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| Doc. 14062
| 17 mai 2016
Observation des élections législatives anticipées en Serbie (24 avril 2016)
1. Introduction
1. A sa réunion du 29 janvier
2016, le Bureau de l’Assemblée parlementaire a décidé d’observer
les élections législatives anticipées en Serbie, sous réserve de
la réception d’une invitation, et de constituer à cet effet une
commission ad hoc composée de 20 membres et des deux corapporteurs
de la commission de suivi. Il a également autorisé une mission préélectorale.
Lors de sa réunion du 3 mars, le Bureau a approuvé la composition
de la commission ad hoc et nommé à sa présidence M. Volodymyr Ariev
(Ukraine, PPE/DC) (voir annexe 1). Le 7 mars, Mme Maja
Gujković, présidente du Parlement de la Serbie, a invité l’Assemblée parlementaire
à observer les élections législatives anticipées.
2. En vertu de l'article 15 de l'accord de coopération signé
entre l'Assemblée parlementaire et la Commission européenne pour
la démocratie par le droit (Commission de Venise) le 4 octobre 2004,
«[l]orsque le Bureau de l'Assemblée décide d'observer des élections
dans un pays où la législation électorale a été précédemment examinée
par la Commission de Venise, l'un des rapporteurs de la Commission
de Venise sur cette question pourra être invité en qualité de conseiller
juridique à participer à la mission d'observation de l'Assemblée».
Conformément à cette disposition, le Bureau de l’Assemblée a invité
un expert de la Commission de Venise à participer à la commission
ad hoc en qualité de conseiller.
3. La délégation préélectorale s’est rendue en Serbie du 3 au
6 avril 2016 afin d’évaluer l'état des préparatifs et le climat
politique à l’approche des élections législatives du 24 avril 2016.
La délégation multipartite était composée de Volodymyr Ariev (Ukraine,
PPE/DC), chef de la délégation, René Rouquet (France, SOC), Andrea
Rigoni (Italie, ADLE) et Matjaz Hanzek (Slovénie, GUE). Malheureusement,
l’un des membres de la délégation préélectorale et les deux corapporteurs
pour le suivi de la Serbie n’ont pas été en mesure de participer
à la mission.
4. Lors de sa visite en Serbie, la délégation préélectorale a
rencontré M. Aleksandar Vučić, Premier ministre; Maja Gojković,
présidente de l’Assemblée nationale de la République de Serbie;
Aleksandar Nikolić, secrétaire d’Etat, ministre de l’Intérieur;
des membres de la délégation serbe auprès de l’Assemblée parlementaire
du Conseil de l’Europe (APCE); des membres du Conseil de l’Agence
nationale de radiodiffusion; des membres de l’Agence de lutte contre
la corruption (ALC); des membres de la commission électorale de
la République (CER) ainsi que les chefs et représentants des principaux
groupes parlementaires. Des réunions ont aussi été organisées avec
des membres du corps diplomatique et des représentants d’organisations
et de missions internationales, de la société civile et des médias.
5. Dans une déclaration publiée à la fin de la visite, la délégation
préélectorale de l’Assemblée a relevé avec satisfaction que la campagne
électorale s’est déroulée dans le calme et pour l’essentiel pacifiquement, tous
les candidats en lice pouvant faire campagne librement et sans restriction.
La délégation a toutefois été informée de cas sporadiques de violences
à l’encontre de représentants de partis d’opposition et d’une utilisation
abusive des ressources administratives. La CER a travaillé de manière
transparente et efficace et les candidats en lice avaient confiance
dans l’impartialité et la neutralité de ses travaux. L’enregistrement
des listes des candidats a été inclusif et aucune préoccupation
n’a été signalée quant à l’exactitude des listes électorales. S’agissant
du financement de la campagne électorale, la délégation a rappelé
que l’Assemblée, dans ses différentes résolutions, et la Commission
de Venise dans ses avis, ont souvent souligné la nécessité de se
doter de mécanismes juridiques plus robustes pour accroître la transparence
du financement des partis politiques et celui des campagnes électorales,
ainsi que la responsabilisation des partis politiques.
6. La commission ad hoc de l’APCE pour l’observation des élections
législatives anticipées s’est réunie à Belgrade du 22 au 25 avril
2016. Elle a notamment rencontré les chefs et représentants des
listes des entités et des partis politiques en lice, le chef de
la mission restreinte d'observation des élections (MROE) du Bureau des
institutions démocratiques et des droits de l'homme de l’Organisation
pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE/BIDDH) et des
membres de son équipe principale, un membre de la Commission électorale
de la République, des représentants d’organisations et missions
internationales ainsi que de la société civile et des médias. Le
programme des réunions de la commission ad hoc figure en annexe
2. La commission ad hoc souhaite remercier le personnel du bureau
du Conseil de l’Europe à Belgrade, ainsi que les membres de la MROE
de l’OSCE/BIDDH pour leur coopération et leur assistance.
7. La commission ad hoc a travaillé dans le cadre d’une mission
internationale d’observation des élections (MIOE) aux côtés de la
MROE de l’OSCE/BIDDH.
8. Le jour du scrutin, la commission ad hoc s’est répartie en
12 équipes qui ont observé les élections à Belgrade et dans sa périphérie,
ainsi que dans les régions et municipalités suivantes: Novi Sad,
Novi Pazar, Subotica, Voïvodine, Pancevo, Smederevo, Obrenovac,
Niš et Vranje.
