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| Doc. 14564
| 31 mai 2018
Observation de l’élection présidentielle au Monténégro (15 avril 2018)
1. Introduction
1. Le 19 janvier 2018, le président
du Parlement du Monténégro, M. Ivan Brajović, a fixé la date de l’élection
présidentielle au 15 avril 2018. Le même jour, il a adressé à l’Assemblée
parlementaire une invitation à observer le scrutin. Au cours de
sa réunion du 22 janvier 2018, le Bureau de l’Assemblée a décidé
de constituer une commission ad hoc composée de 12 membres issus
des différents groupes politiques de l’Assemblée selon le système
D’Hondt (PPE/DC: 3, SOC: 3, CE: 2, ADLE: 2, GUE: 1, GDL: 1), ainsi
que des deux corapporteurs de la commission de suivi. Lors de sa
réunion du 26 janvier 2018, le Bureau a approuvé la composition
de la commission ad hoc et nommé M. Jonas Gunnarsson (Suède, SOC)
à la tête de la délégation. La liste des membres figure à l’annexe 1.
2. Conformément à l’accord de coopération signé entre l’Assemblée
parlementaire et la Commission européenne pour la démocratie par
le droit (Commission de Venise) le 4 octobre 2004, un représentant
de la Commission de Venise a été invité à se joindre à la commission
ad hoc en qualité de conseiller juridique.
3. La commission ad hoc s’est rendue au Monténégro du 13 au 16 avril 2018
pour observer l’élection présidentielle du 15 avril. Elle est intervenue
dans le cadre d’une mission internationale d’observation électorale
(MIOE), aux côtés de délégations du Parlement européen et de la
mission d’observation électorale du Bureau des institutions démocratiques
et des droits de l'homme de l’Organisation pour la sécurité et la coopération
en Europe (OSCE/BIDDH) présente dans le pays depuis le 7 mars 2018.
Le programme des réunions de la délégation est reproduit à l’annexe 2.
4. Le jour du scrutin, la commission ad hoc de l’Assemblée s’est
scindée en huit équipes qui ont observé le déroulement de l’élection
à Podgorica et dans ses environs, ainsi que dans les régions et
municipalités de Nikšić, Danilovgrad, Cetinje, Bar, Ulcinj, Tivat
et Kotor. La commission ad hoc a conclu que l’élection présidentielle
tenue le 15 avril 2018 au Monténégro a respecté les libertés fondamentales,
que le scrutin a été bien organisé, et que les électeurs avaient
le choix entre un large éventail de candidats. Concernant la campagne
électorale, des cas d’utilisation abusive des ressources publiques
et des allégations crédibles de pressions exercées sur les électeurs
en faveur du candidat du parti au pouvoir ont été signalés. La commission ad
hoc a souligné qu’il s’agissait hélas de problèmes récurrents au
Monténégro, au même titre que les allégations crédibles d’achat
de voix et de recrutement d’agents publics en période électorale.
L’absence du candidat du parti au pouvoir lors des deux débats télévisés
a nui à la capacité des électeurs à faire un choix éclairé. Le communiqué
de presse publié par la mission internationale d’observation électorale
fait l’objet de l’annexe 3.
5. La commission ad hoc tient à remercier les autorités et le
Parlement monténégrins, ainsi que le Bureau de Programme du Conseil
de l’Europe à Podgorica pour le soutien apporté à la délégation,
mais aussi la mission d’observation de l’OSCE/BIDDH pour son excellente
coopération.
2. Contexte politique et cadre
juridique
6. Il s’agissait du troisième
scrutin présidentiel organisé dans le pays depuis son indépendance
en juin 2006. L’Assemblée parlementaire a observé toutes les élections
présidentielles et législatives tenues au Monténégro depuis 2001.
7. Le 17 décembre 2010, l’Union européenne a accordé au Monténégro
le statut officiel de pays candidat. Le 27 janvier 2015, l’Assemblée
a décidé de clore la procédure de suivi et d’engager un dialogue
post-suivi, tout en soulignant dans le même temps que la procédure
de suivi serait rouverte si le pays ne parvenait pas à mener à bien
une série de réformes concernant le processus électoral, l’indépendance
du pouvoir judiciaire, la lutte contre la corruption et la criminalité
organisée, et la situation des médias
.
8. Le Monténégro est doté d’un système politique mixte, présidentiel
et parlementaire, les deux institutions étant élues au suffrage
universel. Le président est élu pour un mandat de cinq ans et ne
peut exercer plus de deux mandats consécutifs. Le président sortant,
M. Filip Vujanović (Parti démocratique des socialistes, DPS), avait
été réélu au premier tour de l’élection présidentielle de 2013,
avec 51,2 % des voix. Le candidat indépendant, Miodrag Lekić, soutenu
par tous les partis d’opposition, n’avait pas reconnu les résultats
en raison d’accusations de fraude électorale.
9. Dans son rapport sur l’observation des élections de 2013,
l’Assemblée a conclu que le jour du scrutin, les citoyens du Monténégro
ont fait librement leur choix entre les deux candidats présidentiels,
ajoutant qu’en pratique, certaines améliorations devaient encore
être apportées afin de garantir un processus électoral sans utilisation
abusive des ressources de l’État.
10. Lors des élections législatives d’octobre 2016, le DPS a remporté
36 des 81 sièges. Avec l’appui des sociaux-démocrates et des partis
des minorités, ils ont conservé la majorité parlementaire dont ils
jouissent depuis 1991. Après les élections, Milo Đukanović
, un dirigeant politique
de longue date, s’est retiré volontairement du gouvernement, cédant
le poste de Premier ministre à son adjoint, Duško Marković.
11. Dans son rapport sur l’observation des élections législatives
de 2016, l’Assemblée a relevé les défaillances suivantes: des allégations
de corruption, de nouvelles accusations d’utilisation abusive de ressources
administratives, des manœuvres d’intimidation du parti au pouvoir
ainsi que l’achat de voix et des financements étrangers de part
et d’autre. Le manque d’exhaustivité de la législation électorale,
les prétendues inexactitudes du registre électoral et l’absence
d’examen critique de la part des médias ont également été sources
de préoccupation.
