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Réponse à Recommandation | Doc. 14601 | 06 juillet 2018
La protection et la promotion des langues régionales ou minoritaires en Europe
1. Le Comité des Ministres
se félicite de la Recommandation 2118
(2018) de l’Assemblée parlementaire sur «La protection et la
promotion des langues régionales ou minoritaires en Europe», qui
a été transmise pour information et observations éventuelles au
Comité d’experts de la Charte européenne des langues régionales ou
minoritaires.
2. La recommandation, qui coïncide avec le 20e anniversaire
de l’entrée en vigueur de la Charte européenne des langues régionales
ou minoritaires, est une initiative politique fort opportune de
l’Assemblée parlementaire pour soutenir ce traité très important
du Conseil de l’Europe. Pour sa part, le Comité des Ministres profitera
de cet anniversaire pour s’attacher à donner une nouvelle dynamique
à la Charte. Dans le cadre de la Présidence croate, qui a inscrit
la Charte parmi ses priorités, une conférence internationale a eu lieu
sur le sujet les 18 et 19 juin 2018 à Strasbourg. Cette manifestation,
qui a rassemblé de nombreux acteurs et parties prenantes de ce domaine,
a été l’occasion d’évaluer ce qui a été réalisé jusqu’ici à l’aide
de la Charte, d’envisager comment la rendre plus efficace en renforçant
son mécanisme de suivi et d’identifier les problèmes actuels et
les solutions qui peuvent être trouvées dans le cadre du Conseil
de l’Europe.
3. Le Comité des Ministres fait sien l’appel de la recommandation
à accroître le nombre d’États ayant ratifié la Charte, et, pour
ce qui des États parties actuels, à veiller à son application et
à envisager d’assumer des obligations supplémentaires (paragraphe 4.1),
tout en soutenant également le principe des droits acquis dans le
domaine des droits linguistiques des minorités. Il invite régulièrement
les États qui ne l’ont pas fait à envisager de signer et / ou de
ratifier la Charte. Ainsi que cela a été indiqué plus haut, la Charte
sera mise en valeur pendant la Présidence croate et l’importance
d’augmenter le nombre de ratifications sera soulignée à cette occasion.
Ce point fait déjà l’objet d’efforts incessants du Conseil de l’Europe,
qui prend contact avec les autorités nationales compétentes pour
encourager la ratification de la Charte par des opérations de sensibilisation,
par des conseils juridiques et par le renforcement des capacités.
À cet égard, référence peut être faite au Plan d’action du Conseil
de l’Europe pour la Géorgie (2016-2019), qui vise notamment à promouvoir
et à mettre en œuvre les droits et les langues des minorités, conformément
aux normes de la Charte. De même, le Conseil de l’Europe soutient
par le biais du Plan d’action pour la République de Moldova (2017-2020)
un mécanisme destiné à mettre en œuvre les normes de la Charte dans
des municipalités pilotes par un renforcement des capacités pour
la mise en œuvre d’activités dans ce domaine. Un autre exemple récent
est la réunion organisée en décembre 2017 avec des acteurs intéressés
au Portugal pour envisager si ce pays pourrait consentir à être
lié par la Charte.
4. En ce qui concerne les retards dans la procédure de suivi
(paragraphe 4.2), il est à noter que la conférence internationale
sur la protection de l’identité au moyen des droits linguistiques,
conjointement organisée par la Hongrie et le Conseil de l’Europe
à Budapest les 13 et 14 novembre 2017, a été en partie consacré
à ces problèmes. Le Comité des Ministres examinera prochainement
un ensemble de propositions destinées à faire en sorte que les États
parties soumettent leur rapport dans les délais.
5. Dans sa recommandation, l’Assemblée demande au Comité des
Ministres de lui rendre compte de la procédure de suivi de la Charte
et des résultats obtenus (paragraphe 4.3). Étant donné que le Secrétaire Général
présente un rapport sur l’application de la Charte à l’Assemblée
tous les deux ans (conformément à l’article 16 de la Charte), le
Comité des Ministres ne pense pas qu’il serait utile de présenter
parallèlement un rapport couvrant essentiellement les mêmes questions.
Il convient également de rappeler ici les relations de travail existant
entre l’Assemblée parlementaire et le Comité d’experts.
6. Le Comité des Ministres est réservé à l’idée d’instituer un
prix annuel permettant de récompenser l’action menée par un pays
en faveur des langues régionales ou minoritaires (paragraphe 4.4).
Il rappelle que la Charte est un traité international contraignant
aux normes duquel les États parties ont l’obligation juridique de
se conformer. Il ne semble pas approprié d’associer le respect de
ces dispositions à la remise d’un prix officiel. Les actions et
les réalisations des États parties sont reprises et saluées comme
il convient dans les rapports rédigés par le Comité d’experts. Le
Comité des Ministres pourrait toutefois prendre en considération une
proposition de prix pour la protection des langues régionales ou
minoritaires par d’autres acteurs.
7. Les divers moyens proposés pour améliorer l’application de
la Charte (paragraphe 4.5) sont indéniablement tous utiles. Ils
sont déjà employés dans une certaine mesure par le Comité d’experts
et son Secrétariat au cours du travail de suivi et de promotion
de la Charte. Le Comité des Ministres rappelle également le principe
fondamental de droit international en vertu duquel un État n’est
lié que par les obligations des traités pour lesquels il a exprimé
son consentement. Il s’agira ensuite, dans le prolongement de la conférence
organisée par la Présidence croate, de poursuivre la réflexion sur
de nouveaux moyens et méthodes permettant de préserver et de promouvoir
l’usage des langues régionales ou minoritaires en Europe.
8. La coopération avec l’Union européenne dans ce contexte (paragraphe 4.6)
est reflétée par l’actuel Partenariat Conseil de l’Europe/Union
européenne pour la bonne gouvernance comportant des projets consacrés
à la protection des minorités nationales et des minorités linguistiques
en Géorgie, dans la République de Moldova et au Bélarus, ainsi qu’au
renforcement de la protection des minorités nationales et des minorités
linguistiques en Ukraine. Le Comité des Ministres est disposé à
étudier la possibilité de développer la coopération dans ce domaine
avec les institutions compétentes de l’Union européenne.