9. La commission ad hoc a conclu que les élections législatives
anticipées tenues le 24 avril 2016 en Serbie ont donné aux électeurs
un véritable choix, les libertés fondamentales ont été respectées
et l’administration électorale s’est acquittée efficacement de ses
fonctions et a généralement bénéficié de la confiance des parties prenantes
aux élections. Le chef de la délégation de l’APCE a déclaré que
le jour du scrutin «les citoyens de Serbie ont fait librement leur
choix entre un grand nombre de partis politiques. Le scrutin s’est
déroulé dans le calme et était très bien organisé. Les élections
ne se limitant pas au jour du scrutin, il y a lieu d’ajouter que
les candidats en lice ont pu mener leur campagne électorale dans
un esprit d’ouverture. Cela étant, nous avons relevé plusieurs points
préoccupants, à savoir: premièrement, l’utilisation abusive par
les partis sortants des avantages administratifs incombant à leurs
fonctions; deuxièmement, une couverture médiatique en faveur des
partis au pouvoir en dépit d’un environnement médiatique ouvert;
et, troisièmement, le fait que le financement des partis politiques
et de la campagne électorale n’ait pas été pleinement transparent.
La Serbie doit améliorer son cadre juridique électoral, en coopération
étroite avec la Commission de Venise du Conseil de l’Europe». La
déclaration publiée après les élections figure à l’annexe 3.
2. Cadre juridique
10. L’organisation des élections
législatives est réglementée par la Constitution serbe de 2006;
la loi sur l’élection des représentants (telle qu’amendée pour la
dernière fois en 2011); la loi sur le registre unifié des électeurs;
la loi sur les partis politiques; la loi sur le financement des
activités politiques (telle qu’amendée pour la dernière fois en
octobre 2014), la loi sur les médias électroniques ainsi que la
loi relative à l’information et aux médias. Le cadre juridique est
complété par le règlement intérieur adopté par la CER en janvier
2012 et par celui de l’Assemblée nationale adopté en juillet 2010.
11. La législation électorale a subi d’importantes modifications
en 2011, à la suite notamment des recommandations formulées par
la Commission de Venise et l’OSCE/BIDDH dans l’avis conjoint de
mars 2011
. Le cadre juridique assure une
base solide pour la conduite d’élections démocratiques, s’il est
appliqué de bonne foi.
12. Le financement des campagnes électorales est régi par la loi
sur le financement des activités politiques. Les modifications apportées
à cette loi en 2014 ont réduit le financement public accordé pour
les activités régulières et de campagne des partis politiques. Le
financement public des campagnes s’élève à € 4,7 millions. La loi
amendée fixe des limites concernant le montant maximum des dons
privés (20 fois le salaire mensuel moyen pour les dons privés faits
aux partis par des particuliers, ce qui représente près de € 7 200,
et 200 fois le salaire mensuel moyen pour les dons faits par des
personnes morales, soit près de € 72 200).
13. La loi interdit également la collecte de fonds au profit d’une
entité politique (article 13). En 2014, la Commission de Venise
et l’OSCE/BIDDH ont rendu un avis conjoint sur des projets d’amendements
à la loi relative au financement des activités politiques, adoptés
par la suite par l’Assemblée nationale en novembre 2014. L’avis
conjoint de 2014 énonçait quatre recommandations principales:
- inclure dans la loi des dispositions
et des lignes directrices sur le mandat autonome de l’Agence de
lutte contre la corruption, en particulier sur ses compétences à
appliquer une série de mesures contre les comportements illégaux,
tout en ajoutant des dispositions qui garantissent des sanctions proportionnées;
- réexaminer le niveau du financement public;
- envisager l’introduction d’une limitation des dépenses
totales de campagnes et d’un plafond de financement des partis;
- abaisser les limites concernant le financement privé des
particuliers et des sociétés privées.
14. Ces recommandations n’ont pour l’heure pas été totalement
prises en compte et le système réglementaire ne garantit pas la
transparence du financement des campagnes électorales et l’obligation
d’en rendre compte. Lors de sa visite à Belgrade, la délégation
préélectorale de l’APCE a été informée par ses interlocuteurs de
l’utilisation abusive des ressources administratives en faveur des
partis au pouvoir, au risque de ne pas garantir les mêmes conditions
à tous les candidats en lice. Selon le rapport sur les constatations
et conclusions préliminaires de la MIOE, sur les 20 candidats, seuls
cinq ont publié sur leur site internet des informations relatives
aux dons perçus, tel qu’exigé par la loi
.
15. La délégation d’observation des élections de l’APCE fait remarquer
que cette insécurité juridique engendre des difficultés dans la
mise en œuvre des dispositions de la loi sur le financement des
activités politiques et nuit à leur efficacité. En 2014, l’Agence
de lutte contre la corruption a saisi les tribunaux correctionnels
de 33 demandes relatives à des violations de la loi susmentionnée.
Concernant le financement privé, comme souligné dans l’avis conjoint
de 2014, la loi soulève de sérieuses préoccupations quant à la clarté et
transparence de l’utilisation à diverses fins de fonds provenant
de sources privées ainsi que de l’utilisation des fonds pour le
financement des activités courantes des entités politiques dans
le cadre de leurs campagnes électorales
.
Ce manque de transparence dans l’allocation de financement privé
a souvent été critiqué par différents interlocuteurs de la société
civile. Sur un plan général, il semble que le soutien accordé par
le milieu des affaires profite en priorité à la majorité au pouvoir,
et pénalise par conséquent les partis d’opposition. La limitation
des dépenses de campagne demandée par la Commission de Venise et
l’OSCE/BIDDH pourrait atténuer le risque de niveau disproportionné
des dépenses d’un parti à l’autre.
16. La délégation préélectorale de l’APCE a rappelé que l’Assemblée,
dans ses différentes résolutions, et la Commission de Venise dans
ses avis, ont souvent souligné la nécessité de se doter de mécanismes juridiques
plus robustes pour accroître la transparence du financement des
partis politiques et celui des campagnes électorales, ainsi que
la responsabilisation des partis politiques. Le rapport de l’APCE
sur les élections législatives anticipées du 24 mars 2014 a souligné
que cette nouvelle loi constituait une avancée positive vers la
création d’un système résolument moderne de financement des activités
politiques en Serbie, à condition que l’Agence de lutte contre la
corruption de la Serbie dispose des moyens humains et financiers nécessaires
pour surveiller leur financement de manière adéquate et transparente.
