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Rapport d’observation d’élection | Doc. 13920 | 17 novembre 2015

Observation des élections législatives au Kirghizstan (4 octobre 2015)

Rapporteure : Mme Meritxell MATEU PI, Andorre, ADLE

1. Introduction

1. A sa réunion du 22 juin 2015, le Bureau de l’Assemblée parlementaire a décidé, sous réserve de la réception d’une invitation, d’observer les élections législatives au Kirghizstan le 4 octobre 2015; il a constitué à cette fin une commission ad hoc composée de 20 membres, qui comprendra également le rapporteur de la commission des questions politiques et de la démocratie sur «l’Evaluation du partenariat pour la démocratie concernant le Parlement de la République kirghize». Le 7 août 2015, l’Assemblée a reçu des autorités kirghizes l’invitation à observer les élections législatives. Le 31 août 2015, le Bureau a pris note des déclarations sur l’absence de conflit d’intérêts des candidat(e)s à la mission d’observation, a validé la composition de la commission ad hoc et a nommé Mme Meritxell Mateu Pi (Andorre, ADLE) comme présidente (voir l’annexe 1).
2. Le 4 octobre 2004, l’Assemblée parlementaire et la Commission européenne pour la démocratie par le droit (Commission de Venise) ont signé un accord de coopération. Conformément à l’article 15 de l’accord, «[l]orsque le Bureau de l’Assemblée décide d’observer des élections dans un pays où la législation électorale a été précédemment examinée par la Commission de Venise, l’un des rapporteurs de la Commission de Venise sur cette question pourra être invité en qualité de conseiller juridique à participer à la mission d’observation de l’Assemblée». Le Bureau de l’Assemblée a donc invité un membre de la Commission de Venise à rejoindre la commission ad hoc en qualité de conseiller juridique.
3. La commission ad hoc est intervenue dans le cadre de la mission internationale d’observation des élections qui comprenait également des observateurs de l’Assemblée parlementaire de l’Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE), du Parlement européen et de la mission d’observation des élections du Bureau des institutions démocratiques et des droits de l'homme de l’OSCE (OSCE/BIDDH).
4. La commission ad hoc s’est réunie à Bichkek du 2 au 5 octobre 2015. Dans le cadre du programme de briefing joint à ce rapport, elle a rencontré des leaders et des représentants des principaux partis politiques en lice, le président de la Commission électorale centrale, le chef de la mission d’observation des élections de l’OSCE/BIDDH et ses collaborateurs, ainsi que des représentants de la société civile, des organisations internationales et les médias. Le programme des réunions de la commission ad hoc figure à l’annexe 2.
5. Le jour des élections, le 4 octobre 2015, la commission ad hoc s’est répartie en 11 équipes déployées à Bichkek et ses alentours, ainsi que dans les localités de Kara Balta, Stepnoy, Ysyk-Köl et Chaek, Talas, Balykchy, Osh et Jalal-Abad.
6. La mission internationale d’observation des élections a conclu que les élections législatives au Kirghizstan ont été concurrentielles et ont offert aux électeurs un large choix, le vote a été transparent, et les électeurs ont fait leur choix librement parmi un grand nombre de candidats. Néanmoins, le Kirghizstan a besoin d’améliorer son cadre juridique électoral et plus particulièrement la mise en œuvre de celui-ci afin de garantir le droit constitutionnel de tous les citoyens à participer aux élections, d’améliorer la protection des données collectées lors de l'enregistrement biométrique des électeurs et de réglementer strictement son usage. La transparence du financement des campagnes électorales et des partis politiques devrait être renforcée. Le communiqué de presse de la mission internationale d’observation des élections publié après l’élection figure à l’annexe 3.

