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Réponse à Recommandation | Doc. 14994 | 14 octobre 2019
Situation des migrants et des réfugiés dans les îles grecques: il faut redoubler d’efforts
1. Le Comité des Ministres a examiné avec
attention la Recommandation
2155 (2019) de l’Assemblée parlementaire intitulée «Situation
des migrants et des réfugiés dans les îles grecques: il faut redoubler d’efforts»,
qu’il a transmise au Groupe d’experts sur la lutte contre la traite
des êtres humains (GRETA), au Comité des Parties à la Convention
du Conseil de l’Europe sur la protection des enfants contre l’exploitation et
les abus sexuels (Comité de Lanzarote), à la Commission pour l’égalité
de genre (GEC) et au Groupe de coopération en matière de lutte contre
l'abus et le trafic illicite des stupéfiants (Groupe Pompidou).
2. Le Comité des Ministres fait observer que les questions soulevées
par la Recommandation
2155 (2019) de l’Assemblée parlementaire ont déjà été
traitées dans ses réponses à la Recommandation 2136 (2018) intitulée
«Conséquences pour les droits de l’homme de la «dimension extérieure»
de la politique d’asile et de migration de l’Union européenne: loin
des yeux, loin des droits?», à la Recommandation 2078 (2015) intitulée «Pays
de transit: relever les nouveaux défis de la migration et de l’asile»
et à la Recommandation
1925 (2010) intitulée «Les accords de réadmission, un
mécanisme de renvoi des migrants en situation irrégulière».
3. Ces dernières années, pratiquement tous les États membres
du Conseil de l’Europe se sont trouvés confrontés à divers problèmes
relatifs aux entrées sur leur territoire et au traitement d’un nombre
croissant de demandes d’asile. Tous ces problèmes comportent une
importante dimension relative aux droits de l’homme. Le Comité des
Ministres comprend pleinement les implications juridiques, éthiques
et politiques des migrations pour ses États membres et s’efforce
de différentes manières de les aider à faire face à ces problèmes. L’Organisation
a développé, en coopération avec ses États membres, tout un arsenal
de normes destinées à traiter les situations d’urgence et à mettre
en place des solutions à long terme. Les mécanismes de protection des
droits de l’homme de la Cour européenne des droits de l’homme et
du Comité européen des Droits sociaux éclairent les pays sur leurs
politiques et pratiques respectives. Dans le domaine des migrations,
la Commissaire aux droits de l’homme livre des analyses de fond
sur la situation dans les États membres et donne des recommandations
aux autorités nationales pour améliorer la protection des droits
humains des demandeurs d’asile, des réfugiés et des migrants. Les
mécanismes de suivi de la Commission européenne contre le racisme
et l’intolérance (ECRI), du Groupe d’experts sur la lutte contre
la traite des êtres humains (GRETA), du Comité de Lanzarote, de
la Commission pour l’égalité de genre et du Comité pour la prévention de
la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants
(CPT) fournissent des orientations et des exemples de bonnes pratiques.
Dans le cadre des travaux du Comité européen pour les problèmes
criminels (CDPC), la coopération internationale en matière pénale
est axée sur le soutien aux États membres dans la lutte contre le
trafic de migrants, l’accent étant mis sur les solutions à apporter
aux difficultés que posent les affaires de trafic en matière d’enquête,
de poursuites et de procédure judiciaire, sur l’entraide judiciaire,
la rapidité de la coopération en matière répressive et l’ajustement
des techniques d’enquête. De nombreux programmes de coopération
prennent en compte les différents aspects des droits de l’homme
dans le contexte des migrations.
4. Le Comité des Ministres rappelle que le Secrétaire Général
a décidé en 2015, au vu de l’urgence de la situation qui régnait
alors, de nommer un Représentant spécial sur les migrations et les
réfugiés, lequel a pris ses fonctions en février 2016. Le RSSG a
effectué ses premières visites d’information en Grèce et en Turquie et
ses rapports ainsi que les recommandations qu’il formulait ont été
présentés au Comité des Ministres respectivement le 11 mai 2016
et le 8 mars 2017. Ils constituent une base importante pour l’assistance
et le soutien qui peuvent être apportés au nom du Conseil de l’Europe.
