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| Doc. 14294
| 24 avril 2017
Observation des élections législatives anticipées en Bulgarie (26 mars 2017)
1. Introduction
1. Le 26 janvier 2017, Mme Tsetska
Tsacheva, Présidente de l’Assemblée nationale de Bulgarie, a invité l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe à observer les élections législatives
anticipées en Bulgarie prévues le 26 mars 2017.
2. Lors de sa réunion du 27 janvier 2017, le Bureau de l’Assemblée
a décidé d’observer ces élections et constitué à cet effet une commission
ad hoc composée de 20 membres (PPE/DC: 7; SOC: 6; ADLE: 3; CE: 3; GUE:
1), ainsi que des corapporteurs de la commission de suivi, et a
désigné comme présidente Mme Marie-Christine
Dalloz (France, PPE/DC). La liste des membres figure à l’annexe
1.
3. Conformément à l’accord de coopération signé entre l’Assemblée
parlementaire et la Commission européenne pour la démocratie par
le droit (Commission de Venise) le 4 octobre 2004, un représentant
de la Commission de Venise a été invité à se joindre à la commission
ad hoc en tant que conseiller juridique. La Commission de Venise
a été représentée par M. Eirik Holmøyvik.
4. La commission ad hoc s’est réunie à Sofia du 24 au 27 mars
2017. Le programme des réunions de la commission ad hoc fait l’objet
de l’annexe 2. Le jour du scrutin, la délégation de l’Assemblée
s’est scindée en 10 équipes qui ont observé le déroulement des élections
à Sofia et dans ses environs, ainsi que dans les circonscriptions
de différentes régions du pays.
5. La commission ad hoc de l’Assemblée est intervenue dans le
cadre de la mission internationale d’observation des élections (MIOE)
à laquelle a également pris part une mission limitée d’observation
des élections du Bureau des institutions démocratiques et des droits
de l'homme de l’Organisation pour la sécurité et la coopération
en Europe (OSCE/BIDDH), présidée par M. Roman Jakic. Le lendemain,
la MIOE a tenu une conférence de presse et publié un communiqué
de presse (annexe 3).
6. La délégation de l’Assemblée a conclu que le jour du scrutin,
les citoyens bulgares ont pu faire leur choix librement. Les élections
ont été généralement bien organisées bien que des lacunes procédurales
aient été relevées pendant le dépouillement. Le code électoral a
permis à tous les citoyens, indépendamment de leurs origines ethniques,
d’élire leurs représentants à l’Assemblée nationale. Par ailleurs,
la délégation a été informée par différents interlocuteurs de cas
d’interférences du gouvernement d’un pays étranger dans le processus
électoral. L’Assemblée nationale bulgare nouvellement élue aura
la responsabilité d’apaiser les tensions à l’intérieur comme à l’extérieur
du pays.
2. Contexte politique
7. L’Assemblée parlementaire a
observé toutes les élections législatives et présidentielles en
Bulgarie depuis 1990. Les élections du 26 mars étaient les sixièmes
élections qui ont eu lieu en Bulgarie depuis 2013: deux élections
législatives, une élection au Parlement européen, une élection locale
et une élection présidentielle. Ce nombre élevé d’élections dans
une période aussi courte pourrait dénoter un signe d’instabilité
politique plutôt que d’un processus de développement démocratique.
8. Le 13 Novembre 2016, M. Rumen Radev a été élu Président de
la Bulgarie. Le 14 novembre, comme il l’avait annoncé dans cette
hypothèse, le Premier ministre Borisov a présenté la démission de
son gouvernement suite à la défaite de Mme Tsetska
Tsacheva, la candidate présidentielle de son parti «Citoyens pour
le développement européen de la Bulgarie» (GERB), à l’élection présidentielle.
9. Le mandat du président nouvellement élu a commencé le 22 janvier
2017 et deux jours après, le 24 janvier, le nouveau Président, Roumen
Radev, a dissous l’Assemblée nationale et convoqué des élections législatives
anticipées pour le 26 mars 2017.
10. L’élection présidentielle de 2016 s’est tenue parallèlement
à un référendum sur des modifications à apporter au système électoral
et au financement des partis politiques. La pétition lancée par
l’un des présentateurs de shows télévisés les plus populaires du
pays avait recueilli 673 481 signatures en faveur de l’organisation
dudit référendum. Après vérification, les autorités compétentes
ont conclu à la validité de 572 650 signatures, le seuil minimal
pour la tenue d’un référendum à l’initiative des citoyens étant
de 400 000 signatures valides.
11. En mai 2016, l’ancien Président de Bulgarie, Rosen Plevneliev,
avait saisi la Cour constitutionnelle de trois questions sur un
total de six proposées pour être soumises à référendum. Le 28 juillet
2016, la Cour constitutionnelle a rejeté à l’unanimité les trois
questions dont elle avait été saisie, bien qu’elles aient été toutes trois
acceptées précédemment par le parlement en vue de la tenue d’un
référendum national à l’automne 2016. Les trois questions rejetées
portaient premièrement sur la mise en place d’un vote électronique
pour les élections et les référendums, deuxièmement sur la réduction
du nombre de membres du parlement de 240 à 120 et troisièmement,
sur l’élection des chefs des directions régionales du ministère
de l’Intérieur par un système électoral majoritaire requérant la
majorité absolue au terme des deux tours.
12. Les trois questions retenues en définitive pour le référendum
du 6 novembre 2016 portaient sur l’instauration du scrutin majoritaire
pour les élections législatives, l’instauration du vote obligatoire
(bien que le parlement eût déjà légiféré sur ce point) et la diminution
des subventions de l’Etat aux partis et alliances politiques à un
lev (environ 50 centimes d’euro) par vote valide.