2. Le contexte politique et le cadre juridique

7. L’Assemblée parlementaire a observé pour la première fois l’élection présidentielle en République kirghize en 2011, dans le cadre de la Mission internationale d'observation des élections (MIOE) qui a conclu que «[l]'élection présidentielle au Kirghizstan s'est déroulée dans le calme, même si certaines insuffisances soulignent la nécessité d'améliorer l'intégrité du processus électoral pour consolider la pratique démocratique, conformément aux engagements internationaux».
8. Le 27 octobre 2011, le Président du Parlement de la République kirghize a adressé une demande officielle du parlement en vue de l'obtention du statut de partenaire pour la démocratie à l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe. L'Assemblée s’est félicitée de cette demande, qui était la première d'un pays d'Asie centrale.
9. Le 8 avril 2014, l’Assemblée parlementaire a adopté sa Résolution 1984 (2014) sur la demande de statut de Partenaire pour la démocratie auprès de l’Assemblée parlementaire présentée par le Parlement de la République kirghize, dans laquelle elle a souligné les points suivants en rapport avec les élections:
  • organiser des élections libres et équitables conformément aux normes internationales pertinentes et améliorer le cadre électoral en coopération avec la Commission de Venise;
  • accroître l'intérêt du public pour le processus démocratique et le sensibiliser à celui-ci, tout en assurant un niveau plus élevé de participation aux élections et un engagement des citoyens dans la vie politique;
  • renforcer le contrôle public des élections par des observateurs indépendants, notamment en renforçant les capacités des réseaux d'observateurs nationaux.
10. Le 25 juillet 2015, le Président de la République kirghize, Almazbek Atambaïev, a convoqué les élections législatives du Conseil suprême (Jogorku Kenech) pour le 4 octobre 2015.
11. En 2010, le Kirghizstan a adopté sa nouvelle Constitution. La Commission de Venise, dans son avis de 2010 sur le projet de Constitution 
			(1) 
			Voir
à cet égard <a href='http://www.venice.coe.int/webforms/documents/default.aspx?pdffile=CDL-AD(2010)015-e'>l’Avis
sur le projet de Constitution de la République kirghize</a>, adopté par la Commission de Venise à sa 83e session
plénière (Venise, 4 juin 2010; CDL-AD(2010)015)., «s’est félicitée de la volonté du gouvernement provisoire et de l’Assemblée constituante du Kirghizstan de rédiger une nouvelle Constitution qui soit pleinement conforme aux normes démocratiques». Toutefois, elle relevait un certain nombre de dispositions constitutionnelles qui pouvaient être améliorées:
  • il faudrait ajouter dans le texte des mesures complémentaires pour assurer l’indépendance du système judiciaire;
  • il faudrait réviser les règles complexes de constitution du gouvernement qui pouvaient conduire à diverses interprétations parfois fort contradictoires;
  • il faudrait reconsidérer le rôle de la Prokuratura;
  • les limites des pouvoirs du Président de prendre des décrets et des ordonnances pourraient être définies plus clairement.
12. Le cadre juridique est composé pour l’essentiel de deux textes de loi: la loi constitutionnelle de 2010 sur les élections législatives et présidentielles («la loi électorale») qui a été révisée en avril 2015 et la loi sur les commissions électorales chargées de l’organisation des élections et des référendums, révisée en juin 2015. Certaines dispositions du Code de procédure administrative et du Code pénal portent aussi sur les processus électoraux, ainsi que des instructions et des décisions publiées par la Commission centrale électorale pour les élections et les référendums.
13. La loi électorale a été considérablement révisée en 2011 et en 2015. La Commission de Venise et l’OSCE/BIDDH ont publié deux avis électoraux communs respectivement en 2011 
			(2) 
			Avis
commun sur le projet de loi relative aux élections présidentielles
et législatives, au projet de loi sur les élections des collectivités
locales et au projet de loi sur la formation des commission électorales
de la République kirghize, adopté par le Conseil des élections démocratiques
à sa 37e réunion (Venise, 16 juin 2011)
et par la Commission de Venise à sa 87e session
plénière (Venise, 17-18 juin 2011, CDL-AD(2011)025; ci-après «Avis
de 2011»). et en 2014 
			(3) 
			Avis
commun sur le projet de la loi électorale de la République kirghize,
adopté par le Conseil des élections démocratiques à sa 48e réunion
(Venise 12 juin 2014) et par la Commission de Venise à sa 99e session
plénière (Venise, 13-14 juin 2014; CDL-REF(2014)014; ci-après «Avis
de 2014»).. Malgré les progrès réalisés, Ils ont exprimé leur préoccupation au sujet de limitations importantes de certains droits civils et politiques. Notamment les points suivants ont été soulignés:
  • la loi électorale prévoit des limitations au droit d’être candidat pour les personnes participant à un organe représentatif;
  • certaines dispositions concernant la formation des commissions électorales aux différents niveaux mériteraient d’être précisées;
  • des dispositions de la loi électorale conduisent à des limitations du droit à la liberté d’expression et d’association;
  • les processus de dépôt et d’examen des plaintes et des recours mériteraient d’être révisés afin de mieux protéger le droit de vote;
  • certaines dispositions ne facilitent pas la représentation des femmes et des membres de minorités nationales; il faudrait en particulier réviser les règles d’affectation de sièges aux candidats inscrits sur une liste et reconsidérer le double seuil électoral;
  • la loi électorale prévoit des possibilités d’annulation de l’enregistrement d’un candidat pour de multiples raisons;
  • certaines dispositions de la loi électorale conduisent à un contrôle excessif du mandat d’un député élu, ce qui entraîne de fait un mandat impératif;
  • la loi électorale prévoit une augmentation du montant des cautions électorales et un maintien de l’exigence de signatures de soutien et de cautions électorales pour certaines candidatures;
  • la loi électorale devrait prévoir des dispositions effectives assurant un accès équitable aux médias et une couverture médiatique appropriée;
  • la loi électorale devrait également prévoir des dispositions effectives relatives à la transparence du financement des campagnes et à la nécessité de rendre des comptes.
14. Les amendements à la loi électorale adoptés en avril 2015 prévoient l’identification biométrique obligatoire des électeurs et le recours à des scanners de bulletins de vote; la rationalisation des procédures de règlement des litiges électoraux; une augmentation de la caution électorale d’inscription et une hausse des plafonds pour le financement et les dépenses des campagnes. Ces amendements n’ont pas été soumis à la Commission de Venise en vue d’un examen juridique et n’ont donc pas été évalués par celle-ci.
15. Le Parlement kirghize est un parlement unicaméral de 120 membres, ses membres sont élus selon un système de représentation proportionnelle pour un mandat de cinq ans à partir de listes bloquées et dans une circonscription nationale unique, avec un double seuil (voir paragraphe 16). Les candidats indépendants ne sont pas autorisés à participer aux élections législatives. Les électeurs inscrits ayant atteint l’âge de 21 ans le jour du scrutin peuvent être élus au parlement, sauf s’ils ont un casier judiciaire et qui n’a pas été effacé.
16. Pour obtenir des sièges, un parti doit obtenir au moins 7 % des suffrages exprimés au plan national et au moins 0,7 % des voix dans chacune des sept régions (oblasts), ainsi que dans les villes de Bichkek et d’Och. Selon la Constitution, la représentation d’un parti politique au parlement est limité à 65 sièges afin d’éviter la domination d’un parti. La Commission de Venise et l’OSCE/BIDDH ont critiqué ces règles de double seuil et la limite de sièges dans leur Avis de 2014 
			(4) 
			Avis de 2014, paragraphes 18-19..
17. Le gouvernement est dirigé par le Premier ministre, qui est désigné par le parti détenant plus de 50 % des sièges au parlement; à défaut d’une telle majorité, le Président désigne le parti chargé de former une coalition majoritaire et le gouvernement. Après les élections législatives de 2010, cinq partis ont obtenu des sièges au parlement et trois partis ont formé une coalition, les deux autres passant dans l’opposition. Depuis 2010, la coalition au pouvoir a été reconstituée à trois reprises. L’actuelle coalition au pouvoir réunit le Parti social-démocrate du Kirghizstan (SDPK) qui détient 26 sièges au parlement, Ar-Namys (25 sièges) et Ata Meken (18 sièges). Ata Jurt (28 sièges) et Respublika (23 sièges) sont dans l’opposition.