L’Organisation est capable de fournir une assistance ciblée à ses
États membres qui souhaitent s’engager dans une coopération plus
étroite dans le domaine des migrations et se tient à leur disposition
à cet effet.
5. Dans ce contexte, le Comité des Ministres tient à souligner
l’adoption, à sa 127e Session ministérielle, le
19 mai 2017, du Plan d’action du Conseil de l’Europe pour la protection
des enfants réfugiés et migrants en Europe (2017-2109). De nombreuses
activités lancées dans le cadre de ce plan d’action apportent une réponse
complète aux lacunes identifiées en matière de protection. Une assistance
ciblée peut être offerte aux États membres qui le demanderaient
pour assurer un meilleur accès aux droits et une information plus
adaptée aux enfants, pour apporter une protection effective contre
différentes formes de violence et pour renforcer l’intégration des
enfants qui resteront en Europe. Le Comité des Ministres a procédé
en 2018 à un examen à mi-parcours du Plan d’action. Le Comité ad
hoc pour les droits des enfants (CAHENF) élabore actuellement des
lignes directrices sur la tutelle et la détermination de l’âge des
enfants migrants.
6. Le Comité des Ministres souligne à nouveau la solidarité dont
la Grèce a fait preuve ces dernières années en accueillant un grand
nombre de réfugiés et de migrants, ainsi que ses efforts constructifs
pour appliquer les normes du Conseil de l’Europe avec l’assistance
des organes de suivi spécialisés (voir paragraphe 2). Ainsi, s’agissant
du GRETA, signalons le premier rapport d’évaluation sur la Grèce,
publié en octobre 2017, et les recommandations qu’il comporte. Sur
la base de ce rapport, le Comité des Parties à la convention a adressé
une recommandation aux autorités grecques le 9 février 2018, leur
demandant de rendre compte de mesures prises pour mettre en œuvre
les conclusions du GRETA dans les deux ans suivant l’adoption de
la recommandation (c’est-à-dire pour le 9 février 2020 au plus tard).
De même, la Turquie, qui elle aussi accueille un nombre tout à fait
exceptionnel de réfugiés, a fait l’objet d’une première évaluation
par le GRETA en octobre 2018 (rapport adopté en juillet 2019).
7. Le Comité de Lanzarote, pour sa part, a exprimé sa vive préoccupation
en ce qui concerne la situation des enfants migrants et réfugiés
et le fait qu’ils sont particulièrement exposés aux risques d’exploitation
et d’abus sexuels, comme le montre le rapport de son cycle de suivi
urgent «Protéger les enfants touchés par la crise des réfugiés contre
l’exploitation et les abus sexuels». À cet égard, le Comité des
Ministres tient à attirer l’attention sur les recommandations adressées
aux parties à la Convention de Lanzarote, qui figurent dans le rapport
spécial adopté en mars 2017 par le Comité de Lanzarote. Une évaluation
des suites données à ces recommandations par les parties concernées
est en cours.
8. Le Comité des Ministres rappelle aussi les décisions qu’il
a adoptées récemment dans le cadre de la surveillance de l’exécution
des arrêts rendus par la Cour européenne des droits de l’homme dans
les groupes d’affaires H-46-9 M.S.S.
et Rahimi c. Grèce .
9. Pour ce qui est du paragraphe 2.5 de la recommandation, le
Comité des Ministres n’envisage pas de faire procéder à une évaluation
générale de l’impact sur les droits de l’homme de la Déclaration
EU-Turquie. Toutefois, il compte sur les différents organes de suivi
mentionnés ci-dessus pour prendre en compte, le cas échéant, cet
impact dans leurs évaluations.