13. La Cour constitutionnelle a rejeté la question concernant
la diminution du nombre de parlementaires de l’Assemblée nationale
de 240 à 120 au motif qu’une décision en la matière était du ressort
exclusif d’une Grande Assemblée nationale
.
La cour a estimé que pour pouvoir mettre en œuvre des décisions
prises dans le cadre du référendum, il faut que la question soit
du ressort de l’organe qui se prononce sur l’organisation du référendum.
L’Assemblée nationale ne peut pas s’engager à tenir un référendum
sur des questions relevant de la compétence d’autres instances,
telles qu’une Grande Assemblée nationale.
14. La Cour constitutionnelle a fait observer qu’elle jugeait
nécessaire «de souligner une nouvelle fois» qu’un référendum national
est un puissant outil pour l’exercice direct du pouvoir par les
citoyens, très sensiblement différent d’autres formes de participation
et «n’est en aucune manière une sorte de sondage d’opinion public».
Cela signifiait que l’Assemblée nationale devait exercer stricto sensu les pouvoirs qui lui
sont conférés par la Constitution et la loi, pour éviter que des
citoyens ne soient induits en erreur et ne participent au vote sans
qu’il soit bien précisé que le résultat du référendum ne produira
pas les conséquences législatives recherchées.
15. S’agissant de la Cour constitutionnelle, le Président Plevneliev
a déclaré qu’on ne saurait contourner la Constitution, en s’efforçant
d’autoriser le parlement auquel il appartiendra de mettre en œuvre
la décision prise par référendum, à se prononcer par un vote à la
majorité simple sur des questions relevant de la compétence d’une
Grande Assemblée nationale.
16. La campagne électorale des élections législatives anticipées
a commencé le 24 février 2017. Les partis politiques et les coalitions
ont été en mesure de mener leur campagne librement, sans restrictions
majeures. Le contexte électoral a été caractérisé par une désillusion
des citoyens vis-à-vis de la politique et une lassitude dans la
tenue des élections répétées: six élections différentes ont eu lieu
en Bulgarie depuis 2013. La campagne électorale était axée sur les
questions d’éducation, de protection sociale et d’identité nationale.
17. La délégation de l’Assemblée a été informée par différents
interlocuteurs de cas d’utilisation de langage xénophobe, anti Rom,
d’allégations d’achat de vote et de votes «organisés», notamment
parmi des populations vulnérables. Différents interlocuteurs ont
informé de cas d’interférence dans le processus électoral par les
autorités turques, notamment en organisant le transfert d’électeurs
de la Turquie par bus. Des représentants du parti Patriotes unifiés
(PU) auraient bloqué les routes à la frontière pour empêcher leur
entrée en Bulgarie. Cette situation a augmenté la tension entre
les deux pays. A cet égard, la délégation de l’Assemblée a déclaré
que l’Assemblée nationale bulgare nouvellement élue aurait la responsabilité
d’apaiser les tensions à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
18. La délégation de l’Assemblée a été informée de cas de restriction
de matériels de la campagne électorale; la Commission électorale
centrale (CEC) a notamment interdit l’utilisation d’un film vidéo
avec la participation de l’ambassadeur de la Turquie en Bulgarie
en faveur du parti politique DOST, représentant les bulgares d’ethnie
turque; des allégations relatives à l’orientation sexuelle d’un
candidat; la distribution de livres portant sur l’attribution de
crimes financiers à des candidats
. Lors de sa rencontre
avec la délégation de l’Assemblée parlementaire, la CEC a expliqué
que les interdictions en question étaient conformes au Code électoral;
il s’agirait notamment de la violation de l’article 183.4 du Code
électoral concernant l’interdiction «des matériels de la campagne
électorale [qui] sont contre les règles de bonne morale et qui altèrent
l’honneur et la réputation des candidats».
19. Depuis les changements du Code électoral en mai 2016, il est
interdit aux responsables religieux de participer à la campagne
électorale ainsi que d’utiliser des signes religieux. En outre,
le drapeau national du pays et ceux des pays étrangers ne peuvent
pas être utilisés lors de la campagne électorale. La délégation
de l’Assemblée a été informée de cas où le drapeau de la Bulgarie
et ceux de pays étrangers ont été utilisés lors de manifestations
à Sofia et Pleven.
20. D’une manière générale, la délégation de l’Assemblée considère
que le Code électoral pourrait être modifié en tenant compte des
différents problèmes identifiés lors des élections en 2016 et 2017.
Il s’agit notamment des problèmes suivants: la participation effective
aux élections des citoyens d’autres ethnies que bulgare; la libre
expression de différents points de vue des citoyens de la Bulgarie
indépendamment de leur origine ethnique pendant la campagne électorale,
ceci sans que les gouvernements des pays étrangers puissent intervenir
au processus électoral et orienter le choix des électeurs. Ce travail
devrait être réalisé en étroite coopération avec la Commission de
Venise du Conseil de l’Europe et en tenant compte des bonnes pratiques
en la matière dans les autres États membres du Conseil de l’Europe.
21. Le leader du parti des Citoyens pour le développement européen
de la Bulgarie (GERB) est Boyko Borisov, ancien Premier ministre.
Dans son programme, le parti GERB a promis de mettre en place un
plan anti-corruption qui inclurait la suppression de l’immunité
des parlementaires, d’augmenter le salaire minimum et le salaire
moyen au cours des quatre années de la prochaine législature, de
doubler la rémunération des enseignants, d’aider davantage les familles
les plus nombreuses, de privatiser l’assurance maladie et de finaliser
le programme national d’autoroutes. Il s’est déclaré fermement opposé
à toute éventuelle alliance avec les socialistes.