12. La période post-électorale a été marquée par des tensions
politiques, tous les partis d'opposition ayant refusé de reconnaître
les résultats et boycotté le parlement, faisant état de corruption
généralisée et d’irrégularités dans le processus électoral. Ils
ont également demandé la conduite immédiate d’une enquête approfondie
sur les allégations d’abus ainsi que le règlement de l’affaire qualifiée
de «tentative de coup d’État» le jour du scrutin
.
13. Le 5 juin 2017, malgré les nombreuses manifestations organisées
durant le processus d’adhésion et le boycott continu du parlement
par l’opposition, le Monténégro a rejoint l'Organisation du Traité
de l'Atlantique Nord (OTAN). Ce débat sur l’adhésion à l’OTAN et,
plus largement, sur l’alignement international du pays, s’est poursuivi
au cours de l’actuelle campagne présidentielle.
14. En décembre 2017, 21 membres de l’opposition (18 du Front
démocratique, 2 du parti Monténégro uni et 1 indépendant) sont revenus
au parlement mais n’ont pas participé au processus législatif. Le
19 janvier, conformément à la Constitution, le président du parlement
a annoncé la tenue de l’élection présidentielle le 15 avril.
15. Le Monténégro est doté d’un système politique mixte, présidentiel
et parlementaire, les deux institutions étant élues au suffrage
universel. Le Président du Monténégro est élu au suffrage universel,
direct et égal et au scrutin secret, dans une circonscription nationale
unique, pour un mandat de cinq ans. Il ne peut exercer plus de deux
mandats consécutifs. Un candidat doit recueillir au moins la moitié
des suffrages exprimés pour être élu au premier tour. À défaut,
un deuxième tour est organisé dans les 14 jours entre les deux candidats ayant
obtenu le plus grand nombre de voix.
16. La commission ad hoc rappelle que le Monténégro a signé et
ratifié la Convention européenne des droits de l’homme (STE no 5)
et son protocole additionnel (STE no 9)
qui consacrent un certain nombre de principes essentiels pour une
démocratie effective et véritable, tels que le droit à des élections
libres (article 3 du Protocole additionnel), la liberté d'expression,
la liberté de réunion et d'association, ainsi que l'interdiction
de discrimination (articles 10, 11 et 14 de la Convention).
17. La Constitution, la loi relative à l'élection du Président
du Monténégro
(loi
sur l’élection présidentielle) et la loi sur l’élection des conseillers
et des représentants
(loi
électorale) sont les principaux textes législatifs régissant la
conduite de l’élection présidentielle. La loi sur l’élection présidentielle
contient des dispositions spécifiques portant notamment sur l’inscription
des candidats, la présentation des bulletins de vote et les critères
d’éligibilité, d’autres aspects étant couverts par la loi électorale.
Plusieurs autres lois et réglementations viennent compléter ces
textes, dont la loi sur le registre électoral
, celle sur le financement des
entités politiques et des campagnes électorales
,
ainsi que la loi sur les médias électroniques
, et
les instructions et décisions de la Commission électorale d’État
(CEE).
18. La loi électorale a été profondément modifiée en 2014 et a
pris en compte plusieurs des recommandations antérieures de la Commission
de Venise et de l’OSCE/BIDDH, s’agissant notamment de la composition
et des compétences de l’administration électorale. Par ailleurs,
de nouvelles dispositions sur l’inscription des électeurs et des
candidats et le vote à domicile ont été introduites.
19. Le 29 décembre 2017, la loi sur le registre électoral, la
loi sur les partis politiques, la loi sur le financement des entités
politiques et des campagnes électorales et celle sur les médias
électroniques ont été amendées à la majorité simple. De nouvelles
mesures ont ainsi été introduites afin de protéger la vie privée des
électeurs, en restreignant le droit des partis et des organisations
de la société civile d’accéder aux données à caractère personnel
figurant dans le registre électoral et de les copier. Des obligations
supplémentaires ont également été imposées, notamment celle de rendre
compte du financement des campagnes électorales et de dévoiler le
nom des sponsors de publicités électorales dans les médias.
20. Des modifications de la loi électorale ont aussi été proposées
par le groupe de travail parlementaire concerné mais n’ont pas été
adoptées par le parlement, la majorité requise des deux tiers n’ayant
pu être obtenue en raison du boycott de l’opposition. Un certain
nombre de recommandations n’ont ainsi pas été suivies d’effet.
21. La Commission de Venise et le BIDDH ont souligné, dans leurs
recommandations, plusieurs omissions et ambiguïtés relevées dans
le cadre juridique, y compris dans les instructions et décisions
de la CEE, qui sont susceptibles de nuire à la cohésion et à l’intégrité
du processus électoral. Il s’agit notamment de l’absence de règles
sur la vérification des signatures de soutien ou de sanctions pour
les violations liées à ces signatures, ou encore l’absence de réglementation
sur les procédures de résolution des litiges, la compilation des
résultats et le financement des campagnes.
3. Administration électorale
22. L’élection a été administrée
dans le cadre d’un système à trois niveaux comprenant la Commission électorale
d’État (CEE), 23 commissions électorales municipales (CEM) et 1 214
commissions électorales de bureau de vote (CEBV). La CEE et les
CEM sont des organes permanents qui exercent un mandat de quatre ans,
tandis que les CEBV sont constituées pour chaque élection. Malgré
les recommandations antérieures de la Commission de Venise, la loi
électorale ne contient aucune disposition relative à l’impartialité
et au professionnalisme des organes chargés d’administrer les élections
.
23. La CEE est composée de onze membres. Son président est nommé
par le parlement au même titre que les dix membres permanents: quatre
sont proposés par la majorité parlementaire, quatre par l’opposition parlementaire
(l’un d’entre eux exerce la fonction de secrétaire en charge du
service administratif), un membre est désigné par une minorité nationale
(le groupe politique minoritaire ayant remporté le plus de voix
lors des dernières élections), et un membre est un représentant
de la société civile (ce poste est vacant depuis novembre 2016).
