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Résolution 2202 (2018)
Le processus de paix israélo-palestinien: le rôle du Conseil de l'Europe
1. L’Assemblée parlementaire rappelle
sa Résolution 1940 (2013) sur
la situation au Proche-Orient, dans laquelle elle «réitère son soutien
à une solution à deux États dans le conflit israélo-palestinien,
sur la base des frontières de 1967, laquelle pourrait s’accompagner,
compte tenu des nouvelles réalités sur le terrain, d’un échange
limité de territoires, tel que récemment accepté par les pays arabes».
Elle ajoute que Jérusalem pourrait bien devenir la capitale à la
fois de l’État d’Israël et du futur État palestinien à la suite
des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens.
2. L’Assemblée déplore que le Président des États-Unis d’Amérique
ait déclaré le 6 décembre 2017 qu’il était «temps de reconnaître
officiellement Jérusalem comme la capitale d’Israël» et que les
préparatifs allaient commencer «pour transférer l’ambassade des
États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem». L’Assemblée note cependant
que, dans la même déclaration, le Président indique que les États-Unis
«ne prennent pas position sur les questions du statut final», qu’il
souligne que «ces questions sont laissées aux parties impliquées»
et que «les États-Unis seraient favorables à une solution à deux
États si les deux parties étaient d’accord».
3. L’Assemblée rappelle les résolutions pertinentes du Conseil
de sécurité des Nations Unies et la nécessité pour toutes les parties
concernées de s’acquitter de leurs obligations et responsabilités
légales découlant du droit international, et de s’abstenir de prendre
des mesures unilatérales qui compromettent les perspectives du processus
de paix, notamment le statut de Jérusalem, qui devrait être décidé
d’un commun accord entre les Israéliens et les Palestiniens, en
prenant en considération la garde hachémite historique des lieux
saints chrétiens et islamiques à Jérusalem.
4. La communauté internationale tout entière a exprimé sa vive
préoccupation quant aux conséquences de cette déclaration sur Jérusalem
pour les relations entre Israéliens et Palestiniens, et pour les
perspectives de solution à leur conflit.
5. L’Assemblée parlementaire partage cette préoccupation et regrette
que le processus de paix ait été interrompu. Il ne semble plus constituer
une priorité pour les États-Unis, l’Europe et plusieurs États arabes.
Elle estime cependant que le contexte actuel pourrait être l’occasion
de relancer le processus de paix. Il est de la responsabilité de
la communauté internationale, notamment du Conseil de l’Europe,
d’agir de manière décisive afin de créer les conditions appropriées
pour atteindre cet objectif.
6. La déclaration du Président américain sur Jérusalem a incontestablement
mis à mal la fonction de médiateur sérieux endossée par les États-Unis
dans le processus de paix. Leur rôle futur devrait être fondé sur
une position renouvelée de neutralité dans le processus de paix.
Dans ce contexte, l’Europe devrait jouer un rôle majeur dans le
soutien et la poursuite du processus de paix.
7. L’Assemblée a conscience que le problème est complexe et que
le Conseil de l’Europe continue de s’intéresser aux progrès du processus
de paix et qu’il pourrait jouer un rôle utile. L’Assemblée parlementaire est
unique en son genre, puisqu’elle compte à la fois une délégation
israélienne d’observateurs et une délégation palestinienne partenaire
pour la démocratie. Elle a également des contacts avec d’autres parlements
de la région, tels que ceux de la Jordanie, qui bénéficie aussi
du statut de partenaire pour la démocratie, de l’Égypte et du Liban.
8. L’Assemblée regrette que la réconciliation palestinienne,
si souvent annoncée, n’ait pas encore débouché sur des résultats
concrets, ce qui nuit aux perspectives de relance des négociations.
Elle déplore également la poursuite de la construction de colonies
israéliennes dans les territoires occupés, y compris à Jérusalem-Est,
qui compromet la solution à deux États.
9. En conséquence, l’Assemblée rappelle sa Résolution 1940 (2013) et réitère
en particulier son soutien à deux aspirations aussi légitimes l’une
que l’autre: le droit d’Israël d’être reconnu et d’exister en toute
sécurité, et le droit des Palestiniens d’avoir un État indépendant,
viable et contigu, et:
9.1. appelle
les autorités israéliennes à cesser la construction de nouvelles
colonies et l’extension de celles existantes, de même que toutes
les destructions d’habitations, les expulsions forcées et les confiscations
de terres dans les territoires occupés, y compris à Jérusalem-Est;
9.2. appelle l’ensemble des forces palestiniennes à conclure
sans plus attendre et de manière transparente la réconciliation
déjà annoncée plusieurs fois entre le Fatah et le Hamas, sur la
base des principes du Quartet, renforçant ainsi également la crédibilité
de la partie palestinienne dans les négociations avec Israël, et
à cesser de soutenir ceux qui sont emprisonnés à la suite de condamnations pour
des actes de terrorisme ainsi que leurs proches;
9.3. décide de continuer à promouvoir le dialogue et la confiance
entre les représentants de la Knesset et du Conseil national palestinien,
en particulier dans le cadre de la sous-commission sur le Proche-Orient
et le monde arabe, et de mettre à la disposition de ces deux instances
représentatives sa propre expérience dans le domaine des droits
de l’homme, de la démocratie et de l’État de droit. À cette fin,
elle pourrait envisager un recours au forum tripartite évoqué dans
les Résolutions 1420
(2005) sur les perspectives de paix au Proche-Orient
et 1550 (2007) sur
la situation au Proche-Orient, pour permettre aux parlementaires
des deux délégations et de l’Assemblée parlementaire de se réunir
sur un pied d’égalité et d’engager un dialogue constructif débouchant
sur des propositions concrètes. L’Assemblée devrait donc trouver
les moyens de soutenir activement la relance du processus de paix, notamment
par des contacts avec les parties directement concernées et d’autres
parties prenantes du processus, principalement dans les domaines
de compétence du Conseil de l’Europe.