Malheureusement, plusieurs des recommandations principales n’ont
toujours pas été prises en considération. La délégation nourrissait
l’espoir que le parlement récemment élu règle ces problèmes en toute
priorité.
17. L’Assemblée nationale de la Serbie est composée de 250 membres
élus pour quatre ans dans une circonscription nationale unique.
Les sièges sont répartis proportionnellement entre les listes ayant
remporté au moins 5 % des suffrages exprimés. La règle des 5 % ne
s’applique pas aux partis des minorités nationales. L’introduction
d’un système de quota en 2011 a permis un meilleur accès des femmes
au parlement. Toutefois, les dirigeants des partis politiques disposent
encore d’une certaine latitude, quoique restreinte, depuis la modification
de la loi électorale en 2011, concernant leur liste de candidats,
dans la mesure où les candidats élus peuvent mettre leur mandat
à la disposition de leur parti. En outre, une disposition constitutionnelle
permet toujours à un député de «mettre irrévocablement son mandat
à la disposition du parti politique concerné»
.
18. Selon les résultats du recensement de 2011, la Serbie compte
20 minorités nationales et linguistiques. D’après l’auto-déclaration
d’appartenance faite lors de ce recensement, les Serbes représentent
83,3 % de la population, les Hongrois – 3,53 %, les Bosniens – 2,33 %
et les Roms – 2,05 %. La minorité albanaise avait boycotté ce recensement.
Cependant, le rapport sur les constatations et conclusions préliminaires
de la MIOE indique que selon une évaluation demandée par les autorités
serbes et menée en 2015 dans le sud de la Serbie, la population
albanaise s’élèverait à 47 938 habitants. La loi sur les partis
politiques énonce que 1 000 membres sont nécessaires pour fonder
un parti politique représentant une minorité nationale alors que dix
fois plus de membres sont requis pour former un parti ordinaire.
19. La législation électorale ne réglemente pas le statut des
observateurs internationaux et nationaux. Ses dispositions régissent
l’accréditation des observateurs bien que de nouvelles instructions
soient adoptées à chaque élection et qu’elles ne constituent pas
des fondements juridiques durables pour l’observation des élections.
Au titre des élections législatives anticipées du 24 avril 2016,
la CER a accrédité 196 observateurs internationaux et 1 689 observateurs
citoyens dans le cadre d’un processus inclusif. Les membres de la délégation
de l’APCE ont constaté la présence de peu d’observateurs nationaux
dans les bureaux électoraux visités le jour du scrutin.
3. Administration
des élections, enregistrement des listes électorales et des candidats
20. Les élections législatives
anticipées ont été gérées par une administration à deux niveaux
comprenant la Commission électorale de la République (CER) et 8 378
bureaux électoraux (BE) dont 29 bureaux dans des établissements
pénitentiaires et 38 bureaux ouverts dans 22 pays étrangers. Malgré
les recommandations de la Commission de Venise et de l’OSCE/BIDDH,
il n’existe pas de niveau intermédiaire de l’administration électorale,
en l’occurrence à l’échelon régional
.
21. La CER est un organe permanent en charge de la préparation
et de la tenue des élections. Elle est composée de 16 membres permanents
et de leurs suppléants, tous (y compris le secrétaire de la commission et
un représentant de l’institut national de la statistique de Serbie,
les deux ne disposant pas d’un droit de vote) sont désignés par
l’Assemblée nationale pour une durée de quatre ans renouvelable.
Les membres permanents assurent une représentation proportionnelle
des groupes parlementaires. Dans sa composition étendue – au cours
des périodes électorales – la CER inclut un représentant de chaque
entité présentant une liste de candidats. Les membres de la composition
«étendue» disposent des mêmes droits et devoirs que les membres
permanents. La CER comprenait 75 membres et suppléants, dont 20
femmes.
22. Les bureaux électoraux sont composés de la même manière que
la CER, soit trois membres permanents et leurs suppléants, ainsi
que, dans la composition étendue, des membres et leurs suppléants désignés
par les candidats au scrutin et nommés par la CER. Les bureaux électoraux
sont nommés au plus tard dix jours avant le jour des élections
. Le jour
du vote, les membres de la délégation d’observation des élections
de l’APCE ont noté la présence d’un très grand nombre de membres
de BE dans des locaux exigus. En l’absence d’une identification
claire de ces personnes, cette situation peut dans certains cas
créer la confusion.
23. Les sessions de la CER sont ouvertes aux observateurs accréditées
et aux médias. L’article 27.7 du règlement intérieur dispose que
tous les actes et décisions de la CER doivent faire l’objet d’une
publication sur son site internet. Cette exigence a été respectée
par la CER, qui a opéré de manière transparente et efficace. Les
interlocuteurs de la délégation d’observation des élections de l’APCE,
y compris les candidats en lice, ont exprimé leur confiance dans
la neutralité et l’impartialité des travaux de la CER.
24. Le droit de vote est accordé à tous les citoyens ayant atteint
l’âge de 18 ans le jour des élections et ayant une résidence permanente
en Serbie. Le 22 avril, la CER a publié les listes électorales sur
lesquelles 6 739 441 électeurs étaient inscrits. Le nombre d’électeurs
inscrits dans chaque bureau de vote ne peut être inférieur à 100
ni excéder 2 500. Des bulletins multilingues en caractères cyrilliques
et latins ont été imprimés pour les bureaux de vote situés dans
les régions avec une présence significative de minorités linguistiques.
La délégation de l’Assemblée a été informée par divers interlocuteurs
d’un nombre considérable d’invitations à voter reçues par les électeurs
et contenant des informations et adresses erronées, ce qui a fait
naître au sein de la population des doutes quant à l’exactitude
des listes électorales. A cet égard, la délégation de l’APCE rappelle
que malgré les précédentes recommandations de la Commission de Venise
et de l’OSCE/BIDDH, les listes électorales n’ont pas été affichées
à des fins de vérification par le public. Cette absence de contrôle public
a limité la transparence du processus d’enregistrement des électeurs.