24. Les CEM sont composées d’un président et de quatre membres
désignés par les assemblées municipales correspondantes: deux sont
proposés par la majorité et deux par l’opposition. Le président
est nommé par le parti ayant remporté le plus grand nombre de mandats
lors des dernières élections municipales. Le secrétaire est nommé
sur proposition de l’opposition. La composition des CEM n’assure
pas la représentation des minorités nationales, contrairement à
la recommandation formulée par la Commission de Venise.
25. Les CEBV sont constituées au plus tard dix jours avant la
date des élections et se composent d’un président et de quatre membres,
ainsi que leurs suppléants, nommés sur proposition des partis politiques représentés
dans les assemblées municipales. À titre exceptionnel, et à la demande
expresse d’un candidat, la composition d’une CEBV peut être modifiée
jusqu’à 12 heures avant l’ouverture d’un bureau de vote
. Beaucoup de membres de CEBV ont été
changés peu de temps avant le jour du scrutin.
26. En plus des membres de la CEE, des CEM et CEBV évoqués ci-dessus,
chaque candidat à l’élection présidentielle est en mesure de désigner,
dans les vingt jours avant la date du scrutin (cinq jours s’agissant des
CEBV) un représentant autorisé, ayant le droit de participer aux
travaux et à la prise de décisions à tous les niveaux de l’administration
électorale. Sur les sept candidats à la présidentielle, six ont
exercé ce droit au niveau de la CEE et quatre à celui des CEM. Les
mandats des représentants autorisés prennent fin après la publication
des résultats électoraux.
27. La CEE a respecté la plupart des délais légaux. Elle a tenu
des réunions régulières mais celles-ci n’étaient pas suffisamment
préparées et se sont avérées parfois chaotiques, donnant lieu à
plusieurs reprises, à un manque d'instructions claires sur les procédures
à suivre du jour du scrutin, la vérification des signatures ou la
résolution des litiges électoraux. Les réunions de la CEE étaient
ouvertes aux observateurs mais sont restées fermées aux médias,
malgré les recommandations antérieures de la Commission de Venise
et du BIDDH.
4. Liste électorale et inscription
des candidats
28. L'inscription des électeurs
est passive. Le registre électoral est permanent et tenu de manière centralisée
par le ministère de l’Intérieur qui se fonde sur les données figurant
dans les registres des ressortissants, des résidents, des décès
ou encore des naissances. La CEE exerce un rôle de supervision de la
mise en œuvre des dispositions légales relatives au registre électoral
et bénéficie d’un accès électronique. Le Tribunal administratif
est chargé d’examiner toute plainte liée au registre électoral.
29. Le ministère de l’Intérieur a fait savoir aux citoyens, par
le biais des médias et de son site web, qu'ils pouvaient vérifier
les données les concernant sur son site, du 21 janvier au 31 mars,
et demander des corrections. Malgré le manque de clarté ou de cohérence
du format de présentation de ces informations, 12 282 demandes ont
été faites (soit 2,3 % du nombre total d'électeurs inscrits au registre
électoral).
30. Les modifications apportées en 2017 à la loi sur le registre
électoral visent à renforcer la protection des données à caractère
personnel des électeurs en limitant l’accès au registre électoral
aux partis politiques et aux organisations de la société civile,
dans les locaux du ministère de l’Intérieur, et en interdisant toute
copie de ces données
.
31. Tous les citoyens âgés de 18 ans ou plus le jour du scrutin,
domiciliés au Monténégro depuis 24 mois au moins avant la date des
élections et n’ayant pas été déclarés frappés d’une incapacité mentale
par un tribunal, ont le droit de voter. Cette condition de durée
de résidence a été régulièrement critiquée dans les précédents avis
et recommandations de la Commission de Venise et de l’OSCE/BIDDH.
Elle est contraire, en particulier, aux principes énoncés dans le
Code de bonne conduite en matière électorale de la Commission de Venise
.
32. La liste électorale a été clôturée 10 jours avant la date
du scrutin et la CEE a annoncé que le nombre d’électeurs inscrits
s’élevait à 532 599, pour une population totale monténégrine de
642 550 habitants
selon les estimations de juillet
2017, soit une différence d’environ 110 000 personnes. D’après ces
chiffres, le corps électoral représente plus de 80 % de la population,
ce qui est un pourcentage relativement élevé. Les statistiques du
recensement effectué en 2011 faisaient état de 162 844 habitants
âgés de 0 à 19 ans. De nombreux interlocuteurs de la commission
ad hoc de l'Assemblée ont remis en question l'exactitude du registre électoral,
alléguant que la liste électorale contenait des électeurs vivant
à l'étranger
ou
décédés. Les minorités constituent environ 18 % du corps électoral.
33. Le processus d’inscription des candidats a débuté le 19 janvier
et s’est achevé le 26 mars 2018. Tous les citoyens jouissant du
droit de vote et ayant résidé au Monténégro pendant au moins 10
ans au cours des 15 années précédentes peuvent se présenter aux
élections.
34. Les candidats peuvent être proposés par des partis politiques
ou un groupe de citoyens avec le soutien d'au moins 1,5 % du total
des électeurs inscrits, soit près de 8 000 électeurs. Si ce seuil
est assez facile à atteindre pour le DPS, le parti au pouvoir depuis
27 ans qui compte quelque 100 000 membres (près d’un cinquième du
nombre total d’électeurs), cela peut s'avérer plus difficile pour
les partis de moindre envergure. Cette exigence de 1,5 % n'est pas
conforme au Code de bonne conduite en matière électorale de la Commission
de Venise, qui précise que la loi ne devrait pas requérir la signature
de plus de 1% de l'électorat
.
35. Par ailleurs, et malgré les recommandations antérieures, les
électeurs ne peuvent toujours soutenir qu’un seul candidat, ce qui,
en principe, est susceptible de limiter le pluralisme politique
.
