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Résolution 2000 (2014) Version finale
L’arrivée massive de flux migratoires mixtes sur les côtes italiennes
1. Les arrivées de plus en plus nombreuses
de flux migratoires mixtes sur les rivages italiens ont exercé des
pressions considérables sur la politique migratoire de l’Europe
en général, et de l’Italie en particulier. Il demeure nécessaire
de mettre au point des approches globales pour répondre aux nouvelles
tendances afin d’assurer la protection internationale et les droits
fondamentaux de nombreux enfants, femmes et hommes.
2. En 2013, 42 925 migrants irréguliers, dont environ 27 800
demandeurs d’asile, sont arrivés en Italie par la Méditerranée.
Des centaines d’autres ont péri en mer. Au 12 mai 2014, ils étaient
déjà 36 627 à être arrivés dans le pays.
3. Le 3 octobre 2013, la disparition sans précédent de 368 migrants
à l’occasion d’un seul naufrage près des côtes de Lampedusa a provoqué
une onde de choc mondiale et marqué un tournant décisif.
4. L’Assemblée parlementaire salue l’intensification des efforts
des autorités italiennes pour faire face aux situations d’urgence,
notamment par le biais de l’opération « Mare Nostrum ». Cependant, des problèmes structurels
continuent de peser sur les mesures à prendre de toute urgence pour
adapter les systèmes italien et européen aux besoins. D’une part,
des capacités d’accueil adéquates, l’identification conforme des personnes
et le contrôle ultérieur de leurs déplacements, ainsi qu’un traitement
rapide et transparent des flux migratoires mixtes sont quelques-uns
des impératifs auxquels les autorités italiennes doivent pleinement satisfaire.
D’autre part, les autorités européennes doivent redéfinir leurs
politiques et leurs réglementations relatives à l’immigration, et
les soutenir par des moyens financiers et opérationnels appropriés.
5. De nombreux migrants ne veulent pas rester en Italie car ils
souhaitent rejoindre leur famille ou trouver de meilleures opportunités
de travail dans d’autres pays européens. Cela engendre des déplacements irréguliers
vers d’autres parties de l’Europe, qui sapent la confiance dans
l’ordre juridique européen et souligne la nécessité de réviser le
règlement du Conseil de l’Union européenne établissant les critères
et mécanismes de détermination de l’Etat membre responsable de l’examen
d’une demande d’asile présentée dans l’un des Etats membres par
un ressortissant d’un pays tiers, également appelé « règlement de
Dublin », et sa mise en œuvre.
6. L’Assemblée rappelle sa Résolution
1820 (2011) «Demandeurs d’asile et réfugiés: pour un
partage des responsabilités en Europe» et recommande que tous les
Etats membres du Conseil de l’Europe et l’Union européenne fassent
preuve d’une plus grande solidarité avec l’Italie et les autres
pays européens actuellement les plus exposés à des arrivées de migrants
des pays du sud de la Méditerranée. En retour, l’Italie et les autres pays
européens en première ligne doivent donner à leurs partenaires européens
l’assurance qu’ils prendront toutes les mesures nécessaires pour
que les personnes entrées sur leur territoire par des voies irrégulières
ne poursuivent pas leur voyage vers d’autres Etats membres du Conseil
de l’Europe. Cette résolution appelle également l’Union européenne
«à modifier le système Dublin, (…) en vue d’assurer à la fois un
traitement équitable et des garanties suffisantes aux demandeurs
d’asile et aux bénéficiaires de la protection internationale, mais
aussi d’aider les Etats membres à faire face à d’éventuelles situations
de tension exceptionnelle».
7. L’Assemblée appelle de ce fait les autorités italiennes à
mettre en œuvre un train complet de mesures pour traiter les arrivées
de flux migratoires mixtes en Italie, notamment:
7.1. concernant la gestion des arrivées
de flux migratoires mixtes:
7.1.1. à poursuivre leurs opérations
de recherche et de sauvetage, en étroite coopération avec les opérations
des autres Etats membres et les opérations conjointes de l’Agence
européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux
frontières extérieures des Etats membres de l’Union européenne (Frontex);
7.1.2. à intensifier leurs efforts pour arrêter les trafiquants
et les passeurs, et à veiller à ce que les personnes arrêtées soient
traduites en justice; les coupables doivent faire l’objet de sanctions dissuasives
et largement médiatisées;
7.1.3. à mettre en place un système fiable, équitable et transparent
pour identifier les migrants immédiatement après leur arrivée sur
les côtes et déterminer rapidement ceux qui sont habilités à bénéficier
de l’asile et d’une protection internationale, afin de protéger
les véritables réfugiés et demandeurs d’asile;
7.1.4. à garantir le respect des principes et des dispositions
du « règlement de Dublin », s’agissant des responsabilités qui incombent
au premier pays d’accueil;
7.2. concernant les capacités d’accueil et de rétention:
7.2.1. à garantir des conditions de réception et une assistance
médicale adéquates, et conformes aux normes des droits de l’homme
et humanitaires pertinentes;
7.2.2. à mettre en place un organe de contrôle indépendant chargé
de vérifier la conformité avec les normes internationales des conditions
et normes en vigueur dans les installations d’accueil et de rétention;
7.2.3. à réduire la période maximale de dix-huit mois durant
laquelle des ressortissants étrangers sans titre de séjour peuvent
être placés en détention;
7.2.4. à intensifier les échanges de bonnes pratiques en matière
de gouvernance et à assurer des formations pour le personnel opérant
dans le domaine des migrations;
7.2.5. à faciliter l’accès des organisations internationales
et non gouvernementales aux centres d’accueil et de rétention;
7.2.6. à informer de manière adéquate les migrants en situation
irrégulière, les demandeurs d’asile et les réfugiés de leurs droits
et obligations.
8. L’Assemblée se félicite de l’annonce par les autorités italiennes
de la priorité accordée au développement d’une réponse européenne
commune aux arrivées de flux migratoires mixtes sur les rivages d’Europe
méridionale au cours de la prochaine présidence italienne du Conseil
de l’Union européenne (juillet-décembre 2014), et appelle à des
solutions concrètes.
9. L'Assemblée invite les Etats membres du Conseil de l’Europe:
9.1. à apporter une assistance financière
et opérationnelle à l’opération « Mare Nostrum » afin d’en assurer
le succès durable;
9.2. à promouvoir des modifications dans les règlements Eurodac,
de façon à faciliter l’identification des migrants et des demandeurs
d’asile grâce à des tests ADN en complément des empreintes digitales;
9.3. à mettre en œuvre des mesures pour renforcer l’efficacité
des contrôles aux frontières;
9.4. à répondre positivement à la suggestion du ministre italien
de l’Intérieur et d’autres d’installer des camps dans les pays d’Afrique
du Nord afin de traiter les demandes d’asile et de protection internationale,
dans le but d’intercepter les migrants avant qu’ils ne prennent
la mer; une réflexion devrait être menée sur la possibilité d’établir
des centres auxquels le Haut-Commissariat des Nations Unies pour
les réfugiés aurait accès afin de protéger les droits de l’homme;
9.5. à prendre des mesures pour identifier, arrêter et traduire
en justice ceux qui sont impliqués dans le trafic;
9.6. à répondre positivement à l’appel des garde-côtes libyens
pour un soutien financier et autre de l’Union européenne afin de
renforcer les moyens des garde-côtes.