25. Les listes de candidats peuvent être présentées par les partis
politiques, leurs coalitions ou des groupes de citoyens. Chaque
liste de candidats proposée doit être soutenue par les signatures
d’au moins 10 000 électeurs, chaque électeur ne pouvant soutenir
qu’une seule liste. Celles des minorités nationales doivent collecter
3 000 signatures seulement pour être enregistrées. Malgré les recommandations
précédentes de l’OCSE/BIDDH et de la Commission de Venise, la législation
serbe ne permet toujours pas l’auto désignation de candidats indépendants
individuels
.
26. Pour les élections législatives anticipées du 24 avril 2016,
la CER a procédé à l’enregistrement des listes de candidats d’une
manière inclusive et cela pour huit partis, six coalitions de partis
et six groupes de citoyens. La CER et divers autres interlocuteurs
ont fait part à la délégation d’observation des élections de l’APCE
de la falsification de près de 15 000 signatures de soutien de certaines
listes. Une liste a été rejetée par le tribunal administratif de
Belgrade, six listes de candidats ont été retirées et trois autres
rejetées par la CER. Cette dernière a précisé à la délégation d’observation
qu’un examen approfondi serait mené après les élections, ajoutant
avoir signalé à la police et au bureau du Procureur la falsification
éventuelle d’un grand nombre de signatures de soutien. La délégation
a relevé que les règles peu claires de vérification des signatures
et l’absence de transparence de ce processus, déjà critiquées par
l’Assemblée dans son rapport d’observation des élections de 2014,
ont fait naître un sentiment d’arbitraire dans l’enregistrement
des candidats.
27. Soixante-quatre des 106 partis enregistrés en Serbie représentent
des minorités nationales. Pour les élections législatives anticipées,
huit listes de candidats ont été enregistrées au titre de minorités
nationales. Selon plusieurs interlocuteurs de la délégation d’observation
des élections de l’Assemblée, certains de ceux ayant présenté une
liste électorale ont exploité l’absence de critères clairs dans
la législation pour demander à bénéficier du statut de minorité
nationale dans le seul but d’obtenir les privilèges qui en découlent.
A titre d’exemple, deux listes de candidats ont été enregistrées
à la fois au titre des minorités bosniaque, hongroise et russe,
et une autre au titre des minorités albanaise et slovaque.
28. La loi a instauré un quota hommes–femmes pour les listes de
candidats, un candidat sur trois au moins devant être du sexe le
moins représenté. Si tous les concurrents en lice ont respecté les
exigences de la loi, une seule liste était conduite par une femme:
Dveri – Parti démocrate de Serbie.
29. Concernant le scrutin au Kosovo*
,
la délégation de l’Assemblée parlementaire a appris la conclusion d’un
accord entre Belgrade et Pristina sur la tenue, au Kosovo également,
d’élections législatives anticipées pour les citoyens serbes. Les
élections ont été organisées avec l’assistance de l’OSCE, comme
ce fut déjà le cas en 2014, essentiellement pour des raisons de
sécurité, mais aussi pour faciliter le déroulement du scrutin sur
le plan technique.
4. Campagne
électorale et environnement médiatique
30. Le 4 mars 2016, le Président
de la Serbie, Tomislav Nikolić, a accepté la demande de dissolution
de l’Assemblée nationale formulée par le gouvernement et signé le
décret relatif à la tenue d’élections législatives anticipées le
24 avril. Ce scrutin ont été le onzième depuis l’introduction du
système multipartite en Serbie en 1990, sachant que la majorité
des scrutins ont été des élections anticipées. L’Assemblée parlementaire
a observé toutes les élections présidentielles et législatives organisées
en Serbie depuis 2000.
31. A la suite des élections législatives anticipées de 2014,
le Parti progressiste serbe (SNS) et ses partenaires de coalition
ont remporté la majorité absolue au parlement: les résultats officiels
sont les suivants: Parti progressiste serbe (coalition «Aleksandar
Vučić – l’avenir auquel nous croyons») – 158 sièges; coalition du
Parti socialiste de Serbie – 44 sièges; Parti démocrate – 19 sièges;
coalition du Nouveau Parti démocrate – 18 sièges; coalition des
Hongrois de Voïvodine – 6 sièges; Parti d’action démocratique du
Sandjak – 3 sièges; Parti d’action démocratique de Riza Halimi –
2 sièges.
32. Les dirigeants de la coalition au pouvoir ont fait savoir
à la délégation préélectorale de l’APCE, au cours de sa visite à
Belgrade les 4 et 5 avril, que des élections législatives anticipées
étaient nécessaires pour assurer un large soutien aux réformes,
renouveler son mandat et préparer le pays à rejoindre l’Union européenne.
Selon les partis d’opposition et certains interlocuteurs de la société
civile, la coalition au pouvoir avait judicieusement choisi le calendrier
de ces élections anticipées pour consolider son pouvoir à tous les niveaux.
33. Dans sa déclaration, la délégation préélectorale a noté que
la majorité des scrutins organisés en Serbie ont été des élections
anticipées. Si, sur le plan légal, la «culture» des élections anticipées
ne pose pas de problème, il n’en reste pas moins que l’on peut s’interroger
sur l’impact que des élections systématiquement anticipées a sur
le fonctionnement efficient du parlement selon le mandat constitutionnel,
indépendamment des forces politiques qui sont au pouvoir.
34. La campagne électorale a été dominée par la coalition «Pour
une Serbie qui gagne» dirigée par le SNS, les autres candidats actifs
étant la coalition «Equité pour la Serbie» menée par le Parti démocrate
(DS), la coalition du Parti socialiste de Serbie (SPS), le Parti
radical serbe (SRS) et la coalition «Alliance pour une Serbie meilleure»
composée du Parti libéral-démocrate de Serbie (LDP), du Parti social-démocrate
et de la Ligue des sociaux-démocrates de Voïvodine.
