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Résolution 2042 (2015) Version finale
Garantir un traitement global aux enfants présentant des troubles de l’attention
1. En 2000, préoccupée par le nombre
croissant d’enfants chez qui un trouble du déficit de l’attention
avec hyperactivité (TDAH) était diagnostiqué et qui étaient traités
par des médicaments psychostimulants, l’Assemblée parlementaire
a adopté la Recommandation
1562 (2002) «Contrôler le diagnostic et le traitement des
enfants hyperactifs en Europe». Aujourd’hui, le TDAH est l’un des
troubles de l’enfance le plus souvent diagnostiqué au niveau mondial,
touchant 3,3 millions d’enfants et d’adolescents rien que dans l’Union européenne.
2. Les dix dernières années ont été marquées par une nette augmentation
aussi bien de l’incidence du TDAH que de l’utilisation de psychostimulants
pour le traiter. Si différents scénarios sont envisagés pour expliquer
cette hausse, notamment un éventuel surdiagnostic, l’évolution des
facteurs environnementaux, une meilleure prise de conscience du
TDAH et un recours excessif au traitement médicamenteux, l’attention
est également attirée sur la possibilité d’un sous-diagnostic et
d’une prise en charge insuffisante, du fait d’une formation inappropriée
des soignants, des inégalités dans l’accès aux soins ainsi que de
la stigmatisation du TDAH et des idées fausses qui l’entourent.
3. Le TDAH est un trouble complexe, dès lors difficile à évaluer,
ce qui augmente d’autant plus le risque d’erreur diagnostique. En
outre, son diagnostic continue de s’effectuer sur la base de deux
séries différentes de critères, l’une adoptée par l’Association
américaine de psychiatrie, l’autre, plus stricte, par l’Organisation mondiale
de la santé (OMS), l’écart entre les deux continuant encore de se
creuser.
4. La recherche sur le traitement du TDAH s’est essentiellement
polarisée sur les interventions pharmacologiques, sans tenir suffisamment
compte des autres possibilités de traitement, notamment les interventions
psychosociales/comportementales destinées à développer des compétences
permettant d’améliorer le comportement des enfants atteints de TDAH.
Par ailleurs, la recherche sur les résultats à long terme associés
aux différentes possibilités de traitement, y compris les effets
indésirables liés à l’utilisation prolongée de stimulants sur les
enfants, est quasiment inexistante. De la même manière, la recherche
sur les aspects environnementaux est moins étoffée que les données
qui corroborent le rôle de facteurs génétiques et biologiques dans
l’étiologie du TDAH.
5. Aujourd’hui, il est de plus en plus admis que le TDAH requiert
une approche thérapeutique multimodale globale, conjuguant les interventions
médicale, comportementale et éducative, comprenant une sensibilisation des
parents et des enseignants au diagnostic et au traitement; le recours
à des techniques de gestion comportementale pour l’enfant, la famille
et les enseignants; la mise en place d’un traitement médicamenteux, et
d’un programme et d’un soutien scolaires. Les interventions multimodales
se concentrent non seulement sur les symptômes du TDAH mais aussi
sur les éléments connexes, tels que les difficultés scolaires, les
problèmes familiaux, la faible estime de soi ainsi que la comorbidité.
6. En conséquence, l'Assemblée invite les Etats membres du Conseil
de l'Europe:
6.1. à s’attaquer aux
facteurs de risque favorisant un diagnostic erroné du TDAH, en veillant notamment
à assurer:
6.1.1. une formation appropriée des professionnels
de santé sur le diagnostic et la gestion adéquate du TDAH selon
le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant;
6.1.2. le plein respect des procédures de diagnostic figurant
dans les lignes directrices nationales et internationales;
6.2. à suivre une approche globale pour le traitement du TDAH
et à veiller à ce que les psychostimulants soient utilisés en dernier
recours – et toujours en association avec d’autres traitements –
en donnant la priorité aux interventions comportementales et au
soutien scolaire;
6.3. à entreprendre et/ou à financer la recherche sur les facteurs
environnementaux intervenant dans le TDAH et à promouvoir l’introduction
de programmes d’identification et d’intervention précoces, de même
que des études indépendantes et bien conçues sur le traitement du
TDAH, en s’attachant aux domaines prioritaires suivants:
6.3.1. les résultats à court et à long terme des traitements
psychosociaux et des autres traitements non pharmacologiques;
6.3.2. les résultats à long terme associés aux psychostimulants,
notamment les effets indésirables à long terme des médicaments sur
les enfants;
6.4. à identifier les causes sous-jacentes des disparités observées
en termes de prévalence et de traitement du TDAH, et, le cas échéant,
à prendre des mesures à l’égard d’éventuels surdiagnostics, sous-diagnostics
et prise en charge insuffisante dans ce contexte;
6.5. à favoriser une prise de conscience informée et une reconnaissance
du TDAH, notamment en sensibilisant les parents et les enseignants
à son diagnostic et à son traitement.
7. L’Assemblée invite également l’OMS à diffuser largement la
nouvelle édition à venir de la Classification internationale des
maladies et à se saisir de cette occasion pour renforcer l’adhésion
aux critères plus stricts qui ont été proposés pour le diagnostic
du TDAH, sur la base des dernières connaissances scientifiques en
la matière.