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Résolution 2006 (2014) Version finale
Intégration des immigrés en Europe: la nécessité d'une politique volontaire, continue et globale
1. L’Assemblée parlementaire se réfère
à sa Résolution 1972
(2014) «Assurer que les migrants constituent une richesse
pour les sociétés d'accueil européennes» et rappelle que beaucoup
de pays européens ont besoin d’une immigration régulière, en raison
essentiellement du vieillissement de la population et de la baisse des
taux de natalité. Par ailleurs, les migrants sont une source d’enrichissement
culturel pour les sociétés d’accueil.
2. Cependant, pour tirer pleinement parti de toutes les opportunités
offertes par les immigrés réguliers, les pays d’accueil doivent
garantir leur bonne intégration dans la société.
3. L’Assemblée considère l’intégration des immigrés réguliers
comme un processus à double voie d’inclusion dans les institutions
et de relations au sein de la société d’accueil, impliquant des
droits et des responsabilités des deux côtés. Le marché du travail
et les services sociaux, ainsi que l’éducation et la participation
à la vie politique constituent les principaux domaines d’intégration.
4. Malheureusement, force est de reconnaître que le niveau global
d’intégration demeure insatisfaisant et que la situation des immigrés
réguliers, et, plus inquiétant encore, de leurs descendants, soulève
des préoccupations justifiées dans de nombreux Etats membres du
Conseil de l’Europe.
5. En règle générale, les taux de chômage des immigrés et de
leurs descendants sont supérieurs à ceux des ressortissants nationaux.
De même, les deux groupes sont plus fréquemment employés à titre
temporaire, d’où l’insécurité et l’accès limité aux prestations
sociales qui en résultent. L’inadéquation de leurs qualifications et
compétences professionnelles sur le marché du travail, souvent due
à la non-reconnaissance de certains diplômes ou qualifications d’un
Etat à l’autre, entraîne un gaspillage de ressources humaines. Le
faible taux d’emploi dans le secteur public, comparativement à celui
des nationaux, est un autre signe clair du manque d’intégration,
en particulier des enfants d’immigrés. De tels désavantages économiques
et sociaux mènent souvent à l’isolement et à l’extension progressive
des ghettos pour immigrés.
6. Si le pourcentage d’immigrés et de leurs descendants dans
l’enseignement supérieur est comparable à celui des nationaux dans
la plupart des Etats membres du Conseil de l’Europe, les premiers
sont fortement surreprésentés dans les rangs de ceux qui présentent
le niveau d’éducation le plus faible. Ils rencontrent également
des problèmes liés à leur maîtrise insuffisante de la langue.
7. La participation politique des immigrés et de leurs descendants
reste très inférieure à la moyenne de celle des citoyens dans la
majorité des pays européens. La discrimination fondée sur l’ethnicité
et la religion continue d’être source de graves préoccupations et
offre un terrain fertile pour les crimes de haine et la violence.
8. Par ailleurs, la récession économique à laquelle sont confrontés
les pays européens – couplée à la hausse généralisée du chômage
et à l’augmentation des manifestations xénophobes et néoracistes
– a provoqué un regain de tension à cet égard.
9. L’Assemblée souligne en particulier la vulnérabilité des migrants
âgés restant dans le pays d’accueil et plus particulièrement celle
des femmes migrantes âgées qui se retrouvent exposées à l’extrême
pauvreté.
10. S’appuyant sur divers indicateurs quantitatifs et qualitatifs,
l’Assemblée conclut aux déficiences des politiques publiques en
place dans beaucoup d’Etats membres du Conseil de l’Europe concernant
différents domaines d’intégration des immigrés et estime qu’il conviendrait
de les renforcer afin de promouvoir plus efficacement cette intégration.
11. Dans ce contexte, l’Assemblée salue les initiatives prises
dans certains pays en vue de créer des espaces communs permettant
aux immigrés et aux nationaux de se rencontrer et de discuter de
sujets d’intérêt et de préoccupation communs.
12. Par conséquent, l’Assemblée recommande aux Etats membres:
12.1. de revoir leurs politiques d’intégration
actuelles afin d’explorer les moyens d’assurer une meilleure intégration
des immigrés;
12.2. d’accroître la coopération entre les gouvernements, les
pouvoirs locaux et les organisations non gouvernementales afin de
promouvoir la cohésion sociale et la diversité;
12.3. de renouer avec des politiques globales qui assurent une
meilleure redistribution de la richesse en direction des populations
ayant de faibles ressources (économiques, culturelles et économiques),
y compris l’ensemble des populations immigrées, récentes ou moins
récentes. Les effets positifs de ces politiques bénéficieront à
ceux ayant le plus de difficultés, sans effet stigmatisant pour
eux et sans sentiment d’exclusion;
12.4. en particulier, en ce qui concerne le marché du travail:
12.4.1. de faciliter l’accès à la formation professionnelle aux
immigrés réguliers et à leurs enfants;
12.4.2. de faciliter la reconnaissance des diplômes obtenus et
des qualifications acquises en dehors du pays d’accueil;
12.4.3. d’introduire des mesures efficaces pour lutter contre
la discrimination sur le marché du travail;
12.5. en ce qui concerne l’éducation:
12.5.1. de favoriser
la maîtrise de la langue du pays d’accueil;
12.5.2. d’encourager les pratiques pédagogiques favorisant la
mixité sociale;
12.5.3. de former les enseignants et le personnel scolaire aux
pratiques interculturelles;
12.5.4. d’éviter la pratique visant à regrouper et catégoriser
les élèves selon leur origine;
12.6. en ce qui concerne la participation démocratique:
12.6.1. de faciliter l’accès à la nationalité du pays d’accueil
et d’octroyer des permis de séjour de longue durée;
12.6.2. d’encourager les immigrés à exercer leur liberté d’expression
et d’association, notamment au sein de partis politiques, de syndicats
ou d’organisations de la société civile;
12.6.3. de veiller à ce que les immigrés puissent faire entendre
leur voix dans le processus démocratique en leur accordant en particulier
le droit de vote au niveau local;
12.6.4. de reconsidérer, si ce n’est pas déjà fait, l’introduction
du droit à la double nationalité;
12.6.5. de faciliter le maintien des liens entre les immigrés
et leur pays d’origine;
12.7. en ce qui concerne la non-discrimination:
12.7.1. de
prendre des mesures afin de contrer les tentatives visant à faire
des immigrés des boucs émissaires dans le contexte économique et
social, et d’engager, quand cela est opportun, un débat serein sur
l’immigration et ses avantages tant pour les migrants qui sont concernés
que pour le pays d’accueil ;
12.7.2. d’encourager le dialogue interculturel et interconfessionnel;
12.8. en ce qui concerne le soutien aux familles:
12.8.1. d’utiliser
plus efficacement le regroupement familial en tant qu’instrument
d’intégration;
12.8.2. de prendre des mesures d’assistance spécifiques pour aider
les migrants âgés, notamment les femmes, à accéder à la protection
sociale et aux services de santé.