35. Les interlocuteurs de la délégation représentant les partis
d’opposition se sont plaints qu’en raison de ressources financières
restreintes, ils ne seraient pas en mesure de mener une campagne
active et disposeraient de possibilités limitées en termes de publicité
électorale dans les médias électroniques et la presse. En revanche,
les observateurs ont noté la prévalence, tant dans les villes que
dans les zones rurales, de panneaux d’affichage et d’affiches assurant
la promotion du SNS. La coalition au pouvoir bénéficiait par ailleurs
d’une présence tout aussi dominante dans les publicités sur les
médias électroniques.
36. Concernant la place de l’argent dans la vie politique, notamment
dans le processus électoral, et sur un plan général, s’agissant
du financement de la campagne, la délégation préélectorale de l’APCE
a rappelé que l’Assemblée, dans ses différentes résolutions, et
la Commission de Venise dans ses avis, ont souvent souligné la nécessité
de se doter de mécanismes juridiques plus robustes pour garantir
des conditions égales pour tous les candidats, accroître la transparence
du financement des partis politiques et celui des campagnes électorales,
ainsi que la responsabilisation des partis politiques.
37. La campagne électorale s’est déroulée dans le calme et de
manière généralement pacifique, tous les candidats ayant pu mener
campagne librement et sans restriction. Cependant, des cas sporadiques
de violences à l’encontre de représentants des partis d’opposition
ont été relevés. A cet égard, la délégation condamne tous les actes
de violence, même isolés, et est d’avis qu’ils doivent être condamnés
sans ambigüité par l’ensemble des forces politiques. Certains interlocuteurs
de la délégation ont eu vent de cas d’utilisation abusive des ressources
administratives de la part de la coalition au pouvoir lors de l’organisation
d’événements officiels, l’inauguration d’institutions publiques
ou d’usines privées avec la participation de dignitaires étrangers
.
38. Selon le rapport sur les constatations et conclusions préliminaires
de la MIOE, les médias publics ont accordé le même temps d’antenne
à tous les candidats, conformément aux obligations légales, leur
permettant de présenter leurs programmes politiques. Cependant,
les activités du gouvernement et du parti au pouvoir ont dominé
la couverture de la campagne dans les programmes d’information et
d’actualité. Les reportages analytiques et critiques présentés sur
les grandes chaînes de télévision nationales étaient limités, en
raison notamment de l’autocensure généralisée due au contrôle politique
exercé sur le secteur des médias. En l’absence d’un mécanisme efficace
de contrôle de la conduite des médias au cours de la campagne, la partialité
des médias, la pratique de la diffamation et les violations de la
liberté des médias sont restés sans suite
.
5. Jour
du scrutin
39. Le jour du scrutin a été calme
et pacifique. Les observateurs de l’APCE ont visité un nombre limité
de bureaux de vote et constaté que les opérations de vote et de
dépouillement ont été menées, en général, dans le respect de la
loi. Le processus de vote et de dépouillement s’est déroulé de manière
transparente et les membres des bureaux de vote ont pleinement coopéré
avec les observateurs internationaux.
40. Les membres de la commission ad hoc ont pointé du doigt un
certain nombre de problèmes techniques dans les bureaux de vote
visités:
- l’ouverture tardive
de certains bureaux de vote;
- des cas isolés de vote familial, en particulier à Novi
Pazar et Vranje;
- la présence d’un nombre considérable de personnes dans
les bureaux de vote, souvent de taille exigüe. La composition très
ouverte des bureaux électoraux a contribué à la transparence et
à la fiabilité du processus électoral. Toutefois, elle a eu pour
conséquence un encombrement des locaux, notamment au moment de l’ouverture
des urnes et du dépouillement;
- l’absence d’identification claire des membres des bureaux
électoraux;
- la conception des isoloirs, en particulier la fragilité
des cloisons, ne permettant pas d’assurer le secret du vote. Néanmoins,
aucune tentative pour tirer profit de cette anomalie n’a été mentionnée.
Ce même problème a déjà été signalé lors de l’observation des élections
anticipées en 2014;
- le manque fréquent d’accessibilité des bureaux de vote
aux personnes handicapées. Néanmoins, ces dernières pouvaient voter
à domicile (vote mobiles);
- scellement incorrect des urnes dans certains des bureaux
de vote visités;
- des cas isolés de non-respect des procédures de dépouillement
dans certains bureaux de vote, principalement dans des localités
rurales. Néanmoins, aucune tentative pour tirer profit de cette anomalie
n’a été mentionnée;
- la présence intimidante de représentants du SNS au sein
et aux abords de certains bureaux de vote;
- la présence très limitée d’observateurs nationaux.