22. Le Parti socialiste bulgare (BSP) s’est allié avec cinq partis
(le Parti communiste, le club politique EcoGlasnost, le Nouveau
Parti politique de l’aube, l’Union agraire Alexander Stamboliiski
et le club politique Thrace). Selon les responsables du parti, environ
40 % des candidats figurant en tête de liste du parti étaient des
nouveaux venus. Le BSP veut modifier le système d’imposition en
conservant une taxe unique à 10 % pour la majorité des Bulgares
mais en l’augmentant à 20 % pour tous ceux gagnant plus de 10 000
lev (€ 5 113) par mois. Les pensions de retraite devront être recalculées
et augmentées de 20 % tout comme les rémunérations des enseignants.
23. Le Front patriotique, alliance nationaliste regroupant le
Mouvement national (IMRO-BNM) de Krasimir Karakachanov, le Front
national de salut de la Bulgarie de Valeri Simeonov et le parti
Ataka de Volen Siderov, a promis d’accroître le minimum retraite
jusqu’à 300 lev (€ 153,20) par mois. Deux autres partis ont été
créés au cours des dernières semaines. L’ancien ministre de la Justice,
Hristo Ivanov, a fondé le parti «Oui Bulgarie» qui s’est déclaré
comme une force de lutte contre la corruption et pour une véritable
réforme de la justice.
24. Le Mouvement pour les droits et les libertés (DPS) est le
parti représentant la minorité turque, il a été fondé en 1989 et
est dirigé par Mustafa Karadayi.
25. En décembre 2013, cinq partis (les Démocrates pour une Bulgarie
forte, le Mouvement Bulgarie pour les citoyens, l’Union des forces
démocrates, le Parti populaire de la liberté et de la dignité, l’Union
agraire) ont formé le Bloc réformateur. Le Bloc réformateur, qui
a signé un accord avec La Voix du Parti populaire de Svetoslav Vitkov,
leader du groupe de rock Hipodil, se veut une solution alternative
au GERB. Il propose: une baisse des impôts, une plus grande liberté
pour les petites et moyennes entreprises, la transparence de fonctionnement
du système judiciaire et un meilleur environnement économique, avec
des institutions capables de lutter contre les monopoles.
26. Volya (Volonté) est un parti politique créé par l’homme d’affaires
Vesselin Mareshki, candidat malheureux à l’élection présidentielle
de novembre dernier (11,17 % des suffrages au 1er tour).
Volya a promis d’accroître le minimum vieillesse et le salaire minimum.
3. Cadre
juridique
27. Le principal texte de loi régissant
les élections législatives est le Code électoral du 22 juillet 2016.
Outre la Constitution de la Bulgarie et le Code électoral, les autres
textes pertinents sont: la loi relative à la participation directe
des citoyens à l’administration centrale et locale, la loi relative
aux partis politiques, la loi relative à l’autonomie locale et à
l’administration locale et la loi relative aux violations et sanctions administratives.
Il est intéressant de noter qu’une nouvelle disposition parmi les
récents amendements énonce «l’interdiction d’utiliser l’emblème
ou le drapeau de la République de Bulgarie, ou de tout autre pays,
ainsi que tout signe ou référence religieux dans le matériel de
campagne».
28. D’une manière générale et selon les recommandations de la
Commission de Venise, le Code électoral permet la conduite d’élections
démocratiques en Bulgarie. Néanmoins, certains aspects de la législation électorale
nécessitent une amélioration, notamment: la transparence concernant
les propriétaires des médias, le contrôle effectif des comptes de
campagne, les mécanismes efficaces de recours concernant les résultats des
élections, les critères d’établissement des bureaux de vote à l’étranger,
l’éducation des citoyens d’ethnies autres que bulgares dans le domaine
des élections et, à cet égard, y compris les questions linguistiques.
29. En mai 2016, l’Assemblée nationale a adopté un certain nombre
d’amendements au Code électoral, dont l’introduction du vote obligatoire,
le transfert de la plupart des responsabilités électorales du Conseil
des ministres à la CEC et de nouvelles règles pour l’établissement
de bureaux de vote à l’étranger.
30. Le 17 octobre 2016, l’Ombudsman bulgare a contesté devant
la Cour constitutionnelle les dispositions du Code électoral portant
sur le vote à l’étranger, affirmant que la restriction plafonnant
à 35 le nombre de bureaux de vote bulgares par pays était contraire
à la Constitution, car elle portait atteinte au droit de vote des expatriés.
Les partis au pouvoir (GERB, le Bloc réformateur et le Front patriotique)
sont parvenus, à l’issue d’une réunion d’urgence, à un compromis
pour modifier le Code électoral de manière que le nombre de bureaux
de vote dans les pays de l’Union européenne ne soit plus limité
.
En conséquence, le 21 octobre 2016, l’Assemblée nationale a adopté
des amendements au Code électoral visant à supprimer le plafonnement
du nombre de bureaux de vote dans les pays de l’Union européenne.
Les députés ont également débattu de l’option du vote blanc sur
les bulletins, finalement maintenue.
31. L’Assemblée nationale est composée de 240 députés, élus tous
les 4 ans au sein de 31 circonscriptions électorales plurinominales
qui correspondent aux oblasti (départements)
du pays. Le mode de scrutin est mixte: 31 députés sont élus au scrutin
majoritaire (selon le système du first
past the post) et 209 au scrutin proportionnel (listes
fermées).
32. L’obtention d’un minimum de 4 % des suffrages exprimés est
indispensable à un parti politique pour être représenté au parlement.