3. Administration des élections et inscription des électeurs et des candidats

18. Les élections du 4 octobre 2015 ont été administrées par une administration électorale composée de commissions électorales à trois niveaux. La Commission électorale centrale (CEC) est une structure permanente élue par le parlement pour un mandat de cinq ans. Elle compte 12 membres: le Président, la majorité parlementaire et l’opposition parlementaire désignent chacun quatre membres. L’actuelle CEC a été constituée en juillet 2011.
19. Les élections législatives du 4 octobre 2015 ont été organisées par 54 commissions électorales territoriales (CET) et 2 374 commissions de bureaux de vote (CBV) dont 36 bureaux de vote dans 26 pays étrangers. Les CET et les CBV sont constituées pour deux ans par les partis politiques et les collectivités locales. Les pouvoirs locaux désignent des personnes sur proposition d’organisations non gouvernementales et de groupes d’électeurs.
20. La commission ad hoc de l’Assemblée parlementaire a été informée que les réunions de la CEC ont été ouvertes aux représentants des partis politiques, aux médias et aux observateurs. Ce qui a été moins positif, c’est que l’ordre du jour des réunions n’ait pas été publié à l’avance et que la CEC n’avait pas toujours informé les observateurs internationaux des réunions à venir. D’ailleurs, le 2 octobre 2015, le Président de la CEC a précipitamment quitté la réunion avec les observateurs internationaux sans vouloir répondre à toutes les questions. Certaines résolutions de la CEC n’ont pas été publiées intégralement ou ne l’ont été qu’avec du retard. La plupart des recommandations de l’Avis de la Commission de Venise de 2011 concernant l’administration électorale étaient consacrées à l’amélioration de la transparence, à la formation et à la mise en œuvre de bonne foi des dispositions existantes. Les problèmes observés provenaient avant tout d’une mise en œuvre peu satisfaisante et non de la loi elle-même.
21. Tous les citoyens ayant atteint l’âge de 18 ans le jour de scrutin ont le droit de participer aux élections. Au total, 2 761 297 électeurs étaient inscrits sur les listes électorales. Cependant, le nombre total de citoyens jouissant du droit constitutionnel de voter reste incertain. Différentes institutions présentent des chiffres très différents. Il semble bien qu’un certain nombre de citoyens n’aient pas été enregistrés lors de la campagne d’enregistrement biométrique. Selon les données du ministère des Affaires étrangères, 612 747 citoyens du pays ayant l’âge d’être électeurs résident à l’étranger. Seulement 10 % d’entre eux ont pu enregistrer leurs données biométriques en vue de participer aux élections et 15 322 électeurs se sont inscrits pour voter dans les missions diplomatiques du Kirghizstan.
22. Pour la première fois, les listes électorales ont été établies à partir du Registre unifié de la population (UPR), qui dépend du Service d’enregistrement de l’Etat. Cette mesure visait essentiellement à éliminer les erreurs du registre de la population et devrait faciliter la lutte contre la fraude électorale. Afin de pouvoir être inscrits sur les listes électorales, les citoyens doivent fournir leurs données biométriques au Service d’enregistrement de l’Etat. L’enregistrement des données biométriques obligeaient, entre autres, à faire l'empreinte des dix doigts des mains.
23. La plupart des interlocuteurs de la commission ad hoc de l’Assemblée parlementaire se sont déclarés favorables à l’idée d’une identification biométrique, mais certains étaient vivement préoccupés par le peu de temps disponible pour réaliser une tâche aussi complexe. D’autres interlocuteurs ont également souligné leur préoccupation concernant les faibles garanties au regard de la protection de leurs données personnelles. Par ailleurs, seuls les passeports et les cartes d’identité biométriques ont été acceptés pour l’identification des électeurs le jour du scrutin. Or, quelques 28 000 électeurs seraient toujours en possession d’une ancienne carte d’identité (appelés les «passeports 1994»).
24. La commission ad hoc a noté que l’utilisation de nouvelles technologies d’enregistrement biométrique des électeurs et de scannage des bulletins par voie électronique a démontré la volonté politique des autorités du pays d’améliorer le processus électoral, de renforcer sa transparence et a été, d’une manière générale, une réussite.
25. Néanmoins, l’instauration à la hâte de l’enregistrement biométrique des électeurs a engendré des problèmes considérables s’agissant des listes des électeurs et a suscité des interrogations légitimes concernant les garanties du respect des données personnelles des citoyens. Selon les données des observateurs de l’OSCE/BIDDH, environ 15 % des électeurs n’ont pas été enregistrés dans les bureaux de vote où ils auraient dû être enregistrés conformément à leur adresse de résidence.
26. Le délai légal d’enregistrement des listes des partis politiques a été fixé au 25 août 2015. A l’origine, 34 partis avaient annoncé leur intention de participer au scrutin, mais tous n’ont pas soumis la documentation nécessaire, y compris la preuve qu’ils s’étaient acquittés de la caution électorale; en conséquence, ils n’ont pas été enregistrés. Quatorze partis politiques ont été enregistrés par la CEC pour ces élections législatives. Ces 14 partis politiques ont soumis leur liste de candidats et versé la caution électorale requise de 5 millions de KGS (soit environ € 72 800). Cette caution est restituée uniquement aux partis qui obtiennent au moins 5 % des suffrages exprimés.
27. L’ensemble des listes de partis enregistrées étaient conformes aux quotas déterminés par la loi électorale en matière de genre, de minorités nationales, de jeunes et de personnes handicapées. Les quotas suivants doivent en effet être respectés pour que les listes de candidats soient enregistrées:
  • les listes doivent comporter au moins 30 % d’hommes et de femmes, et le sexe le moins représenté doit figurer au moins une fois dans chaque groupe de quatre candidats de la liste;
  • les listes doivent comporter au moins 15 % de candidats issus des minorités nationales;
  • les listes doivent comporter au moins 15 % de personnes de moins de 35 ans, et au moins deux candidats handicapés.
28. L’article 3 de la loi électorale retire le droit de vote passif aux citoyens sous le coup d’une condamnation, quelle que soit la nature de l’infraction commise. Cet article est la principale raison du rejet de candidats individuels pour ces élections. La commission ad hoc de l’Assemblée regrette cette approche restrictive de la législation électorale. Elle rappelle les Avis de 2011 et de 2014 de la Commission de Venise et de l’OSCE/BIDDH, lesquels ont recommandé que la loi soit révisée de sorte que la privation du droit de vote passif puisse être uniquement imposée quand une personne a été condamnée ou a commis une infraction pénale d’une gravité telle que la perte des droits politiques est proportionnée à l’infraction commise, et uniquement si le juge a établi spécifiquement que les circonstances de l’affaire de l’intéressé impliquent la déchéance de son droit de vote.