41. Le 25 avril, la Commission électorale de la République a annoncé
les résultats des élections législatives anticipées. Les partis
et coalitions ont obtenu les résultats suivants: la coalition dirigée
par le Parti progressiste serbe (SNS) – 48,25 % des voix; la coalition
menée par le Parti socialiste de Serbie (SPS) – 10,95 % des voix; le
Parti radical serbe (SRS) – 8,1 % des voix; la coalition dirigée
par le Parti démocrate (DS) – 6,02 % des voix; le mouvement «Ça
suffit!» – 6,02 % des voix; la coalition du Parti libéral-démocrate
de Serbie (LDP), le Parti social-démocrate de Serbie et la Ligue
des sociaux-démocrates de Voïvodine – 5,02 % des voix. La coalition du
Parti démocrate de Serbie a obtenu 4,99 % des voix et n’a pas franchi
le seuil de 5 % des voix. Les listes des candidats suivants ont
obtenu des sièges selon la procédure spéciale pour les minorités
nationales: l’Alliance des Hongrois de Voïvodine (VMSZ) – 4 sièges;
la Communauté démocratique bosniaque (BDZ) – 2 sièges; le Parti
d’action démocratique du Sandjak (SDA) – 1 siège; le Parti bosniaque
– 1 siège; le Parti de l’action démocratique – 1 siège; et les Verts
– 1 siège. Le taux de participation s’est élevé à 56,07 %. Il était de
44,72 % au Kosovo, soit 30 % de plus que lors des précédentes élections
législatives anticipées de 2014. Le 27 avril, la Commission électorale
de la République a annoncé qu’en raison de certaines irrégularités détectées
dans 15 bureaux de vote et concernant 19 631 électeurs, un nouveau
scrutin serait organisé dans ces bureaux le 4 mai. Le chiffre de
19 631 électeurs ne représente qu’environ 0,3 % du nombre total
de votants, mais ce nouveau scrutin risque néanmoins d’affecter
le résultat pour la liste du Parti démocrate de Serbie dont le résultat
est très proche du seuil de 5 %. Le 5 mai, la Commission électorale
de la République, après les élections répétées, a annoncé les résultats
finaux des élections: la coalition du Parti démocrate de Serbie
a obtenu 5,04 % et a franchi le seul de 5 %. Selon les résultats
finaux des élections, la coalition SNS a obtenu 131 sièges; la coalition
SPS – 29 sièges; le parti SRS – 22 sièges; la coalition DS – 16
sièges; le mouvement «Ça suffit!» – 16 sièges; la coalition LDP
– 13 sièges; et la coalition du Parti démocrate de Serbie – 13 sièges. Les
partis des minorités nationales ont obtenu: l’Alliance des Hongrois
de Voïvodine (VMSZ) – 4 sièges; la Communauté démocratique bosniaque
(BDZ) – 2 sièges; le Parti d’action démocratique du Sandjak (SDA)
– 1 siège; le Parti bosniaque – 1 siège; le Parti de l’action démocratique
– 1 siège; et les Verts – 1 siège.
6. Conclusions
et recommandations
42. La commission ad hoc de l’Assemblée
a conclu que les élections législatives anticipées qui se sont déroulées
en Serbie le 24 avril 2016 avaient permis aux électeurs d’exercer
un véritable choix dans le respect de leurs libertés fondamentales,
et que l’administration électorale avait rempli sa mission en toute
efficience, généralement avec la confiance des parties prenantes
aux élections. Le jour du scrutin, les citoyens de Serbie ont fait
librement leur choix entre un grand nombre de partis politiques.
43. La délégation d’observation des élections de l’APCE a également
souligné que les élections ne se limitent pas au jour du scrutin,
et que les candidats en lice ont pu mener leur campagne électorale
librement et sans contrainte, même si plusieurs points préoccupants
ont été relevés: l’utilisation abusive par les partis sortants des
avantages administratifs incombant à leurs fonctions; des pressions
et des intimidations exercées sur des électeurs, en particulier
sur des agents de la fonction publique; une couverture médiatique
en faveur des partis au pouvoir malgré un environnement médiatique
ouvert; le manque de transparence pleine et entière du financement
des partis politiques et de la campagne électorale.
44. L’Assemblée parlementaire a observé toutes les élections législatives
et présidentielles en Serbie depuis 2000 et note que la majorité
des scrutins organisés en Serbie ont été des élections anticipées.
A cet égard, la délégation de l’Assemblée est convaincue que si,
sur le plan légal, la «culture» des élections anticipées ne pose
pas de problème, il n’en reste pas moins que l’on peut s’interroger
sur l’impact que des élections systématiquement anticipées a sur
le fonctionnement efficient du parlement selon le mandat constitutionnel,
indépendamment des forces politiques qui sont au pouvoir.
45. La délégation a souligné que, en général, la procédure d’enregistrement
des listes de candidats avait été gérée de manière inclusive. Néanmoins,
la délégation d’observation des élections de l’Assemblée a été informée
de la falsification de près de 15 000 signatures de soutien de certaines
listes. La CER a indiqué à la délégation d’observation qu’un examen
approfondi serait mené après les élections, ajoutant avoir signalé
à la police et au bureau du Procureur la falsification éventuelle
d’un grand nombre de signatures de soutien. La délégation de l’APCE
estime que les règles peu claires concernant la vérification des
signatures et l’absence de transparence de ce processus, déjà critiquées
par l’Assemblée dans son rapport d’observation des élections de
2014, ont fait naître un sentiment d’arbitraire dans l’enregistrement
des candidats.
46. La délégation d’observation des élections de l’APCE, ainsi
que la mission restreinte d’observation des élections de OSCE/BIDDH,
ont identifié un certain nombre d’irrégularités et de lacunes tout
au long du processus électoral, y compris lors du dépouillement.
La Serbie doit par conséquent améliorer son cadre juridique électoral
ainsi que certaines pratiques électorales, en tenant compte des
enseignements tirés de ce scrutin, afin de renforcer la confiance
des citoyens dans les élections démocratiques. Ce travail devrait
être accompli en étroite coopération avec la Commission de Venise.