Le nouveau Code a introduit la possibilité pour les électeurs d’exprimer
un vote préférentiel pour certains candidats sur une liste (listes
ouvertes). Un candidat peut bénéficier de ce vote préférentiel si
le nombre de voix qu’il a obtenues est au moins égal à 7% du total
des suffrages exprimés en faveur de sa liste.
4. Administration
électorale et enregistrement des électeurs, des partis politiques
et des coalitions
33. L’administration des élections
législatives anticipées a été assurée par la Commission électorale centrale,
les 31 commissions électorales des districts (CED) et 12 081 commissions
électorales de bureau de vote (CEB).
34. La CEC est un organe permanent; ses membres sont nommés par
les partis et les coalitions représentés au parlement, ainsi que
de membres nommés par chacun des partis et coalitions ayant des
membres élus au Parlement européen mais non représentés au Parlement
bulgare. Le président, les vice-présidents et le secrétaire de la
CEC sont élus par l’Assemblée nationale; le président et le secrétaire
ne peuvent pas être du même parti politique.
35. Différents interlocuteurs de la délégation de l’Assemblée
parlementaire, y compris des représentants des partis politiques
et des coalitions, ont exprimé leur confiance dans le fonctionnement
neutre et impartial de l’administration électorale. L’administration
électorale a travaillé de manière professionnelle et transparente, bien
que le processus de prise de décision ne fût pas toujours uniforme.
Le processus électoral a été transparent.
36. Tous les citoyens bulgares âgés d’au moins 18 ans le jour
du scrutin ont le droit de vote, à l’exception de ceux qui purgent
une peine de prison, indépendamment de la gravité de l’infraction
commise. L’enregistrement des électeurs est passif; les listes électorales
sont établies à partir des données du registre national de la population.
Pour les élections du 26 mars, 6 810 341 électeurs ont été enregistrés
sur les listes électorales.
37. Ce chiffre de 6 810 341 citoyens est inexplicablement élevé
pour une population de 7,4 millions de personnes. Cela fait des
dizaines d’années que cette question est au centre d’une polémique.
Malgré ce constat, les interlocuteurs de la délégation de l’Assemblée
n’ont pas émis de doutes concernant l’exactitude des listes électorales.
Les électeurs ont pu vérifier les données les concernant en ligne
et dans des zones d’affichage spéciales au sein de l’administration
locale, et y apporter des rectifications. Des listes électorales spéciales
sont établies pour permettre le vote hors des bureaux de vote, c’est-à-dire
dans des établissements médicaux, des institutions spécialisées,
des prisons et des bateaux de navigation.
38. Les électeurs de l’étranger ont pu s’inscrire pour voter à
l’extérieur du pays sans enregistrement préalable, ce dont se sont
inquiétés plusieurs interlocuteurs, ce système n’apportant pas suffisamment
de garanties contre le risque de vote multiple. Le Code électoral
prévoit que «la personne qui vote [à l’étranger] présente en outre
une déclaration-type indiquant qu’elle n’a pas voté et ne votera
pas ailleurs pour les mêmes élections. Ladite déclaration est annexée
au registre électoral dont elle fait partie intégrante». Un total
de 371 bureaux de vote ont été ouverts dans 70 pays étrangers: 58
au Royaume-Uni; 38 en Espagne; 35 respectivement en Turquie et aux
Etats Unis et 21 en Grèce. Le nombre total de bureaux de vote dans
les pays étrangers a diminué de 428 en 2014 à 371 en 2017; cela
concernait essentiellement la Turquie, qui avait 101 bureaux de
vote de moins par rapport aux élections précédentes.
39. Aux termes du nouveau Code électoral, les partis politiques
et coalitions doivent s’enregistrer auprès de la CEC en déposant
un ensemble de documents. Ils présentent ensuite leurs listes de
candidats aux DEC. Si un enregistrement est refusé par la CEC, la
décision peut être contestée devant la Cour administrative suprême.
Quatre cas de refus d’enregistrement ont été portés devant la cour,
qui a suivi les décisions de la CEC. Selon les interlocuteurs de
la délégation de l’Assemblée, le processus d’enregistrement des
candidats a été inclusif.
40. La CEC a enregistré 11 partis politiques et sept coalitions.
Un total de 4 700 candidats, y compris neuf candidats indépendants,
étaient en lice pour les 240 sièges du parlement. 31 % des candidats
étaient des femmes et des femmes étaient à la tête de 132 listes
– ce qui représente 22 % des listes.
5. Financement
de la campagne électorale et environnement médiatique
41. Les partis politiques, les
coalitions et les candidats sont financés par des fonds publics
et par les ressources financières du parti, de la coalition, du
ou des candidats et des contributions de personnes physiques. Les
contributions anonymes, les contributions de personnes morales,
celles provenant de l’étranger (de personnes physiques, d’États,
d’entreprises publiques et d’organisations étrangères à but non lucratif),
ainsi que celles d’institutions religieuses, sont interdites.
42. Les partis et coalitions représentés au parlement ont droit
à des aides publiques dont le montant est calculé en fonction du
nombre de suffrages valides obtenus aux élections précédentes. Les
partis qui ont obtenu au moins 1% des suffrages valides au niveau
national aux précédentes élections législatives reçoivent également
une aide de l’Etat. Les concurrents qui ne peuvent prétendre à une
aide publique perçoivent des fonds pour les annonces dans les médias,
à hauteur de 40 000 BGN pour les partis/coalitions et 5 000 BGN pour
les candidats indépendants.