Un parti politique ou un groupe de citoyens ne peut présenter qu'un
seul candidat. Deux partis politiques ou plus sont en mesure de
proposer un candidat commun.
36. Plusieurs interlocuteurs de la commission ad hoc ont critiqué
cet exercice de collecte de signatures, surtout dans un pays comme
le Monténégro à la population relativement peu nombreuse et où,
comme indiqué dans les précédents rapports d'observation électorale,
les électeurs, en particulier les agents publics, font l’objet de
pressions et d’intimidations. Certains représentants de candidats
ont souligné un point qui a par la suite été confirmé par les résultats,
à savoir qu'un ou deux des candidats étaient susceptibles de recueillir
un nombre de suffrages inférieur à celui des signatures de soutien.
Fait positif, conformément à une décision de la Cour constitutionnelle,
les électeurs n’ont plus à apposer leur signature sur les listes
de leur choix face aux représentants des CEM.
37. Le 12 mars, la CEE a mis en place une application en ligne
permettant aux électeurs de vérifier si leur nom figurait sur une
liste de soutien. Un certain nombre de médias, et quelques candidats,
ont reproché à la CEE d’avoir introduit cette application après
l’inscription de trois des candidats. Compte tenu de cette décision tardive
et d’un certain flou juridique, la procédure de vérification des
signatures était en contradiction avec le Code de bonne conduite
en matière électorale de la Commission de Venise qui exige que les
règles en la matière soient équitables et appliquées sur un pied
d’égalité à tous les partis
. Au total, plus de
mille plaintes pour falsification de signature ont été déposées
auprès du bureau du procureur.
38. Enfin, sept candidats dont six hommes et, pour la première
fois, une femme, se sont présentés à cette élection. Le processus
d’inscription des candidats était inclusif et la CEE a enregistré
tous les candidats ayant soumis les documents requis. Après tirage
au sort, l'ordre d’apparition des noms sur les bulletins de vote
était le suivant: M. Marko Milačić, nommé par le parti «Vrai Monténégro»
(PCG); M. Mladen Bojanić, nommé par le Front démocratique (DF),
Monténégro démocratique (DCG), Action unie pour la réforme (URA)
et le Parti populaire socialiste (SNP); M. Hazbija Kalač, nommé
par le Parti justice et réconciliation (SPP); M. Vasilije Miličković,
présenté par un groupe de citoyens; M. Dobrilo Dedeić, nommé par
la coalition serbe; Mme Draginja Vuksanović,
nommée par le Parti social-démocrate (SDP); et M. Milo Đukanović,
nommé par le parti au pouvoir, le DPS.
5. Campagne électorale, financement
de la campagne et couverture par les médias
39. La loi électorale ne régit
pas les dates de début et de fin officielles de la campagne; elle
précise simplement que le droit à un temps d'antenne gratuit sur
le radiodiffuseur public prend effet le jour de l'inscription des
candidats et expire 24 heures avant le jour du scrutin.
40. La campagne a démarré trois semaines avant le jour des élections
et après la date limite pour l’inscription des candidats, à savoir
le 26 mars. La campagne des candidats a dans l’ensemble été peu disputée
et globalement pacifique.
41. Les autorités ont accordé l'accès aux lieux publics sur un
pied d'égalité, mais seul le candidat du parti au pouvoir a tenu
de vastes rassemblements, ses concurrents ayant, pour l’essentiel,
organisé des événements modestes. La visibilité de la campagne a
été principalement assurée par de nombreux panneaux d'affichage.
Mais là encore, ils mettaient surtout en vedette le candidat du
parti au pouvoir. La campagne a aussi été menée au moyen de démarchage
en porte-à-porte, d’annonces dans les médias traditionnels et en recourant
aux médias sociaux. Le ton de la campagne a été en grande partie
respectueux et les candidats ont pu faire campagne sans restrictions.
42. La campagne des candidats à la présidentielle était principalement
axée sur les questions de lutte contre la corruption et la criminalité
organisée, sur le chômage, la sécurité, les migrations ou encore
sur des sujets de politique étrangère: l’intégration à l’Union européenne
et la question de l’adhésion à l’OTAN ou la campagne pro-russe et
anti-OTAN.
43. Beaucoup d’interlocuteurs de la commission ad hoc, aussi bien
de l’opposition que de la société civile, ont fait état de cas d’utilisation
abusive de ressources administratives, généralement en faveur du
candidat du parti au pouvoir, et de recrutement massif d’agents
publics, malgré les restrictions en la matière en période électorale,
l’achat de voix et la collecte de documents d’identité afin d’empêcher
les électeurs de voter. Ces problèmes ont eu un impact négatif sur
la campagne et affecté la confiance du public dans le processus électoral
démocratique. Ils sont récurrents au Monténégro et ont été évoqués
dans la plupart des précédents rapports d’observation électorale
de l’Assemblée parlementaire.
44. Tout en étant pluraliste, le paysage médiatique du Monténégro
est le reflet des clivages politiques. Comme l’ont indiqué certains
des interlocuteurs de la commission ad hoc, les médias subissent
des pressions politiques et économiques en raison de leur manque
d’autonomie financière. Compte tenu du marché limité de la publicité,
la majorité des médias sont tributaires des fonds publics, des propriétaires
d’entreprises ou de l’aide internationale. D’aucuns estiment que
le financement des médias, ainsi que le financement sélectif et non
transparent de services publics par le biais de la publicité, exercent
une influence indue sur les médias. Par ailleurs, la propriété des
médias est souvent difficile à déterminer. Malgré l’utilisation
croissante d’internet, la télévision reste la principale source
d’information dans le pays.
45. La loi électorale réglemente la couverture médiatique de la
campagne et impose au radiodiffuseur public d’offrir à tous les
candidats un accès libre et équitable. Comme le veut la législation,
le radiodiffuseur de service public (RTCG) a accordé à tous les
candidats un temps d’antenne gratuit et organisé deux débats télévisés.
À cet égard, la commission ad hoc a regretté que le candidat du
parti au pouvoir n’ait pas participé à ces débats qui constituent
une procédure démocratique permettant aux électeurs de faire un
choix éclairé.