4. Campagne électorale, financement de la campagne et couverture médiatique

29. La campagne électorale a débuté le 4 septembre et s’est achevée 24 heures avant le début du scrutin. Au cours des premiers jours de la campagne, les partis les plus visibles étaient Ata Meken, Bir Bol, Onuugu-Progress et le SDPK. Ar-Namys, Butun Kyrgyzstan-Emgek, Kyrgyzstan, Meken Yntymagy, Respublika-Ata Jurt et Uluu Kirghizstan étaient également actifs dans certaines zones géographiques.
30. La campagne électorale a été calme et pacifique. Selon les observateurs, les principaux partis ont conduit la campagne de manière très visible dans tout le pays et pendant toute la durée de la campagne. Le Président de la République a été très visible pendant cette période et le parti SDPK a utilisé à son profit la popularité du Président. Néanmoins, selon les observateurs internationaux à long terme, l’abus des ressources administratives en faveur de certains partis, qui était autrefois un sujet de préoccupation, n’a pas été considéré comme un problème important au cours de ces élections.
31. Un certain nombre d’interlocuteurs de la commission de hoc de l’Assemblée ont mentionné des cas d’achat de voix. Lors d’une manifestation des partis politiques à Bichkek le 15 septembre, le Premier ministre Temir Sariev s’est adressé aux partis politiques en demandant d’arrêter les tentatives d’achat de voix et de collecte des passeports des électeurs. Selon les observateurs du OSCE/BIDDH, le 3 octobre, cinq habitants de Jalal-Abad avaient déclaré avoir reçu de l’argent d’un parti politique pour voter en sa faveur.
32. Les principaux partis politiques ont construit leurs campagnes électorales sur les thèmes de la lutte contre le chômage et pour le développement économique, contre la corruption et le crime organisé, contre le danger de la montée des tensions religieuses et l’extrémisme religieux.
33. La campagne électorale s’est financée à partir de fonds électoraux constitués par les partis politiques. Ces fonds peuvent être alimentés par les contributions du parti et des candidats et par des dons volontaires de citoyens ou de personnes morales. Les candidats inscrits sur les listes des partis ne peuvent pas constituer leur propre fonds électoral. Les partis ne bénéficient pas de financement public. La loi électorale interdit les dons provenant de sources étrangères, appartenant à l’Etat ou anonymes, ainsi que d’organismes religieux ou caritatifs, et fixe des limites au montant des contributions, des dons et du total des dépenses de campagne. D’après le rapport d’audit du 14 septembre 2015, le parti Onuguu-Progress a dépensé la plus forte somme depuis la création de son fonds électoral (92,6 millions KGS, soit environ € 1,2 million), suivi par Respublika-Ata Jurt, Ata Meken et le SDPK.
34. La loi électorale limite aussi le montant des contributions, des dons et du total des dépenses de campagne. Dans l’Avis de 2014, la Commission de Venise et l’OSCE/BIDDH ont souligné qu’il était nécessaire d’améliorer la transparence du financement des campagnes et l’obligation de rendre des comptes et de disposer de mécanismes efficaces pour veiller au respect de la loi par des audits. Selon de nombreux interlocuteurs de la commission ad hoc, les dépenses réelles de la campagne électorale des partis politiques et de leurs candidats dépasseraient largement les statistiques officielles des rapports d’audits.
35. Les articles 22 à 28 de la loi électorale régissent les médias pendant les élections. La télévision est la première source d’information politique de la population. La plupart des chaînes de télévision ayant une couverture nationale sont contrôlées en tout ou partie par l’Etat. La loi électorale impose à ces chaînes publiques d’affecter gratuitement une heure d’antenne au moins par jour ouvrable aux partis en lice pour les élections. Selon le rapport du monitoring des médias de l’OSCE/BIDDH, les chaînes publiques ont respecté cette exigence de la loi. Néanmoins, la chaîne TV 5 et la chaîne Piramida, qui ont été nationalisées en 2011 et ont reçu un financement public en 2015, n’ont pas respecté la législation et n’ont pas offert d’antenne gratuite aux partis politiques.
36. La couverture de la campagne électorale est perçue par les médias comme une opportunité de gagner de l’argent. Elle permet aux médias de vendre du temps d’antenne et de l’espace aux concurrents pour autant que le prix soit le même pour tous et qu’il soit publié dans les dix jours qui suivent l’annonce des élections. La CEC a mis en place une accréditation spéciale pour les médias qui a permis des publicités politiques payantes avec la possibilité de suspendre le droit de publier de telles publicités si un média n’assurait pas une couverture objective de la campagne ou des élections ou s’il tentait de porter atteinte à l’honneur ou à la dignité de membres des commissions électorales.
37. D’une manière générale, la commission ad hoc a noté que la couverture médiatique était équilibrée. Elle rappelle cependant l’Avis de la Commission de Venise de 2014 sur la nécessité d’améliorer les dispositions applicables aux médias lors des élections, en particulier l’obligation d’assurer une couverture équitable des concurrents; de respecter le droit des médias de réaliser une couverture éditoriale indépendante des événements de la campagne; et de supprimer la condition d’une accréditation spéciale des médias pour couvrir la campagne électorale.