43. Depuis 2014, les partis qui ont obtenu au moins 1% des suffrages
valides au niveau national reçoivent les sommes suivantes par an
proportionnellement aux votes reçus: le GERB a reçu 12 145 950 BGN;
le BSP – 5 730 286 BGN; le DPS – 5 513 486 BGN; le Bloc réformateur
– 3 304 152 BGN; et le Front patriotique – 2 709 515 BGN. A cet
égard, certains interlocuteurs de la délégation de l’Assemblée ont
considéré les montants de financement public des partis politiques
très généreux comparé aux salaires et aux pensions financés par
le budget d’État.
44. La Cour des comptes est compétente pour superviser les dépenses
des partis politiques et les dépenses de campagne. Aux
termes de la législation électorale, les dons aux partis sont limités
à 10 000 BGN par personne et les dépenses de campagne à 3 millions
BGN pour un parti politique ou une coalition et à 0,2 million BGN
pour un candidat indépendant. Les partis politiques et les coalitions
ont l’obligation de présenter à la Cour des comptes un rapport sur
les origines des donations cinq jours avant le début de la campagne
électorale. La délégation de l’Assemblée a été informée que seulement
12 partis politiques avaient respecté cette exigence de la législation.
45. Les comptes de campagne définitifs doivent être présentés
à la Cour des comptes dans les 30 jours suivant le jour du scrutin.
Toutefois, la Cour des comptes n’a aucune échéance à respecter pour
la réalisation des contrôles et les sanctions pour non-respect des
règles relatives au financement des campagnes restent minimales
et n’ont donc pas un effet dissuasif suffisant.
46. Dans l’ensemble, la Bulgarie bénéficie d’un environnement
médiatique pluraliste permettant la liberté d’expression. Les radiodiffuseurs
de service public sont tenus de couvrir les élections dans le respect
des principes d’équité et d’objectivité, et d’accorder gracieusement
du temps d’antenne à chaque candidat. La couverture de l’élection
par des radiodiffuseurs privés échappe en grande partie à la réglementation.
Il y a manifestement des inégalités entre les partis, d’autant plus
que ceux qui sont représentés au parlement touchent des subventions
de l’Etat, ce qui est considéré comme une aide indirecte à l’accès
aux médias. Une autre nouvelle disposition du Code électoral (Article
187.4) indique que «toute insinuation politique dans des publicités
commerciales au profit ou au détriment d’un parti, d’une coalition,
d’un comité de nomination ou d’un candidat est interdite».
47. Le suivi des médias par la Mission internationale d’observation
des élections de l’OSCE/BIDDH a signalé que la télévision nationale
bulgare BNT a seulement consacré quatre minutes en première partie
de soirée à l’ensemble des concurrents dans leurs journaux télévisés.
Le BNT a également crée une émission «Bulgarie élections 2017» consacrée
à la campagne électorale. Les chaînes de la télévision privée BTV,
Nova et la Chaîne 3 ont adopté la même approche en consacrant très
peu de temps d’antenne en première partie de soirée à l’ensemble
des concurrents. Les chaînes TV privées ont consacré davantage de
temps d’antenne au parti GERB (20 %-26 %); au parti BSP (17 %-23 %);
au parti DOST (11 %-12 %); et entre 8 % et 11 % aux autres candidats.
La couverture du parti DOST a été plus négative comparée aux autres
partis politiques.
48. Certains interlocuteurs de la délégation de l’Assemblée ont
exprimé des réserves au sujet de l’indépendance des médias vis-à-vis
de toute influence politique et économique injustifiée. A cela s’ajouterait l’opacité
de la propriété des médias. Les messages de campagne payants n’étaient
pas toujours clairement identifiés comme tels, ce qui a pu induire
en erreur certains électeurs quant à leur origine.
49. La Constitution de la Bulgarie ne reconnaît pas de minorités
nationales. Le Code électoral dispose que la seule langue pouvant
être utilisée lors de la campagne électorale est le bulgare. D’après
le recensement de 2011, la population compte 8,8 % de personnes
d’origine turque et environ 4,9 % de Roms. Les minorités sont perçues
comme étant parmi les plus vulnérables aux irrégularités électorales.
La Bulgarie a ratifié la Convention-cadre du Conseil de l’Europe
pour la protection des minorités nationales (STE no 157).
Elle n’est pas Partie à la Charte européenne des langues régionales
ou minoritaires (STE no 148).
50. La délégation de l’Assemblée tient à rappeler, comme cela
a été observé à plusieurs reprises dans de précédents rapports,
qu’il est aussi de la responsabilité de tous les partis politiques
et de leurs chefs, de combattre efficacement toutes les formes de
corruption électorale et de discrimination, ce phénomène étant, selon
différentes sources crédibles, particulièrement préoccupant dans
les localités ethniquement mixtes. La pauvreté fait le lit des pratiques
d’achat et de contrôle des votes, au même titre que le faible niveau
d’éducation et de connaissance de la langue du pays, qui maintiennent
la population dans un état de dépendance de l’économie souterraine.