Annexe 1 – Composition
de la commission ad hoc
(open)
Sur la base des propositions des groupes
politiques de l’Assemblée, la commission ad hoc se composait comme
suit:
- Volodymyr ARIEV (Ukraine,
PPE/DC), Président de la commission ad hoc
- Groupe du Parti populaire
européen (PPE/DC)
- Volodymyr
ARIEV*, Ukraine
- Viorel BADEA, Roumanie
- Mónika BARTOS, Hongrie
- Nicole DURANTON, France
- Samvel FARMANYAN, Arménie
- Egidijus VAREIKIS, Lituanie
- Groupe socialiste (SOC)
- George FOULKES, Royaume Uni
- Pierre-Alain FRIDEZ, Suisse
- Snežana JONICA, Monténégro
- Marit MAIJ, Pays-Bas
- René ROUQUET*, France
- Stefan SCHENNACH, Autriche
- Predrag SEKULIĆ, Monténégro
- Alliance des démocrates et
des libéraux pour l’Europe (ADLE)
- Alfred HEER, Suisse
- Carles JORDANA MADERO, Andorre
- Andrea RIGONI*, Italie
- Groupe des conservateurs européens
(CE)
- Groupe pour la gauche unitaire
européenne (GUE)
- Commission de Venise
- Secrétariat:
- Chemavon CHAHBAZIAN, Chef de
Secrétariat, Division de l’observation des élections et de la coopération
interparlementaire
- Franck DAESCHLER, Assistant administratif principal, Division
de l’observation des élections et de la coopération interparlementaire
- Danièle GASTL, Assistante, Division de l’observation des
élections et de la coopération interparlementaire
- Gael MARTIN-MICALLEF, Administrateur, Commission de Venise
* membres de la délégation préélectorale
Annexe 2 – Programme
de l’observation des élections législatives anticipées
(open)
Vendredi
22 avril 2016
9h00-9h45 Ouverture par M. Volodomyr Ariev, Chef de la délégation
- Information par le Secrétariat
- Mme Nadia Ćuk, Chef adjointe
du Bureau du Conseil de l’Europe à Belgrade
- Briefing par la Commission de Venise sur le cadre juridique
09h45-10h15 Interventions par les chefs des bureaux internationaux
en Serbie
- Ambassadeur Peter
Burkhard, Chef de la mission de l’OSCE en Serbie
- Ambassadeur Michael Davenport, Chef de la Délégation de
l’Union européenne
10h15-11h15 Briefing par la mission limitée d’observation
des élections de l’OSCE/BIDDH en Serbie
- Introduction et vue d’ensemble à ce jour – Ambassadeur
Geert-Hinrich Ahrens, Chef de la Mission
- Contexte politique et campagne – M. Christopher Spence,
analyste politique
- Cadre juridique, financement de campagne et plaintes –
Mme Elissavet Karagiannidou, analyste
juridique
- Environnement médiatique et surveillance des médias –
M. Marek Mračka, analyste médias
- Administration électorale, candidats et enregistrement
des électeurs – Mme Svetlana Chetaikina,
analyste des élections
11h15-12h00 Réunion avec des représentants de la société civile:
- M. Ivo Čolović, coordinateur
de projet – Center for Free Elections and Democracy (CeSID)
- M. Milan Antonijević, directeur – Lawyers’ Committee for
Human Rights (YUCOM)
- M. Raša Nedeljkov, chef de projet – Centre for Research,
Transparency and Accountability (CRTA)
- M. Nemanja Nenadić, directeur de programme – Transparency
Serbia
12h00-12h45 Réunion avec des représentants des médias:
- Mme Ljiljana
Smajlović, Présidente – Association des journalistes de Serbie (UNS)
/ rédactrice-en-chef – Politika Daily
- M. Bojan Brkić, adjoint au rédacteur-en-chef de News,
Radio Television of Serbia (RTS)
- Mme Tanja Maksić, coordinatrice
de projet, chercheur – Balkan Investigative Reporting Network (BIRN)
14h30-18h00 Réunion avec les chefs et représentants des groupes
parlementaires de l’Assemblée nationale de la république de Serbie:
- Parti progressiste de Serbie
(SNS) – M. Nebojša Stefanović, vice-président
- Parti social-démocrate de Serbie (SDPS) – M. Milorad Mijatović,
vice-président
- Parti de l’Union des pensionnaires de Serbie (PUPS) –
M. Milan Krkobabić, président
- Mouvement du renouveau serbe (SPO) – M. Avro Osmajlić,
président du conseil exécutif
- Parti socialiste de Serbie (SPS) – M. Žarko Obradović,
vice-président
- Parti démocrate (DS) – M. Bojan Pajtić, président
- Ensemble pour la Serbie: parti social-démocrate (SDS)
– M. Nenad Konstantinović, vice-président
- Parti libéral-démocrate (LDP)
- Ligue des sociaux-démocrates de Vojvodina (LSV) – M. Aleksandar
Jovanović, vice-président
- Alliance des hongrois de Vojvodina (SVM) – Mme Elvira
Kovač, vice-présidente
- Parti de l’action démocrate de Sandžak (SDA) – M. Sulejman
Ugljanin, président
18h00-18h30 Réunion avec la commission électorale de la République
(REC) – M. Ivan Šebek, vice-président
18h30-19h00 Briefing par la MIOE de l’OSCE/BIDDH en Serbie
sur les procédures de vote et l’observation du jour des élections
- Mme Svetlana
Chetaikina, analyste électorale, et Mme Pascale
Roussy, chef de mission adjointe
19h00-19h30 Réunion avec les chauffeurs et interprètes
Samedi 23 avril 2016
10h00-11h30 Déploiement régional
12h00-14h00 Réunion des chefs de délégations
Dimanche 24 avril 2016
06h30-07h30 Observation de l’ouverture des bureaux de vote
(08h00)
08h00-20h00 Observation des élections
20h00 Observation de la fermeture des bureaux de vote, du
dépouillement et de la présentation des résultats
Lundi 25 avril 2016
08h30-09h30 Débriefing des membres de la commission ad hoc
09h45-11h00 Réunion des chefs de délégation
12h00-13h00 Préparation de la conférence de presse
14h00 Conférence de presse
Annexe 3 – Déclaration
de la Mission internationale d’observation des élections (MIOE)
(open)
Selon les observateurs
internationaux, les élections en Serbie ont permis aux électeurs
d’exercer un véritable choix politique dans le respect de leurs
libertés fondamentales, mais se sont déroulées dans des conditions
qui n’étaient pas équitables
Strasbourg, 25 avril 2016 – Les observateurs internationaux
ont conclu dans une déclaration préliminaire publiée aujourd’hui
que les élections législatives anticipées qui se sont déroulées
en Serbie le 24 avril avaient permis aux électeurs d’exercer un
véritable choix politique dans le respect de leurs libertés fondamentales,
et ce malgré une couverture médiatique biaisée, le fait que certains
partis sortants aient été avantagés de manière indue, et un certain
flou dans la distinction entre ce qui relevait des activités de
l’Etat et ce qui relevait des activités des partis. L’administration
électorale a rempli sa mission en toute efficience, généralement
avec la confiance des parties prenantes aux élections, ont ajouté
les observateurs internationaux.