5. Jour du scrutin

38. Le jour du scrutin était calme et le vote bien organisé. La commission ad hoc a pris note du bon déroulement de l’élection et de la présence des représentants des partis politiques et des observateurs dans un nombre considérable des bureaux de vote visités. Les opérations de vote se sont généralement bien déroulées. Les membres des bureaux de vote ont pleinement coopéré avec les observateurs.
39. La commission ad hoc a identifié un certain nombre d’insuffisances techniques dans les bureaux de vote visités, en particulier:
  • le système de scannage des bulletins dans les urnes a globalement bien fonctionné, avec quelques dysfonctionnements constatés; pourtant il a suscité des interrogations concernant le secret du vote car le choix des électeurs pouvait être visible sur les bulletins de vote au moment du scannage du bulletin et de son introduction dans l’urne; selon le BIDDH, dans 27 % des bureaux de vote observés, le secret de vote n’a pas été garanti;
  • le secret de vote de l'électeur n'était pas protégé: les bulletins n'avaient pas d'enveloppes et les isoloirs pas de rideaux; le visage de l’électeur et ses coordonnées s'inscrivaient sur les écrans du bureau de vote, dès qu'il recevait le bulletin de vote pour y inscrire le parti de son choix; les bulletins étaient introduits dans l'urne scanner aux yeux de tous;
  • un nombre considérable d’électeurs a été enregistré dans des bureaux de vote qui ne correspondaient pas à leur lieu de résidence, voire pour un certain nombre n’étaient pas inscrits malgré la procédure d’enregistrement biométrique effectuée;
  • dans certains bureaux de vote, il manquait des informations concernant les électeurs;
  • il y a eu des problèmes concernant des cartes d’identité;
  • des cas de non-respect involontaire des procédures du comptage et d’établissement des procès-verbaux de résultats ont été relevés;
  • de nombreux bureaux de vote observés avaient un nombre excessif d’électeurs inscrits (jusqu’à 4 000 électeurs inscrits) empêchant de fait le vote de nombreux électeurs dans l’hypothèse d’une forte participation;
  • en général, les bureaux de vote étaient inaccessibles ou difficilement accessibles pour les personnes handicapées.
40. Selon les résultats officiels annoncés par la CEC le 15 octobre, six partis politiques ont obtenu des sièges au Parlement du Kirghizstan: le SDPK – 38 sièges; Respublika-Ata – 28 sièges; le parti Kirghizstan – 18 sièges; Onuugu-Progress – 13 sièges; Bir-Bol – 12 sièges; et Ata Meken – 11 sièges.