46. Une nouvelle équipe dirigeante a été nommée à la tête de la
RTCG en mars 2017. Depuis lors, elle a subi les critiques de la
part du parti au pouvoir qui l’accusait de promouvoir les partis
d’opposition et leurs visions. À la fin de l’année 2017, dans des
décisions controversées, le parlement a remplacé deux membres du
Conseil de la RTCG ainsi qu’un membre de l’Agence pour les médias
électroniques (qui est en charge de la régulation des médias) du
fait de soupçons de conflits d’intérêts.
47. Certains interlocuteurs de la commission ad hoc ont exprimé
leurs préoccupations face aux manœuvres d’intimidation de journalistes.
Depuis 2004, quelque 76 agressions de journalistes ont été signalées,
or beaucoup de ces affaires n’ont pas encore été résolues
. Malgré la diminution de ces
attaques ces dernières années, une bombe a explosé le 1er avril
devant le domicile d’un journaliste
,
et plusieurs représentants des médias se sont dits inquiets pour
eux-mêmes et pour leurs proches.
48. La loi sur le financement des entités politiques et des campagnes
électorales interdit les contributions de donateurs anonymes, de
syndicats, de communautés religieuses, d’organisations non gouvernementales ou
financées par l’État ainsi que les dons en provenance de sources
étrangères. Tout citoyen peut donner jusqu’à € 2 000 à chaque candidat,
les personnes morales pouvant faire des dons allant jusqu'à € 10 000.
Un candidat peut dépenser jusqu'à 1,6 million d'euros pendant toute
la durée de la campagne, ce qui peut paraître énorme compte tenu
de la taille du Monténégro et de sa population. La loi ne fait pas
de distinction entre les contributions reçues des partis ou d'autres
personnes morales
.
49. Selon de nombreux interlocuteurs, à l’exception du candidat
du parti au pouvoir, les candidats en lice disposaient de ressources
limitées. Par ailleurs, le financement de la campagne de certains
d’entre eux manquait de transparence. L’Agence pour la prévention
de la corruption est chargée de la supervision d’ensemble des règles
encadrant le financement des campagnes, mais les représentants de
la société civile et des médias ont critiqué son travail. Le système
de financement des partis politiques et des candidats à la présidentielle
semble très généreux comparé aux salaires et aux pensions financés
par le budget d’État du Monténégro.
50. Comme ce fut le cas lors des élections précédentes, les candidats
ont généralement omis de déclarer les dons en nature et l’Agence
pour la prévention de la corruption n’a pas réagi de manière appropriée
et efficace à ce manquement aux règles. De nombreux interlocuteurs
de la commission ad hoc ont mis en doute l'impartialité de l'Agence
et émis des critiques concernant son fonctionnement et sa transparence
ainsi que sa réticence à coopérer avec les organisations de la société
civile en ne publiant, ou en ne leur communiquant, aucune information.
Ils ont déploré la superficialité des rapports financiers transmis
à cet organisme par les candidats et l’absence de ventilation des
coûts permettant un meilleur contrôle public des dépenses. Ils estiment
par ailleurs que les dépenses de campagne sont sous-évaluées, notamment
celles liées aux annonces publicitaires dans les médias car il est
impossible de connaître les prix facturés par ces derniers aux différents
candidats.
6. Scrutin et dépouillement
51. Dans les bureaux de vote visités
le jour du scrutin, les membres de la commission ad hoc ont constaté que
les opérations d’ouverture, de vote et de dépouillement étaient
effectuées avec professionnalisme et de manière ordonnée. Les membres
des bureaux de vote ont pleinement coopéré avec les huit équipes
de l’Assemblée parlementaire déployées dans le pays.
52. Selon les statistiques de l’OSCE/BIDDH, l’ouverture du scrutin
a fait l’objet d’une évaluation positive dans 48 des 50 bureaux
de vote observés; il en est de même des opérations de vote dans
97 % des bureaux visités et du travail des membres des commissions
de bureaux de vote dans 99 % des cas; la clôture du vote et le dépouillement
ont été jugés positifs dans 44 des 46 observations; malgré l’absence
de procédures écrites, les membres des CEM étaient bien organisés
et le processus de compilation des résultats a fait l’objet d’une évaluation
positive dans tous les 17 CEM observées.
53. Les lacunes suivantes, principalement d’ordre technique, ont
été observées par les membres de la commission ad hoc tout au long
du scrutin et pendant la clôture du vote et le dépouillement:
- plus de la moitié des bureaux
de vote n’étaient pas accessibles aux personnes à mobilité réduite,
et dans 30 % des cas, l’agencement des lieux n’était pas adapté
aux électeurs en fauteuil roulant;
- le secret du vote, bien que généralement respecté, risquait
d’être compromis dans 28 % des bureaux de vote en raison de la disposition
des isoloirs;
- dans 16 % des observations, les électeurs se sont vus
refuser le droit de voter, essentiellement parce qu'ils ne figuraient
pas sur la liste électorale du bureau de vote en question;
- dans certains bureaux de vote, des cas de non-respect
involontaire des mesures légalement requises avant l’ouverture des
urnes ont été constatés ;
- dans 10 observations, des membres extérieurs à la CEBV
ont participé au dépouillement et dans 16 cas, un ou plusieurs membres
de CEBV ont refusé de signer les procès-verbaux;
- pour les prochaines élections, les bureaux de vote devraient
être équipés d’urnes transparentes.
54. Les observateurs à long terme du BIDDH ont également fait
état de soupçons d’achats de voix et d’utilisation de listes pour
repérer des électeurs dans plusieurs bureaux de vote. Des rapports
similaires des représentants autorisés ont paru dans les médias
et le procureur du parquet de Bijelo Polje a reçu deux plaintes
émanant de la police. Le jour du scrutin, les CEM ont enregistré
six réclamations alléguant des violations des règles de campagne,
d’enregistrements vidéo au sein de bureaux de vote, d’achats de
voix et de manœuvres d’intimidation d’électeurs.
