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Réponse à Recommandation | Doc. 13674 | 24 janvier 2015
Améliorer la protection et la sécurité des utilisateurs dans le cyberespace
1. Le Comité des Ministres a examiné avec
attention la Recommandation 2041 (2014) de l’Assemblée parlementaire
intitulée «Améliorer la protection et la sécurité des utilisateurs
dans le cyberespace». Il l’a transmise pour information et commentaires
éventuels aux organes compétents du Conseil de l’Europe. Le Comité
des Ministres salue les efforts entrepris par l’Assemblée parlementaire
pour renforcer les droits de l’homme et la prééminence du droit
dans le cyberespace, ainsi que le rôle important qu’elle attribue
à la Convention sur la cybercriminalité (STE n° 185) et à la Convention
pour la protection des personnes à l’égard du traitement automatisé
des données à caractère personnel (STE n° 108, ci-après «la Convention
108») à cet égard. En outre, en ce qui concerne la protection des
usagers d’internet, le Comité des Ministres attire l’attention sur
le fait que le 16 avril 2014, il a adopté la Recommandation CM/Rec(2014)6
aux Etats membres sur un Guide des droits de l’homme pour les utilisateurs
d’internet. Le Comité souligne également l'importance des autres
normes du Conseil de l'Europe relatives à la gouvernance d’internet
qui contribuent à un cadre inclusif, multipartite, collaboratif
et ouvert en matière de gouvernance d’internet et reconnaît que
l'Internet est une ressource globale qui devrait être gérée dans
l'intérêt public.
2. S’agissant de la proposition de l’Assemblée d’examiner la
possibilité d’élaborer un protocole additionnel à la Convention
sur la cybercriminalité concernant les violations graves des droits
fondamentaux des utilisateurs de services en ligne (paragraphe 2.1
de la recommandation), le Comité des Ministres note que la Convention
a déjà pour objectif de protéger la société et les individus contre
la cybercriminalité, y compris les atteintes à la confidentialité,
à l’intégrité et à la disponibilité de données et de systèmes informatiques.
Le Comité de la Convention Cybercriminalité (T-CY) a par ailleurs
adopté une série de notes d’orientation, qui reflètent une analyse
partagée par toutes ses Parties, visant à appliquer les dispositions
existantes de la Convention sur la cybercriminalité aux nouvelles
formes de cybercriminalité. C’est pourquoi le Comité des Ministres
ne voit pas la nécessité, actuellement, d’engager des travaux en
vue d’un protocole additionnel. Par ailleurs, il rappelle que le
droit fondamental au respect de la vie privée est protégé en vertu
de l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme
ainsi qu’en vertu de la Convention 108 et de son Protocole additionnel.
3. En ce qui concerne la question de déterminer dans quelle
mesure la Convention européenne d’entraide judiciaire en matière
pénale (STE n° 30) devrait être actualisée afin de couvrir l’entraide
judiciaire concernant la cybercriminalité transnationale ainsi que
les cyber preuves (paragraphe 2.2 de la recommandation), le Comité
des Ministres rappelle que le chapitre III de la Convention sur
la cybercriminalité porte sur la coopération internationale en matière
de preuves électroniques. Compte tenu du caractère transnational
des preuves électroniques, la Convention sur la cybercriminalité
apparaît comme étant l’instrument le mieux adapté pour traiter cette
question, eu égard au fait qu’un nombre croissant d’Etats non membres
du Conseil de l’Europe figurent parmi les Parties, les signataires
et les Etats invités à adhérer. Le Comité des Ministres note également
que le T-CY, en coopération avec le Comité d’experts sur le fonctionnement
des Conventions européennes sur la coopération dans le domaine pénal
(PC-OC), continuera à évaluer l’efficacité des dispositions sur
la coopération internationale contenues dans la Convention sur la
cybercriminalité, et que cette évaluation devrait servir de base
à une série de propositions visant à améliorer l’efficacité de l’entraide judiciaire
concernant les preuves électroniques.
4. L’Assemblée parlementaire propose que le Comité des Ministres
entreprenne des travaux concernant la Convention européenne sur
la protection juridique des services à accès conditionnel et des
services d’accès conditionnel (STE n° 178) (paragraphe 2.3 de la
recommandation). Le Comité des Ministres note que le Comité directeur
sur les médias et la société de l’information (CDMSI) est, conformément
aux décisions du Comité des Ministres dans le cadre du passage en
revue des conventions du Conseil de l'Europe, le point de référence pour
la Convention n° 178. Par conséquent, le CDMSI, conformément à son
mandat, peut à l'avenir envisager des travaux à cet égard sous réserve
des ressources disponibles et en tenant compte des priorités.
5. Sur la question de l’assistance aux Etats membres dans la
mise en œuvre de la Convention sur la cybercriminalité et de la
Convention 108 (paragraphe 2.4 de la recommandation), le Comité
des Ministres souligne l’importance du renforcement des capacités.