6. Conclusions et recommandations

41. La commission ad hoc de l’Assemblée parlementaire a conclu que les élections législatives du 4 octobre 2015 au Kirghizstan ont été concurrentielles et ont offert aux électeurs un large choix; les électeurs ont en effet fait leur choix librement parmi un grand nombre de candidats. En outre, le vote a été transparent. Le jour du scrutin a été calme et le vote assez bien organisé. La commission ad hoc a noté avec satisfaction la présence d’un grand nombre de représentants des partis politiques et d’observateurs nationaux non partisans dans les bureaux de vote visités.
42. En ce qui concerne le cadre juridique électoral, ces élections ont été les premières à se tenir en application de la loi électorale de 2011 telle que modifiée au début de cette année. La commission ad hoc regrette qu’un certain nombre de recommandations de la Commission de Venise n’aient pas été prises en considération lors de la modification de la législation électorale. Elle considère que le Kirghizstan a besoin d’améliorer considérablement son cadre juridique électoral et plus particulièrement la mise en œuvre de celui-ci afin de garantir le droit constitutionnel de tous les citoyens de participer aux élections dans de bonnes conditions.
43. La commission ad hoc se félicite du fait que la campagne électorale a été menée dans des conditions pacifiques et de calme, en évitant des tensions et des violences qui avaient été constatées lors des élections précédentes. A cet égard, elle souligne la maturité et la responsabilité des principaux acteurs politiques ayant participé aux élections.
44. La délégation d’observation de l’Assemblée a été informée par différents interlocuteurs de cas d’irrégularités pendant la campagne électorale, notamment l’utilisation abusive de ressources administratives par des candidats et des allégations de corruption d’électeurs. La commission ad hoc invite les autorités compétentes du pays et les responsables politiques à exclure ce genre de pratiques à l’occasion des futurs processus électoraux car elles sapent la confiance des électeurs dans les élections et les valeurs démocratiques qu’elles impliquent.
45. En ce qui concerne le financement des partis politiques et de la campagne électorale, la commission ad hoc regrette que les recommandations de la Commission de Venise, contenues dans l’Avis de 2014, restent, dans une large mesure, non suivies. Il s’agit notamment des recommandations concernant la transparence du financement des campagnes et l’obligation de rendre des comptes ainsi que de disposer de mécanismes d’audits efficaces afin de veiller au respect de la loi. Selon de nombreux interlocuteurs, les dépenses réelles de la campagne électorale des partis politiques et de leurs candidats auraient largement dépassé les statistiques officielles des rapports d’audits.
46. La commission ad hoc estime que l’Assemblée parlementaire devrait poursuivre son étroite coopération avec le Parlement du Kirghizstan nouvellement élu, par le biais de son statut de partenaire pour la démocratie, et avec la Commission de Venise, afin de résoudre les problèmes relevés durant les élections législatives du 4 octobre 2015. Par conséquent, la commission ad hoc invite les autorités du Kirghizstan à continuer leur coopération avec l’Assemblée parlementaire afin de mettre en œuvre les recommandations contenues dans sa Résolution 1984 (2014), ainsi que celles de la Commission de Venise des avis de 2011 et de 2014 afin d’améliorer son cadre juridique et les pratiques électorales.
47. La commission ad hoc estime que le Conseil de l’Europe et son Assemblée parlementaire, par leurs différents programmes de coopération, devraient continuer à aider le Kirghizstan à améliorer son cadre juridique électoral et sa mise en œuvre.

Annexe 1 – Composition de la commission ad hoc

(open)

Sur la base des propositions des groupes politiques de l’Assemblée, la commission ad hoc se composait comme suit:

Meritxell MATEU PI (Andorre, ADLE), Présidente

  • Groupe socialiste (SOC)
    • Josette DURRIEU, France
    • Gisela WURM, Autriche
  • Groupe du Parti populaire européen (PPE/DC)
    • Deborah BERGAMINI, Italie
    • Inese LĪBIŅA-EGNERE, Lettonie
    • Stefaan VERCAMER, Belgique
    • Andres HERKEL, Estonie
    • Yves POZZO DI BORGO, France
    • Attila TILKI, Hongrie
  • Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE)
    • André BUGNON, Suisse
    • Nellija KLEINBERGA, Lettonie
    • Meritxell MATEU PI, Andorre
    • Chiora TAKTAKISHVILI, Géorgie
  • Groupe des conservateurs européens (CE)
    • Lord Richard BALFE, Royaume-Uni
    • Ingebjørg GODSKESEN, Norvège
  • Commission de Venise
    • Nicolae ESANU (République de Moldova)
  • Secrétariat
    • Chemavon CHAHBAZIAN, Chef de la Division de l’observation des élections et de la coopération interparlementaire, Secrétariat de l’Assemblée parlementaire
    • Danièle GASTL, Assistante, Division de l’observation des élections et de la coopération interparlementaire, Secrétariat de l’Assemblée parlementaire
    • Gaël MARTIN-MICALLEF, Administrateur, Commission de Venise

Annexe 2 – Programme de la mission d’observation d’élections (2-5 octobre 2015)

(open)

Vendredi, 2 octobre 2015

10:30-11:30 Réunion interne de la commission ad hoc de l’APCE

  • Ouverture par Mme Meritxell Mateu Pi, Chef de la délégation
  • Information du secrétariat de la Commission de Venise sur les développements récents concernant le cadre juridique
  • Information par le secrétariat de l’APCE concernant le déploiement, les questions logistiques, la distribution des dossiers

Réunions jointes PA-OSCE, PE et APCE

13:00-13:20 Ouverture par les chefs des délégations

  • M. Ignacio Sánchez-Amor, coordinateur spécial des observateurs à court terme de l’OSCE
  • M. Ryszard Czarnnecki, Chef de la délégation du Parlement européen
  • Mme Meritxell Mateu Pi, Chef de la délégation de l’APCE
  • Mme Ivana Dobesova, Chef de la délégation de la PA-OSCE