6. Jour
du scrutin
51. Le jour du scrutin, la délégation
de l’Assemblée parlementaire s’est scindée en 10 équipes qui ont observé
le déroulement des élections à Sofia et dans les environs, ainsi
que dans différentes régions du pays. Dans l’ensemble, la journée
s’est déroulée dans le calme dans les bureaux de vote observés,
le vote a été transparent et bien organisé, les membres des bureaux
de vote connaissaient leur travail, et les observateurs internationaux
ont été bien accueillis. Les membres de la délégation de l’Assemblée
ont néanmoins constaté des problèmes techniques et les lacunes suivantes
dans les bureaux de votés visités:
- de façon générale, les bureaux de vote n’étaient pas accessibles
aux personnes handicapées et aux personnes âgées, même si dans certaines
localités, des bureaux de votes spéciaux ont été ouverts pour les
personnes à mobilité réduite;
- un nombre limités de bureaux de vote ont été ouverts tardivement;
- dans un bureau de vote situé à la cité universitaire à
Sofia, 353 électeurs avaient voté par la liste électorale supplémentaire
– ce qui représente un chiffre inhabituellement élevé comparé au
nombre d’électeurs sur la liste électorale ordinaire qui était de
556;
- les membres de la délégation ont été surpris par l’absence
d’observateurs indépendants dans les bureaux de vote situés tant
dans les villes que dans les localités rurales;
- une équipe de la délégation a observé à la frontière de
la Turquie la présence de bus immatriculés en Turquie qui avaient
emmené des électeurs d’une manière organisée; ces électeurs ont
été accompagnés vers les bureaux de vote par le maire desdites localités;
- des cas isolés de non-respect des procédures de dépouillement
ont été observés dans certains bureaux de vote, notamment dans les
localités rurales, mais sans effet sur le résultat du vote.
52. La CEC a annoncé les résultats officiels des élections législatives
anticipées. Cinq partis et coalitions ont franchi le seuil de 4 %:
- Parti des Citoyens pour le développement
européen de la Bulgarie – 95 députés (32,65 %)
- Parti socialiste – 80 députés (27,20 %)
- Front patriotique – 27 députés (9,07%)
- Mouvement des droits et libertés – 26 députés (8,99 %)
- Volya (Volonté) – 12 députés 4,15%.
53. La participation a été de 54,07 %. Les résultats des autres
partis ont été: le Bloc réformateur – 3,06 %; «Oui Bulgarie» – 2,88 %;
DOST – 2,86 % et Nouvelle république – 2,48 %.
54. En ce qui concerne le vote à l’étranger, 117 668 électeurs
ont participé aux élections dont 24% ont voté pour le parti GERB;
17,49% pour le parti DOST; 12,54% pour le PSB; 12,05% pour le DPS;
10,19% pour le parti «Oui Bulgarie» et 7,11% pour le parti «Patriotes
unifiés».
7. Conclusions
et recommandations
55. La délégation de l’Assemblée
parlementaire a conclu que le jour du scrutin, les citoyens bulgares
ont pu faire leur choix librement. Le vote a été généralement bien
organisé bien que certaines lacunes procédurales ont été relevées
pendant le dépouillement. Cependant, une élection ne se limite pas
au jour de scrutin.
56. En ce qui concerne la campagne électorale, elle a été principalement
axée sur les questions d’éducation, de protection sociale et d’identité
nationale. La délégation de l’Assemblée a souligné que les candidats
ont pu s’adresser aux électeurs de manière libre, dans un contexte
électoral caractérisé par une désillusion des citoyens vis-à-vis
de la politique et une lassitude dans la tenue d’élections répétées:
six élections différentes ont eu lieu en Bulgarie depuis 2013. Différents
interlocuteurs ont souligné la question de la participation aux
élections des Bulgares d’ethnie turque, du nombre de bureaux de
vote ouverts en Turquie, ainsi que les informations concernant l’interférence
du Gouvernement turc dans le processus électoral. A cet égard la
délégation de l’Assemblée a considéré que l’Assemblée nationale
bulgare nouvellement élue aura la responsabilité d’apaiser les tensions
à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
57. La délégation de l’Assemblée, tient à rappeler, comme cela
a été observé à plusieurs reprises dans de précédents rapports,
qu’il est aussi de la responsabilité de tous les partis politiques
et de leurs chefs de combattre efficacement toutes les formes de
corruption électorale et de discrimination, ce phénomène étant, selon
différentes sources crédibles, particulièrement préoccupant dans
les localités ethniquement mixtes où on observe un faible niveau
d’éducation et de connaissance de la langue bulgare, ce qui maintient
la population dans un état de dépendance de l’économie souterraine.
58. Concernant la couverture de la campagne électorale par les
médias, la délégation de l’Assemblée note que, dans l’ensemble,
la Bulgarie bénéficie d’un environnement médiatique pluraliste permettant
la liberté d’expression. Cependant, les résultats du suivi des médias
par la Mission internationale d’observation des élections de l’OSCE/BIDDH
ont montré que la télévision nationale bulgare BNT a consacré seulement
quatre minutes en première partie de soirée à l’ensemble des concurrents
dans leurs journaux télévisés. Les chaînes de la télévision privée
BTV, Nova et la Chaîne 3 ont adopté la même approche en consacrant
très peu de temps d’antenne en première partie de soirée à l’ensemble
des candidats. Les chaînes TV privées ont consacré davantage de
temps d’antenne au parti GERB (20 %-26 %), au parti BSP (17 %-23 %),
au parti DOST (11 %-12 %), et entre 8 % et 11 % aux autres candidats.
La couverture du parti DOST a été plus négative comparée aux autres
partis politiques.
59. L’administration électorale a travaillé de manière professionnelle
et transparente, bien que le processus de prise de décision n’ait
pas toujours été uniforme. Le processus électoral a été transparent,
mais dans le nombre limité de bureaux de vote observés, des lacunes
procédurales ont été relevées pendant le dépouillement.