55. Compte tenu de ce qui précède, les membres de la commission
ad hoc ont fait part de leurs préoccupations devant le nombre de
bureaux de vote dont les listes électorales comptaient moins d’une centaine
d’électeurs; cette situation pouvait nuire au secret du vote et
favoriser l’achat de voix dans la mesure où il était plus facile
de contrôler les suffrages exprimés par les électeurs.
56. Le 28 avril 2018, la commission électorale d’État a entériné
les résultats définitifs des élections dont le taux de participation
s’est élevé à 63,92 %. M. Milo Đukanović a été élu Président du
Monténégro avec 53,90 % des voix, M. Mladen Bojanić recueillant
33,40% des suffrages; Mme Draginja Vuksanović
8,20 %; M. Marko Milačić 2,81%; M. Hazbija Kalač 0,80 %; M. Vasilije
Miličković 0,48% et M. Dobrilo Dedeić 0,41 %; avec 5 997 bulletins
nuls (1,76 %). Il convient de noter que, pris conjointement, les
quatre derniers candidats représentent moins de 5 % des voix et
trois d'entre eux ont obtenu moins de suffrages que le nombre de signatures
de soutien requises pour se présenter à cette élection.
7. Conclusions
et recommandations
57. La délégation d’observation
de l’Assemblée parlementaire a conclu au respect des libertés fondamentales
lors de l’élection présidentielle du 15 avril 2018 au Monténégro,
ajoutant que le scrutin a été bien organisé et que les électeurs
ont fait leur choix parmi un large éventail de candidats, même si
le candidat et chef du parti au pouvoir a bénéficié d’avantages
institutionnels consolidés pendant les 27 années d’exercice du pouvoir
de son parti.
58. Le cadre juridique électoral offre dans l’ensemble une base
solide pour la conduite d’élections démocratiques, et les amendements
récemment adoptés témoignent de la volonté générale des autorités d’engager
une réforme dans ce domaine. Cependant, l’absence de règles sur
la vérification des signatures de soutien ou de sanctions pour les
violations liées à ces signatures, ou encore l’absence de réglementation
sur les procédures de résolution des litiges et le financement de
la campagne, ont nui à l’intégrité du processus électoral.
59. En ce qui concerne la campagne électorale, la délégation de
l'Assemblée a noté son caractère pacifique, soulignant que les candidats
ont pu faire campagne librement, et que les libertés fondamentales,
notamment les libertés de réunion, de circulation et d’association,
ont été respectées. Toutefois, des allégations crédibles d’achat
de voix, de recrutement d’agents publics en période électorale et
de pressions exercées sur les électeurs, des caractéristiques malheureusement
récurrentes des élections au Monténégro, ont ébranlé la confiance
des électeurs dans le processus électoral.
60. À l’issue des élections législatives de 2016, l’opposition
a refusé de reconnaître les résultats et boycotté le parlement.
Ce boycott s’est poursuivi après l’adhésion du Monténégro à l’OTAN.
À cet égard, la commission ad hoc insiste sur la responsabilité
qui incombe à tous les acteurs politiques, y compris à ceux de l’opposition, d’assurer
le fonctionnement démocratique du parlement et ses travaux législatifs.
61. Le scrutin a été bien administré sur un plan général. La CEE
a respecté la plupart des délais légaux mais la politisation persistante
des organes et institutions électoraux reste un sujet de préoccupation.
Il convient par ailleurs d’établir une distinction claire des responsabilités
qui relèvent de la CEE et des autres institutions compétentes en
ce qui concerne l’inscription des électeurs. La délégation de l’Assemblée
a également salué l’ouverture d’esprit dont ont fait preuve les
membres des bureaux de vote le jour des élections et leur volonté sincère
de coopérer avec les observateurs internationaux.
62. S’agissant de la couverture médiatique de la campagne présidentielle,
la délégation a noté que le paysage médiatique du Monténégro est
pluraliste mais qu’il reflète les divisions politiques et fait l’objet
de pressions politiques et économiques en raison d’un manque d’autonomie
financière. Conformément à la loi, le radiodiffuseur public a accordé
à tous les candidats, sur un pied d’égalité, un temps d’antenne
gratuit et a organisé deux débats télévisés. À cet égard, la délégation
de l’Assemblée a regretté que le candidat du parti au pouvoir n’ait
pas participé à ces débats qui constituent une procédure démocratique
permettant aux électeurs de faire un choix éclairé.
63. En ce qui concerne le financement de la campagne électorale
des candidats, plusieurs interlocuteurs ont fait savoir à la délégation
de l’Assemblée que, à l’exception du candidat du parti au pouvoir,
les candidats en lice disposaient de ressources limitées. La délégation
de l’Assemblée est convaincue de la nécessité de renforcer la transparence
et l’obligation de rendre compte du financement des campagnes et
de mettre en place des mécanismes efficaces pour vérifier le respect
de la loi par le biais d’audits. À ce propos, les représentants
de la société civile et des médias ont critiqué le travail de l’Agence
pour la prévention de la corruption.
64. La délégation d’observation de l’Assemblée invite les autorités
du Monténégro à poursuivre leur coopération avec l’Assemblée parlementaire
et la Commission de Venise afin de résoudre les problèmes constatés
lors de l’élection présidentielle du 15 avril 2018 et d’améliorer
le cadre juridique électoral du pays ainsi que ses pratiques électorales.