13:30-14:00 Introduction:

  • M. John MacGregor, Chef du Bureau de l’OSCE en République Kirghize
  • Ambassadeur Cesare de Montis, Chef de la délégation de la Commission européenne en République Kirghize
  • M. Alexander Avanessov, Représentant du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en République Kirghize

14:00-15:30 Réunion d’information avec l’ambassadeur Boris Frlec, chef de la mission de l’OSCE/BIDDH et membres de son équipe

15:45-16:45 Réunion avec M. Tuigunaaly Abdraimov, Président de la Commission électorale centrale et M. Dastan Dogoev, Adjoint au chef du Service du Registre d’Etat

16:45-18:45 Présidents ou candidats des partis politiques représentés au parlement:

  • Mme Baktygul Kubanyhbekova et M. Omurbek Addrakhmanova, Parti Ar-Namys
  • Mme Aijan Orozakunova, Respublika-Ata-Jurt

Samedi, 3 octobre 2015

09:00-10:30 Présidents ou candidats des partis politiques:

  • M. Doslay Esenaliev, Bir Bol «Be one» Parti de l'unité nationale et du patriotisme
  • M. Tokon Mamytov, Butun Kyrgyzstan «Unit» – Emgek «Labor»

10:45-12:00 Table ronde des ONG. Thème: aperçu de la situation politique et des questions clés concernant les élections 2015

  • Valentyn Bogatyrev, Coordinateur consortium analytique «Perspektiva»
  • Cholpon Omurkanova, ONG Eagl (genre et suivi des élections)
  • Aynura Usupbekova, ONG Taza Shailoo (formation des observateurs à long terme et à court terme)
  • Tolekan Ismailova, ONG Bir Duino
  • Dinara Oshurakhunova, Chef de la Coalition pour la démocratie et la société
  • Bektur Osmonbaev, Clinique juridique Adilet (conteste les biométries obligatoires)

12:00-13:00 Table ronde des médias:

  • Illiam Karypbekov, Directeur général de la corporation d’Etat de la télévision et de la radio (KTRK) et Adel Laisheva, animatrice des débats télévisés de KTRK
  • Bakyt Baketaev, commentateur et analyste politique
  • Kabay Karabekov, journal «Kommercant»

13:00-13:30 Réunion d’information avec l’OSCE/BIDDH (sécurité, coordination, formulaires)

13:30-14:30 Information sur le déploiement et réunion avec les chauffeurs et interprètes

Dimanche, 4 octobre 2015

Toute la journée Ouverture des bureaux de vote

Observation des élections

Fermeture des bureaux de vote

Lundi, 5 octobre 2015

08:00-8:45 Réunion de la commission ad hoc de l’APCE

09:30-11:00 Réunion des chefs des délégations

14:00 Conférence de presse jointe des chefs de délégations

Annexe 3 – Communiqué de presse de la mission internationale d’observation des élections (MIOE)

(open)

Kirghizstan: des élections concurrentielles qui ont offert aux électeurs un large choix

Bishkek, 05/10/2015 – Les élections législatives au Kirghizstan ont été concurrentielles et ont offert aux électeurs un large choix, mais la manière dont elles ont été gérées a mis en lumière la nécessité d’améliorer les procédures et d’accroître la transparence, ont conclu les observateurs internationaux dans une déclaration préliminaire publiée aujourd’hui.

Tandis que l’utilisation de nouvelles techniques de vote, révélatrices de la volonté politique d’améliorer le processus électoral, a été une réussite à de nombreux égards, l’instauration à la hâte de l’enregistrement biométrique a engendré des problèmes considérables s’agissant de n’omettre personne sur la liste des électeurs. Selon les observateurs, ces difficultés, ainsi que des préoccupations concernant le secret des urnes et de graves problèmes de procédure lors du dépouillement ont été les principaux éléments qui ont terni ce qui a été de manière générale une journée électorale qui s’est déroulée sans encombre. «Ces élections animées et concurrentielles ont revêtu un caractère exceptionnel dans cette région car, jusqu’à 20 heures hier soir, personne ne savait quelle serait la composition du parlement», a déclaré Ignacio Sánchez Amor, coordinateur spécial et chef de la mission d’observation de courte durée de l’OSCE. «Des efforts impressionnants ont été déployés pour mettre en œuvre l’enregistrement biométrique et de nouvelles techniques de vote, mais les dysfonctionnements d’ordre procédural soulignent la nécessité de s’activer encore».

Selon les observateurs, les élections législatives ont été âprement disputées, les principaux partis ayant fait campagne de manière très visible dans tout le pays et pendant toute la durée de la campagne. Le Président de la République a été très visible pendant cette période et un parti politique a utilisé à son profit le prestige du Président. Selon la déclaration, l’abus des ressources publiques en faveur de certains partis, qui était autrefois un sujet de préoccupation, n’a pas été évoqué au cours de ces élections comme étant un problème important. «Hier, le vote a été transparent et les électeurs ont fait leur choix librement parmi un grand nombre de candidats», a déclaré Meritxell Mateu Pi, chef de la délégation de l’APCE. «Néanmoins, le Kirghizstan a besoin d’améliorer son cadre juridique électoral et plus particulièrement la mise en œuvre de celui-ci afin de garantir le droit constitutionnel de tous les citoyens à participer aux élections. En outre, la transparence du financement des campagnes électorales et des partis politiques devrait être renforcée».