60. Le Code électoral permet la conduite d’élections démocratiques en
Bulgarie et les citoyens, d’une manière générale, indépendamment
de leurs origines ethniques, peuvent librement élire leurs représentants à
l’Assemblée nationale. Néanmoins certains aspects du cadre juridique
nécessitent une amélioration, notamment:
- la transparence concernant les propriétaires des médias;
- le contrôle effectif des comptes de campagne;
- des mécanismes de recours plus efficaces concernant les
résultats des élections;
- les critères d’établissement des bureaux de vote à l’étranger;
- l’éducation des citoyens d’ethnies autres que bulgare
dans le domaine des élections, y compris les questions linguistiques;
- la faible connaissance de la langue bulgare dans les localités
ethniquement mixtes;
- la libre expression des différents points de vue des citoyens
de la Bulgarie indépendamment de leur origine ethnique pendant la
campagne électorale, ceci sans que les gouvernements des pays étrangers interviennent
dans le processus électoral et orientent le choix des électeurs.
61. La délégation de l’Assemblée invite les autorités concernées
de Bulgarie, en étroite coopération avec l’Assemblée parlementaire
et la Commission de Venise, à améliorer le Code électoral, ainsi
que les pratiques électorales, en tenant compte des différents problèmes
identifiés lors des élections présidentielle et législatives de
2016 et 2017 et en s’inspirant également des bonnes pratiques en
la matière dans les autres États membres du Conseil de l’Europe.
Annexe 1 – Composition
de la commission ad hoc
(open)
Sur la base des propositions des groupes
politiques de l’Assemblée, la commission ad hoc se composait comme
suit:
- Présidente: Marie-Christine
DALLOZ, France (PPE/DC)
- Groupe du Parti populaire
européen (PPE/DC)
- Marie-Christine
DALLOZ, France
- Nicole DURANTON, France
- Rónán MULLEN, Irlande
- Groupe socialiste (SOC)
- José CEPEDA, Espagne
- Anne-Yvonne LE DAIN, France
- Idália SERRÃO, Portugal
- Predrag SEKULIĆ, Monténégro
- Renata DESKOSKA, «l'ex-République yougoslave de Macédoine»
- Gordan MARAS, Croatie
- Dimitri TSKITISHVILI, Géorgie
- Groupe des conservateurs européens
(CE)
- Alliance des démocrates et
des libéraux pour l’Europe (ADLE)
- Olena SOTNYK, Ukraine
- Mart van de VEN, Pays-Bas
- Alfred HEER, Suisse
- Groupe pour la gauche unitaire
européenne (GUE)
- Commission de Venise
- Eirik HOLMØYVIK, membre suppléant,
Norvège
- Secrétariat
- Chemavon CHAHBAZIAN, Chef de
Division, Division de l’observation des élections et de la coopération
interparlementaire
- Danièle GASTL, Assistante, Division de l’observation des
élections et de la coopération interparlementaire
- Gaël MARTIN-MICALLEF, Conseiller juridique, Commission
de Venise
Annexe 2 – Programme
de la commission ad hoc (24-27 mars 2017)
(open)
Vendredi 24 mars 2017
09h00 – 10h00 Réunion de la commission ad hoc de
l’APCE:
- Ouverture de la réunion
par Marie-Christine Dalloz, chef de la délégation
- Dernières évolutions politiques par Teodora
Kaleynska, experte locale, Professeur associé en sciences politiques,
université de Veliko Turnovo, ancienne chef du Bureau d’Information
du Conseil de l’Europe en Bulgarie
- Dernières évolutions dans le domaine de la législation
électorale en Bulgarie par Eirik Holmøyvik, Professeur de droit
et membre suppléant de la Commission de Venise, et Gaël Martin-Micallef,
membre du Secrétariat
10h00 – 10h30 Réunion avec Ognian Zlatev, chef
de la délégation de l’Union européenne en Bulgarie
10h30 – 11h30 Briefing par la mission limitée
d’observation des élections de l’OSCE/BIDDH
11h30 – 12h15 Réunion avec les ONG impliquées
dans l’observation des élections:
- Transparency
International: Kalin Slavov, Vanya Nusheva
- Citizens’ Initiative for Free, Democratic Elections: Katya
Mihaylova
- Institute for Liberal Strategies: Daniel Smilov
- Institute for Social Integration: Lazarina Boneva
12h15 – 13h00 Réunion avec des représentants des
médias sur les questions de couverture de la campagne électorale:
- Association des journalistes
européens: Maria Chereshova
- CEM: Maria Stoyanova, Ivo Atanasov
- BNT: Daniel Chipev, Chef de l’information
14h30 – 17h30 Réunions avec les chefs et représentants
des principaux partis politiques et groupes parlementaires:
- GERB: Djema Grozdanova, Kiril
Dobrev
- Parti socialiste bulgare: Kaloyan Pargov, Iveta Ivanova
- Patriotes unis: Julian Angelov, Petrova, Dancho Hadjiev
- VOLYA (Will), New political subject: Sebastian Dobrev,
Plamen Hristov
- Mouvement pour le droit et les libertés: Unal Lutvi, Chetin
Kazak, Habil Habilov, Temenuga Todorova
18h00 – 19h40 Réunion avec Ivilina
Alexieva-Robinson, Présidente de la Commission électorale centrale
et des membres de la CEC
Samedi 25 mars 2017
10h00 – 11h00 Réunion de la commission ad hoc
de l’APCE: dispositions pratiques et logistiques, plan de déploiement
11h00 – 12h00 Réunion avec les chauffeurs et interprètes
Dimanche 26 mars 2017
07h00 Observation du scrutin
20h00 Observation du dépouillement dans les bureaux
de vote
Lundi 27 mars 2017
08h00 – 09h00 Réunion de débriefing de la commission
ad hoc de l’APCE
14h00 Conférence de presse
Annexe 3 – Communiqué
de presse de la Mission internationale d’observation des élections
(MIOE)
(open)
Élections bulgares:
les candidats en lice ont pu dialoguer librement avec les électeurs,
mais un certain nombre d’anciennes recommandations doivent encore
être mises en œuvre, selon les observateurs internationaux
Strasbourg, 27.03.2017 – Les candidats aux élections législatives
anticipées en Bulgarie ont pu dialoguer librement avec les électeurs,
alors que la campagne en demi-teinte s’est dans l’ensemble caractérisée
par un désenchantement de l’opinion publique vis-à-vis de la politique
et une lassitude vis-à-vis des élections, ont conclu les observateurs
internationaux dans une déclaration préliminaire publiée aujourd’hui.