Annexe 1 –
Composition de la commission ad hoc
(open)
Sur la base des propositions des groupes
politiques de l’Assemblée, la commission ad hoc se composait comme
suit:
Président: M. Jonas
GUNNARSSON (SOC, Suède)
Groupe du Parti populaire européen
(PPE/DC)
- Mme Boriana
ÅBERG, Suède
- Mme Marie-Christine DALLOZ,
France
Groupe Socialistes, démocrates
et verts (SOC)
- M. Paolo
CORSINI, Italie
- Mme Didem ENGIN, Turquie
- M. Jonas GUNNARSSON, Suède
Groupe des conservateurs européens
(CE)
- M. Oleksii
GONCHARENKO, Ukraine
- M. Suat ÖNAL, Turquie
Alliance des démocrates et des
libéraux pour l’Europe (ADLE)
- Mme Emilie Enger MEHL, Norvège
- M. Robert TROY, Irlande
Groupe pour la gauche unitaire
européenne (GUE)
- M. Marco
NICOLINI, Saint-Marin
Groupe des démocrates libres (GDL)
- M. Fazil MUSTAFA, Azerbaïdjan
Corapporteurs de la commission
de suivi (ex officio)
- M. Andrea
RIGONI, Italie
- M. Ionut-Marian STROE, Roumanie
Commission de Venise
- Mme Mirjana
LAZAROVA-TRAJKOVSKA, «l'ex-République yougoslave de Macédoine»
Secrétariat
- M. Chemavon CHAHBAZIAN, Chef
de Division, Division de l’observation des élections et de la coopération
interparlementaire
- M. Franck DAESCHLER, Assistant administratif principal,
Division de l’observation des élections et de la coopération interparlementaire
- M. Michael JANSSEN, Administrateur, Commission de Venise
Annexe 2 –
Programme de la Mission internationale d’observation des élections
(MIOE)
(open)
Vendredi
13 avril 2018
10h00 – 11h00 Réunion interne de la commission ad hoc
- ouverture par le chef de la
délégation
- information par les corapporteurs
- cadre juridique et développements récents, Commission
de Venise
- information par le Secrétariat
11h00 – 12h30 Briefing conjoint des délégations parlementaires
11h00 – 11h15 Allocutions d’ouverture
- M. Jonas Gunnarsson, chef de la délégation de l’Assemblée
parlementaire
- M. Fabio Massimo Castaldo, chef de la délégation du Parlement
européen
11h15 – 11h30 Réunion avec des représentants de la communauté
internationale:
- Ambassadeur
Maryse Daviet, chef de la Mission de l’OSCE au Monténégro
- Réunion avec l’Ambassadeur Aivo Orav, chef de la délégation
de l’Union européenne au Monténégro
11h30 – 12h30 Briefing par l’équipe de coordination de la
mission du BIDDH – Partie 1:
- introduction
et développements récents – Mme Tana
de Zulueta, chef de mission
- contexte politique et campagne – M. Mauro Calvo, analyste
politique
- cadre juridique, appels et recours – Mme Yelena
Kovalyova, analyste juridique
- médias – M. Giuseppe Milazzo, Analyste média
- administration électorale, enregistrement des électeurs
– Mme Vania Anguelova, Analyste électorale
14h00 – 14h45 Réunion avec les représentants des médias:
- Agence pour les Médias électroniques
– M. Abaz Beli Džafić, directeur
- TVCG – Mme Tatjana Perović,
rédacteur des programmes informatifs
- Daily Vijesti –
M. Željko Ivanović, directeur exécutif
- Pink TV – Mme Ivana Šebek,
directrice générale
14h45 – 15h30 Réunion avec les représentants des ONG impliquées
dans l’observation des élections:
- Centre
pour le suivi et la recherche (CeMI) – Mme Nikoleta
Tomović, directrice exécutive
- Réseau pour l’affirmation du secteur des ONG (MANS) –
Mme Vanja Ćalović Marković, directrice
exécutive
- Centre pour la démocratie et les droits de l’homme (CEDEM)
– Mme Milena Bešić, directrice
15h30 – 17h50 Réunion avec les sept candidats à la présidentielle
et/ou leurs représentant(e)s:
– M. Mladen Bojanić (DF, DCG, URA, SNP)
– M. Dobrilo Dedeić (Coalition serbe)
– M. Tarzan Milošević, DPS directeur politique, représentant
de M. Milo Đukanović (DPS)
– M. Hazbija Kalač (SPP)
– M. Vladislav Dajković, PCG, secrétaire général et directeur
pour les élections, représentant de M. Marko Milačić (PCG)
– M. Vasilije Miličković (Groupe d’action citoyen)
– M. Ivan Vujović, chef du bureau de campagne, représentant
de Mme Draginja Vuksanović (SDP)
18h00 – 19h00 Réunion avec les chauffeurs et les interprètes
Samedi 14 avril
2018
09h30 – 10h00 Agence pour la prévention de la corruption –
M. Dušan Drakić, chef de section pour la mise en œuvre des mesures
de contrôle du financement des entités politiques et des campagnes
électorales, et Mme Marina Mićunović,
chef de section département de la coopération internationale et
des standards
10h00 – 10h45 Commission électorale d’État – M. Budimir Šaranović,
président
10h45 – 12h15 Briefing par l’équipe de coordination de la
mission du BIDDH – Partie 2:
- Mme Vania
Anguelova, analyste électorale, et M. Don Bisson, chef de mission
adjoint
- M. Robert Bystricky, statisticien – formulaires d’observation
- Briefing par les observateurs de long terme du BIDDH
- Formation, stylo électronique – M. Kyle Bowers, expert
opérations
Dimanche 15 avril
2018
07h00 Observation du vote
20h00 Observation de la fermeture et du dépouillement du
scrutin
Lundi 16 avril
2018
15h00 Conférence de presse conjointe
Annexe 3 –
Communiqué de presse de la Mission internationale d’observation
des élections (MIOE)
(open)
Élection
présidentielle au Monténégro: respect des libertés fondamentales
et avantage institutionnel pour le candidat du parti au pouvoir,
déclarent les observateurs internationaux
Podgorica, 16 avril 2018 – Les libertés fondamentales ont
été respectées lors de l’élection présidentielle du 15 avril au
Monténégro, bien que le candidat du parti au pouvoir ait bénéficié
d’un avantage institutionnel, ont conclu aujourd’hui les observateurs
internationaux dans une déclaration préliminaire. Les candidats
ont pu faire campagne librement et les médias leur ont fourni un
espace pour présenter leurs positions, mais le manque d’analyses
de la part des journalistes et l’absence du favori lors des débats
télévisés ont nui à la capacité des électeurs à faire un choix éclairé,
indique la déclaration.
