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Réponse à Recommandation | Doc. 14431 | 19 octobre 2017
Mettre fin à la cyberdiscrimination et aux propos haineux en ligne
1. Le Comité des Ministres
se félicite de la Recommandation
2098 (2017) de l’Assemblée parlementaire intitulée «Mettre fin à
la cyberdiscrimination et aux propos haineux en ligne» qu’il a portée
à l’attention des gouvernements des États membres et transmise pour
observations au Conseil mixte sur la jeunesse (CMJ), à la Commission
européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI), au Bureau
du Comité directeur pour les politiques et pratiques éducatives
(CDPPE) et au Comité directeur sur les médias et la société de l’information (CDMSI).
2. Le Comité des Ministres réaffirme que la liberté d’expression
est l’un des fondements les plus importants des sociétés démocratiques
et que, conformément à l’Article 10 de la Convention européenne
des droits de l’homme, les États membres sont tenus de la préserver
et de la promouvoir, y compris sur l’internet. Il est cependant
également conscient du fait qu’internet offre de plus en plus une
tribune pour le discours de haine, notamment l’incitation à la violence,
qui vise d’innombrables personnes ou groupes pour toutes sortes
de motifs liés à l’identité, au statut et à l’opinion. Toutes les
formes d’expression qui incitent à l’intolérance doivent être condamnées
car non seulement elles font du tort aux victimes individuellement
mais, en outre, elles portent atteinte à la sécurité démocratique,
à la cohésion et au pluralisme dans la société.
3. Le Comité des Ministres constate en outre que le discours
de haine en ligne est un problème aux dimensions paneuropéennes
qu’il sera plus facile de traiter si les États membres partagent
leurs expériences et leurs bonnes pratiques, en s’appuyant sur des
normes communes. À cet égard, il est important que les États membres
s’inspirent des normes et recommandations du Conseil de l’Europe,
notamment de la Convention européenne des droits de l’homme, de
la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, de
la Recommandation Rec(97)20 du Comité des Ministres aux États membres
sur le «discours de haine» et des recommandations de suivi par pays
de l’ECRI et de sa Recommandation de politique générale no 15
sur la lutte contre le discours de haine.
4. L’Assemblée parlementaire demande au Comité des Ministres
de revoir et mettre à jour sa Recommandation Rec(97)20 afin de s’assurer
qu’elle continue de fournir une base efficace pour lutter contre le
discours de haine sous toutes ses formes, y compris sur internet,
et qu’elle couvre tous les motifs pour lesquels les victimes peuvent
être des cibles de discours de haine. Le Comité rappelle que le
«discours de haine» est défini dans la Recommandation Rec(97)20
par référence à une liste non exhaustive de motifs de «haine fondée
sur l’intolérance». En outre, les principes énoncés dans cette recommandation
s’appliquent, tant hors ligne qu’en ligne, à la propagation de toutes
les formes de discours de haine par des médias de toutes sortes.
Aussi le Comité considère-t-il que la Recommandation Rec(97)20 reste
un outil précieux pour aider les États membres à lutter contre le
discours de haine, mais reconnaît l’importance d’explorer davantage
les moyens de supprimer les obstacles à sa mise en œuvre, y compris
par le biais des recommandations de politique générale de l’ECRI
et des recommandations de suivi par pays, ainsi que les leçons tirées
de la Campagne du mouvement contre le discours de haine et des mesures
politiques sur l’éducation et les jeunes.
5. S’agissant de la demande de l’Assemblée parlementaire d’inviter
le Comité des Ministres à revoir et à actualiser sa Stratégie sur
la gouvernance de l’internet 2016-2019, il convient de remarquer
que la Stratégie envisage déjà des mesures qui se situent dans le
droit fil de la Résolution
2144 (2017) et de la Résolution
2143 (2017) de l’Assemblée parlementaire. Les éléments pertinents
de la Stratégie, notamment l’éducation, sont mis en œuvre par le
Conseil de l’Europe principalement par la Campagne du mouvement
contre le discours de haine (No Hate
Speech Campaign Movement), l’Observatoire du discours
de haine (Hate Speech Watch) et
la Plateforme pour renforcer la protection du journalisme et la
sécurité des journalistes, ainsi que par les actions menées auprès
des intermédiaires internet. Le Comité a chargé le CDMSI d’élaborer
un projet de recommandation sur les intermédiaires internet, qui
devrait fournir des orientations sur les obligations des États et
les responsabilités des intermédiaires en ce qui concerne l’exercice
des droits de l’homme et des libertés fondamentales en ligne. Le
projet de recommandation sera présenté au Comité des Ministres dans
le courant de cette année en vue de son adoption. L’Assemblée parlementaire
sera informée de la décision du Comité.
6. Le Comité des Ministres prend acte en outre de la demande
de l’Assemblée parlementaire qui l’invite à lancer des travaux sur
l’éducation contre le racisme et le discours de haine, en mettant
l’accent en particulier sur les enfants. Le Comité rappelle que
le Conseil de l’Europe est engagé depuis de nombreuses années dans l’éducation
des jeunes aux droits de l’homme en tant que moyen de prévention
de l’intolérance, du racisme et de toutes les formes de discrimination,
essentiellement par le biais de la Campagne du mouvement contre
le discours de haine (No Hate Speech
Campaign Movement), avec l’aide, entre autres, des manuels «Connexions»
(en anglais, Bookmarks), traduit
en 15 langues, et «We CAN», lancé en mars 2017. En outre, le Service
de l’éducation du Conseil de l’Europe, engagé sans relâche dans
le domaine de l’éducation à la citoyenneté démocratique et aux droits
de l’homme, a réalisé des manuels intitulés «La Gouvernance démocratique
des écoles» et «Vivre la démocratie», ainsi qu’une vidéo intitulée
«Halte au harcèlement» qui donne aux élèves des outils pour faire
face au harcèlement, y compris en ligne. En outre, le CDPEE a récemment
commencé à préparer un nouveau projet sur «L’éducation à la citoyenneté
numérique». Ce projet, lancé à l’occasion d’une conférence en septembre
2017 à Strasbourg, vise à résoudre les nombreuses difficultés liées
à la nécessité pour les pouvoirs publics de passer de politiques
de sécurité et de protection en ligne à des mesures d’autonomisation
visant à garantir à tous les enfants une participation active, pleine
et entière à la société numérique. Le Comité souligne l'importance
de la formation des professionnels du droit, notamment en ayant
recours au Programme de formation aux droits de l'homme pour les
professionnels du droit (HELP) du Conseil de l'Europe, et en particulier
à son cours gratuit en ligne sur le crime de haine / le discours
de haine.
7. Enfin, le Comité des Ministres prend acte de la proposition
visant à instaurer une Journée européenne pour les victimes de crimes
de haine; il va y réfléchir.