«Hier, les citoyens de Serbie ont fait librement leur choix
entre un grand nombre de partis politiques. Le scrutin s’est déroulé
dans le calme et était très bien organisé. Les élections ne se limitant
pas au jour du scrutin, il y a lieu d’ajouter que les candidats
en lice ont pu mener leur campagne électorale dans un esprit d’ouverture. Cela
étant, nous avons relevé plusieurs points préoccupants, à savoir:
premièrement, l’utilisation abusive par les partis sortants des
avantages administratifs incombant à leurs fonctions; deuxièmement,
une couverture médiatique en faveur des partis au pouvoir en dépit
d’un environnement médiatique ouvert; et, troisièmement, le fait
que le financement des partis politiques et de la campagne électorale
n’ait pas été pleinement transparent», a déclaré Volodymyr Ariev,
Chef de la délégation de l’APCE. «La Serbie doit améliorer son cadre juridique
électoral, en coopération étroite avec la Commission de Venise du
Conseil de l’Europe, par la mise en œuvre des recommandations formulées
dans les avis juridiques de cette dernière.»
Les libertés fondamentales ont été respectées et les candidats
ont pu faire campagne librement. Toutefois, le parti progressiste
serbe au pouvoir et, dans une moindre mesure, le parti socialiste
serbe ont retiré un avantage indu de leur mandat électif, indique
la déclaration. De nombreux signalements ont été faits de pressions
exercées par les partis au pouvoir sur des électeurs, en particulier
sur des agents de la fonction publique, ainsi que de manœuvres visant
à acheter des voix contre des avantages sociaux.
La législation offre, dans l’ensemble, une base solide pour
la conduite d’élections démocratiques conformes aux engagements
de l’OSCE et à d’autres obligations et normes internationales. Toutefois,
plusieurs recommandations antérieures du Bureau des institutions
démocratiques et des droits de l’homme de l’OSCE et de la Commission
de Venise du Conseil de l’Europe n’ont toujours pas été suivies
d’effets. Au nombre des principales défaillances observées figurent
une réglementation insuffisante concernant l’inscription des candidats,
l’inefficacité des mesures visant à prévenir l’utilisation abusive
des ressources publiques à des fins électorales, des dispositions
réglementaires inadéquates pour le financement des campagnes, des
lacunes dans la résolution des différends, l’absence de sanctions
pour certaines violations et l’insuffisance de dispositions concernant
l’observation des élections, ont souligné les observateurs.
«Notre appréciation, qui s’est appuyée sur les observations
que nous avons menées ces six dernières semaines, est contrastée.
Nous avons relevé des éléments positifs, mais aussi des défaillances»,
a déclaré l’ambassadeur Geert-Hinrich Ahrens, Chef de la mission
d’observation de longue durée des élections de l’OSCE/BIDDH. «J’espère
que les autorités compétentes tiendront compte du message contenu
dans la déclaration d’aujourd’hui et des recommandations formulées
ultérieurement dans le rapport final de l’OSCE/BIDDH qui sera publié
dans huit semaines environ, et qu’elles s’emploieront à donner un
suivi substantiel à ces recommandations.»
Vingt listes de candidats présentées par des partis politiques,
des coalitions de partis et des groupes de citoyens ont été enregistrées,
offrant aux électeurs une pluralité de choix politiques. Certains
de ceux ayant présenté une liste électorale ont exploité l’absence
de critères clairs dans la législation et ont demandé à bénéficier
du statut de minorité nationale uniquement pour obtenir les privilèges
qui ont découlé de ce statut. Le manque de transparence dans le
processus d’enregistrement des candidats a donné l’impression que
cette procédure était arbitraire.
Les médias publics ont accordé le même temps d’antenne aux
différents candidats, conformément aux obligations légales, leur
permettant de présenter leurs programmes politiques. Toutefois,
les activités du gouvernement et du parti au pouvoir ont dominé
la couverture de la campagne électorale dans les programmes d’information
et d’actualité, précise la déclaration. L’analyse présentée sur
les grandes chaînes de télévision nationales était limitée, en raison
notamment de l’autocensure généralisée due au contrôle politique
exercé sur le secteur des médias.
La Commission électorale de la République a tenu tous les
délais légaux et a mené ses activités en toute efficience et transparence.
Elle a adopté des instructions détaillées pour ces élections, notamment
des lignes directrices à l’intention des bureaux électoraux, et
la plupart des partenaires rencontrés par les observateurs internationaux
ont indiqué faire confiance aux travaux de la Commission électorale.
Le grand public s’est montré moins confiant cependant dans l’exactitude
des listes électorales, en raison du manque de transparence du processus
d’inscription des électeurs. Les électeurs ont eu la possibilité
de contrôler les informations les concernant et de demander des
corrections, en revanche les listes électorales n’ont pas été publiées
pour examen public.
Les modifications à la loi sur le financement des activités
politiques apportées en 2014 ont réduit le financement public accordé
pour les activités régulières et de campagne des partis politiques,
conformément à la recommandation de l’OSCE/BIDDH et de la Commission
de Venise du Conseil de l’Europe. Globalement, le système réglementaire
ne garantit pas la transparence et l’intégrité des dépenses de campagne
et ne permet pas la mise en œuvre de la responsabilité financière.
Le fait que les partis au pouvoir disposaient de ressources financières
significatives par rapport aux autres partis en lice a compromis
l’égalité des chances.