La liste des électeurs avait été établie à partir d’un registre de population unifié et national, et ces élections étaient les premières dans le cadre desquelles des données biométriques étaient utilisées pour identifier les électeurs dans le but déclaré de limiter la fraude électorale et d’accroître la confiance des électeurs. Malgré des efforts visant à garantir l’inscription de tous les citoyens dans le registre de population, certains n’ont pas fourni de données biométriques, notamment en raison de préoccupations en matière de protection des données. Selon les observateurs, bien qu’il y ait eu une campagne publique d’information pour familiariser les électeurs avec le nouveau système d’enregistrement de ces derniers, les informations communiquées étaient insuffisantes.

Les séances de la Commission électorale centrale (CEC) étaient ouvertes aux représentants des partis, aux médias et aux citoyens ainsi qu’aux observateurs internationaux, mais la tenue de «réunions de travail» informelles, de même que l’absence d’informations complètes et à jour sur son site internet ont diminué la transparence de son travail, selon la déclaration. Les décisions et les résolutions de la CEC n’avaient pas toujours une base légale bien claire et parfois même contredisaient la loi. La confiance a été générale à l’égard du travail et de l’impartialité des commissions au niveau régional et au niveau des circonscriptions. «L’ensemble de débats animés ayant permis aux électeurs de comparer clairement leurs candidats a constitué un ajout bienvenu à ce qui est devenu une campagne pleine de vitalité», a déclaré Ivana Dobešová, chef de la délégation de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE. «Le fait que l’on attende des politiciens qu’ils soient tenus de rendre des comptes devant les téléspectateurs constitue, pour cette région, une pratique rare mais saine».

Les médias ont donné aux candidats la possibilité de présenter leurs points de vue grâce à des débats et à des publicités politiques, mais la couverture dans les bulletins d’information et les magazines d’actualités consistait pour une large part en des reportages rémunérés. Selon la déclaration, la couverture médiatique limitée de la campagne dans la plupart des organes de presse et le manque de reportages analytiques ont diminué le volume des informations impartiales à la disposition des électeurs. L’absence de couverture éditoriale des campagnes et programmes des candidats contrastait avec l’ample couverture positive des nouvelles concernant le Président et d’autres représentants de l’Etat dans tous les médias financés par l’Etat. «L’Union européenne et le Parlement européen continueront d’apporter leur appui au Kirghizstan et se tiennent prêts à offrir au pays un solide soutien pour l’aider à améliorer son système électoral», a déclaré Ryszard Czarnecki, chef de la délégation du Parlement européen. «Cela fera partie de notre aide économique au développement démocratique.»

L’enregistrement des candidats a été marqué par le souci de n’exclure aucune tendance. En effet, la CEC a enregistré les listes des 14 partis politiques qui avaient remis les documents nécessaires et payé la caution électorale. Les quotas visant à assurer la représentation des femmes, des minorités, des jeunes et des personnes handicapées sur les listes des partis ont été respectés au moment de l’enregistrement, mais le caractère effectif des quotas est compromis par l’absence de dispositions concernant leur maintien après l’enregistrement, ont déclaré les observateurs.

Ces élections ont été les premières à avoir lieu en application de la loi électorale de 2011 modifiée au début de cette année et, bien que le cadre électoral offre de manière générale un fondement adéquat pour la tenue d’élections démocratiques, des incohérences subsistent et une plus grande clarté pourrait permettre de donner de meilleures orientations et d’assurer l’application uniforme de la loi, selon la déclaration. La loi électorale régit le financement des campagnes et fixe des limites aux contributions et aux dépenses, mais il serait utile qu’il y ait une plus grande transparence, notamment grâce à la publication régulière de rapports détaillés que les partis seraient tenus de remettre à la CEC avant et après le jour du scrutin. «L’administration électorale a pris des mesures d’envergure pour essayer de rationaliser le déroulement du vote. Néanmoins, de meilleures procédures et une transparence accrue sont indispensables pour que le progrès puisse prendre racine», a déclaré l’ambassadeur Boris Frlec, chef de la mission d’observation à long terme des élections du BIDDH de l’OSCE. «Cela dépendra aussi de l’harmonisation de la législation électorale, y compris des points fondamentaux tels que le droit pour des candidats indépendants de se présenter et la suppression du double seuil. Le BIDDH se tient à la disposition des autorités kirghizes pour les aider à cet égard».

La société civile a participé activement à l’observation des élections. Cependant, la CEC n’a commencé à accréditer les observateurs étrangers que 30 jours avant le jour du scrutin, limitant par là même leur capacité à observer toutes les phases du processus électoral, ont déclaré les observateurs.

Le jour du scrutin a été paisible et, bien que le déroulement du vote ait été évalué positivement dans 95 % des bureaux de vote observés, dans un nombre considérable de bureaux de vote les électeurs n’ont pas tous pu trouver leur nom sur les listes électorales. Le matériel d’identification biométrique et les scanners de bulletins ont généralement bien fonctionné, quoique des problèmes techniques aient parfois occasionné des interruptions temporaires du déroulement du vote, selon la déclaration. Le dépouillement des votes a été évalué négativement dans plus d’un tiers des bureaux de vote observés, ce qui est préoccupant, et la présentation des résultats a également été évaluée négativement dans un grand nombre des commissions électorales territoriales observées.