femmes dans un parlement nuit à sa représentativité, mettre en
place et appliquer des mesures effectives pour remédier à ce déséquilibre
s’est avéré une entreprise ardue.
3. Treize Etats membres se sont efforcés de relever ce défi en
instaurant dans leur législation électorale l’obligation d’inscrire
une proportion minimale de femmes sur les listes de candidats aux
élections (quotas établis par la loi), mesure à laquelle l’Assemblée
parlementaire a réitéré son soutien dans de nombreux textes, y compris
dans sa Résolution 1706
(2010) «Augmenter la représentation des femmes en politique
par les systèmes électoraux».
4. En outre, dans environ 30 Etats membres, de nombreux partis
politiques ont volontairement instauré des quotas par sexe pour
promouvoir les chances des femmes d’être élues, ou utilisé des instruments équivalents,
tels que les «listes entièrement composées de femmes». Les partis
politiques ont aussi eu recours à un arsenal d’autres mesures pour
garantir la participation active des femmes dans leurs structures
internes, pour les placer à des postes visibles et de responsabilité,
et pour encourager leur développement.
5. L’Assemblée estime que, dans les démocraties pluralistes,
les acteurs clés que sont les partis politiques ont un rôle décisif
à jouer pour accroître la représentation politique des femmes: non
seulement il leur appartient de veiller au strict respect de la
législation électorale, notamment des dispositions législatives imposant
des quotas, et d’adopter des mesures volontaires, mais ils sont
aussi les mieux placés pour promouvoir un changement de culture
favorable à l’égalité entre les femmes et les hommes en politique
et dans la société en général.
6. En se fondant sur l’expérience positive de certains d’entre
eux, l’Assemblée recommande aux partis politiques des Etats membres
et des Etats observateurs du Conseil de l’Europe, ainsi que des
pays partenaires pour la démocratie, d’appliquer les bonnes pratiques
suivantes:
6.1. s’engager officiellement
dans leurs statuts à respecter l’égalité entre les femmes et les
hommes, et à pratiquer une approche intégrée de l’égalité;
6.2. organiser des campagnes et des activités destinées à encourager
l’adhésion des femmes;
6.3. créer des structures exclusivement féminines et leur allouer
des fonds adéquats, en leur laissant la maîtrise de leurs dépenses;
6.4. veiller à ce que les structures de parti qui choisissent
les candidats aux élections soient pleinement représentatives de
la société et à ce qu’elles incluent ainsi un pourcentage proportionnel
de femmes;
6.5. garantir la plus grande transparence dans la procédure
de sélection des candidats aux élections;
6.6. instaurer un quota minimal de 40 % pour le sexe sous-représenté
dans leurs organes exécutifs à tous les niveaux;
6.7. dans le cas des systèmes électoraux proportionnels, instaurer
un quota minimal de 40 % pour le sexe sous-représenté dans les listes
de candidats, assorti de règles relatives à l’ordre de placement
des candidats et aux positions en tête de liste (l’alternance hommes/femmes
étant le système à privilégier), visant spécifiquement à garantir
la parité;
6.8. dans le cas des systèmes électoraux majoritaires, encourager
la présélection de candidats du sexe sous-représenté, le cas échéant
au moyen de «listes entièrement composées de femmes» ou de listes
prioritaires comportant un nombre égal de personnes des deux sexes;
6.9. mettre en place des programmes de mentorat et de formation
pour renforcer la capacité des femmes de talent à exercer des responsabilités
politiques;
6.10. créer des programmes de formation pour renforcer les compétences
des femmes en matière de médias et veiller à ce que les membres
féminins se voient offrir une chance équitable de s’exprimer au nom
d’un parti sur un large éventail de questions;
6.11. veiller à ce que le temps d’antenne accordé à un parti
donné pendant les campagnes électorales soit proportionnellement
réparti entre les candidates et les candidats;
6.12. instaurer des mesures permettant aux membres de concilier
engagement politique et responsabilités familiales, par exemple
en prévoyant des garderies gratuites pendant les événements importants
du parti ou les campagnes électorales, et éviter autant que possible
que les réunions du parti aient lieu à des heures indues;
6.13. mettre en place des systèmes visant à analyser et à discuter
régulièrement de la répartition des sexes dans les structures politiques
et les mandats du parti, en prévoyant par exemple la présentation annuelle
d’un rapport en la matière par le chef du parti;
6.14. s’efforcer de trouver des accords entre partis sur la
nécessité et les moyens de renforcer la participation et la représentation
des femmes en politique.
7. En outre, l’Assemblée invite les Etats membres:
7.1. à adopter des lois permettant
aux partis de mener des actions positives en faveur du sexe sous-représenté,
y compris en matière électorale;
7.2. à prévoir des subventions spéciales pour les partis politiques
qui mènent des actions positives en faveur de la représentation
ou de la participation des femmes, telles que l’instauration de
quotas par sexe;
7.3. à instaurer et appliquer systématiquement un dispositif
efficace de sanctions à l’encontre des partis politiques qui ne
s’acquittent pas de leurs obligations légales en matière de parité;
7.4. à réaliser un audit pour évaluer dans quelle mesure le
système électoral est conçu de manière à favoriser l’égalité entre
les femmes et les hommes;
7.5. à faire largement connaître les «Lignes directrices sur
la réglementation des partis politiques», publiées en 2010 par le
Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme de l’Organisation
pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE/BIDDH) et la
Commission européenne pour la démocratie par le droit (Commission
de Venise), qui présentent des exemples de bonnes pratiques et passent
en revue les principaux instruments relatifs aux droits de l’homme
en rapport avec la question de la représentation politique des femmes.
8. Rappelant que les femmes ne représentent que 31 % de ses membres
et qu’elles sont sous-représentées au niveau de tous les principaux
postes de responsabilité en son sein et au sein de ses structures,
l’Assemblée invite ses groupes politiques:
8.1. à prendre en compte la répartition par sexe dans le contexte
des négociations pour l’attribution des sièges dans les bureaux
des commissions et la nomination des candidats à présenter par les groupes,
pour s’assurer que la répartition globale par sexe des bureaux des
commissions inclut 40 % du sexe sous-représenté, à la fois pour
les présidences et les vice-présidences des commissions;
8.2. à porter une attention accrue à la répartition par sexe
des personnes désignées ou élues au sein des groupes – à des fonctions
internes au groupe ou à des postes de l’Assemblée et des commissions – en
vue de parvenir à une égale représentation des femmes et des hommes
à tous les postes de responsabilité clés;
8.3. à veiller à ce que la dimension du genre soit prise en
compte dans toutes les discussions du groupe (intégration de la
perspective de genre);
8.4. s’ils ne l’ont pas déjà fait, à envisager de créer une
structure exclusivement féminine;
8.5. à tenir des débats réguliers sur les moyens d’améliorer
la participation et la représentation des femmes dans les travaux
de l’Assemblée et de ses structures.
9. En dernier lieu, rappelant sa Résolution 1781 (2010) «30 % au
moins de représentants du sexe sous-représenté au sein des délégations
nationales de l’Assemblée», dans laquelle elle a décidé «de renforcer
son dialogue avec les parlements nationaux sur cette question» et
souligné que «des actions ciblées de sensibilisation pourraient
aussi être utilement menées auprès de certaines délégations nationales», l’Assemblée
propose d’organiser des séminaires sur la représentation politique
des femmes à l’intention des parlements des Etats membres dans lesquels
la représentation des femmes est inférieure à 10 %.