Il note que les ressources du Budget ordinaire du Conseil de l'Europe
sont limitées mais l’Organisation a mobilisé des ressources extrabudgétaires considérables
en faveur de programmes sur la cybercriminalité financés par des
contributions volontaires et en faveur de projets conjoints avec
l’Union européenne. De plus, le Bureau du programme du Conseil de l'Europe
sur la cybercriminalité (C-PROC) à Bucarest, en Roumanie, est devenu
opérationnel en avril 2014. Avec le C PROC, le Conseil de l'Europe
s'est doté d'une infrastructure lui permettant de soutenir efficacement des
pays du monde entier par le biais de programmes de renforcement
des capacités. En ce qui concerne la Convention 108, le Secrétariat
Général collabore étroitement avec les Etats parties pour améliorer
le cadre de la protection des données au niveau national pour les
Etats membres qui le souhaitent.
6. Le Comité des Ministres convient que le travail de modernisation
de la Convention 108 soit achevé (paragraphe 2.5 de la recommandation)
étant donné qu’il s’agit d’une tâche très importante qui devrait
recevoir une priorité de premier plan en vue d'assurer un niveau
élevé de protection des personnes à l'égard du traitement des données
à caractère personnel à l'ère du numérique. Il note que la troisième
et dernière réunion du Comité ad hoc sur la protection des données
(CAHDATA), qui est chargé d’actualiser la convention, a eu lieu
en décembre 2014. Il reconnaît l'importance de prendre en compte
la révision en cours du cadre de la protection des données au niveau
de l'Union européenne.
7. L’Assemblée recommande au Comité des Ministres de soutenir
et de coordonner une approche paneuropéenne de la mondialisation
de la Société pour l'attribution des noms de domaine et des numéros
sur internet (ICANN) et de son autorité de numéros attribués (IANA),
comme indiqué dans la Déclaration de Montevideo sur l'avenir de
la coopération d'internet du 7 octobre 2013 (paragraphe 2.6 de la
recommandation). Dans ce contexte, le Comité souligne que les Etats
membres du Conseil de l’Europe doivent s’inspirer des normes et
principes du Conseil de l’Europe, en particulier la Déclaration
du Comité des Ministres sur des principes de la gouvernance de l’internet
et la Recommandation CM/Rec(2011)8 du Comité des Ministres aux Etats
membres sur la protection et la promotion de l’universalité, de
l’intégrité et de l’ouverture de l’internet. Le Comité rappelle
également sa Déclaration sur une participation accrue des Etats
membres aux questions de gouvernance de l’internet – Comité consultatif
gouvernemental (GAC) de l’ICANN. Dans ce contexte, il souligne aussi
l’importance de la Stratégie sur la gouvernance de l’internet (2012-2015).
8. En ce qui concerne la proposition d’inviter les Etats observateurs
à travailler activement avec le Conseil de l'Europe en vue d’améliorer
la protection et la sécurité des utilisateurs dans le cyberespace
et de mettre en place des initiatives conjointes avec le Conseil
de l'Europe à cet égard (paragraphe 2.7 de la recommandation), le
Comité des Ministres note que le Japon et les Etats-Unis, qui sont
déjà parties à la Convention sur la cybercriminalité, sont représentés
au Bureau du T-CY, qu’ils versent des contributions volontaires
pour des programmes de renforcement des capacités et qu’ils participent
à de nombreuses activités conjointes avec le Conseil de l'Europe
dans différentes régions du monde. De plus, le Canada est signataire
de la Convention et le Mexique a été invité à y adhérer. Pour ce
qui est de la Convention 108, ces Etats pourraient demander à être
invités à y adhérer. Le Canada et les Etats-Unis participent d’ores
et déjà en tant qu’observateurs au Comité consultatif de la Convention
108 (T-PD).
9. Sur la question de la possibilité d’inviter l’Union européenne
à adhérer à la Convention sur la cybercriminalité et à la Convention
108 (paragraphe 2.8 de la recommandation), le Comité des Ministres souligne
que l’Union européenne et le Conseil de l'Europe entretiennent déjà
d’excellents liens de coopération sur les questions de cybercriminalité.
L’adhésion de l’Union européenne à la Convention sur la cybercriminalité n’est
pas prévue dans le traité dans sa forme actuelle, ce qui signifie
qu’une modification de la Convention serait nécessaire. La faisabilité
et la nécessité d’une telle modification exigent une analyse plus
approfondie. En ce qui concerne la Convention 108, l’adhésion de
l’Union européenne est l’une des questions examinées dans le cadre
du travail concernant sa modernisation.
10. Enfin, concernant la question des violations massives du
droit à la vie privée (paragraphe 2.9 de la recommandation), le
Comité des Ministres informe l’Assemblée que dans le contexte des
suites à donner à la Conférence du Conseil de l’Europe des Ministres
responsables des Médias et de la Société de l’information (Belgrade,
7-8 novembre 2013), il a décidé de charger le CDMSI «d’examiner
de près, à la lumière des exigences posées par la Convention européenne
des droits de l’homme, la question de la collecte et du traitement
par des services de sécurité de données relatives aux communications
électroniques concernant des individus, en vue, le cas échéant,
de proposer d’autres actions».