Le cadre juridique est largement favorable à la tenue d’élections
démocratiques et les amendements adoptés depuis les élections de
2014 ont tenu compte des précédentes recommandations en faveur d’améliorations,
mais des efforts supplémentaires sont nécessaires, souligne la déclaration.
«Nous avons conclu que, le jour du scrutin, les citoyens bulgares
pourraient faire un choix libre dans le cadre d’élections bien organisées,
malgré la persistance de certaines lacunes. Le Code électoral permet
à tous les citoyens, indépendamment de leurs origines ethniques,
d’élire leurs représentants à l’Assemblée nationale. Par ailleurs,
la délégation a eu connaissance à travers différents interlocuteurs
de cas d’ingérence du gouvernement d’un pays étranger dans le processus
électoral. L’Assemblée nationale nouvellement élue de Bulgarie aura
la responsabilité d’œuvrer pour résoudre les tensions à la fois
intérieures et extérieures», a déclaré Marie-Christine Dalloz, chef
de la délégation de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE).
«L’Assemblée parlementaire reste à la disposition du Parlement nouvellement
élu pour poursuivre sa coopération dans le cadre de sa procédure
de suivi afin d’améliorer la législation électorale et la mise en
œuvre de celle-ci.»
Parmi les anciennes recommandations du Bureau des institutions
démocratiques et des droits de l’homme de l’OSCE (OSCE/BIDDH) et
de la Commission de Venise du Conseil de l’Europe qui doivent encore
être mises en œuvre figurent celles liées au droit de vote, à l’obligation
de soumettre des rapports sur le financement des campagnes et aux
systèmes de plaintes et de recours. La limitation du nombre de bureaux
de vote dans les pays non membres de l’Union européenne a un effet
discriminatoire, ont indiqué les observateurs.
«La campagne qui a précédé les élections d’hier a permis aux
candidats de s’affronter pour gagner le soutien des électeurs. En
ce qui concerne les lois et règles régissant les élections, il reste
encore du travail à faire pour les rendre conformes aux engagements
requis par l’OSCE et aux autres normes internationales», a déclaré Roman
Jakic, chef de la mission restreinte d’observation des élections
de l’OSCE/BIDDH. «La déclaration d’aujourd’hui sera suivie d’un
rapport final contenant des recommandations sur la manière de remédier
aux lacunes identifiées dans le cadre juridique et la pratique électorale.
J’espère que les autorités considéreront le rapport final comme
une occasion d’y donner suite et de résoudre ces problèmes.»
Le Code électoral interdit de faire campagne dans une langue
autre que le bulgare, ce qui a affecté la capacité de certains candidats
en lice à communiquer avec les électeurs. Selon la déclaration,
certains partis ont usé d’une rhétorique provocatrice et xénophobe,
essentiellement à l’encontre des communautés rom et turque. Les autorités
et certains partis politiques ont affirmé à plusieurs reprises que
les autorités turques s’étaient ingérées dans le processus électoral.
Les médias ont fourni aux candidats une plate-forme pour présenter
leurs points de vue grâce à des débats, des émissions-débats à la
télévision et des publicités payantes. Si les candidats ont activement
utilisé le temps mis gratuitement à leur disposition par les radiodiffuseurs
publics, la faible couverture des médias audiovisuels d’information
et les contenus éditoriaux limités dans la presse écrite, ainsi
que l’absence de reportages politiques analytiques ou de journalisme
d’investigation, ont fortement limité les informations mises à la disposition
des électeurs. Les publicités payantes dans la presse écrite et,
dans une moindre mesure, dans les médias audiovisuels ont souvent
été difficiles à distinguer de la couverture éditoriale, induisant
ainsi en erreur les électeurs quant à leur nature.
En général, l’administration électorale a effectué son travail
de manière professionnelle et transparente, même si la Commission
électorale centrale n’a pas atteint la majorité qualifiée requise
pour approuver plusieurs décisions. Le processus électoral le jour
du scrutin a été transparent, mais certaines lacunes procédurales
ont été constatées lors du dépouillement dans le nombre limité des
bureaux de vote observés.
Trente et un pour cent des candidats étaient des femmes. Celles-ci
étaient en tête de 132 listes de candidats sur 614, et elles étaient
bien représentées dans l’administration des élections, même s’il
n’y a aucune exigence de représentation équilibrée entre les sexes
pour la composition des listes de candidats ou des organes électoraux.
Le Code électoral prévoit un processus de règlement des plaintes
en temps opportun mais ne garantit pas que le plaignant sera informé
de la date et du lieu de l’audition ou qu’il aura le droit d’être
présent ou de recevoir une copie de la décision.
Le Code électoral prévoit l’observation des élections par
les citoyens, les partis politiques et la communauté internationale
et de nombreux observateurs des partis et des citoyens ont été accrédités.
Se fondant cependant sur l’interprétation des amendements au Code
électoral de 2016, la Commission électorale centrale a refusé l’enregistrement
de trois organisations dont certains membres du conseil d’administration
étaient également candidats ou occupaient des postes dans l’administration
des élections.