Sur le plan technique, les élections ont été administrées
convenablement, mais la transparence et le professionnalisme de
la Commission électorale centrale restent un sujet de préoccupation.
Le jour du scrutin s’est déroulé dans l’ordre, malgré quelques irrégularités
de procédure, ont déclaré les observateurs.
«Il est à souligner que les libertés fondamentales, par exemple
les libertés de réunion et d’expression, ont été respectées lors
de l’élection, et que les candidats ont pu faire campagne librement
et se faire entendre des électeurs par le biais des médias», a affirmé
Tana de Zulueta, chef de la mission d’observation électorale de longue
durée du Bureau des institutions démocratiques et des droits de
l’homme de l’OSCE. «Cela étant, les candidats n’ont pas pu concourir
sur un pied d’égalité, le favori ayant bénéficié des avantages que
son parti, qu’il dirige, a consolidés pendant ses 27 années d’exercice
du pouvoir.»
La campagne des sept candidats à l’élection – six hommes et,
pour la première fois, une femme – a dans l’ensemble été peu disputée.
Les représentants de l’opposition et de la société civile ont fait
état de soupçons concernant le recrutement massif d’agents publics,
malgré les restrictions en la matière en période électorale, l’achat
de voix et la collecte de documents d’identité afin d’empêcher certains
électeurs de voter. Les allégations récurrentes de pressions exercées
sur les électeurs pour qu’ils soutiennent le candidat du parti au pouvoir
ont eu un impact négatif sur le contexte de la campagne.
Le radiodiffuseur de service public a dûment rempli son obligation
d’accorder un temps d’antenne gratuit aux candidats. Il a organisé
des entretiens avec les candidats et diffusé deux débats, auxquels
le candidat du parti au pouvoir n’a cependant pas participé. Les
médias privés examinés ont suivi des lignes politiques. Faute d’un plafonnement
légal des dépenses publicitaires, les candidats qui ont pu s’acheter
davantage de temps d’antenne ont été avantagés, ont déclaré les
observateurs.
«Hier, le scrutin a été extrêmement bien organisé, et les
électeurs avaient le choix entre un large éventail de candidats.
Concernant la campagne électorale, des cas d’utilisation abusive
des ressources publiques et des allégations crédibles de pressions
exercées sur les électeurs en faveur du candidat du parti au pouvoir
ont été signalés», a indiqué Jonas Gunnarsson, chef de la délégation
de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. «Hélas, il
s’agit de problèmes récurrents, déjà notés lors d’élections passées
au Monténégro. Les débats télévisés entre candidats à la présidence
sont une procédure démocratique qui permet aux électeurs de faire
un choix éclairé, et la délégation de l’APCE regrette que le candidat
du parti au pouvoir n’ait pas participé à ces débats.»
Les candidats ont pu utiliser des fonds publics et privés
pour faire campagne et recevoir des dons en espèces ou en nature
de la part de personnes physiques et morales. Ils devaient en rendre
compte régulièrement pendant la campagne et soumettre un rapport
final – mis en ligne – dans un délai de trente jours après le scrutin.
Les dons privés ont majoritairement été faits par des personnes
physiques, et les candidats ont principalement dépensé les fonds
pour leur campagne dans les médias.
La législation électorale offre une base solide pour la conduite
d’élections démocratiques, et les récents amendements incorporant
plusieurs recommandations du BIDDH et de la Commission de Venise
du Conseil de l’Europe sont le signe d’une volonté générale d’engager
une réforme électorale, indique la déclaration. On note toutefois
des oublis et des ambiguïtés, comme l’absence de règles sur la vérification
des signatures de soutien ou de sanctions pour les violations liées
à ces signatures. L’absence de réglementation sur les procédures
de résolution des conflits, la compilation des résultats et le financement
de la campagne a également nui à l’intégrité du processus électoral.
La CEC a manqué de cohérence dans ses efforts pour préciser certains
aspects de la législation au moyen de directives et de décisions.
«Si les libertés fondamentales ont réellement été respectées,
et si l’administration de l’élection est un point positif, des travaux
sont encore nécessaires concernant la législation relative aux élections,
et plus généralement la réforme électorale», a déclaré Fabio Massimo
Castaldo, chef de la délégation du Parlement européen. «Les acteurs
politiques monténégrins concernés devront travailler ensemble pour
remédier efficacement à ces insuffisances, en vue d’avancer vers
la réalisation de leurs aspirations européennes.»
Les électeurs, les candidats et les organes qui désignent
ceux-ci peuvent contester les actes et décisions des commissions
électorales auprès des commissions de degré supérieur. Plus d’un
millier de recours de ce type ont été déposés par des électeurs,
portant sur des soupçons de falsification concernant les signatures
de soutien ou l’utilisation abusive de données à caractère personnel
dans les listes de ces signatures. Trois recours ont été déposés
devant la CEC et un autre devant une commission de degré inférieur
au cours de la période préélectorale, concernant la nomination de
présidents de commission électorale de bureau de vote. Dans la pratique,
la résolution des litiges électoraux est à la discrétion de diverses
autorités publiques, qui ont parfois échoué à garantir un recours
juridique efficace.
La CEC a respecté la plupart des délais légaux, mais a manqué
de transparence: des décisions n’ont pas été rendues publiques et
ses réunions n’étaient pas accessibles aux médias. Bien qu’elle
ait tenu des réunions régulières, celles-ci n’étaient pas suffisamment
préparées ni organisées. La législation électorale ne comporte aucune
disposition exigeant l’impartialité et le professionnalisme des
membres des organes d’administration électorale. Les membres de
la CEC représentant des partis d’opposition, les médias et les organisations d’observation
citoyenne ont fait part de leur préoccupation concernant la prise
de décisions suivant des lignes partisanes. Les réunions des commissions
électorales municipales étaient le plus souvent ouvertes aux observateurs,
et certaines de ces commissions ont publié leurs décisions.